+ All Categories
Home > Documents > HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu...

HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu...

Date post: 02-Aug-2020
Category:
Upload: others
View: 0 times
Download: 0 times
Share this document with a friend
92
HV 700 .Q44 B666 2001
Transcript
Page 1: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

HV 700 .Q44 B666 2001

Page 2: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

V

SANTÉCOM r . (' • * /

<

v ;

V

( ' ^

Page 3: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

7ï Les Centres jeunesse de la Montérégîe

Institut national de santé publique du Québec 4835. avenue Christophe-Colomb, bureau 200 '

Montréal (Québec) H2J 3GB Tél.: (514) 597-0606

E N S E M B L E P O U R L E S F A M I L L E S Ç\e P .A . I .N . Programme d 'A i de Intersector ie l en Nég l i gence^

Marcel Bonneau, conseiller aux programmes Serge Gauthier, CDP

Pour le Comité de développement du programme en négligence Direction des services professionnels

Mars 2001

Page 4: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

gsdèuQ ub supiiduq tos sb iS!«/.£:i ïuiiifr

OGS LîrsGiiï.': /Iw.l̂ '-ïr.r —

• ô r ^ - ' C i ^ ' h .W

Graphisme page couverture : EXCELLART

Dépôt légal : 1er trimestre 2001

Bibliothèque nationale du Québec r Bibliothèque nationale du Canada

ISBN: 2-921695-08-1

La reproduction totale ou partielle du document est autorisée à la condition de mentionner la source.

Le masculin est utilisé dans ce document uniquement dans le but d'alléger le texte et désigne aussi bien le féminin.

No inventaire : 0103 (200-272)

Page 5: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

Membres du comité de développement du programme en négligence

Maurice Carrier, équipe protection St-Jean

Claude Provencher, équipe protection île Perrot

Denise Laplante, équipe territoriale Maskoutairis/La Chênaie

Ginette St-Onge, équipe territoriale Longueuil-enfance

Claire Brouillette, équipe territoriale Katéri

Marie-Thérèse Gendreau, équipe territoriale Katéri

Gilles Michaud, équipe territoriale Haute-Yamaska

Patrick Rajotte, service de réadaptation en internat St-Hyacinthe

Cannelle Mardi, services ressources St-Hubert

Andrée Lyonnais, L'Envol Longueuil

Sylvain Belval, CLSC des Maskoutains Saint Hyacinthe (en partie)

Serge Gauthier, Conseiller en développement professionnel répondant du programme

Marcel Bonneau, conseiller aux programmes et animateur du comité

Page 6: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

Table des matières

Lexique

Liste des figures

Liste des tableaux

Préambule

Introduction

1. Description de la problématique et des besoins de la clientèle

1.1 Revue de littérature 1.2 / Portrait de la clientèle 1.3 Bilan de la pratique actuelle aux CJM en négligence 1.4 Définition retenue de la négligence dans ce programme

2. Clientèle visée pa r ce programme

3. Cadre théorique retenu

4. Objectifs du programme

. 4 . 1 Concernant la clientèle

4 .2 Concernant notre pratique en négligence

5. Modèle d'intervention 5.1 Principes cliniques privilégiés

5 .2 Attitudes de l'intervenant.dans ce programme 5 .3 Modèle d'intervention multidimensionnel de ce programme

5.3.1 Développement d'une offre de service dans chaque territoire de CLSC

5.3.2 Aspects à couvrir dans l'évaluation, le diagnostic et le traitement en négligence

5 .3 .3 Processus clinique du PI adapté à ce programme 5.3.4 Instruments cliniques préconisés dans ce programme

5.3 .5 Particularités pour les jeunes placés en milieu substitut

Conclusion

Bibliographie

Annexe 1 : Données statistiques pour la clientèle desservie en négligence sous Loi sur la protection de la jeunesse

Annexe 2 : Démarche d'élaboration des programmes cliniques aux CJM

Page 7: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

ACJQ : Association des centres jeunesse du Quebec

CJM : Les Centres jeunesse de la Montérégie

CLIC : Comité local d'interventions concertées

CLSC : Centre local de services communautaires

CPEJ : Centre de protection de l'enfance et de la jeunesse

FA : Famille d'accueil

GREDEF : Groupe de recherche en développement de l'enfant et de la famille

ICBE : Inventaire concernant le bien-être de l'enfant en lien. avec l'exercice des responsabilités parentales

LPJ : Loi sur la protection de la jeunesse

LSSSS : Loi sur les services de santé et services sociaux

OLO : Πu f , lait, o range

PAF : Programme d'aide familiale

PAPFC : Programme d'aide personnelle, familiale et communautaire

PI : Plan d'intervention

PIF : Programme d'intervention familiale

POF : Programme d'orientation familiale

PRINSIP : Programme intégré de services et d'interventions en périnatalité

PROF : Programme de ressources offertes aux familles

Programme : Ensemble pour les familles le P.A.I.N. Programme d'Aide Intersectoriel en Négligence

PSI : Plan de services individualisé

RIR : Ressource intermédiaire d e réadaptation

Page 8: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

Liste des figures

Figure 1 : Exercice des responsabilités parentales 3

Figure 2 : Modèle écosystémique 8

Figure 3 : Le PAPFC et ses volets 10

Figure 4 : Concept d'exclusion 13

Figure 5 : Dimensions de l'intervention sociale 15

Figure 6 : Liens entre ce programme et les autres programmes 2 3

Figure 7 : Clientèle visée p a r c e programme 2 6

Figure 8 : Modèle théorique multidimensionnel 3 0

Figure 9 : Modèle d'interventions multidimensionnel de ce programme 4 3

Figure 10 : Développement d'une offre de service dans ce programme 44

Figure 11 : Génogramme 64

Figure 1 2 : Carte réseau 65

Page 9: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

Liste des tableaux

Tableau 1 : Illustration d'activités pouvant faire partie de l'offre de service de ce programme

Tableau 2 : Aspects à couvrir dans l'évaluation, le diagnostic et le traitement en négligence

Page 10: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

1

Préambule

Les Centres jeunesse de la Montérégie (GM) ont décidé d'élaborer et d'implanter le programme Ensemble pour les familles le P.A.LN. Programme d'Aide Intersectoriel en Négligence. À quels besoins veulent-ils répondre ?

• Circonscrire les réalités de cette vaste problématique afin de mieux reconnaître et analyser les situations de négligence.

• Proposer des façons de faire communes en intervention pour les différents services des CJM.

• Utiliser une instrumentation validée afin d'accroître la rigueur dans le travail fait.

• Intégrer à ce programme les activités développées dans les projets de type PIF PAF POF et diverses activités réalisées avec les CLSC de la Montérégie en intersectorialité.

• Proposer des pistes additionnelles pour développer avec nos partenaires une offre de service conjointe auprès de cette clientèle sur les différents territoires de CLSC.

Le développement de ce programme vise ainsi 4 objectifs :

• Se doter d'un ensemble organisé, cohérent et intégré d'activités cliniques réalisées auprès d'une population définie dans le but d'atteindre des objectifs déterminés.

• Apporter aux personnes œuvrant auprès des familles négligentes et auprès des enfants qui en font partie, les connaissances de base sur la problématique.

• Outiller nos intervenants pour accroître l'impact de leurs interventions dans l'aide offerte aux familles.

• Proposer un modèle d'intervention en intersectorialité avec nos partenaires.

Bref, Ensemble pour les familles le P.A.LNreprésente tout un défi qui nous attend, en se référant à ce programme dans l'aide à offrir à cette clientèle en intersectorialité.

Dans ce programme de première génération, nous n'avons pas recherché dans l'immédiat à tout couvrir mais a nous donner une première base commune. Nous croyons qu'une période de trois ans sera requise pour implanter ce programme, en évaluer l'implantation et faire des propositions pour la mise à jour dans un programme de deuxième génération. Cette façon de faire permettra de donner une réponse plus complète aux questions soulevées et d'aller beaucoup plus loin, entre autres, dans les problématiques associées telles que la toxicomanie, la déficience intellectuelle, la santé mentale.

Comme tout programme ne peut être traité isolément, nous ferons ressortir les liens avec les autres programmes notamment ceux des troubles de la conduite, abandon et violence familiale.

Ce premier programme n'est pas une fin en soi mais plutôt le début d'une longue démarche à être construite et enrichie par les personnes concernées par cette problématique.

Page 11: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

3

/f «A

Introduction — x

Être parent...

. . . est l'un des plus beaux métiers du monde et peut être des plus valorisants si l'on sait bien l'exercer et s'entourer du support requis.

. . . est toutefois une tâche de tous les instants qui interpelle la personne dans l'exercice des différentes responsabilités qu'elle doit jouer auprès de son enfant : protection, éducation, autorité, affection et identification.

Dans le meilleur des cas, le parent se réfère dans l'accomplissement de ses tâches parentales à des connaissances acquises au cours de son développement, à des apprentissages et des modèles positifs. Il peut être aussi aidé par un conjoint supportant, la famille immédiate, un ou des amis, l 'école et les ressources offertes par la communauté.

Ainsi, l 'enfant aura plus de chances de grandir et de se développer en sécurité dans un milieu propice avec de bonnes conditions de santé, d'environnement, de bonnes occasions d'apprentissage, tout en recevant une réponse adéquate à ses besoins affectifs.

FIGURE 1

Exercice des responsabilités parentales1

Protection : Besoins de base : garde,

surveillance, soins, entretien et protection contre les abus

Éducation : Traduction des valeurs, choix,

orientations, guides, etc. du parent dans ses rapports à l'enfant

Autorité : Imposition des normes, règles, interdits

et balises selon les modalités de constance et de cohérence requises

Affection : Traduction concrète et sentie de

('acceptation et de l'affection éprouvées pour l'enfant

Identification : Ensemble des activités de modelling

biopsychosocial exercées par le parent et qui fondent le processus d'identification

chez l'enfant

1 Gouv. du Québec, MSSS, 1996, p. 50

Page 12: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

4

Or, survient la négligence ...

Il arrive parfois que l'exercice des rôles parentaux soit entravé par de multiples facteurs alors que l'enfant reçoit plus difficilement réponse à ses besoins.

Certains parents consultent des organismes d'aide, participent à des groupes offerts par la Maison de la famille ou le CLSC, reçoivent la visite d'une infirmière ou d'un éducateur, mais cela demeure insuffisant.

Pour d'autres parents qui vivent dans des conditions plus difficiles, des facteurs importants de stress se sont installés : pauvreté, séparation, conflit avec le voisinage, violence physique ou psychologique, santé mentale précaire, dépression, agitation des enfants, famille nombreuse, isolement, etc. Les parents ne vont plus chercher l'aide requise parce qu'ils n'en ont pas la capacité, qu'ils ne reconnaissent pas le problème, n'ont pas d'espoir de s'en sortir, qu'ils veulent démissionner comme parent ou ne collaborent plus avec les services qui leur paraissent trop intrusifs et non aidants pour eux.

Un signalement au Directeur de la protection de la jeunesse a déjà été fait mais pas nécessairement retenu. Vu de l'extérieur, si le besoin de service est évident, le besoin de protection reste encore à démontrer.

Les établissements de première ligne et les organismes de la communauté sont alors confrontés à leurs limites, ne suffisent plus devant l'ampleur du problème de ces familles en grandes difficultés, ne peuvent plus aider en regard du cadre légal dans lequel ils travaillent.

La négligence s'est installée avec son convoi de détresse sociale et psychologique pour les parents, ce qui ne les rend pas plus disponibles à répondre adéquatement aux besoins de leur enfant. Les capacités parentales sont entravées et les ressources près des parents sont inaccessibles, inadéquates ou n'existent pas.

Devant la complexité d'un phénomène qui a pris parfois des générations à s'établir, si on veut s'y attaquer avec des chances de réussir à faire pencher la balance du côté de l'enfant, il est important d'avoir un programme qui vient préciser ce qui peut se faire avant, pendant et après l'intervention en protection d e la j eunesse auprès des enfants négligés et des familles en grandes difficultés.

Ce programme présente les éléments nécessaires pour décrire la problématique, cibler la clientèle, proposer un cadre d'analyse, établir les priorités et objectifs d'intervention et proposer un modèle d'intervention multidimensionnel applicable sur chaque territoire de CLSC.

Page 13: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

5

1.1 REVUE DE LITTÉRATURE

Auparavant, le phénomène de la négligence était relativement peu connu et ne semblait pas attirer les chercheurs même si on savait intuitivement que cette problématique drainait beaucoup d'énergie des gens qui œuvraient dans le domaine de l'enfance et de la famille. Or, au cours de la dernière décennie, beaucoup d'écrits ont été produits sur la négligence.

Pour asseoir le programme sur des bases théoriques crédibles, nous nous sommes particulièrement inspirés d e quelques auteurs qui décrivent le mieux la réalité de la négligence et nous proposent des données contemporaines à partir d'expériences québécoises, donc applicables sur les différents territoires de CLSC où nous desservons la clientèle.

MARTINEZ

Ici en Montérégie en 1993 , Jacqueline Oxman-Martinez présente les résultats de sa recherche La négligence faite aux enfants ; une problématique inquiétante. Elle préconise « le modèle socio-environnemental » selon lequel la négligence est la résultante de différents facteurs de risque qui concernent les parents et leurs enfants. Ces facteurs sont d 'ordre économique, sociologique, ontogénétique et psychologique, en interaction les uns avec les autres. Ils vont affecter à la fois les capacités des parents à s'occuper de leur enfant et les capacités des familles à s 'adapter aux stress familiaux.

Pour Oxman-Martinez (1993, p. 84), si l'abus ou les mauvais traitements sont la résultante d'un acte de violence, d'un comportement actif, la négligence est quant à elle une omission de gestes et une absence d'attention.

Les résultats de sa recherche démontrent l'ampleur du phénomène : • Chez la plupart des parents :

• Situation d'extrême pauvreté. • Faible scolarité. • Exclusion du marché du travail. • Assistance sociale chronique et dépendance potentielle du réseau sociosanitaire. • Jeunesse de la mère. • Solitude de la mère pour faire face à l'arrivée du nouveau-né et mauvaise préparation à vivre sa

maternité dans des conditions favorables. • Peu ou pas d'expérience en matière de soins maternels (développement ontogénétique). • Sentiment d 'être très déprimés. • Stress important, qui augmente au cours de l'intervention, sauf lorsque l 'enfant est p l a c é ë n milieu

substitut. • Monoparentalité avec une femme comme chef de famille pour la moitié des familles.

Page 14: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

6

• Dans l'interaction avec l'enfant : • Difficulté pour la plupart des parents à élaborer et à maintenir des processus interactifs

parent/enfant et des activités favorables au développement de l'enfant.

• Des répercussions de la négligence chez l'enfant : • Enfants prématurés et de petit poids à la naissance dans une proportion plus élevée que ceux de

la population en général. Tous les enfants, quel que soit leur âge , manifestent des troubles de comportement.

• Les facteurs de risque concernant plusieurs mères : • Satisfaction moindre à jouer leur rôle maternel. • Placement de la mère en milieu substitut durant son enfance. • Consommation de médicaments psychotropes, de drogues et d'alcool. • Présence de maladie mentale dans la famille élargie.

Devant la gravité et la complexité de la situation à traiter, Oxman-Martinez met en parallèle le peu de moyens mis de l'avant dans la pratique. On découvre que les intervenants du C.P.E.J. de la Montérégie assurent un suivi social dans 25 % des cas et une intervention familiale dans 22 ,5 % des cas alors qu'ils privilégient une intervention individuelle dans 57 % des cas (1993, p. 73). O n est encore au temps du cas par cas avec la notion de « mon client ». L'enfant quant à lui est peu suivi directement. On espère ainsi qu'en traitant le parent, il pourra à son tour mieux traiter son enfant.

Or, même en considérant la profondeur des problématiques en présence et leur récurrence, la fréquence de l'intervention par les praticiens du C.P.E.J. de la Montérégie varie surtout entre une fois par mois (36 %), deux fois par mois (27 %) et plus de deux fois par mois (27 %).

Oxman-Martinez conclut cette recherche par quelques suggestions, pour rendre l'intervention plus efficace (1993, p. 89) :

• Mettre en place des mesures de répit et d'aide matérielle, fournir une aide économique supplémentaire aux mères dont le niveau de stress économique et social dépasse le niveau acceptable, ce qui éviterait un certain nombre de placements d'enfants.

• Implanter un programme de sauvegarde de la famille, basé sur une intervention rapide, intensive et concertée.

• Associer un intervenant psychosocial avec un éducateur dans une intervention directe auprès des enfants négligés qui présentent également des troubles de comportement.

En 1997, Oxman-Martinez et Duder élaborent un devis de recherche évaluative concernant un projet pilote d'intervention en négligence. Le projet s'adresse aux enfants négligés ou potentiellement négligés âgés entre 2 et 6 ans dont la sécurité et le développement sont compromis ou risquent de l'être. De plus, l'enfant risque d'être placé. Le projet fait partie d'un partenariat intersectoriel (Centres jeunesse, CLSC et organismes communautaires) et est lancé dans la sous-région de St-Hyacinthe.

Page 15: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

7

Les deux auteurs proposent une approche bidisciplinaire formée par la dyade d'un intervenant social et d'un éducateur pour mettre à contribution l'expertise de chacun dans un partage de responsabilités.

Ainsi, le parent pourra être rejoint dans : • son besoin d'augmenter son estime personnelle, de mieux se connaître, de se reconnaître des forces et

des valeurs personnelles; • son besoin de développer ses habiletés parentales et sa compétence pour accomplir son rôle parental

dans le respect des étapes de développement de son enfant; • son besoin de rompre son isolement et de se créer un réseau permanent d'aide formelle ou informelle.

L'enfant pourra être rejoint dans : • son besoin de soins et de conditions de vie adéquats; • son besoin de stimulation tant au plan physique, psychologique que social; • son besoin de faire lés apprentissages propres à son étape de développement; • son besoin de vivre dans une situation qui assure sa sécurité et son développement.

Et la relation parent-enfant pourra être travaillée dans : • le besoin de créer des liens d'attachement entre parents et enfant, basés sur une relation stable,

continue et sécurisante.

Cette intervention devait être intensive, d'une durée totale de 5 mois, fréquente, concertée et effectuée à domicile.

Le projet pilote proposé était novateur. Même s'il n 'a pas eu les résultats attendus compte tenu que la durée de l'intervention s'est avérée beaucoup trop brève, il a été source d'inspiration pour le travail en dyade intervenant social et éducateur. Ces activités se sont poursuivies avec satisfaction dans la région de Saint-Hyacinthe via la mise sur pied du Programme d 'a ide à la famille (PAF) sur lequel nous reviendrons plus loin.

GREDEF

En même temps, le Groupe de recherche en développement de l'enfant et de la famille (GREDEF) de l'Université du Q u é b e c à Trois-Rivières s'intéresse à la négligence. H rappelle qu'au Québec , les situations de négligence sont définies par la Loi sur la protection de la jeunesse (Ethier, Biron, Pinard, Gagnier, Deslauriers, 1998 , p. 10), qui spécifie que le développement ou la sécurité d 'un enfant est compromis lorsque :

• Son développement mental ou affectif est menacé par l 'absence de soins appropriés ou par l'isolement dans lequel il est. maintenu ou par un rejet affectif grave et continu de la part de ses parents (38, b).

• Sa santé physique est menacée pa r l 'absence de soins appropriés (38, c). • Il est privé de conditions matérielles d'existence appropriées à ses besoins et aux ressources de ses

parents ou de ceux qui en ont la ga rdé (38, d).

• Il est gardé par une personne dont le comportement ou le mode de vie risque de créer pour lui un danger moral ou physique (38, e).

Page 16: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

8

Le GREDEF va au-delà de cette définition légale et conçoit la négligence comme l'échec chronique du parent à répondre aux divers besoins de son enfant sur les plans de la santé, de l'hygiène, de la protection, de l'éducation ou des émotions. On parle plutôt d'absence de comportements bénéfiques à l'enfant que de présence de conduites parentales néfastes. Cependant, lorsque l'enfant grandit et acquiert plus d'autonomie, la négligence du parent s 'accompagne fréquemment de violence. (Ethier, Lacharité, Gagnier, 1996, p. 35)

Le GREDEF précise que la dynamique du phénomène de la maltraitance ne peut être expliquée par un seul facteur psychologique ou social mais par un ensemble de facteurs reliés dans un réseau complexe. Il s'agit d'un phénomène multidimensionnel où chacun des facteurs de l'ensemble interagit avec tous les autres en même temps qu'il en subit les influences.

Lorsque le GREDEF parle d'un modèle multidimensionnel, il s'inspire du modèle écosystémique du développement humain élaboré par Bronfenbrenner (1979).

Selon ce dernier, le comportement humain doit être vu et analysé dans un ensemble de niveaux imbriqués les uns dans les autres, qui s'interinfluencent, qui communiquent ensemble et qui sont en interactiçn constante. Ces différents niveaux contiennent autant d'éléments de risque qui nuisent à l'émancipation de l'individu que d'éléments de soutien qui aident l'individu à se développer.

FIGURE 2

2 (Palacio-Quintin, Couture, Paquet, 1995, p. 14)

Page 17: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

9

Au centre de ce système, il y a le noyau formé par l'individu C'est l'enfant ou l'adulte avec toute son histoire et sa personnalité, avec les forces et limites de ses capacités d'ordre physique, mental, émotionnel, comportemental.

Au second niveau, il y a la famille nucléaire ou microsystème C'est le milieu d e vie immédiat de l'enfant, par exemple sa famille. C'est aussi l'environnement physique, habitabilité du logement. Mais c'est encore la nature du climat familial, la compétence éducative des parents. La famille, c'est aussi le lieu où les relations humaines les plus intimes et les plus significatives vont se vivre, pour le meilleur mais parfois pour le pire (inceste).

Au troisième niveau, il y a l'environnement social immédiat ou mésosystème C'est l 'espace où le parent, l'enfant et la famille peuvent compter sur le soutien et sur l'influence, bonne ou mauvaise, de l 'entourage. C'est d'abord la parenté et les amis, mais aussi, le réseau de voisinage et les services locaux : garderie, terrain de jeux, centres communautaires; disponibilité ou accès de ces services.

L'environnement social global ou exosystème et macrosystème Ce sont les conditions de travail, les décisions prises par les gouvernements sur l'aide sociale, les loisirs, les HLM, les congés parentaux, etc. On peut également faire référence aux croyances, valeurs, idéologies préconisées par la société (principe d'égalité des chances, pouvoir de l'argent, de réussite sociale), etc.

S'inspirant de ce modèle, le GREDEF propose qu'à partir de l'intérieur de l'individu jusqu'à l'extérieur, on doit tenir compte des liens entre les différents niveaux. Les conduites négligentes des parents envers leur enfant doivent être considérées en tenant compte de l'interinfluence de l'enfant, du parent, de la famille et de l'environnement.

Cette façon de faire relativise la responsabilité du parent, tout en permettant d'explorer les ressources présentes aux différents niveaux pour les réactiver au cours de l'intervention.

Selon le GREDEF, l'intervention pour être efficace, doit rencontrer les manifestations de la problématique dans ses différents paliers et être multidimensionnelle. L'intervention doit être longue, plus intensive et considérer plusieurs plans autour de la famille cible.

« L'intervention écologique doit donc permettre simultanément des rééquilibrations sur les plans des aspects individuels (habiletés parentales, contrôle des impulsions, empathie, estime de soi, etc.), de l'organisation familiale (cohésion, adaptabilité, frontières claires, etc.) et de l'organisation du réseau social (densité des liens, qualité et réciprocité du soutien social, insertion sociale et sur le marché du travail, etc.) ». (Palacio-Quintin, Couture, Paquet, 1995, p. 13)

Il s'agit certainement de changer une situation de négligence mais aussi penser à des mécanismes qui permettent aux parents de transférer dans leur vie quotidienne des habiletés acquises au cours de l'intervention pour prévenir la récurrence.

Page 18: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

10

Le GRE DE F propose le Programme d'aide à la personne, à la famille et à la communauté (PAPFC) afin de concrétiser l'intervention en négligence. Ce programme a comme objectif final d'améliorer la qualité des soins physiques et psychologiques dispensés par leur famille aux enfants âgés de 0 - .6 ans . Ce programme doit toucher :

• Le suivi individuel d e la famille.

• La stimulation de l'enfant par des activités de garderies éducatives.

• Le soutien communautaire par le biais de « familles soutien » et par l'utilisation de services de la communauté.

• Le parent en tant que personne par des activités de groupe visant la liquidation d 'événements du passé et le soutien du conjoint. ^

• Le parent en tant que parent par des activités visant l'acquisition d'habiletés parentales.

FIGURE 3

Le PAPFC et ses volets

Page 19: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

11

Selon les recherches menées par le GREDEF en rapport avec ce modèle, du point de vue du soutien communautaire, les familles négligentes sont isolées et participent peu à leur réseau. Elles ne savent pas utiliser les ressources de la communauté.

Le parent en tant qu'adulte et non pas vu dans l'exercice de son rôle de parent, transporte avec lui ce qu'il a appris de ses modèles familiaux et des conditions auxquelles il a été exposé dans son enfance (violence, négligence, abus sexuels).

En tant que parent dans sa relation avec son enfant, il présente un fort taux d'interactions négatives et un faible taux d'interactions positives avec chacun des membres de la famille.

y Les mères maltraitantes stimulent et interagissent moins avec leur enfant, ont plus d'interactions négatives avec l'enfant, ne retirent pas de plaisir de leurs contacts avec l'enfant et ont des attentes irréalistes face à l'enfant. Elles présentent une habileté cognitive moindre pour résoudre des problèmes relatifs à la vie quotidienne et à l'éducation de l'enfant.

À ce sujet, le GREDEF se réfère au modèle théorique de Crittenden (1988) qui regroupe les situations de négligence selon 4 types de parents qui se distinguent en fonction de leur capacité à intégrer et à traiter l'information concernant l'émotion de l'enfant.

1er type

Négligence résultant d'une non-perception. Cas les plus lourds. Parents très isolés, déprimés et présentant des déficits cognitifs importants. Ces parents nlnteragissent pas avec l'enfant; ils semblent ne pas en percevoir les émotions. Par exemple, le réfrigérateur est vide, les enfants ont sauté plusieurs repas, etc. Ceux-ci, après avoir beaucoup pleuré, n'expriment plus de demandes et émettent moins de signaux à leurs parents. Souvent ces parents eux-mêmes se caractérisent par une histoire de négligence.

2e type

Négligence résultant d'une interprétation incorrecte de l'information. Les parents perçoivent les pleurs de l'enfant ou ses demandes, mais les évaluent mal et jugent qu'il n'est pas nécessaire de réagir. Par exemple, ils y voient non un besoin, mais une action dirigée contre eux : « Il est gâté », « Il fait ça pour me faire enrager », « Il est méchant », etc. Manque d'expérience du parent, inversion des rôles, croyance d'incompétence.

3e type

Négligence résultant d'une difficulté à choisir une réponse. Elle comprend les parents qui,perçoivent et interprètent correctement les émotions de l'enfant, mais qui se sentent impuissants à y répondre; ils ne trouvent pas de solutions efficaces. Par exemple, face aux crises de colère ou de larmes de l'enfant, ils n'interviennent pas en raison d'un profond sentiment d'impuissance et d'échec. -Parents trop pris par leurs propres problèmes. Manque de modèle, peur de l'échec.

4e type

Négligence résultant d'une difficulté à agir. Les parents saisissent les émotions de l'enfant et savent comment y répondre, mais ils ne peuvent réagir adéquatement en raison de l'environnement chaotique dans lequel ils vivent. Ces parents sont immatures ou dépassés par les événements; ils disposent de peu de moyens et de peu de soutien social pour satisfaire les besoins de l'enfant.

Page 20: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

12

L'enfant négligé présente un niveau de développement inférieur autant sur le plan intellectuel, que du langage, de la motricité et du graphisme (Palacio-Quintin, Couture, Paquet, 1995, p. 20).

Sur les plans affectif et social, il est aussi en retard; il ne joue pas facilement avec les autres enfants, et il peut être agressif ou indifférent avec ses pairs. Il manifeste peu d'affects positifs, il ne cherche pas le réconfort de ses parents et il est triste et apathique. Il est aussi fréquent que l'enfant négligé assume un rôle de parent auprès de ses parents. Il peut alors démontrer une autonomie excessive.

En conclusion, le modèle du GREDEF est un incontournable. Il nous donne une définition très pratique de la négligence et introduit le terme d'échec chronique que nous avons retenu pour décrire les situations où la durée des interventions sont très longues.

Il nous propose un modèle écologique d'intervention, le Programme d'aide à la personne, à la famille et à la communauté (PAPFC), qui a fait ses preuves et dont nous nous sommes inspirés pour implanter les projets de type PIF PAF POF en Montérégie. Ce modèle est multidimensionnel et couvre tous les aspects de la situation dont il faut tenir compte dans l'évaluation et dans le traitement de cette problématique.

BÉDARD

Jean Bédard (1998 et 1999) situe son propos concernant les familles en détresse sociale à partir des effets du système de valeurs que prône la société à l'égard de l'individu. Il illustre la difficulté des familles à sortir de l'exclusion dont elles sont victimes pour participer socialement, et sortir du cycle de la négligence et de sa transmission intergénérationnelle.

Pour lui, il y a dénivellation entre ceux qui participent à la communauté et qui peuvent ainsi bénéficier de ses ressources et les exclus qu'il nomme les misérables, les pauvres qui n'y ont pas accès. Ils en sont justement exclus à la fois par un retrait d e leur part et par un retranchement venant de la société qui obstrue les « fenêtres de communication » possibles entre la famille et son milieu.

Il distingue 7 aspects que peuvent prendre ces fenêtres de communication :

Fonctionnel : participation à la production collective.

Pécuniaire : capaci té d 'acheter des biens et des services.

Culturel : participation à la culture comme ensemble des connaissances.

Moral : l 'appropriation .des valeurs qui dominent dans la société.

Social: le degré d ' appar tenance à la communauté et à des réseaux reconnus socialement

Juridique : le droit réel et concret à la justice.

| Symbolique : le rôle symbolique d 'un statut social, d 'une « place dans la société ».

Pour Bédard, toutes ces fenêtres sont liées aux pressions économiques et justement, la négligence est intimement reliée à la pauvreté qui mène à l'exclusion sociale, à l'isolement. Pour traiter adéquatement la négligence et éviter sa récurrence ou sa transmission intergénérationnelle, il faut donc travailler au niveau de la famille mais aussi au niveau de la société.

Page 21: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

13

Dans son deuxième tome, Bédard traite de la façon suivante du concept « d'exclusion »3 (Bédard, 1999, P-27):

FIGURE 4

Concept d'exclusion3

d'exclusion de la société

La détresse sociale est à la fois un problème social

Donc, la solution est une action qui vise à la fois à réduire

les mécanismes

de retrait de la famille

Cela veut dire concrètement que pour agir efficacement, favoriser l'inclusion de la famille dans la société et lui permettre une réappropriation de son pouvoir, l'intervenant doit faire de plus en plus alliance avec la communauté et avec les familles pour que celles-ci soient placées au centre de l'intervention.

De par la place qu'il occupe, l'intervenant, surtout s'il travaille avec le pouvoir de la Loi sur la protection de la jeunesse, doit éviter au maximum de refléter les jugements moraux qui font justement partie de l'exclusion des familles par la société.

La réflexion doit être rigoureuse et se porter sur l'ensemble des dynamiques en jeu (sociales, économiques, communautaires, familiales, personnelles) en prenant soin de faire ressortir les forces et les limites du milieu.

Le travail doit se faire en équipe terrain pour permettre plus de continuité entre les différents acteurs comprenant la famille. Le communication devra alors être circulaire, égalitaire et réciproque.

Ces équipes terrain doivent aussi pouvoir compter sur des conditions de gestion qui leur donnent l'espace clinique dont elles ont besoin.

L'affirmation de la primauté de l'intérêt des enfants doit paraître en tenant compte de la notion du temps qui est différent pour l'enfant. Si l'intervention prend du temps comme tel, on ne peut en attendant suspendre les besoins de l'enfant qui se développe quoi qu'il advienne. Elle doit aussi paraître dans l'utilisation d'instruments qui vont a idera évaluer et à intervenir avec le plus d'efficacité.

3 (Bédard, 1999, p. 27)

Page 22: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

14

Dans son deuxième tome, Bédard (1999) découpe le processus d'intervention en protection de la jeunesse en 4 étapes et donne pour celles-ci des balises à l'intervenant autant dans ses attitudes que dans ses habiletés.

Ainsi l'évaluation (1999, p. 55) doit être la plus globale possible et ne touche pas seulement l'objet du signalement. « L'évaluation doit porter sur l'ensemble des liens sociaux entre la communauté et la famille ».

L'évaluation vise à fournir de l'information qui permettra de prendre une décision concernant l'orientation à prendre pour les enfants, l'orientation étant ici vue comme partie du processus Protection mais aussi comme un moment pour trouver le sens général de l'intervention, sa direction.

«

• Une première évaluation menant à une hypothèse de travail (la première orientation). • Un plan d'intervention à court terme, cohérent avec cette hypothèse de travail. • Une seconde évaluation menant à une orientation à plus long terme ou, selon le cas, à un plan de

vie. Bédard nous invite ici à savoir reconnaître les situations selon le degré de gravité qui peut varier de risque nul à extrême et ajuster le plan d'intervention en conséquence.

À l'étape orientation (1999, p. 95), il cible les 8 questions essentielles que l'intervenant se pose pour asseoir son action d'une façon très concrète en favorisant l'utilisation des capacités des acteurs en jeu et de celles de la communauté tout en garantissant la primauté de l'intérêt de l'enfant.

1. Quelle est l'autorité à utiliser ?

2. Pour les enfants, quels sont les liens d'attachement à préserver ?

3. Pour le couple, quelle est l'orientation souhaitable (consolider la relation, la réajuster, en renouveler les bases, se résigner à une séparation, s'entendre sur la manière d'exercer les rôles parentaux à la suite d 'une séparation, etc.) ?

4. Sur quels points forts peut-on s'appuyer pour favoriser le changement ?

5. Quel scénario vise-t-on dans un premier temps ?

6. Quels autres scénarios doit-on prévoir si on veut gérer adéquatement les risques ?

7. Comment peut-on reconnaître que l'hypothèse clinique de départ tient le cap ?

8. Combien de temps d'essai peut-on se donner avant de revenir à des mesures plus décisives ?

À l'étape planification de l'intervention (1999, p. 106), il rappelle qu'il faut agir sur 2 fronts en décortiquant dans le détail les objectifs visés :

• Sur l'environnement en vue d'améliorer les capacités d'intégration de la communauté vis-à-vis de la famille évaluée en détresse sociale.

• Sur la famille (et les personnes qui la composent) en vue d'améliorer leurs capacités d'intégration à la communauté.

Concernant le plan de service (1999, p. 114) comme tel, il nous rappelle 4 principes importants : » Le moins d'intervenants possible. • Un intervenant principal. » Des objectifs hiérarchisés du plus urgent au moins urgent. • Donner d'abord des services concrets avant de demander des changements de comportements.

Page 23: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

15

À l'étape intervention (1999, p. 124), Bédard propose d'intervenir dans le milieu de vie de la famille, une intervention multidimensionnelle, et de toucher la globalité des dimensions pour atteindre 7 objectifs :

Dimensions de l'intervention sociale4

- * mmmom - -1. Fournir des services concrets.

2. Améliorer les capacités culturelles, les habiletés sociales et les compétences des parents.

3. Assister la famille dans son intégration sociale. 4. Bonifier les capacités des parents à assurer leur

rôle auprès de leur enfant

5. Soigner les blessures d'enfance des parents ; Soigner les blessures psychologiques ou sociales des enfants et si nécessaire, modifier leurs comportements inadaptés.

6. Suppléer de façon temporaire ou permanente à certains handicaps des parents.

7. Gérer les risques du milieu pour la sécurité et le développement des enfants.

Intervention concrète

Intervention éducative

Intervention sociale Intervention psychosociale et éducative

Intervention psychologique, psychiatrique et éducative pour le parent et pour l'enfant

Intervention psychosociale et éducative

Intervention sociolègale

À l'étape révision (1999, p. 148), il faut évaluer : • chacune des dimensions de l'intervention; • la coordination et la stabilité de l'ensemble des dimensions de l'intervention; • la situation familiale, et la situation communautaire elles-mêmes; • le développement physique, affectif, intellectuel et social de l'enfant.

Bédard présente dans ses ouvrages «Familles en détresse sociale. Repères d'action, Tome I et H », matière à réflexion concernant le lien entre la pauvreté, l'exclusion sociale et la négligence. Il nous donne en quelque sorte la direction vers laquelle devront tendre nos croyances, nos valeurs et nos interventions si nous voulons vraiment comprendre et agir auprès des familles en grandes difficultés. En plus de sa vision philosophique et sociologique, il nous propose, dans le deuxième tome, des moyens concrets qui se rapportent à toutes les étapes de l'intervention auprès des familles en détresse sociale.

4 (Bédard, 1999, p. 124)

Page 24: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

16

FORUM NÉGLIGENCE

À l'Association des centres jeunesse du Québec (ACJQ), le Forum négligence résume bien le courant de pensées actuel concernant la négligence. Ce Forum est composé d e personnes représentant des établissements et organismes concernés par la négligence. Dans un court document complété en 1.998, « Pour que l'essentiel ne manque pas », il dresse un tableau peu reluisant des pratiques actuelles mais propose aussi des pistes importantes dont il faut tenir compte dans le développement de ce programme.

Pour le Forum négligence « La négligence, c'est l'omission de donner à l'enfant les soins requis pour sa sécurité et son développement physique, psychologique, social, scolaire, civique » (Forum négligence, 1 9 9 8 , p. 3).

Il rappelle que l'intervention dite traditionnelle a surtout cherché à a ider le parent dans l'exercice de ses rôles et dans un suivi individuel pour le traitement des difficultés psychologiques. Or , la recherche a démontré que de telles approches entraînent des apprentissages mais qu'en règle générale, les acquis ne se maintiennent pas plus de six mois après l'arrêt de l'intervention, d'où récidives fréquentes.

À l'image des familles négligentes, l'intervenant œuvre très souvent lui aussi d'une façon isolée, sans concertation et avec des ressources réduites. Chacun se donne le mandat de tout régler tout seul, ce qui entraîne inévitablement de l'impuissance, du découragement face à l'ampleur de la tâche et du m a n q u e d e moyens avec, en définitive, encore plus d'isolement.

Le Forum soutient que les nouvelles pratiques, pour être efficaces, doivent d'abord reconnaître que la négligence est une problématique complexe, à multiples facettes qui requiert des actions simultanées de plusieurs ordres et par plusieurs partenaires.

Dans une perspective biopsychosociale, les nouvelles pratiques doivent rejoindre :

• les parents, pour les supporter : • dans leur dynamique psychologique personnelle; • dans le développement de leurs habiletés sociocognitives; • dans leur rôle de parents; • dans l'établissement de liens sociaux positifs pour eux.

• les enfants pour : • les sécuriser et • intervenir auprès d'eux de manière à réduire les conséquences de la négligence et stimuler leur

développement.

• les familles pour : • améliorer les conditions de vie; • agir sur les dimensions structurelles.

• les réseaux sociaux pour : • les rendre accessibles; • stimuler leur utilisation.

Ces nouvelles pratiques doivent associer les milieux de vie qui accueillent les enfants et les parents (garderie, école, milieu communautaire, loisirs, etc.).

Page 25: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

17 \

En ce qui a trait aux conditions de réalisation, le Forum affirme que le développement des pratiques efficaces en négligence :

• d e m a n d e de consentir du temps, de l'investissement humain et d'assurer une continuité des liens dans le temps;

• exige une gestion souple faisant place à une lecture collective et à une action concertée et soutenante entre tous les partenaires impliqués auprès des enfants et des parents, notamment en faisant place à de l 'espace de rencontre et de créativité entre partenaires d'un milieu donné .

En résumé, le Forum négligence dans son court document, fait la synthèse de ce que nous devons savoir sur la négligence et sur la façon de la contrer.

PRINSIP

Tout près de nous, les CLSC se sont vus octroyer en 1998, des ressources par la Direction de la santé publique de la Montérégie pour actualiser le Programme intégré de services et d'interventions en périnatalité (PRINSIP) (Lagùe et Donovan, 1998). Ce programme vise à réduire les conséquences de la pauvreté sur la santé des tout-petits. Il a pour objectif de réduire le nombre de naissances de bébés de faible poids, le taux de décès dans la première année de vie ainsi que les problèmes de développement physique, mental et social qui assaillent les jeunes enfants démunis de la Montérégie. Le PRINSIP vient ainsi consolider les acquis en matière de services offerts par les CLSC et par les organismes communautaires aux femmes enceintes.

Le programme s'adresse avant tout au groupe très vulnérable des futures mères qui vivent dans une grande pauvreté et qui sont sous-scolariséés. Par pauvreté, on veut aussi faire ressortir l'ampleur, le cumul et la durée persistante des problèmes, dans leurs dimensions économiques, culturelles et sociales :

• faible revenu (revenu familial inférieur au seuil de faiblé revenu (moins de 75 % de ce seuil) tel que défini par Statistique Canada) ;

• sous-scolarisation (Secondaire V non complété).

Afin d'atteindre son objectif, le PRINSIP entend couvrir toute la période périnatale. Un suivi individuel est offert à chaque femme enceinte vivant une situation de grande pauvreté au plus tard à partir de la 20 e

semaine de grossesse. Ce travail se poursuit jusqu'à ce que l'enfant ait 2 ans. Les infirmières et les travailleurs sociaux de CLSC, si c'est nécessaire, rendent visite aux femmes enceintes et aux jeunes mères à leur domicile.

Le programme comprend deux composantes principales : des services d e base universels et des services spécifiques pour les clientèles vulnérables.

Les services universels offerts comprennent, entre autres, un suivi de santé pré et postnatal pour la mère / des rencontres prénatales de groupe, des services hospitaliers lors de l 'accouchement, une visite postnatale à domicile à la suite d'un congé précoce de l'hôpital ainsi qu'un suivi du nourrisson, incluant des conseils sur les soins à donner au bébé, l'alimentation, la croissance, le développement, les immunisations et la sécurité à domicile. Un projet de promotion, protection et soutien de l'allaitement naturel est proposé.

Page 26: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

18

Les services spécifiques destinés aux clientèles vulnérables regroupent un système de référence prénatale, un suivi individuel pré et postnatal, incluant un soutien nutritionnel, un programme d'éducation sanitaire sur la grossesse, l 'accouchement, le rôle des parents, la relation parent-enfant, les habitudes de vie, les soins, l'alimentation et le développement de l'enfant. Ces services englobent également un accompagnement vers les ressources du milieu ainsi que le soutien du milieu et des actions intersectorielles axées sur l'amélioration des conditions de vie des familles vulnérables. L'implication des ressources du milieu est donc essentielle pour la réussite du programme.

Comme nous pouvons le constater, beaucoup d'actions sont faites pour répondre aux besoins des familles en grandes difficultés ayant de jeunes enfants et ce, quel que soit le cadre légal des établissements qui distribuent les services.

Le programme PRINSIP rejoint une clientèle très vulnérable, il se veut préventif et interpelle tous les acteurs du système à agir en partenariat.

Le programme a certainement une zone commune avec les projets que nous verrons dans la partie suivante, qui ont été élaborés par les CJM en collaboration avec les CLSC et les organismes communautaires du territoire et qui s'adressent à une clientèle probablement encore plus lourde.

PIF PAF POF

Comme dernière référence, nous voulons mentionner les travaux qui se sont faits autour de l'implantation et de l'actualisation des projets de type PIF PAF POF (Pour faire éclater les limites de l'intervention) en Montérégie (Gauthier, 1997).

En 1997 , forts des contacts intéressants que nous avions eus avec les chercheurs du Groupe de Recherche en Développement de rEnfant et de la Famille (GREDEF) et des artisans du Programme d'aide personnelle, familiale ét communautaire (PAPFC) de T rois-Rivières, nous avons mis sur pied une adaptat ion de ce programme sur certains territoires de CLSC, avec les CLSC et organismes du milieu. C'est ainsi que sont nés le Programme d'intervention familiale (PIF) à St-Jean, le Programme d'aide familiale (PAF) à St-Hyacinthe et Acton Vale et le Programme d'orientation familiale (POF) à Longueuil ef par la suite, le Programme de ressources offertes aux familles (PROF) à Sorel et le Comité local d'interventions concertées (CLIC) à Belceil. Cinq projets novàteurs en partenariat pour rejoindre les familles en difficulté ayant de jeunes enfants (0-5 ans). Ils préconisent une approche interdisciplinaire et interétablissements (CJM, CLSC, organismes communautaires) pour répondre aux besoins multiples des familles ciblées.

Dans leur structure, ces projets présentent plusieurs défis d e concertation :

• Intervenant social et éducateur, animateurs de groupe, famille soutien.

• Arrimage des services territoriaux - équipes protection - suivi CLSC.

• Partenariat CJM, CLSC et organismes communautaires.

• Collaboration chercheur - superviseur clinique - soutien administratif - intervenants.

Page 27: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

19

Voici comment s'opérationnalisent ces projets.

Autour d'une étude de cas, en équipe clinique, les intervenants partenaires font ensemble l'étude des besoins de la famille et ils élaborent le PSI. La famille demeure au centre de ce processus par la représentation du responsable du suivi individuel et elle est quelquefois invitée à participer directement

Pour pouvoir ainsi réunir une équipe clinique composée de partenaires de différents établissements, il est nécessaire que chacun sente qu'il a les conditions nécessaires pour fonctionner. C'est là qu'entre en jeu le comité de coordination composé de chargés de pouvoir de ces différents établissements qui va définir l'ampleur et les limites du projet et dégager les mécanismes nécessaires à un travail efficace.

Mettre le client au centre de la démarche, l'aider à sortir de son isolement, cela suppose que les établissements et organismes sont eux aussi capables de se parler et qu'ils ont trouvé le bon moyen de se sortir eux-mêmes de leur propre isolement.

Charbonneau (1999), dans son rapport d'évaluation de l'implantation de ces projets, décrit les caractéristiques de chacun, elle relève ce qui a marché et ce qui a été plus difficile. Elle conclut en souhaitant une poursuite des travaux amenant une multiplication de programmes de ce genre et propose des pistes à explorer pour favoriser le dialogue entre les partenaires naturels des centres jeunesse que sont les CLSC et organismes du milieu et pour maximiser l'utilisation des ressources existantes.

Charbonneau (1999) parle de la nécessité de maintenir une double structure intervention/décision et le rôle central de l'équipe clinique. En effet, pour que celle-ci puisse effectuer adéquatement ses tâches, certaines conditions doivent lui être fournies par les responsables administratifs de chacun des établissements et organismes concernés.

De cette revue de littérature, nous relevons particulièrement ceci :

• O n ne peut plus se cantonner dans une vision fragmentée du phénomène de la négligence.

• O n doit privilégier un modèle d'intervention qui tient compte de toute la complexité du développement humain et du processus menant à l'exclusion sociale et à la négligence.

• Les interventions réalisées principalement en individuel auprès des parents n'ont pas donné les résultats attendus.

• Aucun établissement ne peut à lui seul posséder toutes les réponses à un phénomène aussi complexe.

• On doit viser une intervention en partenariat pour couvrir toutes les dimensions des familles en grandes difficultés.

Les auteurs consultés ont été pour nous une source d'inspiration et nous laissent voir toute l'importance d'avoir une vision écologique de la négligence et d'intervenir en partenariat.

avec l'équipe clinique.

Page 28: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

20

1.2 PORTRAIT DE LA CLIÉNTÈLE

Pour bien cerner l 'ampleur de ce phénomène, voici quelques données statistiques. Parmi les cas de maltraitance retenus par les agences de protection de différents pays, on trouve une majorité de cas en négligence (entre 50% et 75% de cas selon les études) (Palacio-Quintin, Couture et Paquet, 1995 , p.5). En 1999 , parmi toutes les situations d'enfants pris en charge par la protection de la jeunesse au Québec , on constatait un taux d e 53% des dossiers de protection suivis pour motif de négligence (38b, c, d et e).

Ces données représentent les situations suivies sous la Loi sur ia protection de la jeunesse. Toutefois, elles ne présentent pas d'information quant aux situations de négligence pour lesquelles des partenaires du réseau (CLSC et organismes communautaires) offrent des services selon la Loi sur les services de santé et les services sociaux. O n peut penser ici à la clientèle très vulnérable rencontrée dans le cadre des programmes des CLSC tels que OLO et PRINSIP pour ne nommer que ces deux-là ainsi qu'aux groupes de support, aux services concrets donnés par les organismes communautaires, Maisons de la famille ou garderies.

Nous présentons en annexe 1 les données spécifiques pour la clientèle en négligence desservie sous la Loi sur la protection de la jeunesse pour chacun des territoires de CLSC de la Montérégie. Ces données ne tiennent pas compte des clients desservis par les CLSC et les organismes communautaires de la Montérégie pour cette problématique qualifiée par ces partenaires de clientèle majeure dans leurs services.

En Montérégie, la situation ressemble de très près à celle de l'ensemble des centres jeunesse du Québec , puisque nous retrouvons en négligence plus d e la moitié de la clientèle desservie. Selon la perception des cliniciens sur le temain, « la négligence est l'autoroute qui conduit aux troubles du comportement ou à la délinquance ». En effet, bon nombre de jeunes sont suivis dans un premier temps et en bas âge en fonction de ia problématique de la négligence et ultérieurement en troubles du comportement et quelques fois en délinquance.

D'autres cliniciens soutiennent que des jeunes nous sont signalés dans les problématiques d 'abus physique ou sexuel mais que rapidement, au cours de l'évaluation de ia compromission, on met à jour une problématique de négligence. Par ailleurs, certains jeunes desservis en négligence se retrouvent ultérieurement sous le programme abandon pour lequel un projet de vie doit être élaboré.

Les différentes données statistiques mettent en évidence l 'ampleur de cette problématique sous plusieurs aspects : • Phénomène très important soit plus de 50% de la clientèle suivie en protection de la jeunesse et

clientèle majoritaire des services offerts aux familles des CLSC. • Complexité d e la situation qui requiert des interventions à plusieurs niveaux. • Durée d'intervention à long terme. • Mesures souvent lourdes de conséquences dont des placements en milieux substituts pour plus de

48% des jeunes suivis en application des mesures en LPJ aux CJM au 31 mars 1999.

• Lien avec les autres programmes (abandon, violence familiale, troubles de la conduite ou délinquance).

Page 29: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

21

1.3 BILAN DE LA PRATIQUE ACTUELLE AUX C J M EN NÉGLIGENCE

Dans la préparation de ce programme, les membres de ce comité de programme ont dressé un bilan de la pratique actuelle aux CJM à partir de leurs expériences terrain ainsi que d'un questionnaire adressé aux différents services. Il faut souligner que les membres de ce comité de programme proviennent de l'ensemble des directions de l'établissement et de nos partenaires. Bien que sommaire et non scientifique, ce bilan présente une description de la pratique actuelle en négligence par les intervenants des CJM.

La clientèle • Desservie par les intervenants sociaux en majorité sous le couvert de la LPJ et, lorsque c'est le cas,

dans 70% des cas en régime judiciaire vs 30% en régime volontaire. • Desservie quelquefois par les éducateurs à l'extemes sous la LSSSS. • Plusieurs jeunes sont placés en milieu substitut dont certains avec peu d'espoir d'un retour dans leur

milieu familial. • Bien que la problématique principale était la négligence, on retrouve une bonne proportion de

jeunes présentant des troubles de la conduite ou en situation d 'abandon. • La toxicomanie des parents se retrouve associée à la négligence comme problématique majoritaire,

suivie de la santé mentale et de la violence sous toutes ses formes.

Le mode d'intervention • Dans la majorité des cas, les interventions se réalisent en entrevue individuelle avec le parent. On

constate que l'enfant fait peu l'objet d'intervention individuelle. • L'intervention familiale serait le deuxième mode d'intervention privilégié par les intervenants. • La co-intervention se fait entre deux intervenants sociaux, ou entre un intervenant social et les

personnes suivantes : éducateurs à l'externe, intervenants du CLSC ou d'un organisme communautaire.

• L'intervention de groupe se réalise à certains endroits dans le cadre d'activités structurées offertes avec les organismes collaborateurs dans des projets de type PIF, PAF ou POF.

Le cadre théorique auquel se réfèrent le plus souvent les intervenants • Diverses approches très variées sont mentionnées comme points de repères auxquels se réfèrent les

intervenants. • L'approche systémique est mentionnée par plus de 50% des intervenants consultés mais sans définir

clairement cette approche. • L'approche centrée sur les solutions et l'approche réseau sont également mentionnées par plusieurs. '

Les instruments cliniques les plus souvent utilisés • L'ICBE est mentionné comme l'instrument de référence pour évaluer cette problématique. ¥ Le génogramme, les jalons de Steinhauer et les étapes de développement d'Hélène Cloutier sont

identifiés le plus souvent parmi les gens consultés. • Plusieurs autres instruments ou grilles d'évaluation sont également rapportés.

Page 30: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

22

O n constate cependant que les intervenants utilisent peu les divers instruments identifiés, même s'ils ont eu la formation pour le faire comme c'est le cas. pour l'ICBE. La disponibilité de temps serait en cause.

Un bon nombre de répondants veulent connaître de nouveaux instruments ou apprendre à mieux maîtriser ceux pour lesquels ils ont été formés.

La collaboration avec les autres services à l'intérieur des C JM • Les familles d'accueil rassortent comme les collaborateurs de premier plan dans cette problématique,

suivis des éducateurs des services de réadaptation en internat. • Les intervenants sociaux et les éducateurs à l'externe collaborent régulièrement auprès de clientèles

communes. Le rôle de l'intervenant social comme coordonnateur de service, personne autorisée ou distributeur de services, n'est pas clair.

• Ce qui rend la collaboration plus difficile avec les intervenants des services de réadaptation en internat provient du manque de temps, des difficultés d'accès entre intervenants et du manque de

. clarté des mandats.

La collaboration avec les partenaires externes des C JM • Les CLSC, écoles, organismes communautaires et services de pédopsychiatrie rassortent comme les

partenaires avec lesquels nous collaborons le plus souvent. • Ce qui facilite cette collaboration est souvent lié à la connaissance qu'ont personnellement les

personnes entre elles. • Ce qui crée obstacle à cette collaboration : la difficulté de faire la différence entre les rôles de

chacun, le manque de connaissances du mandat de chaque intervenant et les restrictions de temps.

Le support professionnel auquel se réfèrent les intervenants • Le support du chef de service est perçu comme positif lorsqu'il est disponible aux intervenants. • Le support du conseiller en développement professionnel (CDP) semble moins présent dans la

quotidienneté des gens. • L'équipe de travail représente un autre moyen de recevoir ou de se donner du support entre

intervenants.

Quelques attentes à l'endroit de ce programme • Accroître la place de l'intervenant comme premier élément de l'intervention dans cette

problématique. Revaloriser son rôle en précisant ce qu'il fait de spécifique. • Mettre en évidence l'intervention auprès de l'enfant. • Accorder du temps pour l'utilisation des instruments cliniques préconisés dans ce programme.

Page 31: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

23

1.4 DÉFINITION RETENUE DE LA NÉGLIGENCE DANS CE PROGRAMME

Cette définition nous semble complète parce qu'elle interpelle le parent dans son rôle et son obligation de pourvoir aux soins de son enfant. Elle cerne aussi les secteurs qui pourraient être touchés lorsque la réponse aux besoins de l'enfant est inadéquate.

Cette définition a des espaces communs avec les autres programmes. Ce programme comprend la majorité de la clientèle en protection de la jeunesse et ces « jeunes victimes » risquent ultérieurement de devenir les clients des autres programmes si rien n'est fait pour enrayer ce problème. Par ailleurs, certains « jeunes agissants » ont vécu dans une culture de négligence et manifestent des comportements résultant de la non-réponse à leurs besoins.

Le schéma suivant illustre la place centrale occupée par ce programme et certains liens à faire avec les autres programmes.

La négligence est l'omission ou l'échec chronique du parent à donner à l'enfant les soins requis

pour sa sécurité et son développement physique, psychologique, affectif et social.

Liens entre ce programme et les autres programmes

ENFANTS VICTIMES

JEUNES AGISSANTS

Page 32: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

24

Les enfante victimes de négligence forment plus de la moitié de la clientèle des CJM. Parmi ceux-ci, il y en a qui sont à la fois négligés dans le sens où le parent omet de posér les gestes nécessaires pour assurer leur protection et favoriser leur développement, et d'autres qui sont victimes à la fois de négligence et de violence. La forme extrême de négligence se manifeste lorsque le parent rejette activement son rôle et a b a n d o n n e l'enfant. On parle alors d'un enfant qui doit être confié à quelqu'un d'autre qui tentera d'agir à la place du parent d'origine.

Si nous reprenons la définition retenue dans ce programme, nous disons que le terme omission indique que l 'enfant ne reçoit pas une réponse adéqua te à ses besoins et qu'il en sera affecté dans sa sécurité et son développement. Cette non-réponse peut être expliquée par le fait que le parent n 'a pas les capacités suffisantes pour répondre ou par le fait qu'il ne perçoit pas la demande exprimée par son enfant, qu'il ne sait pas bien décoder la nature du message que lui envoie son enfant, qu'il ne sait pas quoi faire ou ne « priorise » pas cette réponse pour l'instant. À tout événement, l 'enfant reste dans l'attente, il est négligé.

La notion d'échec chronique, qui signifie selon Larousse «Qui sévit depuis longtemps, qui persiste », rappelle combien la notion de temps est importante dans le développement de l'enfant. Elle évoque aussi les multiples tentatives avortées de l'intervention pour faire évoluer une situation jugée extrêmement problématique par suite d'incapacités graves du parent et du milieu à répondre aux besoins de l'enfant. On parie alors de non-accomplissement, ou d'accomplissement trop partiel de la fonction parentale et du milieu, qui amène d'une façon ou d'une autre une non-réponse aux besoins de l'enfant et des répercussions sur sa sécurité et son développement.

La définition implique qu'il appartient au parent dans l'exercice de ses responsabilités de donner à son enfant une réponse satisfaisante à ses besoins et de lui permettre de se développer adéquatement à tous les niveaux.

Il est important de préciser que les termes sécurité et développement sont davan tage qu'une référence à la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ). Ils reflètent les besoins multiples de l'enfant en devenir et pour lesquels l'inventaire concernant le bien-être de l'enfant en lien avec l'exercice des responsabilités parentales (ICBE) (Lord, Thibault, 1993 , p. 20) permet de préciser la réponse ou non aux besoins de l'enfant : • Au plan corporel (soins de santé physique, alimentation, habillement, hygiène et surveillance des

jeunes enfants). • Au plan environnemental (ameublement de la maison, propreté et entretien de la maison, assurance

d'un lieu de résidence, services disponibles dans la maison, sécurité physique à la maison et gardiennage).

• Aux plans psychologique, affectif, social et scolaire (relations entre les conjoints, continuité de la figure parentale, reconnaissance des problèmes par les parents, motivation des parents à résoudre les problèmes, coopération des parents avec les services, acceptation des enfants et manifestations d'affection, approbation des enfants, attentes des parents face aux enfants, cohérence de la discipline au foyer).

Cette définition de la négligence complète la description de la problématique de la négligence et les différents éléments qui serviront de toile de fond dans le choix des activités cliniques mises en plan. Pour répondre aux besoins des clients, attardons-nous maintenant à préciser la clientèle visée par ce programme.

Page 33: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

ê %

2. Clientèle visée par ce programme

25

Dans sa démarche d'élaboration des programmes cliniques, les G M (1998 , p. 4), ont opté pour se doter de programmes qui visent la réponse aux besoins de la clientèle tout en considérant les différentes lois (LPJ et LSSSS) qui conditionnent ies pratiques cliniques et déterminent des points de repère incontournables. (Pour connaître l'orientation adoptée par les CJM en matière de développement de programmes cliniques, voir l'annexe 2.)

Dans ce programme, la clientèle visée sera suivie dans le cadre de la Loi sur la protection de la jeunesse ou de la Loi sur les services de santé et les services sociaux par les CJM et d'autres établissements du réseau.

Ce programme favorise des interventions précoces auprès de certains clients avant que leurs problèmes ne soient assez sévères pour justifier l'application de la Loi sur la protection de Ja jeunesse. Bien souvent, si nous ne sommes pas attentifs à cette détérioration et n'y mettons pas un frein le plus tôt possible, la situation sera signalée au Directeur de la protection de la jeunesse et parfois l'intervention sera faite dans un contexte d'urgence, y incluant des mesures judiciaires et de placement d e l'enfant.

Ce programme s'adresse à la clientèle :

• Des familles en grandes difficultés référées, dans le cadre de la LSSSS, par un intervenant du CLSC qui continue à en assurer un suivi alors que les CJM offrent : • un service de réadaptation à l'externe; • des ressources de soutien en milieu naturel; • un répit ou un placement (avec révision aux 6 mois); • la participation à une activité thématique telle que groupe d 'est ime de soi pour les parents,

groupe de capacités parentales, etc.

• Des enfants de 0 à 17 ans et à leurs parents suivis dans le cadre d e la Loi sur la protection de la jeunesse sous l'article 38 b, c, d, e. Toutes les familles négligentes suivies sous cette loi font partie de la clientèle cible du programme de la réception d'un signalement jusqu'à la fermeture du dossier par un réviseur.

• Des enfants et à leurs parents qui ont reçu des services des CJM dans le cadre de la Loi sur la protection de la jeunesse et qui ont besoin de finaliser en LSSSS, la démarche clinique entreprise pour consolider les acquis, maximum de trois mois.

Page 34: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

26

Une certaine catégorie de clients visés p a r c e programme chevauchera le cadre légal offert sous la LSSSS ou la LPJ de même que les établissements dispensateurs des services. Pour illustrer cette orientation, nous proposons la figure 7, une présentation des différentes clientèles visées par ce programme.

FIGURE 7

Clientèle visée par ce programme

Vers le programme Abandon

Vers le programme Troubles de la conduite

Page 35: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

27

Ce schéma illustre les différents types de clients pour lesquels ce programme propose une réponse à leurs besoins avec à l'horizontale la zone de collaboration avec nos différents partenaires, plus particulièrement avec les CLSC, et à la verticale la zone de responsabilisation plus spécifique des CJM :

uàÉÉjiiiiiiÛiHlÉÉ Enfants et familles en besoin d'aide du réseau de services sous la LSSSS

Ce programme veut répondre aux enfants et aux familles en grandes difficultés en comblant l'écart qui existe souvent entre deux moments cruciaux du processus de la négligence : celui du vide laissé lorsque les organismes du réseau ne peuvent plus répondre aux besoins et celui avant que le Directeur de la protection de la jeunesse retienne le signalement pour évaluation. Ce programme veut donner une réponse adaptée au système familial là où il se trouve, en ne laissant pas le client assis entre deux chaises.

Familles en graves difficultés suivies sous la LPJ qui peuvent être rejointes par un programme multidimensionnel

Durant l'intervention sous la LPJ, alors qu'il y a nécessité de travailler en partenariat pour une clientèle commune ayant des besoins multiples. Cela ne concerne pas seulement les centres jeunesse mais aussi les établissements du réseau qui possèdent les ressources nécessaires à offrir au client pour faire évoluer la situation de la façon la plus respectueuse et la plus efficace possible et mettre fin à la compromission.

M B p W B

Parents avec incapacité à long terme suivis sous la LPJ

Pensons ici aux parents qui ne peuvent répondre aux besoins de leur enfant à cause des grandes limites dans leurs capacités parentales. Ces situations requièrent le dépistage systématique des risques d 'abandon et éventuellement l'élaboration d'un plan de vie. A ce moment, ce programme cède la place aux activités spécifiques du programme abandon. La présentation de la situation de l'enfant et de sa famille au comité plan de vie devient l'occasion de concrétiser le changement d'orientation.

Incapacités sévères chez Penfant suivi sous la LPJ

D'autres enfants sévèrement atteints par la négligence, ont développé des problèmes de comportement qui nécessitent des services spécialisés. Pour les aider à retrouver un meilleur équilibre dans leur vie, ils ont besoin d'un accompagnement spécialisé au quotidien par une intervention de réadaptation à l'externe ou en internat. Le programme troubles de la conduite propose pour ces enfants des activités spécifiques pour répondre à leurs besoins.

Enfants et familles dont la situation n'est plus suivie sous la LPJ mais en besoin d'aide du réseau de services sous la LSSSS

Enfin, à la fermeture du dossier sous la LPJ, il pourra être requis d'accompagner le client vers les ressources de la communauté, si ce n'est déjà fait, et de faire avec lui une référence active vers les établissements en place. Des services devront continuer à être offerts à cette clientèle dans la communauté pour maintenir les acquis, pour prévenir la récurrence, pour favoriser l'insertion sociale.

Page 36: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

/ 28

O n constate donc avec cette présentation de la clientèle retenue dans ce programme, une articulation concrète du Cadre de référence CLSC et Centres jeunesse pour des services à ia jeunesse (Association des CLSC et des CHSLD du Québec et Association des centres jeunesse du Q u é b e c , 1998 , page 9) qui précise les situations qui nécessitent obligatoirement une collaboration.

« La situation requiert l'expertise de plusieurs acteurs. C'est le cas notamment des situations difficiles à cerner et des situations complexes pour lesquelles des échanges sont susceptibles d'apporter des éclairages pertinents. »

« La situation donne à penser qu'il pourrait y avoir (actuellement ou dans de brefs délais) des indices de compromission mais une intervention dans la cadre de la Loi sur les services de santé et les services sociaux apparaît possible et appropriée pour mobiliser les personnes concernées et résorber la situation. »

Cette définition de la clientèle de ce programme met en évidence les zones de collaboration avec nos partenaires dont particulièrement les CLSC.

Page 37: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

29

Pour évaluer, analyser et traiter la négligence, nous adoptons le modèle théorique mufridimensionnel élaboré par Palacio-Quintin, Couture et Paquet (1995) du Groupe de recherche en développement de l'enfant et de la famille (GREDEF) de Trois-Rivières. Ce modèle s'inspire du modèle écologique du développement humain développé par Bronfenbrenner (1979) comme nous l'avons vu précédemment.

Le modèle permet de comprendre la négligence dans toute sa complexité et la contrer en travaillant à ses multiples niveaux : l'enfant, l'adulte vu comme personne et vu comme parent, la famille et la communauté.

Enfin ce modèle multidimensionnel connaît une application pratique dans le Programme d'aide au parent, à la famille et à la communauté (PAPFC) élaboré par le même groupe de recherche, programme qui a été adap t é en Montérégie dans les projets de type PIF PAF POF.

11 ne faut plus restreindre la totalité du phénomène de la négligence à une dimension purement légale où l'article 3 8 e de la Loi sur la protection d e la jeunesse décrit de la même façon une multitude de situations toutes différentes et qui ne peuvent être traitées de la même manière.

Pour le choix de ce modèle en négligence, nous avons pris en considération différents facteurs :

• D'abord la revue de littérature contemporaine en négligence est éloquente et converge dans la même direction, soit de tenir compte de l'ensemble des dimensions de l'expérience humaine pour comprendre la problématique : l'enfant, l'adulte comme individu et comme parent, la famille, le réseau social.

• La négligence n'est plus le fait d'un enfant mal pris ou d'un parent incompétent mais d'un ensemble de facteurs interreliés les uns aux autres, dont il faut tenir compte dans l'intervention avec les familles.

• Les résultats des recherches sur les4 pratiques actuelles laissent voir que l'intervention portant seulement sur l'enfant ou sur le parent n'a pas donné les résultats attendus. Pour agir efficacement dans une situation de négligence, il faut prévoir une intervention centrée à la fois sur l'enfant, les parents, la famille et leur environnement social.

• Le courant de pensée actuel en négligence préconise une intervention en partenariat. Chacun des établissements et organismes du réseau d'aide à la jeunesse (CJ, CLSC et organismes communautaires) par tage la conviction que la protection de l'enfant, c'est l'affaire de tous.

• Pour agir efficacement, les établissements et les organismes du réseau qui offrent des services à cette clientèle sur une base volontaire ou non doivent assurer une continuité dans leurs interventions et agir en complémentarité pour éviter les pertes d'énergie.

• Le partenariat permettra le partage de l'expertise de chacun, une diligence dans la réponse aux besoins exprimés, plus de cohésion et de continuité dans les services et davantage de respect du client.

Page 38: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

30

• L'implantation des projets de type PIF PAF POF en Montérégie a donné des résultats intéressants de l'avis des personnes consultées lors de l'évaluation de l'implantation de ces projets novateurs (Charbonneau 1999). Depuis, les témoignages des clients eux-mêmes, des intervenants et des partenaires laissent croire à la réussite de ce type d'intervention.

• De plus en plus de personnes impliquées par la négligence manifestent de l'intérêt pour l'utilisation d'outils d'évaluation et d'intervention tels que l'ICBE, le génogramme et la carte réseau.

Selon le modèle multidimensionnel, le comportement humain doit être vu et analysé dans un ensemble de niveaux imbriqués les uns dans les autres, qui s'interinfluencent, qui communiquent ensemble et qui sont en interaction constante. Nous avons vu plus haut que ces différents niveaux contiennent autant des ressources qui aident l'individu à se développer adéquatement que des limites qui nuisent à son émancipation.

Afin de mieux cerner les composantes de ce modèle, regardons plus en détail notre modèle avec l'enfant au centre, entouré des différents niveaux avec lesquels il sera en interaction et rappelons pour chacun de ces niveaux les caractéristiques les plus connues.

FIGURE 8

Modèle théorique multidimensionnel

Page 39: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

31

Dans l'ensemble du système, ce qui caractérise la plupart des clients c'est la pauvreté globale qui les assaille. C'est une pauvreté qui est à la fois économique, intellectuelle, sociale, culturelle, de partage des valeurs avec la communauté.

Les enfants des familles négligentes sont prématurés et de petit poids à la naissance dans une proportion plus élevée que ceux qui naissent dans des milieux plus favorisés. Plus tard, leur développement général, intellectuel ou affectif est inférieur à celui des autres enfants, ce qui demande une énergie accrue aux parents soucieux de s'acquitter de leurs tâches.

La plupart des enfants négligés ont un taux d'anxiété et de dépression supérieur aux autres et tous ont de la difficulté dans l'accomplissement de leurs rôles : à la maison, avec les pairs, à l'école, dans la société. Il y a souvent présence chez ces enfants de troubles de comportement qui entraînent un isolement social dès la garderie et à la maternelle.

Il est fréquent dans le contexte des familles négligentes que les enfants doivent assumer un rôle de parent auprès de leurs frères et sœurs et même auprès de leurs parents. L'enfant s'habille seul, se prépare seul pour aller en classe, assume de longues périodes de gardiennage pour sa fratrie qui lui demande des ressources au-delà de ses capacités, etc. Il peut alors démontrer une autonomie excessive.

Ces enfants doivent donc recevoir des services pour se socialiser davantage, se développer comme les autres enfants et recevoir plus de stimulations cognitives, affectives et sociales afin de combler leur retard de développement.

Les parents en tant qu'individu ont des capacités moindres à répondre aux besoins de leur enfant dans beaucoup de cas. Ces capacités sont souvent entravées par une histoire de vie dramatique, par un passé lourd de négligence et d'abus. Plusieurs d'entre eux ont été placés en milieu substitut (famille d'accueil ou centre de réadaptation), ce qui a brisé le lien d'attachement avec la figure maternelle. Ces individus sont souvent à la recherche de réponses à leurs.propres besoins et ainsi moins disponibles pour répondre à ceux de leurs enfants.

Les besoins accrus des enfants des familles négligentes et le fait pour les adultes qui en ont la responsabilité de devoir faire face, comme toutes les autres personnes aux obligations de la vie, (se loger, se nourrir, s'habiller, payer ses comptes), avec des moyens réduits, amènent chez eux un niveau de stress important. Ce degré de stress élevé chez ces adultes va toutefois diminuer dans la plupart des cas, lorsqu'une aide concrète est apportée, y compris le placement des enfants pour une période de répit.

La majorité de ces adultes éprouvent des problèmes de dépression, des sentiments marqués d'impuissance ou parfois des problèmes de santé mentale. La réponse rapide pour se sortir de ce mal-être se trouvera dans la consommation de médicaments psychotropes, de drogues et d'alcool, ce qui réduira encore plus leurs capacités parentales car il y aura entrave au niveau du jugement, de la mémoire, de l'attention et des perceptions.

Pour tous ces adultes, le niveau de scolarité est faible ce qui diminue les chances de se trouver un emploi rémunérateur et de sortir de la pauvreté économique. Ils peuvent beaucoup plus difficilement jouer un rôle de pourvoyeur dans la famille et se sentir productifs dans la société.

Page 40: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

32

Il faut donc s'intéresser au parent en tant qu'individu autant que dans son rôle de parent si nous voulons l'aider à faire la différence entre ses besoins et ceux de son enfant et l'aider à s'insérer socialement.

En considérant l'adulte comme parent, nous retrouvons dans plus de la moitié des situations des mères monoparentales qui doivent assumer tous les rôles. Celles-ci sont pour la plupart jeunes. Elles ont eu une mauvaise préparation à vivre leur maternité et éprouvent un sentiment de solitude à faire face à l'arrivée du nouveau-né. Elles ont, pour la majorité d'entre elles, peu ou pas d'expérience en matière de soins maternels. Elles sont rapidement déçues face à cet enfant qui manifeste tant bien que mal ses besoins et déchantént vite face à la tâche à accomplir.

Elles ont aussi pour la plupart des attentes irréalistes face à l'enfant. Elles le voient avec plus de capacités qu'il n'en a en réalité ou même à l'occasion, comme quelqu'un qui peut les supporter, les consoler. Rappelons-nous que l'enfant peut démontrer dans ce contexte, une autonomie excessive.

Ces mères ont pour la plupart une satisfaction moindre à jouer leur rôle maternel, ce qui devient une corvée et occasionne des interactions négatives avec leur enfant.

Les pères, lorsqu'ils sont présents, perçoivent leur fonction comme exigeante, ils n'ont pas eu de modèle, ils procèdent souvent par des stratégies d'essais et erreurs. En général, les pères comme les mères manquent de connaissances et d'habiletés comme parents.

La mère ou les deux parents lorsque la situation se présente, doivent donc recevoir de l'aide pour améliorer leurs habiletés parentales à résoudre les problèmes liés à la vie quotidienne et à l'éducation de l'enfant.

L ' e n t i t é famil ia le comme telle est en grand besoin. Nous y voyons dans la plupart des cas une assistance sociale chronique et une dépendance potentielle du réseau sociosanitaire.

Si la famille se caractérise par la monoparentalité, avec une femme comme chef de famille dans plus de la moitié des cas, on assiste quand même à des ruptures nombreuses avec des conjoints de passage et fréquemment à des situations de violence conjugale. Cela expose souvent les enfants à des nombreuses figures qui pourraient jouer le rôle du père mais qui ne le font pas, ce qui perturbe l'enfant, la mère, la famille entière et ajoute encore plus de stress et de sentiments négatifs.

Les parents éprouvent de la difficulté à élaborer et à maintenir des processus interactifs et des adï'vités favorables au développement de l'enfant. Ce sont des familles caractérisées pour la plupart par un fort taux d'interactions négatives et un faible taux d'interactions positives entre les membres de la famille.

Avec leur entourage (famille élargie, voisins, amis), plusieurs de ces familles ne créent pas de liens significatifs à cause de conflits ou de déménagements fréquents. Cela réduit d'autant les occasions de se donner du support mutuel ou d'aller chercher de l'aide à proximité en cas de besoin.

Page 41: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

33

La famille a donc besoin d'apprendre à créer un milieu sain, exempt de violence où les enfants pourront se développer et recevoir de l'affection. La famille a aussi besoin d'être guidée dans ses démarches pour aller chercher l'aide dont elle a besoin dans le réseau immédiat et dans la communauté.

En lien avec la communauté, les familles négligentes connaissent pour la plupart un réseau de support faible. Le réseau social est réduit et instable au fil des déménagements et des chicanes avec l'entourage.

De plus, par rapport aux services offerts par la communauté, la plupart de ces parents ignorent leur existence ou les mécanismes pour y avoir accès. Cela se traduit par une hésitation à aller demander de l'aide, une honte face aux services offerts et parfois reçus et une apparence de mépris face à l'aide octroyée.

En bref, la participation sociale à la communauté est faible et il faut donc offrir à ces familles des services pour leur donner l'occasion de s'insérer davantage dans la communauté et d'y jouer un rôle actif et valorisant.

Nous préconisons un modèle théorique multidimensionnel parce qu'il permet de considérer la famille comme une structure superposée de différents niveaux qui s'interinfluencent les uns les autres : • L'enfant au centre comme individu en attente de réponses à ses besoins.

• L'adulte en tant qu'individu et comme parent qui tente de répondre à ses propres, besoins et aux besoins de l'enfant.

• La famille comme entité qui place ses membres dans des conditions pour les supporter et assurer leur survie.

• La communauté qui englobe la famille élargie, le réseau immédiat, l'insertion économique et sociale, le quartier, les organismes d'aide qui suppléent aux difficultés de la famille ou de l'un de ses membres.

Nous allons illustrer comment s'applique ce modèle multidimensionnel à une situation que l'on rencontre fréquemment dans nos divers milieux de pratique.

À TITRE D'EXEMPLE

Voyons comment se concrétise l'articulation des différents niveaux selon le modèle théorique multidimensionnel dans le cas d'une jeune mère excédée par les pleurs de son bébé de 3 mois qui fait des otites à répétition et par les demandes constantes de l'aînée de deux ans. Cette mère pourrait être vue simplement comme une personne impatiente, négligente et indigne de jouer son rôle.

Par ailleurs, en poussant plus loin l'évaluation, on s'aperçoit qu'en tant qu'individu, la mère est issue d'une famille où son père était absent et sa mère déprimée. Elle est elle-même excédée par toutes les tâches de la maison et elle n'a reçu aucun conseil sur ce que demande le fait d'être parent et elle s'est sentie bien seule lors de la grossesse et de l'accouchement

Page 42: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

34

EXEMPLE (suite)

Entre les parents, il y a des conflits fréquents entre la mére et son conjoint et les enfants se trouvent souvent placés au cœur de ces querelles. Aucun des deux n'est attentif aux demandes des enfants à l'exception des fois où le tumulte est à son extrême. Les parents vont alors crier aux enfants de se la fermer, ce qui ne règle rien et ne fait que mettre les parents face à leur incompétence;

Au plan familial, le conjoint préfère s'amuser avec des copains à l'extérieur et boire le chèque d'aide sociale, ce qui aggrave la pauvreté économique. Le budget va encore une fois éclater bien avant la fin du mois et le loyer ne sera pas payé. Déjà que le poêle fonctionne mal et que le frigo menace d'en faire autant.

En ce qui concerne le réseau social immédiat et la communauté, il y a des chicanes incessantes avec la parenté et une seule amie peut être appelée par la mère en cas d'urgence mais elle fait face à des problèmes avec la justice. Les services de la communauté lui sont encore pour la plupart inconnus.

Les enfants dans tout cela ont des besoins qui ne sont pas comblés par leurs parents parce que ceux-ci passent leur énergie à tenter de régler leur propre situation. Le bébé fait des otites à répétition et la plus vieille est très agitée depuis la naissance du plus jeune.

Pour intervenir efficacement dans cette situation, le modèle théorique multidimensionnel permettra de donner une vue d'ensemble de la situation et de prévoir une intervention centrée à la fois sur l'enfant, les adultes en présence, les parents comme tel, et leur environnement social.

En résumé, ce modèle théorique multidimensionnel permet de :

Recueillir des informations, analyser la situation, proposer des intervendons et déterminer les conditions de réalisation dans les différents secteurs selon des caractéristiques spécifiques concernant :

• L'enfant • L'adulte comme individu et comme parent • La famille • La communauté

Sans jamais perdre de vue ... ... l'ensemble de la situation résultant de l'interrelation entre les éléments et la situation.

i Sans faire l1 erreur de ... ... se centrer exclusivement sur le « porteur du problème » ou sur le symptôme.

Tout en relevant le défi pour l'intervenant... ... de passer d'une approche individuelle à une approche globale.

Page 43: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

35

4.1 CONCERNANT LA CLIENTÈLE

Avec ce programme, nous offrons aux familles en grandes difficultés un ensemble de services qui visent l'amélioration des capacités du système familial à répondre aux besoins de leur enfant.

En conformité avec le modèle écologique, l'ensemble du processus d'intervention devra être :

Rigoureux : • Utilisation par tous les intervenants des aspects à couvrir dans l'évaluation, le diagnostic et le traitement.

• Utilisation d'instruments cliniques préconisés dans ce programme. • Elaboration d'un plan d'intervention (PI) dans tous les dossiers et d'un

plan de services individualisé (PSI) lorsque requis.

Multidimensionnel : Intervenir aux 5 niveaux du système en cause :

L'enfant \ Ass u ne r sa protecti o n. • Réduire les séquelles. • Stimuler l'enfant pour qu'il rattrape ses retards de développement. • Offrir à l'enfant la possibilité de se socialiser davantage. • Prévenir la récurrence et la transmission iritergénérationnelle. • Dépister l'enfant en risque ou en situation d 'abandon.

• Améliorer l'état psychologique du parent comme individu. • Améliorer son estime de soi. • Permettre la création de liens sociaux positifs avec la communauté. • Réduire les effets de ses problèmes personnels sur son rôle de

parent • Diminuer le sentiment d'incompétence personnelle. • Diminuer le sentiment de solitude et de dépression. • Améliorer l'entente entre les parents et éliminer toute forme de

violence entre eux.

Le parent comme adulte

Le parent » Améliorer les habiletés du parent à répondre adéquatement aux comme parent besoins de son enfant.

• Développer chez le parent les habiletés à la résolution de problèmes.

• Améliorer la relation du parent avec son enfant. • Améliorer la connaissance de son enfant, de ses besoins

émotionnels et de ses capacités.

Page 44: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

36

Le parent comme parent (suite)

Augmenter la sensibilité et la capacité d'empathie du parent vis-à-vis son enfant. Apprendre au parent à voir son enfant de manière plus positive. Apprendre au parent à mieux répondre aux besoins physiques et quotidiens de l'enfant, à faciliter le développement de certaines habiletés chez son enfant et à communiquer avec lui à travers le jeu. Acquérir des informations sur les ressources communautaires et apprendre à les utiliser. Valoriser le rôle parental à l'intérieur de la famille.

La famille Améliorer la qualité de la dynamiquefamiliale. Rétablir la fonctionnalité de la famille dans toutes ses sphères de vie (éducationnelle, économique, affective, sexuelle, culturelle, sociale).

La communauté Améliorer l'utilisation par la famille des ressources de la communauté. Insertion sociale, économique, culturelle de la famille dans la communauté pour favoriser la participation sociale. Créer et supporter le maintien d 'un réseau de support.

Systématique S Pour chaque situation évaluée et traitée, une analyse selon le modèle théorique multidimensionnel qui tient compte des caractéristiques et des capacités particulières du système en cause (l'enfant, le parent, la communauté) sera effectuée en vue de l 'élaboration du plan d'intervention (PI) qui visera des objectifs à chacun des niveaux, selon les besoins établis et d'un plan de services individualisé (PSI) lorsque requis.

Intersectorirel : Intervention intersectorielle, selon les besoins, par l'intervenant social, l'éducateur, l'infirmière, l'auxiliaire familiale, le groupe d'estime de soi, le groupe de capacités parentales, la famille soutien, etc.

Page 45: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

37

4.2 CONCERNANT NOTRE PRATIQUE EN NÉGLIGENCE

L'implantation de ce programme, supporté par un modèle théorique, amènera des changements plus ou moins importants selon l'intervenant, l'équipe de travail ou le territoire concerné. Tous ne sont pas rendus au même stade et le programme propose des façons de faire pour établir un standard valable pour tous les services des CJM en généralisant ce qui fonctionne le mieux.

Certains territoires sont déjà à l'œuvre dans des projets de concertation intéressants, travaillant en intersectorialité sur des programmes tels que Princip ou autres, auprès de là clientèle négligente. D'autres sont plutôt à l'étape réflexion avec leurs partenaires et pourront utiliser les éléments présentés dans ce programme pour poursuivre leurs démarches. Pour certains territoires, beaucoup reste à faire et le contenu du programme les aidera à structurer leurs actions.

Voici quelques secteurs où nous pouvons nous attendre d'avoir les plus grands défis à relever :

• Généralisation du modèle théorique multidimensionnel dans tous les cas de négligence Cela suppose une référence rigoureuse au modèle théorique multidimensionnel dans toutes les situations de négligence et en considérant l'ensemble des dimensions de la situation : l'enfant, l'adulte, le parent, la famille et le réseau.

• Utilisation systématique et continue dans tous les dossiers de négligence Des Aspects à couvrir dans l'évaluation, le diagnostic et le traitement en négligence, supportés par l'utilisation d'instruments cliniques préconisés dans le programme (1CBE, génogramme, carte réseau et grille de croissance et développement, indices d'abus et de négligence (Diorio et.Fortin).

Une évaluation rigoureuse ne peut être laissée au flair de l'intervenant. Cette approche contient trop d'impondérables et est trop assujettie à la subjectivité. Nous décrirons, dans une des sections suivantes, quels sont les aspects obligatoires à couvrir dans l'évaluation et le traitement de tous les cas de négligence.

• Approche clinique selon un diagnostic Les enfants, les parents et les réseaux familiaux n'ont pas tous les mêmes caractéristiques et pourtant ils sont souvent traités de la même façon avec des recettes qui n'ont malheureusement pas fait leurs preuves. Il faudra donc, à partir des capacités et des limites rencontrées dans chaque situation, faire un diagnostic qui en tienne compte et oser prendre les décisions qui auront le plus de chances de faire évoluer cette situation.

• Complémentarité et continuité interservices au sein des C J M (Protection, territoriale et ressources et réadaptation en internat), de façon à utiliser une même grille de lecture et d'intervention commune pour cette problématique.

Page 46: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

38

• Lien plus étroit entre les équipes de la protection de la jeunesse et les équipes territoriales des services à la clientèle Ce programme ne préconise pas une vision purement légaliste de l'intervention mais invite le personnel clinique à considérer l'ensemble des facteurs amenant la négligence, dont les manifestations les plus évidentes font l'objet des signalements retenus. Le but recherché sera de faire cesser l'état de compromission mais visera aussi le maintien des acquis par l'utilisation des services multiples offerts à la famille par l'ensemble de la communauté sur chaque territoire de CLSC.

• Élaboration d'une offre de service pour chaque territoire de CLSC, en collaboration avec les partenaires Tout en considérant les ressources présentes dans notre établissement (intervenants sociaux, éducateur à l'externe, groupes, aide concrète, ressources de soutien en milieu naturel, placement en famille d'accueil ou en réadaptation), il faut de plus s'associer aux ressources du milieu en vue de développer une offre de service commune pour répondre aux besoins de cette clientèle commune. Dans ce contexte, les cadres des établissements et organismes concernés devront travailler en étroite collaboration pour construire et maintenir active une offre de service favorisant l'intégration du programme sur chaque territoire de CLSC, en préparant et planifiant les activités se lon les 5 modules, et en développant une stratégie gagnante.

• Changer nos attitudes Partir d'une conception individualiste de l'intervention, du cas par cas, vers une approche globale demandera des changements de mentalité et d'attitudes. Le défi sera de taille et mobilisera nos capacités d'adaptation autour d 'une approche d'intervention commune avec cette clientèle.

Tous ces objectifs visent une amélioration des façons de faire auprès de cette clientèle en vue d'accroître • leurs capacités à répondre efficacement aux besoins de leur enfant. Pour supporter l'atteinte de ces objectifs, nous proposons dans le modèle d'intervention retenu dans ce programme diverses façons de faire à déployer sur les différents territoires de CLSC de la Montérégie.

Page 47: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

39

Avant de faire la proposition d'activités cliniques pour la clientèle de ce programme, nous voulons, dans ce modèle d'intervention, nous attarder sur certains principes cliniques qui guideront nos actions de même que nos attitudes professionnelles à privilégier dans l'application du programme. Nous présenterons par la suite les éléments contenus au modèle d'intervention préconisé p a r c e programme, comprenant :

• Le développement d'une offre de service dans chaque territoire de CLSC.

• La présentation des aspects à couvrir dans l'évaluation, le diagnostic et le traitement.

• Le processus clinique du plan d'intervention (PI) adapté à ce programme.

It Les instruments cliniques préconisés.

• les particularités pour les jeunes placés en milieu substitut.

5.1 PRINCIPES CLINIQUES PRIVILÉGIÉS

Nous reprenons à notre compte, en les adaptant à ce programme, les principes cliniques élaborés dans le Modèle d'organisation clinique des services à la clientèle des Centres jeunesse de la Màntérégie (2001). Ces principes nous offrent une assise intéressante concernant notre façon de penser et nos attitudes dans l'intervention auprès des familles en grandes difficultés.

• La famille est le premier milieu de sécurité et de développement de l'enfant .En négligence cela veut dire que l'intervenant évaluera les limites du milieu mais qu'une attention particulière sera donnée pour miser sur les forces de l'enfant lui-même, des parents ou du réseau. On devrait restaurer seulement ce qui a besoin de l'être, prendre en considération et utiliser ce qui va bien. Il ne faut pas hésiter à utiliser l'aide concrète, et y consacrer l'intensité requise. O n doit tout mettre en place pour mieux équiper l'enfant, le parent, le milieu.

• Le jeune ou l'enfant, compte tenu de sa maturité, et ses parents sont les premiers responsables de leur devenir En négligence, il faut impliquer le parent à toutes les étapes de l'intervention : évaluation, orientation, planification de l'intervention, intervention et révision. La participation active du parent dans toutes les étapes de l'intervention est g a g e de succès. O n doit stimuler le parent à sè mettre en action dans ses zones de réponses adéquates aux besoins de l'enfant. On doit miser d'abord sur sa volonté de viser le meilleur intérêt de son enfant et l'interpeller constamment dans la réponse à donner aux besoins de son enfant.

Page 48: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

40

• Nous croyons que chaque jeune et chaque famille est unique En négligence, il peut être facile de décrire"une situation complexe en se servant d'un article de la loi où un « mode de vie » englobe tout ce qui va mal. Il sera particulièrement important à ce sujet de se montrer créateur et très attentif à la vie de l'enfant, du parent et du milieu, pour y découvrir ce qui fait

^ leur unicité, leur force et leur intérêt. Le modèle multidimensionnel préconisé dans ce programme permet d'établir un portrait personnalisé de chacune des familles visées.

• Gérer la part de risque que comportent toujours nos interventions En négligence, la notion de risque est souvent présente et pas toujours facile à mesurer. Les séquelles de la négligence touchent parfois la sécurité immédiate de l'enfant mais toujours son développement. Il est difficile de faire la part des choses entre apporter un remède immédiat et en prévoir les effets secondaires à plus ou moins long terme. L'utilisation de la consultation, de la supervision et de l'étude de cas en équipe clinique permettront, la plupart du temps, d'objectiver nos interventions et de mieux en prévoir les conséquences. De plus, l'utilisation des outils d'évaluation permet d'objectiver notre jugement.

• Le travail en complémentarité et en continuité avec nos partenaires est essentiel En négligence, est-il vain de rappeler que nous avons affaire à des situations complexes et qu'aucune personne ou établissement ne peut se vanter de pouvoir apporter tout ce qui est nécessaire à l'enfant et à sa famille. La mise en commun des connaissances, des expertises, des énergies et des ressources des divers partenaires du réseau est essentielle. La négligence c'est l'affaire de tous. Elle exige d'intervenir en intersectorialité dans une optique de plan de services individualisé.

• Tout retrait d'un enfant de son milieu naturel entraîne des conséquences majeures En négligence si une mesure de placement s'avère nécessaire, elle doit d'abord être envisagée comme une intervention contribuant à répondre aux besoins de sécurité immédiate de l'enfant ainsi qu'à son développement. Tenant compte des autres fondements cliniques, lé placement aura tout avantage à être planifié le plus concrètement possible avec le parent et l'enfant et après que toutes les autres formes d'aide auront été utilisées ou particulièrement considérées.

Le retrait de l'enfant peut être une mesure de répit appréciable pour le parent mais pourrait être préjudiciable pour l'enfant s'il n'est pas mis en relation avec la notion de temps importante pour lui et avec les autres formes d'aide octroyées en même temps à l'enfant, au parent, au milieu. Le choix du milieu d'accueil doit tenir compte des besoins de l'enfant dans l'immédiat et à plus long terme si le placement se poursuit.

Le retrait de l'enfant doit être une mesure évaluée, planifiée et utilisée pour le temps nécessaire en vue de restaurer les capacités du milieu à reprendre l'enfant. Si les changements attendus ne se produisent pas, le placement peut être alors reconsidéré dans le cadre d'un plan de vie plus stable et ajusté aux besoins de l'enfant en développement.

Page 49: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

41

5.2 ATTITUDES DE L'INTERVENANT DANS CE PROGRAMME

De ces principes cliniques, nous dégageons certaines attitudes professionnelles à développer chez les intervenants comme facteur de succès dans l'implantation de ce programme.

Implanter de nouvelles attitudes représente un défi, un changement de mentalité chez les intervenants. Nous croyons que la proposition d'une nouvelle approche peut leur faire vivre du succès, diminuer l'isolement, apporter un sentiment de plus grande compétence professionnelle et ainsi contribuer au développement d'attitudes nouvelles.

Essentiellement les mêmes qualités que celles requises dans tout travail d'intervention de nature psychosociale sont demandées dans ce programme, notamment sur les plans suivants :

• Clarification des rôles avec le client • Ne pas abuser du pouvoir que confère'la loi.

• Services offerts • Offrir une même qualité de service à tous les clients et ce, de façon systématique. Eloigner la

barrière du préjugé et de l'étiquette « non motivée ».

• Bien informer les clients de la nature des services qui lèur sont offerts avant de s 'engager dans une relation d 'a ide.

• Intervention proprement dite • Croire que les parents sont de bonnes personnes qui agissent toujours pour le mieux-être de leurs

enfants. Il faut distinguer le comportement des parents de la personne.

• Faire confiance au développement des compétences des parents. Ils ont besoin d'être aidés, déculpabilisés, responsabilisés et protégés de l'épuisement.

• Croire en la capacité du client de trouver des solutions à ses problèmes. • Savoir utiliser l 'humour et dédramatiser les situations. • Savoir ménager des zones de réussite pour le client dans l'interaction. • Savoir écouter et être disponible en cas de coup dur.

• Savoir remonter le moral d'une personne. • Éviter autant que possible la confrontation, gagner pour gagner.

• Donner au client l'opportunité d'exprimer des sentiments négatifs, même ceux qui relèvent d'un vécu problématique avec l'application de la LPJ ou avec son représentant.

• Aptitudes professionnelles • Pour bien intervenir, savoir structurer sa pensée, reconnaître son approche, avoir un cadre de

référence stable et ouvert, développer son assurance et sa compétence.

• Offrir un service de qualité et s'en assurer; les clients doivent sentir de la compétence de la part de leur intervenant et non de l'impuissance; chercher la relation de compétence avant celle de confiance.

¥ Développer des mécanismes d'échanges entre professionnels des divers établissements impliqués sur chaque territoire de CLSC.

Page 50: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

42

• Attitudes personnelles • Être convaincu que l'on ne peut « changer le monde » et que seul le client peut décider d'évoluer

pleinement. Les clients sont responsables de leur évolution et du choix de leurs actions.

• Se connaître soi-même et exercer une certaine ouverture d'esprit face à la marginalité, à la déviance par rapport aux normes établies (langage cru, milieu inhospitalier, malpropreté, mauvaises odeurs, image visible de la pauvreté).

• Se permettre l'erreur et permettre l'erreur au client. • Se protéger contre la violence et la refuser. Ne pas tolérer ce qui est intolérable (les injures, les

menaces, l'intimidation, les coups, la séquestration).

Page 51: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

43

5.3 MODÈLE D'INTERVENTIONS MULTIDIMENSIONAL DE CE PROGRAMME

Nous nous inspirons principalement du modèle d'intervention multidimensionnel du GREDEF pour tenir compte de toutes les dimensions de l'intervention : l'enfant, l'adulte (en tant que personne, en tant que parent), la famille, la communauté.

Autour de la famille cible, le GREDEF a structuré une intervention par modules, le Programme d'aide à la personne, à la famille et à la communauté (PAPFC), dont le suivi est assuré par une équipe clinique, formée par l'intervenant social, le thérapeute de groupe, la famille soutien, 2 responsables du programme d'intervention et le coordonnateur de l'équipe clinique.

En Montérégie, nous avons adopté depuis quelques années ce modèle dans certains territoires de CLSC par les projets de type "PIF PAF POF". Nous nous sommes associés avec des partenaires pour sa mise en œuvre tout en tenant compte des ressources présentes mais aussi des limites de chaque territoire.

A la lumière de ces expériences, notre programme préconise le développement d'une offre de service dans chaque territoire de CLSC selon les 5 dimensions clés de ce programme. Cette offre de service devra être élaborée conjointement par les partenaires concernés p a r c e programme soit les CLSC, les organismes communautaires, les CJM et les autres partenaires, en fonction des besoins de la clientèle et des ressources disponibles sur le territoire.

FIGURE 9

Modèle d'interventions multidimensionnel de ce programme

Page 52: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

44

Ainsi, les territoires de CLSC qui ont participé à la mise en place de projets de type PIF PAF POF viendront consolider certaines dimensions ou travailler à élargir les types d'activités à mettre en place dans l'offre de service pour leur clientèle. Ultimement, il y aura toujours un.seul programme concrétisé par 19 offres de service correspondant aux 19 territoires de CLSC et couvrant les 5 dimensions préconisées dans ce modèle d'intervention, tout en tenant compte des réalités locales dans chaque territoire.

5.3.1 Développement d'une offre de service dans chaque territoire de CLSC

L'application de notre modèle d'intervention présuppose qu'une offre de service soit développée en partenariat sur chaque territoire de CLSC avec, comme point de départ, les besoins de la clientèle, et comme point d'arrivée, les activités cliniques offertes par les différents partenaires dans un plan de service individualisé (PSI). Le schéma suivant illustre les différentes composantes :

FIGURE 1 0

Développement d'une offre de service dans ce programme

Besoins de la clientèle

Programme Ensemble pour les f a m i l l e s le P A I N . Proposition du cadre d'analyse et d'intervention

Comité de coordination Élaboration de l'offre de service par territoire de CLSC

Mécanismes d'accès Évaluation des besoins du client

Choix des actions Élaboration du PSI

PSI Activités cliniques offertes par les différents partenaires

Page 53: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

45 t

Le modèle d'intervention s 'appuie sur une bonne définition des besoins de la clientèle. Ces besoins sont exprimés par le client lui-même ou perçus par le ou les intervenants qui ont reçu une demande de service ou procédé à l'évaluation, quel que soit le cadre légal de l'intervention (LSSS, LPJ).

Le programme Ensemble pour les familles le P~A.I.N. propose un cadre d'analyse fondé sur le modèle théorique multidimensionnel retenu.

L'offre de service, qui propose les ressources nécessaires pour répondre à l'ensemble de la clientèle en négligence d'un territoire, se fera en partenariat. Il est nécessaire qu'il y ait sur chacun des territoires de CLSC, un comité de coordination formé des chargés de pouvoir des établissements et organismes qui agiront de concert pour voir comment s'actualise ce programme chez eux. Un comité de coordination regroupe par exemple, un coordonnateur de service enfance-famille du CLSC, un chef de service territorial des CJM, un représentant d'un organisme communautaire et autres responsables d'organismes susceptibles de bonifier l'offre de service sur ce territoire (représentant de la toxicomanie, du scolaire, de la santé mentale, etc.).

Le rôle de ce comité de coordination est de déterminer les limites de l'offre de service, les coûts et les activités cliniques requises. Il ne se penche pas sur les besoins particuliers de chaque cas précis, mais dégage, en quelque sorte, les conditions pour que l'offre de service s'actualise sur le territoire.

Le mécanisme d'accès mis en place sur chaque territoire de CLSC est le lieu où sont adressées les demandes de service pour la clientèle du programme. Diverses formes de mécanismes d'accès existent actuellement en Montérégie pour recevoir les demandes sous la LSSS, dont une équipe clinique là où l'on retrouve les projets de type PIF PAF POF, un comité local d 'accès, une table interétablissements ou de discussion de cas, ou un comité de placement. Pour lès demandes sous la LPJ, la table d'orientation sert de lieu de présentation des demandes. Sur ces divers lieux de présentation des demandes de service, se retrouvent des représentants des équipes territoriales, des CLSC et d'autres organismes.

Prochainement, un mécanisme d'accès sera implanté sur chaque territoire de CLSC pour traiter l'ensemble des demandes de service adressées aux CJM. Le mandat des personnes siégeant sur ce mécanisme d'accès consistera à : • dégager les orientations cliniques dans chaque cas particulier; • élaborer le P.S.I. pour chaque famille suivie; • assurer la cohérence de l'ensemble des interventions.

C'est à l'intérieur de ce mécanisme d'accès que seront reçues et orientées les demandes qui relèvent de ce programme. Enfin, un PSI sera le produit visible émanant d'une réponse positive à une demande de service adressée aux différents partenaires, lequel PSI se traduira à travers diverses activités cliniques offertes par les différents partenaires en lien avec les cinq modules de ce programme.

Autant dans la mise en œuvre de plan d'intervention (PI) que celle du plan de services individualisé (PSI), plusieurs acteurs auront à se concerter.

Page 54: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

46

L'intervenant psychosocial sera amené à considérer chacun des membres de la famille et du réseau immédiat comme cible de son intervention. Son intervention portera entre autres sur le parent en difficulté afin de l'aider à développer des habiletés sociales, à surmonter ses difficultés et à développer des stratégies pour y faire face.

En ce qui concerne la communauté, l'intervenant psychosocial pourra mobiliser les ressources du milieu et collaborer avec elles à l'amélioration de l'environnement de la personne en vue de mieux répondre aux besoins de celle-ci.

S'il y a placement, l'intervenant psychosocial demeure la figure de référence pour l'enfant, ses parents et le milieu substitut choisi soit, une famille d'accueil (FA), une ressource intermédiaire de réadaptation (RIR) ou une unité de réadaptation.en internat. Il favorise les contacts fréquents de l'enfant avec son milieu naturel. Il doit travailler avec les parents au retour de l'enfant dans sa famille, et ce à plusieurs niveaux selon les besoins identifiés. Il assure une intervention continue auprès de l'enfant.

Le travail de l'éducateur se distingue quant à lui par une présence significative aux événements de la vie de l'enfant et de ses parents. Le vécu partagé, l'activité, le « modélling » sont les moyens privilégiés de l'éducateur dans son action auprès du jeune et de ses parents.

L'organisation, l'animation et l'utilisation des événements de la vie quotidienne demeurent les caractéristiques du travail de l'éducateur, que ce soit de l'exercice des responsabilités parentales ou du développement des capacités de l'enfant.

Pour rendre plus concrète cette collaboration entre partenaires, nous présentons, à titre indicatif, un tableau qui illustre une liste d'activités pouvant faire partie de l'offre de service de ce programme.

Page 55: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

I A151 i : M I ILLUSTRATION D'ACTIVITÉS POUVANT FAIRE PARTIE DE L'OFFRE DE SERVICE DE CE PROGRAMME

Nota bene : Ces activités sont à titre indicatif et dépendent des ressources et des limites du territoire donné.

' f t iwtarôrar

Qualité de vie de l'enfant, des adultes et de la famille Amélioration du fonctionnement de la famille

• En lien avec l'application de la LPJ Réception et traitement des signalements / urgence DPJ Évaluation / Orientation Application des mesures Révision

• Intervention psychosociale (enfant ou parent) • Thérapie conjugale • Thérapie familiale • Service de dépistage de situations à risque • Conseils et référence • Groupe support • Suivi psychiatrique (enfant ou adulte) • Désintoxication du parent

CJM

CJM, CLSC CJM, CLSC CJM, CLSC CLSC, org. communautaires Organismes, G M, CLSC Organismes, G M, CLSC CLSC, CH CRPAT

Développement de l'enfant • Infirmière pour tous les enfants, suivi offert pour tous les bébés • Soins médicaux • Contrôle médical • Hospitalisation • Programmes de stimulation • Stimulation précoce

0-6 mois 6-12 mois 12-24 mois 2-3 ans 3-4 ans

• Ateliers de jeux • Les Bout'Choux 2-5 ans loisirs, socialisation • Avec Halte-garderie; services de garderie 0-5 ans et d'une

orthopédagogue au besoin • Joujouthèque • Recours aux colonies de vacances • Histoire à domicile 3-4 ans • Aide aux devoirs 6 ans • Intégration à des programmes spécialisés • Clarification d'un projet de vie

CLSC CLSC, CH, clinique médicale CLSC, CH CH CLSC, organismes CLSC

Organismes, CLSC Organismes Garderies

Organismes CLSC, CJM, organismes Organismes École, organismes École, CLSC, CJM CJM

Page 56: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

Développement de l'enfant (suite) • Atelier pour enfants hyperactifs • Courrier de l'Espoir avec l'école pour les élèves du niveau primaire • Désintoxication du jeune

CLSC, école École CRPAT

Développement des capacités parentales • Travail sur la dyade parent-enfant • Maman Jeunesse (animation par le jeu sur la dyade mère-enfant) . Programme OLO • Auxiliaire familiale

enseignement encadrement organisation gestion du temps

• YAPP avec service de garderie • Jeune parent • Parent-Atout • Programme Pinocchlo

CJM (réadaptation) Organismes CLSC CLSC

Organismes Organismes, CLSC Organismes Organismes

Développement dè la personne • Groupe de croissance personnelle • Groupe d'estime de sol • Groupe de pères

CJM, CLSC, organismes

Insertion et participation de là famille aux ressources de la communauté

• Amis, amitiés (apprendre à se créer un réseau de soutien) • Familles soutien bénévoles encadrées par le service des

ressources Intermédiaires de réadaptation • Programme Extra (réinsertion dans le marché du travail).

Recrutement de bénévoles • Aide concrète à la famille, caisse de dépannage, transport, etc. • Café-causerie • Déjeuners amicaux • Cuisine collective • Consultation budgétaire • Cours de cuisine • Placement-répit en FA

CJM CJM Organismes

Éducation aux adultes Organismes Organismes Organismes Organismes Organismes

CJM, CLSC

00

Page 57: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

49

5.3.2 Aspects à couvrir dans l'évaluation, le diagnostic et le traitement en négligence

Ce modèle comporte l'actualisation des 5 modules pour répondre à la clientèle de ce programme. Nous sommes conscients qu'il y aura toujours des clients qui devront être rejoints p a r un mode d'intervention plus individualisé dans une démarche de cas à cas, avec l 'encadrement serré de la Loi sur la protection de la jeunesse. Il peut s'agir de personnes qui n'offriraient qu'une reconnaissance faible de leur problème, un degré de motivation minime à s 'engager en coopération avec les.services offerts.

C'est pourquoi il est nécessaire de procéder à une évaluation approfondie d e la situation de chaque famille cible en vue de bien cerner les forces sur lesquelles baser nos actions mais aussi les limites dont il faut tenir compte. Il est préférable de doser les services offerts pour éviter de démobiliser la famille devant l'ampleur de la tâche à accomplir.

Par exemple pour une famille il pourrait être plus indiqué d'y aller d'abord avec un suivi individuel et familial par un intervenant social pour y inclure progressivement l'aide d'un éducateur à l'externe et d'une famille soutien avant de lui proposer de fréquenter un groupe d e capacités parentales.

Pour une autre famille, l'enfant pourrait être orienté dès le début vers des ateliers d e stimulation pendant que le parent irait au groupe d'estime de soi.

•i

De chaque évaluation, découlera l'élaboration avec le parent concerné d'un plan d'intervention (PI) et avec les partenaires impliqués d'un plan de services individualisé (PSI), qui se voudront les plus concrets. Cette façon de faire vise à donner au système familial l'opportunité d e changer et d'apporter une réponse adéquate aux besoins des enfants tout en nous donnant l'occasion de mesurer les progrès effectués et permettre les nécessaires réorientations de l'intervention.

Pour s'assurer qu'on évalue bien l'ensemble de la situation de la famille cible et qu 'on apporte le traitement requis, nous proposons une démarche clinique impliquant la considération de plusieurs aspects à couvrir dans ce programme. Nous présentons un résumé de ces aspects au tab leau H de la p a g e 57.

• Évaluer le risque pour la sécurité immédiate de l'enfant • i •

Dans toutes situations, il faut d'abord s'assurer que les enfants ou aucune autre personne d e la famille ne soient agressés, violentés. Il est requis d'évaluer les facteurs de risque qui pourraient requérir une intervention pour assurer la sécurité immédiate de l'enfant. Si tel est le cas , appliquer une mesure de protection immédiate.

Page 58: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

50

• Évaluer le type de négligence Dans l'évaluation d'une demande de service ou en début de traitement d'une situation de négligence, on identifie le type de négligence en présence: • Négligence physique corporelle— concernant les situations où l'enfant est privé de réponses

adéquates à ses besoins physiques, alimentaires, vestimentaires, hygiéniques de surveillance et de soins de santé.

• Négligence physique environnementale— concernant les besoins tels que l'abri, la sécurité physique à la maison, la propreté des lieux, le confort et le gardiennage. Pour ces 2 types de négligence, c'est le parent dans l'exercice de son rôle d'assurer la sécurité de l'enfant qui est considéré.

• Négligence émotionnelle — concernant l'enfant qui est privé de réponses à ses besoins affectifs. C'est le parent dans l'exercice de ses rôles d'affection, d'éducation et de sécurité qui est considéré : continuité de la figure parentale, acceptation de l'enfant et manifestations d'affection, approbation, attentes à l'endroit de l'enfant, cohérence de la discipline.

L'instrument clinique préconisé dans ce programme pour apporter une mesure plus précise sur ces dimensions est l'ICBE.

• Évaluer le développement de l'enfant Plus l'enfant est jeune, plus il est dépendant de ses parents pour obtenir une réponse à ses besoins. Ainsi, l'enfant en bas âge ( 0 - 2 ans, 3 - 4 ans) a besoin d'une réponse très rapide à ses besoins de base, boire et manger. Une négligence de quelques jours à ce niveau peut lui être fatale. L'erifant de 5 à 11 ans, selon son degré de maturité, sera davantage capable d'exprimer ses besoins et de recevoir de l'aide de personnes à l'extérieur de la famille, par exemple d'un professeur à l'école. Il est donc plus en mesure de se protéger lui-même. A 12-17 ans, le jeune sera plus autonome et demandera souvent des mesures concrètes de support dans la recherche d'une réponse à ses besoins.

La négligence a toujours un impact sur le développement de l'enfant. Il faut effectuer un bilan complet des forces et lacunes en vue de mettre en place les moyens nécessaires pour combler les retards accumulés et traduire ceux-ci en actions concrètes à l'intérieur du plan de services individualisé (PSI). Pour chaque situation, il faut voir quelles sont les séquelles de la négligence chez l'enfant. On doit également identifier les limites personnelles de l'enfant dans l'accomplissement de ses rôles en raison d'une problématique spécifique : maladie physique chronique ou handicap physique (via un bilan de santé complet), retard développemental, problème émotionnel diagnostiqué, problème d'apprentissage spécifique, handicap de l'ouïe, de la vue ou de la parole.

Comment l'enfant fonctionne-t-il dans ses différents rôles, dans sa famille d'abord, puis avec ses pairs, à l'école et dans la société. Y a-t-il présence ou absence de problèmes de conduite chez l'enfant qui peuvent lui apporter des conséquences plus au moins sérieuses ? L'enfant présente-t-il des comportements d'opposition ou d'autres troubles comme le vol, vandalisme, menaces, fugue, activités sexuelles non appropriées, drogue, alcool ?

Page 59: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

51

Quelles sont les forces de l'enfant pour faire face aux situations ? Présence ou absence de tolérance face aux délais de gratification, affirmation de soi, résistance à l'autorité, indépendance, retrait, contrôle des impulsions, etc.

Un placement à l'extérieur de la famille est-il requis ou demandé par les parents en raison des problèmes qu'ils ont avec lui : expulsion de l'école, comportement agressif, arrestation par la police, etc..

En plus de l'ICBE, la grille « Croissance et développement, indices d'abus et dé négligence», Diorio et Fortin est préconisée pour compléter l'évaluation approfondie du développement de l'enfant de 0 à 5 ans et identifier la nécessité de requérir une évaluation approfondie par un professionnel (pédiatre, neuropédiatre, orthophoniste, ergothérapeute, etc.). Nous privilégions cette grille car elle couvre bien tous les éléments du développement de l'enfant de 0 à 5 ans. Pour les autres groupes d'âges, plusieurs grilles peuvent être utilisées où des évaluations complémentaires peuvent être effectuées.

• Évaluer les limites ou capacités du système à répondre aux besoins de l'enfant Ce sont d'abord les capacités ou les limites des adultes eu présence — Présence d'un problème physique, mental, intellectuel, cognitif, affectif, émotif ou comportemental, notamment quant à la consommation d'alcool ou de drogue, dont il faut tenir compte chez eux. Cette incapacité, si elle existe, est-elle mineure, réactionnelle et temporaire ? S'agit-il plutôt d'un problème récurrent et le problème est-il alors sévère et persistant ?

Ce sont aussi les capacités ou les limites en tant que parents — Connaissance de leurs rôles et volonté d'exercer les responsabilités dévolues. Relations entre les conjoints — Entente bonne et supportante, relation stable, ou relation difficile avec ou sans menace de séparation. Présence ou non de violence. L'enfant est-il pris au milieu des conflits ?

Au plan familial — Capaci té de se centrer sur les besoins de l'enfant, capacité de démontrer et de recevoir de l'affection, approbation de l'enfant et cohérence de la discipline au foyer, attentes par rapport à l'enfant. Y a-t-il une bonne connaissance des besoins de l'enfant ou méconnaissance, égalité et même inversion des rôles dans la famille ? La.famille a-t-elle développé une habileté à résoudre les problèmes ou se fie-t-elle à ia bonne fortune ? Capacité de la famille de disposer des conditions financières pour payer ses dettes et acheter les produits et services nécessaires à sa survie et à sa participation sociale. Ici encore l'ICBE nous aidera à objectiver l'évaluation:

Sur le plan du réseau, c'est aussi la présence ou l 'absence d'un réseau social supportant en cas de problème. Y a-t-il des membres de la famille immédiate ou éloignée sur lesquels le parent peut compter ? Présence ou non d'amis ou de connaissances, ou à l'extrême, le parent est-il complètement isolé ?

Sur ces derniers aspects, pour appuyer notre jugement, nous préconisons d'utiliser le génogramme et la carte réseau dans le but d'illustrer la situation de la famille sur ces deux dimensions.

Enfin, les services et les ressources du milieu qui peuvent venir en a ide au parent sont-ils disponibles et accessibles ou au contraire, le parent ne peut-il compter sur aucun des services essentiels dont il a besoin ?

Page 60: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

52

• Évaluer les conditions de l'intervention Ce sont les conditions qui se rapportent directement aux parents dans leur degré de :

Reconnaissance du problème par les parents — Quelles sont les attitudes des parents lorsqu'on leur parle des problèmes familiaux ? Le parent est-il en mesure de comprendre qu'il y a négligence, de savoir d e quoi il s'agit, d'en mesurer la sévérité et de voir en quoi il en est responsable ?

Motivation des parents à résoudre les problèmes — Même si le parent reconnaît avoir un problème, il peut se préoccuper de trouver une solution ou pas. Ainsi, le parent se préoccupe-t-il suffisamment du problème, a-t-il tendance à parler plus qu'à agir vraiment, se montre-t-il indifférent ou rejette-t-il activement son rôle ?

Coopération des parents avec les services — Face à l'aide qui leur est proposée, les parents se montrent-ils autonomes, conformistes, passifs ou résistants ?

L'ICBE donne pour ces trois variables des indicateurs particulièrement utiles.

• Analyser la situation Dans la démarche clinique, l'analyse de la situation est le moment charnière entre l'étape de la collecte des données et la formulation du plan d'intervention (PI). A partir des éléments qui ont été pris en considération depuis le début de l'évaluation et en faisant ressortir les liens qui existent entre les différents aspects à couvrir, la tâche de l'intervenant consiste à : • Situer la famille dans le modèle multidimensionnel de ce programme. • Développer une compréhension clinique de la dynamique du jeune et de son milieu, en vue

d'identifier les cibles d'intervention prioritaires. • Formuler des hypothèses cliniques qui permettent de cibler les forces à soutenir et les éléments à

changer.

• Choisir un objectif général

C'est à cette é tape que l'intervenant élabore la ligne directrice ou l'objectif général de l'intervention pour offrir aux familles en grandes difficultés un ensemble de services qui visent l'amélioration des capacités du système familial à répondre aux besoins de leur enfant.

• Préciser les apprentissages recherchés L'évaluation des conditions internes de l'adulte va déterminer dans quels secteurs d'apprentissage nous devrons intervenir principalement. Ceux-ci ont-ils besoin d'apprendre de nouvelles connaissances (savoir), de faire l'acquisition de nouvelles habiletés (savoir faire) ou d'adopter de nouvelles attitudes (savoir être) ? Nous devrons donc travailler sur ces 3 aspects, sachant qu'un apprentissage dans l'un va entraîner un changement dans les autres, par exemple, une plus grande connaissance amenant une habileté nouvelle et des attitudes différentes.

Page 61: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

53

• Traiter selon des objectifs spécifiques Pour chacun d e ces objectifs, il faut préciser l'intensité des mesures selon la gravité de la situation! Lorsque les parents ont les capacités d 'assumer leurs responsabilités parentales et qu'ils démontrent une reconnaissance du problème, l'intervention se réalise dans un contexte d'aide sans les mesures de contrôle externes. Si par ailleurs, même avec des capacités parentales relativement fonctionnelles, les parents ne reconnaissent pas la sévérité de la compromission de la sécurité et du développement de l'enfant, les mesures devront être plus intensives, avec des mesures de contrôle externe dont le recours au régime judiciaire, accompagné d'un placement de l'enfant, si la situation l'exige.

• Identifier les partenaires impliqués et définir leur contribution Pour chaque objectif spécifique retenu, il y a lieu d'évaluer la contribution requise de nos différents partenaires dans l'offre de service faite au client pour répondre à ses besoins. Cette contribution s'actualise dans le cadre d'un plan de services individualisé (PSI) convenu avec lés parents et les différents intervenants concernés.

• Définir les modalités d'intervention Il faut définir les modalités d'intervention, à partir de critères précis sur les situations où :

• Les parents et le milieu démontrent des capacités suffisantes pour répondre adéquatement aux besoins de leurs enfants en étant bien supportés et conseillés. O n peut alors laisser foire...

^ Valoriser leurs actions tout en proposant l'utilisation d'activités cliniques mises en place dans nos 5 modules.

• Les parents et le milieu éprouvent des difficultés certaines à répondre aux besoins de leurs enfants et ils ont besoin d'être encadrés, accompagnés et contrôlés. O n peut alors foire avec...foire

foire...

^ Nos interventions prennent alors un caractère plus directif avec l'encadrement de la Loi sur la protection de la jeunesse.

• Les parents et le milieu ne sont pas capables de répondre aux besoins de leurs enfants et il faut suppléer à leurs incapacités pour assurer la sécurité et le développement de leurs enfants. Il faut donc foire à la place...

Avec l 'encadrement de la Loi sur la protection de la jeunesse et même recourir à d'autres programmes si la situation perdure.

Page 62: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

54

Les forces et les limites du système client ne sont pas toutes de même amplitude et l'intervenant devra juger, dans les situations rencontrées :

• Ce qui va bien et qui doit être maintenu en laissant fdire, en félicitant, en valorisant en ajustant si , nécessaire.

• Ce qui est difficile et qui requiert du ft/f© faire, en supervisant, en assignant des tâches, en donnant des devoirs.

• Ce qui est problématique et qui nécessite de fo/fB BVBC, en accompagnant, conseillant, supportant.

• Ce qui est dangereux et qui exige de faire 8 le plsce de, en contrôlant, supervisant les visites, plaçant l'enfant.

Dans le but de bien retenir les différents aspects à couvrir dans l'évaluation, le diagnostic et le traitement en négligence, nous proposons d'illustrer le tout à l'aide d'un exemple utilisé dans le modèle théorique multidimensionnel (page 33). Cette fois-ci, nous désirons faire ressortir comment cette synthèse peut être utile à l'intervenant.

Dans toute situation évaluée ou traitée à l'aide de ce programme, tous ces aspects devraient être documentés et figurés dans les rapports préparés par les intervenants et dans le plan d'intervention (PI) ou le plan de services individualisé (PSI) fait avec la participation active du client et lés partenaires concernés s'il y a lieu.

Page 63: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

55

À TITRE D'EXEMPLE . , Reprenons maintenant te contenu de cette dernière partie et illustrons-le concrètement à l'aide de l'exemple de là situation de la jeune mère excédée par les pleurs de son bébé de 3 mois qui fait des otites à répétition et par les demandes constantes de l'aînée de 2 ans (voir p. 33 ).

L'analyse de la situation a été faite d'une façon plus précise et elle a été appuyée par des instruments de mesures tels que l'ICBE, la grille de développement de l'enfant, le génogramme et la carte réseau. L'intervenant se prépare à élaborer le P.l. avec cette famille.

D'abord le potentiel de violence est modéré. Les parents crient après leurs enfants mais ils ne les frappent pas ni ne leur font des menaces. Par ailleurs il faut immédiatement exercer une surveillance sur les problèmes de santé que démontre le bébé. Il faut s'assurer qu'il obtient les soins médicaux nécessaires dans un bref délai pour éviter que sa situation s'aggrave et lui cause des problèmes permanents.

En ce qui concerne le type de négligence, le bébé laisse voir qu'il est victime de négligence physique corporelle mais ce qui domine l'ensemble du tableau pour les deux enfants ce sont des éléments de négligence affective. Ils ne reçoivent par de gestes concrets d'affection ni de leur mère ni de leur père. Au contraire, ceux-ci leur crient de se la fermer pour avoir la paix. Les enfants subissent par le même coup de la dépréciation et de la désapprobation et ce, constamment.

L'âge des enfants les place tous les deux dans une zone de grande vulnérabilité. Ils sont à la merci de la réponse ou de l'absence de réponse de leurs parents à leurs besoins de tous ordres.

Le développement des enfants n'est pas harmonieux. La plus vieille est gênée avec les autres, triste. Avec sa mère, elle va faire des demandes incessantes pour recevoir, en définitive, de l'affection mais la non-réponse de celle-ci ou les cris qu'elle va lui proférer la font se sentir de plus en plus inadéquate. Sur un autre point, elle est entrée dans sa 'période du non" ce qui laisse les parents sur la défensive parce qu'ils sont certains que leur fille fait tout pour les faire enrager. Le bébé connaît un léger retard de développement physique et il n'a pas reçu son dernier vaccin. Il est capable de rire lorsqu'il est chatouillé par l'aînée mais en présence de sa mère, il est pleurnichard et recherche sans cesse le sein.

Au niveau des limites ou capacités du système à répondre aux besoins de l'entants, nous notons que la mère démontre un taux très élevé de stress face aux tâches qu'elle doit accomplir, au budget qui est sans cesse défoncé, au manque de support de son conjoint et aux demandes de ses enfants. Le père démontre de l'immaturité et ressemble lui aussi à un enfant dans ce système. II voudrait s'occuper davantage de ses enfants mais est découragé par la mère qui le traite de malhabile. Les deux parents ont peu de connaissances sur le rôle qu'ils doivent jouer auprès de leurs enfants et n'ont pas de connaissances quant au développement des enfants. Leurs exigences face à eux sont trop élevées. Ils ne savent pas quoi faire pour bien s'en occuper. Ils n'ont pas de modèles parentaux et ne connaissent personne qui pourrait les aider dans ce sens. Leur réseau est réduit au minimum.

Pour ce qui est des conditions de l'intervention, les deux parents admettent que la situation familiale est très problématique et que le développement de leurs enfants s'en ressent Ils ont tendance à minimiser leur responsabilité en disant que c'est parce qu'ils ont été malchanceux dans la vie et qu'ils sont pauvres. Leur motivation à régler les problèmes est basse et ils n'ont pas vraiment d'espoir de voir leur situation évoluer positivement Ils vont donc être à la traîne de leur intervenant adoptant une attitude conformiste ou passive. Par ailleurs, ils sont d'accord, sans trop d'enthousiasme, à recevoir de l'aide, selon leurs mots, pour :

• élever leur enfant • se sortir de la dépression • cesser leurs chicanes de couple • connaître des ressources de leur quartier qui pourraient les aider à être moins pauvres et moins seuls

Page 64: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

56

PLAN D'INTERVENTION <

Améliorer les capacités du système familial à répondre aux besoins de leurs enfants. "'.:<o Objectffsspècifitiues 4 M M W Ë m me#*:y<- -^Mksïï?

Guérir l'otite du bébé.

Les 2 enfants reçoivent les soins courants de santé.

Améliorer les conditions de santé des enfants.

Rattraper le retard de développement des enfants. Mettre en place des mesures pour l'aînée.

D'ici 2 jours, les parents amènent leur bébé à la clinique pour voir le médecin. D'ici deux semaines les parents communiquent avec le CLSC pour remettre à jour le carnet de vaccination. Le père communique avec l'intervenant après chacune de ces démarches pour l'informer du travail fait. .

Les parents avec le support de l'intervenant inscrivent l'aînée au CLSC pour qu'elle participe aux ateliers de stimulation précoce.

La mère : • rehausse son estime de soi; • fait le point sur son état élevé de stress; • prend les moyens pour relaxer davantage; • demande l'aide de son conjoint.

Le père : • adopte un mode de vie qui tient compte de ses

besoins d'avoir des amis et de son rôle de conjoint et de père.

Suivi de la mère par l'intervenant et inscription par la suite au groupe d'estime de soi offert par le CLSC.

Suivi du père par l'intervenant et inscription au groupe de pères offert par la Maison de la famille.

t |£i

• prendre conscience des effets de leur mode de fonctionnement sur le développement de leurs entants.

• Se sensibiliser aux besoins de leurs enfants en considérant leur niveau de développemenL

• Améliorer leurs habiletés à répondre aux besoins affectifs de leurs enfants.

Suivi conjugal et familial des parents par l'intervenant social.

Connaissances apportées par l'éducatrice en externat Savoir faire pratiqué avec l'aide de l'éducatrice. Par la suite inscription au groupe d'habiletés parentales offert par la Maison de la famille.

• • Offrir aux enfants un milieu plus stable et exempt de cris à leur endroit

• Apprendre en tant que parents à résoudre ensemble leurs problèmes.

Suivi par l'intervenant social. Approche de résolution de problèmes. La famille obtient l'aide d'une famille soutien présentée par les centres jeunesse.

KWy:-::

! » SSjjjjR l|gp

S'ouvrir comme famille, sur l'extérieur et les ressources du milieu.

Avec l'aide de la famille soutien, la famille est informée, visite et participe aux activités d'entraide offertes par la Maison de la famille.

Page 65: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

57

TABLEAU II

Aspects à couvrir dans l'évaluation, le diagnostic et le traitement en négligence

RISQUE POUR LA SÉCURITÉ IMMÉDIATE Si présence d'un potentiel Imminent de violence ou d'atteinte à la sécurité Immédiate

ACTION REQUISE Mesures immédiates de protection

TYPE DE NEGLIGENCE

Négligence physique corporelle Négligence physique environnementale

Négligence émotionnelle ICBE

DEVELOPPPEMENT DE L'ENFANT Séquelles de la négligence

Développement: croissance, alimentation, sommeil, vaccination, motricité, développement personnel, soins usuels, indices de développement douteux.

Problèmes de la conduite

Forces de l'enfant

Croissance et développement indices d'abus et négligence (Diorio, Fortin)

LIMITES OU CAPAi CITÉS DU SYSTÈME À RÉPONDRE AUX BESOINS DE L'ENFANT

Chez l'adulte Chez le parent Dans la famille Dans le réseau ICBE

Génogramme Carte réseau

CONDITIONS DE L'INTERVENTION Reconnaissance 1 Motivation des problèmes | à régler les problèmes

Coopération avec les services ICBE

ANALYSE DE LA SITUATION » Situer la famille dans le modèle multidimensionnel de ce programme. • Développer une compréhension clinique de ta dynamique du jeune et de son milieu en vue

d'identifier les cibles d'intervention prioritaires. • Formuler des hypothèses cliniques qui permettent de cibler les forces à soutenir et les

éléments à changer.

OBJECTIF GÉNÉRAL APPRENTISSAGES RECHERCHÉS

Connaissances (savoir)

Habiletés (savoir-faire)

Attitudes (savoir-être)

PI PSI

OBJECTIFS SPECIFIQUES

Visant L'ENFANT Visant te

^ Ï Ï ^ Ï Ï E ? Visant la FAMILLE RÉSEAU DE comme ADULTES comme PARENT SOUTIEN PI PSI

PARTENAIRES IMPLIQUÉS ET LEUR CONTRIBUTION

CJM CLSC Organismes communautaires Autres... PSI, (selon offre

de service) MODALITÉS D'INTERVENTION

Laisser faire... Féliciter Valoriser

Ajuster si nécessaire

Faire faire... Superviser

Assigner des tâches Donner des devoirs

Faire avec... Accompagner

Conseiller Supporter

Faire à la place de...

Contrôler Superviser les

visites Placer l'enfant

PI PSI

Page 66: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

58

5.3.3 Processus clinique du PI adapté à ce programme

On se souvient que le processus clinique des Centres jeunesse de la Montérégie se déroule selon une série d'étapes reliées les unes aux autres. Nous verrons ici comment pour chacune d'elles, ce programme amènera une teinte particulière qui annoncera les changements nécessaires autant du point de vue clinique que de celui de la gestion. Rappelons les étapes :

• Accueil du client • Collecte des données • Analyse de la situation • Planification de l'intervention • Mise en œuvre du PI ou du PSI • Révision du PI ou du PSI • Fin de l'intervention ou référence avec accompagnement du client

• Accueil du client Compte tenu de l'approche intersectorialité en négligence, l'ouverture d'un dossier se fait de deux façons différentes :

• À la suite de la réception d'un signalement au service Réception / Traitement des signalements (RTS) - Urgence DPJ, sous l'alinéa b, c, d, e de l'art. 38 .

• Au mécanisme local d ' a c c è s : présentation de la demande par un intervenant du CLSC accompagné du client.

Voici la démarche à suivre lors de la présentation d'une demande au responsable du mécanisme d'accès :

• Évaluer les facteurs de risque qui pourraient requérir une intervention pour assurer la sécurité immédiate de l'enfant (présence de violence, menaces, intimidation pour l'enfant ou autres membres de la famille). Si tel est le cas, faire les interventions nécessaires pour; assurer la protection immédiate de tous avant d'aller plus loin.

• Discuter avec la famille en présentant : • Les éléments clés du programme (les 5 modules); • La participation attendue de la famille; • Signature des autorisations nécessaires pour échanger les informations avec les partenaires.

• Évaluer les limites et les capacités du système et les conditions de l'intervention selon les aspects à couvrir dans l'évaluation, le diagnostic et le traitement en négligence tel que décrit précédemment.

• Contacter le responsable du mécanisme d'accès pour prendre rendez-vous.

• Présenter la demande aux mécanismes d'accès de son territoire.

L'intervenant référant demeure responsable de son dossier et doit procéder à la rédaction du plan de services individualisé (PSI) après la rencontre avec les membres des mécanismes d'accès.

Page 67: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

59

• Col lecte des données

Nous croyons que la collecte des données dans toute situation de négligence, est une étape très importante où nous devons prendre en considération toutes les dimensions de la situation présentée y incluant l'historique de la négligence dans cette famille, conformément à notre modèle multidimensionnel.

Nous voulons que l'évaluation mène à une compréhension globale de toutes les dimensions de la situation où les points forts et les points faibles seront pris en considération, que ce soit au niveau de l'enfant, de l'adulte, des parents, de la famille ou de la communauté. Nous voulons relever ce qui va bien aussi, pas seulement ce qui va mal.

Responsabilités des différents acteurs dans la collecte d'information

Évaluation psychosociale de la famille par l'équipe protection selon les 5 dimensions du modèle convenu.

OU : Évaluation psychosociale du CLSC selon les 5 dimensions du modèle.

Poursuite de la collecte des données par l'intervenant qui prend le dossier en charge à l'équipe territoriale ou au CLSC.

Utilisation systématique du tableau synthèse des aspects à couvrir dans l'évaluation, te diagnostic et le traitement en négligence, complété par l'utilisation des instruments cliniques préconisés dans ce programme, soit : l'ICBE, la grille croissance et développement, les indices d'abus et négligence, le génogramme et la carte réseau.

Dans ce processus, la famille, avec qui nous partageons l'évaluation, demeure au centre de l'intervention. Néanmoins, la priorité est accordée à l'intérêt de l'enfant. On veut mesurer le degré de négligence mais aussi l'impact de cette situation sur les enfants.

• Analyse de la situation

L'analyse vise à établir un diagnostic élaboré d'après le modèle multidimensionnel. Nous voulons prendre en considération la situation globale et dégager les liens qui existent entre les éléments qui concernent l'enfant, l'adulte, les parents, la famille, la communauté. C'est plus que de statuer sur le besoin de protection à savoir, si la sécurité et le développement sont compromis ou non. Il s'agit de formuler une hypothèse clinique qui permet de dégager des cibles d'intervention découlant de l'évaluation de la situation, à partir des données recueillies ainsi que des informations provenants des différents instruments cliniques utilisés.

• Planification d e l'intervention

Dans les cas suivis sous la LPJ, pour tenir compte de la place centrale du client et de la primauté de l'intérêt de l'enfant, il devra y avoir discussion à la table d'orientation avec la présence du réviseur, des parents et des partenaires impliqués. On profitera de l'occasion pour faire l'ébauche du plan de services individualisé (PSI) et effectuer un transfert personnalisé.

Page 68: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

60

À cette étape, en plus de prendre une décision quant à l'orientation sur le choix du régime dans les cas où la Loi sur la protection de la jeunesse s'applique, il y a aussi une proposition concernant le choix des mesures envisagées pour apporter un changement dans la situation et dans ce sens, il y a une amorce d'élaboration du PI ou du PSI.

Dans les cas suivis sous la LSSSS, la discussion tenue lors de la présentation de la demande de service aux mécanismes d'accès du territoire sera le moment de préciser tant la place du client dans l'intervention que la contribution des différents acteurs. De cette discussion découleront les éléments à inclure dans le plan de services individualisé (PSI).

Le choix des activités qui sont offertes dans ce programme couvre les nombreuses facettes du modèle multidimensionnel. Comme choix d'objectifs prioritaires, il y a ceux visant l'élimination de la compromission de la sécurité et du développement de l'enfant mais aussi le maintien des acquis, de l'insertion de la famille dans la communauté.

• Mise en œuvre du PI ou du PSI C'est à cette étape qu'il y a mise en place des activités de traitement selon l'offre de service développée sur le territoire de CLSC et le maintien d'un réseau de communication continue entre les intervenants.

Voici ce qui particularise l'intervention en négligence à cette étape : • Intervenant demandeur fait le lien avec les autres. • Les objectifs sont hiérarchisés. • Les services qui réduisent le stress sont donnés en premier ce qui rendra la famille plus disponible à

recevoir les autres : • Paire cesser les situations de violence où l'intégrité physique et psychologique des personnes est

mise en cause; • Offrir des services concrets qui soulagent la misère; • Favoriser l'intégration sociale de la famille; • Aider à améliorer l'estime de soi; • Aider à améliorer les capacités parentales.

Ce programme préconise que l'intervention soit multidimensionnelle et intersectorielle lorsque la situation le nécessite.

• Révision du PI ou du PSI

La révision doit porter sur l'ensemble des dimensions des modalités d'intervention. Elle doit être rigoureuse et appuyée par des outils de mesure validés. En LPJ, c'est le moment où l'on décide de la fin des interventions dans ce cadre légal ou de la poursuite des interventions en LSSSS via une référence avec accompagnement.

Page 69: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

61

Évaluation des activités réalisées. Utilisation des instruments préconisés dans ce programme : l'ICBE, la grille de développement de Tentant, le génogramme, la carte réseau, complétés par l'intervenant social de l'équipe territoriale.

Décisions : Maintien des services aux CJM en LPJ. Poursuite des services aux CJM en LSSSS selon le modèle multidimensionnel et les activités offertes. Fermeture LPJ, avec ou sans poursuite sous LSSSS. Référence avec accompagnement du client. Reformulation des objectifs du PI ou du PSI.

• Fin de l'intervention ou référence avec accompagnement du client

C'est sans doute dans les situations de négligence qu'il faut le plus assurer une référence active qui implique une véritable continuité des services par des partenaires et une continuité du support initié. Le suivi psychosocial peut également se poursuivre aux CJM, pour une durée de trois mois, sous LSSSS lorsque requis pour consplider les acquis et prévenir la récurrence.

Page 70: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

62

5.3.4 Instruments cliniques préconisés dans ce programme Intervenir auprès des familles en grandes difficultés demande des connaissances et des habiletés mais cela vient parfois rejoindre l'intervenant dans ses valeurs et dans ses sentiments. Pour lui permettre d e prendre une certaine distance émotive et en arriver à une évaluation plus objective, nous croyons que l'utilisation de certains instruments d'évaluation est indispensable.

C'est pourquoi ce programme préconise l'utilisation de 4 instruments qui touchent les différentes dimensions à considérer dans l'évaluation, la planification et l'intervention : > L'enfant > Les responsabilités parentales > La famille * La communauté

Ces instruments sont utiles à l'intervenant mais pourraient être préjudiciables au client lui-même s'ils n'étaient pas manipulés avec soin par la personne qui procède à la passation du test. Donc jugement, discernement, respect des gens sont requis. Il est évident que ces instruments ne donnent de résultats valables que s'ils sont administrés et interprétés selon les règles. Des formations viendront compléter les compétences requises.

• Grille de développement de l'enfant Plusieurs grilles présentent le développement de l 'enfant et quelques-unes d 'entre elles combinent des mesures de développement avec des indices d ' abus et de négligence. Une d'entre elles nous paraît particulièrement plus pertinente pour nos besoins : Croissance et développement, indices d'abus et de négligence chez l'enfant de la naissance à cinq ans, de Geneviève Diorio, Gilles Fortin et collaboratrices (Hôpital Sainte-Justine, 1999). Cette grille s 'adresse plus particulièrement aux personnes appelées à travailler auprès des familles en grandes difficultés ayant d e jeunes enfants.

Pour chaque tranche d'âge de l'enfant (2, 4 , 6,9, 12, 18 mois ; 2 , 3 , 4 , 5 ans), le document donne des points de repère sur le développement normal de l 'enfant et des éléments portant sur les soins à apporter à ces enfants. En plus, le guide fournit des indices qui pourraient indiquer un retard de développement ou des situations d 'abus ou de négligence.

Les informations sont présentées de la façon suivante pour chaque tranche d ' â g e : 1. La croissance staturo-pondérale 2. L'alimentation 3. Le sommeil 4. La vaccination 5; La motricité 6. Le développement personnel 7. Les soins usuels et préventifs 8 . Des indices de développement douteux et de négligence

L'outil est donc très important pour le travail en négligence où traditionnellement l 'enfant lui-même a parfois été laissé pour compte ou mal connu par des praticiens qui se sentaient plus à l'aise d'intervenir auprès du parent.

Page 71: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

63

• L'ICBE

l'inventaire concernant le bien-être de l'enfant en Hen avec l'exercice des responsabilités parentales (ICBE), développé par Lord et Thibault (1993), est connu et utilisé par plusieurs intervenants des CJM et des CLSC. Sa pertinence et son utilité dans les situations de négligence ont été fortement démontrées au cours des dernières années. Cet instrument est essentiel pour quiconque intervient en négligence parce qu'il fournit aux intervenants un outil validé qui vient supporter la pratique professionnelle, notamment en protection de la jeunesse. Il augmente le degré d'objectivité du jugement et permet une évaluation plus juste d 'une famille en observant et en organisant les données, et en amenant des nuances dans différents secteurs de vie de l 'enfant et de la famille.

Cet instrument aide à l'analyse des forces et des faiblesses .de la famille et à cerner la présence ou l 'absence de certaines situations problématiques comme la négligence surtout mais aussi l 'abus physique ou sexuel ainsi que les troubles de comportement chez l 'enfant. Il est indiqué d'utiliser l'instrument pour chaque enfant qui vit avec une personne qui exerce des responsabilités parentales.

L'instrument est construit à partir de critères basés sur l'observation en direct des lieux, des personnes, de leurs attitudes et de leurs comportements. Il s 'agit donc de critères objectifs de ce que l'intervenant peut voir, entendre, ressentir.

L'intervenant évalue la situation de l'enfant et de la famille en fonction de chacune des 4 3 échelles auxquelles sont associés les facteurs de risque pour le bien-être d e l'enfant. Ces facteurs sont composés d 'un ou de plusieurs critères qui correspondent à des situations concrètes et observables qu 'une famille peut vivre dans le quotidien.

Les 4 3 échelles sont ensuite regroupées en 3 sections : O Conditions de vie au foyer O Dispositions parentales €) Fonctionnement de l'enfant

Ainsi qu 'en 5 dimensions théoriques : O Négligence physique (corporelle et environnementale) © Négligence émotionnelle © Abus physiques O Abus sexuels © Troubles de comportement

L'ICBE est utile à toutes les étapes du processus clinique : Évaluation / orientation, planification de l'intervention, intervention, révision. De plus, il offre la possibilité d'établir un l angage commun avec les différents partenaires appelés à intervenir auprès de l'enfant et de la famille.

Page 72: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

64

• Le génogramme Cet instrument est important en négligence et dans l'intervention auprès des familles à l'étape évaluation et intervention. Il permet l'observation d'un individu en particulier en le mettant en relation avec son contexte de vie immédiat, conjoint, fratrie, enfant, famille, parents, grands-parents.

Sorte d'arbre généalogique, il donne de ^information sur les membres d 'une famille et sur les relations qui existent entre eux sur plusieurs générations.

Instrument visuel, il est fait de symboles qui illustrent des personnes (père; mère, enfant, client désigné, etc.), des événements (mariage, séparation, décès, grossesse, etc.), le temps (âge, année , dates importantes), des types d e relation (fusionnelle, complémentaire, proche, distante, etc.)

Il est souvent intéressant de construire le génogramme avec le client ou avec la famille pour aider à faire ressortir les « patterns » familiaux et à formuler des hypothèses cliniques sur le contexte familial et sur la transmission des problèmes d 'une génération à une autre.

Le génogramme est d'une importance capitale dans l'analyse systémique, il donne un portrait à un moment précis de l'existence de la famille en faisant toutefois le lien avec le passé et permet de faire des projections. Plusieurs auteurs ont proposé un guide pour construire le génogramme dont Bédard (1999).

Figure 1 1

Génogramme5

Légende | j Masculin 1" Décès

o Féminin # Séparation

Relation qui engendre ou risque d'engendrer \ une blessure cf enfance

Sévices sexuels el

violence

Né en 1956 Domination

U — •

n couple en 1991 Séparés en 199S

Né en 1903 Né en 1996 Né en 1994

(Bédard, 1999, p. 83)

Page 73: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

65

• Carte réseau

Là carte réseau joue à peu près ie même rôle que le génogramme mais elle décrit un niveau plus large que ie réseau de la famille en faisant voir les liens ou l 'absence de liens que la familie entretient avec la communauté qui l 'entoure.

La carte réseau est, elle aussi, un outil visuel qui se construit avec l'individu ou la famille et qui lui . permet de nommer et ensuite de pointer sur une carte divisée en différents secteurs, où se situent les personnes sur lesquelles la famille peut compter en cas de besoin. S'agit-il d 'un ou d e plusieurs membres de la famille immédiate, d 'un ou de plusieurs amis du père, de la mère, de partenaires d'un groupe de loisirs, de travail, d 'école ? Par ailleurs, l'individu et la famille vivent-ils isolés, à l'écart des autres ? Le soutien disponible ne vient-il que des intervenants de la communauté (Maison de quartier, travailleur social, professeur, infirmière)?

L'instrument est donc capital pour l'évaluation du réseau de support et est un outil clinique d'intervention avec la personne et avec la famille. Il donne une compréhension du fonctionnement de l'individu et de la façon dont il s 'insère dans la communauté. Donc, il permet de cibler quelle direction prendront les interventions qui viseront une meilleure insertion de la famille dans le réseau.

Figure 1 2

Carte réseau1

Réseau primaire Famille nucléaire Famille étendue Compagnes, compagnons de travail, école, loisirs Amis, amies Voisins, voisines

Famille nucléaire

Réseau secondaire

Compagnes/ compagnons de loisirs

Réseau secondaire • Educateur, médecin,

travailleur social, policier, psychologue

Fréquence des contacts • Contacts très fréquents (1

par jour à 1 à 2 semaine) • Contacts fréquents

(jusqu'à 1 par mois) • Contacts peu fréquents

(autres)

Famille étendue

Compagnes/ compagnons d'école

Voisins/voisins Amis/amies

Personnes importantes pour moi Personne référence si je suis triste, angoissé Personne à qui je peux demander des conseils Personne avec qui je peux joue'

6 (Keable, 1993, p. 27)

Page 74: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

66

5.3.5 Particularités pour les jeunes placés en milieu substitut

Parmi la clientèle des services de réadaptation en internat, un certain nombre de jeunes manifestent des troubles d e la conduite résultant de la négligence subie. Selon les termes de la Loi sur la protection de la jeunesse, il faut faire ressortir deux aspects de l'évaluation, c'est-à-dire le lien entre la négligence et l 'apparition des troubles de comportement. Pour eux aussi, le programme donnera un modèle de lecture multidimensionnel dont il faudra tenir compte dans l'intervention.

Ce n'est pas seulement le jeune qui a besoin de refaire des apprentissages, qui doit adopter de nouvelles attitudes ou d e nouveaux comportements. Ce sont aussi les parents qui doivent être interpellés dans leurs responsabilités auprès de cet enfant et le milieu dont il faut tenir compte notamment si l'on y envisage une réinsertion.

C o m m e on le sait, le modèle se veut multidimensionnel et intersectoriel. Le jeune qui est hébergé dans un service de réadaptation en internat et qui a été négligé doit être accompagné par son éducateur. Mais il doit aussi recevoir dans tous les cas, l'aide d'un intervenant social. O n réaffirme ainsi la nécessité que l 'éducateur et l'intervenant produisent à l'issue d 'une démarche clinique commune un plan d'intervention (PI) qui sera é laboré conjointement par ces intervenants. Le placement en internat n'équivaut pas à la fin du suivi social, mais au début d 'un travail fait en concertation et en complémentarité où chacun des acteurs a un rôle à jouer auprès de l'enfant et de sa famille.

De plus, un médecin, un psychologue ou un pédopsychiatre peut être nécessaire pour aider le jeune à réduire les séquelles de la négligence et obtenir une réponse à ses besoins. Il va à l'école et fréquente peut-être un centre de loisirs, une maison de jeunes. Ce sont des personnes et des milieux dont il. faudra tenir compte dans le travail de réadaptation avec cet enfant et ainsi élaborer un plan de services individualisé (PSI) selon le cas. Pour illustrer cette situation, nous introduisons un exemple à cet effet.

À TITRE D'EXEMPLE

La jeune fille arrive dans un service de réadaptation en internat parce qu'elle a des difficultés de fonctionnement à la maison, avec ses amies, à l'école. Cette enfant est issue d'une famille marginale, très isolée où les conditions d'hygiène laissent grandement à désirer. Les deux parents sont isolés, consomment des boissons alcooliques et le réseau immédiat est peu stimulant pour eux et leurs enfants.

Cette situation a été retenue sous les articles 38h et 38e de la Loi sur la protection de la jeunesse parce que l'enfant présente des troubles de comportement sérieux ET parce que ses parents ont un mode de vie qui compromet la sécurité et le développement de leur fille. C'est probablement ceci qui a perturbé l'enfant.

Le travail effectué auprès de la jeune seulement, sans un investissement en même temps auprès de sa famille, ne donnera pas de bons résultats surtout si l'on envisage un retour à la maison. La jeune fille vivrait probablement un conflit de loyauté envers ses parents qui conserveraient des valeurs différentes de celles qu'elle aurait apprises au centré d'accueil.

Or, si la situation est vue et comprise selon le modèle multidimensionnel, ce sont aussi les parents comme individus et comme parents qui devront être rejoints par l'intervenant social en collaboration avec l'éducateur et les autres personnes qui essaient déjà de leur venir en aide. Le retour à la maison, s'il peut se faire, s'effectuera avec l'aide du réseau social qui sera devenu plus supportant et accueillant pour la jeune fille et sa famille.

Page 75: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

67

EXEMPLE (suite)

La situation devient-elle ainsi plus complexe à traiter? Pas si on l'envisage par le biais d'une réalité présente de toute façon. Elle indique par ailleurs la nécessité de recourir à une analyse commune et à l'élaboration d'un plan d'intervention faits conjointement dans la même direction, c'est-à-dire celle d'améliorer la qualité du milieu de vie et des capacités parentales pour permettre à l'adolescente de fonctionner dans ses rôles lors de son retour à la maison.

Dans la poursuite des activités offertes par les services de réadaptation en internat, un autre aspect mérite d'être abordé , c'est celui du jeune qui doit faire des apprentissages pour devenir panent à son tour. Combien de fois a-t-on vu un ou une adolescente revenir aux centres jeunesse non plus comme enfant mais comme jeune parent. Quels services avions-nous prévus pour ce parent en devenir afin de lui permettre d'offrir à ses enfants un milieu de vie où il n'y a pas de négligence et ainsi prévenir sa transmission intergénérationnelle ?

Peu d e travail est fait à ce sujet mais des pistes d'intérventions mériteraient notre attention :

• Faire les liens nécessaires avec le programme troubles de la conduite pour identifier les besoins qui se cachent dans la zone grise des 2 programmes.

• Dans tous les services de réadaptation en internat, l'activité Sex-oh-Fun est offerte. Ce guide d 'animation cible davantage la dimension MTS et contraception mais pourrait être complété, notamment aux activités 4 0 à 4 3 qui touchent dans le thème général Grossesse, les sous-thèmes Devenir père> devenir mère et Les choix lors d'une grossesse, pour donner le sens de responsabilisation à un jeune, si un enfant venait à naître.

• Des contacts plus étroits devront être faits avec le programme PR1NSIP, les services d 'hébergement pour les mères en difficulté d'adaptation et les services de réadaptation en internat lorsque survient la grossesse en internat. Des échanges de services plus planifiés et en rapport avec la continuité de l'intervention auprès de l'adolescente devront être proposés.

En résumé, nous constatons qu'il y a un chaînon manquant entre l'adolescent(e) qui se développe en ayant une sexualité active, qui se protège des MTS ou qui prend des moyens de contraception, l'adolescent(e) qui se prépare à la vie autonome et l'adolescent(e) qui doit se préparer à l'exercice des responsabilités parentales.

r^bvfdmj^le ffoçcùëtîi

La nécessité de recourir au placement d'un enfant en famille d'accueil parce qu'il est victime de négligence grave et continue, suscite beaucoup d'émotions et amène toujours une multitude de questions :

• Est-ce que je dois placer ? • Quelles seront les conséquences pour l'enfant si je le place ? Et si je ne le place pas ? • Comment est-ce possible de continuer à aider la famille qui se sera opposée au placement ? • Combien de temps le placement va-t-il durer ? • Où l'enfant va-t-il aller ? • Est-ce que c'est indiqué de briser les liens d'attachement avec les parents naturels ou. comment

vais-je les maintenir le cas échéant ?

Page 76: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

68

Parmi les mots les plus chargés de sens il y a : attachement, séparation, deuil, suivant les pertes subies.

Ce programme seul ne peut malheureusement répondre à toutes les interrogations et il ne fournit pas une liste de critères exhaustifs qui diraient par exemple quand placer l'enfant en famille d'accueil et quand le retourner dans son milieu naturel. Par ailleurs, ce programme aide l'intervenant à appuyer son jugement clinique en fournissant une grille d'analyse, assortie d'instruments cliniques préconisés, où il est possible de faire ressortir les forces et limites pour l'enfant lui-même, ses parents et son milieu.

Pour aller plus loin dans la réflexion, rappelons d'abord 2 principes cliniques énoncés précédemment :

• La famille est le premier milieu de développement de l'enfant Intensité et concertation de l'intervention. Tout mettre en place pour mieux équiper l'enfant, le parent, le milieu.

• Tout retrait d'un enfant de son milieu naturel entraîne des conséquences majeures Le retrait de l'enfant doit être une mesure évaluée, planifiée et utilisée pour le temps nécessaire en vue de restaurer les capacités du milieu à reprendre l'enfant.. Si les changements attendus ne se produisent pas, le placement peut être alors reconsidéré dans le cadre d'un plan de vie plus stable et ajusté aux besoins de l'enfant en développement.

Sur ce dernier point, insistons sur la notion de temps, importante lorsqu'elle est appliquée à l'enfant. Il est facile d'apprécier qu'un enfant d'un an, qui doit être retiré de la garde de ses parents et être placé ailleurs pour une période d'un an, aura passé la moitié de sa vie dans un autre milieu et qu'il aura sans doute créé au cours de cette étape cruciale de son développement, des liens importants avec d'autres personnes.

La notion de temps doit donc être considérée par rapport aux besoins de l'enfant en développement, mais aussi par rapport à l'ampleur du travail à faire au niveau des parents et du milieu pour permettre un retour de l'enfant dans son milieu. Ces changements importants demandent du temps, parfois des années, et l'enfant ne peut être mis en attente durant cette période. Pour lui aussi la vie continue.

Enfin, insistons que c'est la primauté de l'intérêt de l'enfant qui doit guider nos choix d'intervention en matière du placement en famille d'accueil, particulièrement dans les cas suivis sous la LPJ. Cest une mesure extrême qui a des conséquences sérieuses pour l'enfant et ses parents. Elle amène toujours des sentiments pénibles à vivre pour les parties en cause, y compris l'intervenant. Si l'on perd de vue la notion de l'intérêt de l'enfant, il peut être plus facile de ne pas affronter la colère ou la souffrance du parent en ne plaçant pas un enfant qui devrait l'être. Et à plus forte raison, si ce dernier ne s'exprime pas, n'a pas de signes évidents de négligence grave ou de mauvais traitements, ne semble pas particulièrement souffrir de la présence d'un parent qui dit l'aimer mais qui s'en occupe pas, ou peu, ou qui de a graves difficultés à le faire.

Page 77: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

69

Il arrive malheureusement que des éléments importants ne soient pas pris en compte lors d'un placement en milieu substitut.

• Jumelage inadéquat La rareté des ressources et la précipitation de placer l'enfant dans une situation de crise, obligent parfois les intervenants à lui offrir une famille d'accueil qui à des disponibilités de place, mais pas nécessairement d'encadrement et d'accompagnement dans le processus thérapeutique. Une attention supplémentaire doit être portée au jumelage enfant - famille d'accueil pour répondre aux besoins spécifiques de l'enfant ayant vécu dans un milieu de négligence. Pour répondre aux séquelles de cette négligence, une famille d'accueil devra ajuster ses attitudes et aider l'enfant à reprendre ou accélérer son développement à un niveau requis pa r son âge.

Q Manque de suivi adéquat Le placement n'est pas une fin en soi mais un moyen pour améliorer le bien-être global de l'enfant. Les enfants placés le sont souvent à la suite d'abus ou de négligence grave et ils sont gravement affectés par cette situation. Leurs parents sont eux-mêmes aux prises avec des difficultés personnelles, conjugales, parentales et familiales importantes.

Ces lacunes révèlent un besoin de suivi certainement pour le parent et la famille. Mais elles indiquent également la nécessité de faire un suivi thérapeutique pour l'enfant, ce à quoi la famille d'accueil devra être intimement associée.

• Conflit de loyauté Au cours du placement, il peut être nécessaire d'identifier et de gérer les conflits de loyauté qui se présentent alors comme une compétition plus ou moins apparente entre parents d'accueil et naturels pour gagner l'affection de l'enfant ou pour prendre le contrôle de sa vie.

Il peut s'agir d'une opposition compréhensible de part et d'autre, mais qui est néfaste à l'intégration de l'enfant dans son milieu d'accueil, compromet les chances de succès de la réinsertion familiale et nuit à l'épanouissement de l'enfant.

il y a alors nécessité d'établir une position claire entre la famille naturelle, la famille d'accueil et l'intervenant, et de faire un plan pour sortir rapidement de cet imbroglio.

• Manque de formation et de supervision dé la famille d'accueil Même si le suivi de l'enfant se fera avec le concours de la famille d'accueil, nous devons relever que celle-ci ne possède pas toujours dans son bagage les connaissances et les habiletés nécessaires pour bien comprendre la dynamique de l'enfant qu'elle reçoit chez elle et pour savoir comment transiger avec les parents naturels qui ont des valeurs et un style de vie différents des leurs.

Cela implique, pour la famille d'accueil, de la formation et de la supervision en lien avec les dimensions ressorties dans ce programme.

Page 78: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

70

s de réussfte ddhs fë - cœ ou. un

Il semble que si nous voulons maximiser les opportunités de l'enfant, des parents et du milieu à faire des progrès ou à réduire les conséquences plus négatives reliées au placement, qu'il faille compter, entre autres, sur les éléments suivants :

• Évaluation rigoureuse de la situation globale de l'enfant qui vous amène à considérer le placement

Dans sa recherche d'indicateurs permettant d'éclairer sa décision de retirer un enfant de son milieu familial, l'intervenant doit avant tout évaluer le dange r immédiat d'abus ou d'atteinte à l'intégrité physique de l'enfant, et ne pas hésiter à prendre des mesures immédiates si la situation est présente. Dans les cas où l'urgence d'intervenir est moins pressante, il doit juger du moindre mal, expression empruntée à Paul Steinhauer (Steinhauer, 1996), entre les conséquences liées à la séparation de l'enfant de figures importantes d'attachement, et le risque lié au fait de laisser l'enfant dans un milieu perturbé et perturbant.

Avant d'envisager le placement d'un enfant en famille d'accueil, il faut en quelque sorte considérer :

• La capacité du parent à changer sa situation dans un laps de temps acceptable pour l'enfant. • La capacité du parent de profiter d'une aide supplétive dans le milieu. • La capacité de l'enfant de « passer à travers » la négligence ou de pouvoir s 'adapter à un milieu

substitut. • La disponibilité des services et des ressources offerts à la famille par l'établissement ou par le

réseau pour prévenir le placement. • La disponibilité des ressources d'accueil qui pourraient contribuer à répondre aux besoins

spécifiques de l'enfant à placer, si l'on retient cette mesure.

• Recours au mécanisme local d'accès Envisager le placement d'un enfant en famille d 'accueil n'est pas une tâche facile et la gestion du risque n'est pas évidente. Cela indique toutefois le besoin de consultation et nous croyons que les mécanismes locaux d 'accès devraient jouer ici un rôle essentiel. Par l'expertise de l'intervenant au dossier de l'enfant, combinée à celles du responsable du mécanisme d 'accès sur le territoire, nous voulons avoir plus de garanties que la mesure sera prise dans l'intérêt de l'enfant.

Le rôle du mécanisme local d 'accès est donc : • Aider l'intervenant à objectiver sa pensée et à prendre une décision éclairée. • Favoriser un jumelage judicieux entre les besoins de l'enfant et les ressources d'une famille

d'accueil qui va contribuer à y répondre. • Trouver des moyens pour préparer l'enfant, les parents naturels et le milieu d'accueil au

placement. • Établir des règles de fonctionnement entre l'enfant, les parents naturels, la famille d'accueil,

l'intervenant au dossier et le praticien ressource. -

Page 79: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

71

Voici, à titre d'exemple, quelques questions à se poser à cette étape :

• Quels sont les besoins d'ordre physique, émotif, intellectuel, scolaire, social de l'enfant et les caractéristiques générales de son milieu naturel ?

• Ces éléments font partie du diagnostic établi pour l'enfant, les parents, la famille, le réseau.

• Quelles sont les caractéristiques générales que l'on devrait rechercher chez la famille d'accueil qui reçoit ce client ?

• Attitudes affectives (chaleureuses, distantes, non envahissantes, attachantes, apprivoisantes, etc.).

• Façons de dispenser les soins. • Composition familiale (présence d'autres enfants). ¥ Habiletés particulières. • Contre-indications importantes.

• Quels sont les éléments qui devraient entrer dans le plan d'intervention pour le jeune ? • Besoins auxquels répondre. ¥ Plan de visites, contacts. ¥ Potentiel de retour chez ses parents ou dans sa famille étendue. • Place des parents dans l'intervention de la famille d'accueil.

• Quelle sorte de placement devrait-on envisager? • Longue durée (jusqu'à majorité, par exemple). • Placement intermittent. • Rôle attendu de la famille d'accueil (PIFA ou RIFA) (par exemple, en lien avec la place faite

aux parents, dans les soins aux enfants, etc.).

Élaboration d'un plan d'intervention Le placement de l'enfant en famille d'accueil devra s'inscrire dans un plan d'intervention proactif. En ce qui concerne le volet placement de l'enfant en famille d'accueil, on devrait,voir dans le plan d'intervention, les éléments suivants : • Consulter, informer les parents et l'enfant au sujet de la mesure prise et favoriser leur participation,

eu égard à leurs capacités. • Sauvegarder ce qui peut l'être en termes de liens d'attachement de l'enfant vis-à-vis les parents, la

, fratrie, le milieu. • Changer ce qui peut l'être en vue d'assurer le bien-être de l'enfant lorsqu'il retournera dans sa

famille. • Éliminer ce qui est néfaste à l'enfant dans ses rapports avec ses parents en contrôlant et

supervisant les contacts entre eux ou en les faisant interdire par le tribunal si c'est nécessaire. • -Assister activement le parent, l'enfant, la famille d'accueil tout au long du placement et plus

particulièrement pendant la période d'adaptation ainsi qu'au moment de la réinsertion familiale. • Clarifier et détailler les objectifs visés :

• Changements attendus dans un laps de temps déterminé pour les parents, l'enfant, le milieu et aide requise;

• Maintien du lien de l'enfant avec son milieu naturel : lieu, fréquence, durée et supervision. • Préciser la contribution spécifique de la famille d'accueil en lien ou les objectifs d'intervention.

Page 80: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

I 72

• Organiser desvisites préparatoires de l'enfant dans son nouveau milieu si c'est possible. • Demander la participation des parents lors du placement. • Profiter de la crise provoquée par le placement pour recadrer l'aide offerte à la famille naturelle. • Réviser le travail fait et ne pas hésiter à réorienter le dossier vers un plan de vie si aucun progrès

n'a été fait.

Le placement en famille d'accueil est une mesure extrême qui doit être prise avec beaucoup de précautions parce qu'elle est porteuse de lourdes conséquences pour l'enfant, pour le parent, pour le milieu.

La demande de placement appelle la mise en commun de l'expertise de tout le monde impliqué dans la mesure, y compris la participation de l'enfant, des parents et de la famille d'accueil.

Elle s'inscrit dans un plan d'intervention, révisé régulièrement où les interventions de toutes les parties impliquées sont claires.

Le rôle attendu de la famille d'accueil va dans le sens d'une connaissance des besoins de l'enfant placé, d'une participation accrue dans le plan d'iritervention, d'une place plus grande laissée aux parents naturels pour qui on favorise le maintien du lien d'attachement et parfois d'une implication à long terme dans le cadre d'un plan de vie si l'intérêt de l'enfant l'exige. Les intervenants ressources recevront la formation et la supervision à cette fin.

Page 81: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

73 (f

Conclusion

— ^

V - — J)

Le programme Ensemble pour les familles le P.A.I.N. est un programme de première génération. Il propose au personnel des CJM et à ses partenaires une façon de concevoir et d'intervenir dans cette problématique fort complexe. L'implantation du programme dans les différents territoire de CLSC de la Montérégie permettra la mise en place d'activités en intersedorialité pour répondre aux besoins des enfants, des parents et de leur famille dans leur communauté.

Au cours des prochains mois, le comité de programme poursuivra sa réflexion sur divers aspects de ce programme qui méritent d'être approfondis dont les liens avec la toxicomanie, la santé mentale, les autres programmes cliniques des CJM ainsi que le travail en intersectorialité dans les différents territoires de CLSC. Ces réflexions et les commentaires des personnes qui travailleront à la mise en œuvre du programme permettront une mise à jour de ce programme pour ainsi être à l'affût des connaissances et activités développées en négligence sur les différents territoires.

Le programme Ensemble pour les familles le P.A.I.N. est lancé et il appartient aux intervenants et aux décideurs de le rendre vivant pour répondre à cette clientèle en grand besoin.

Page 82: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

75

ASSOCIATION DES CENTRES JEUNESSE DU QUÉBEC (1998) Cadre de référence en matière de mauvais traitements physiques faits aux enfants.

ASSOCIATION DES CLSC ET DES CHSLD DU QUEBEC ET ASSOCIATION DES CENTRES JEUNESSE DU QUEBEC (1998) Services à la jeunesse, CSLC et Centres jeunesse. Des établissements qui s'appuient pour les services aux enfants, aux jeunes et à leur famille. Bibliothèque du Québec

BÉDARD, Jean (1999) Familles en détresse sociale Repères d'action Tome H, du social au communautaire. Sillery, Éditions Anne Sigier.

BÉDARD, Jean jl 998^ Familles en détresse sociale Repères d'action Tome I, du social au communautaire. Sillery, Editions Anne Sigier. <

BELPAIRE, François (1997) Synthèse de la recherche de J. Oxman-Marti nez : Deux modes d'intervention en négligence : une analyse comparative.

BLONFEMBREMMER, Urie (1979) The Ecology of Human Development, Cambridge , Harvard University Press.

CENTRES JEUNESSE DE LA MONTÉRÉGIE (2001), Modèle d'organisation clinique des services à la clientèle.

CENTRES JEUNESSE DE LA MONTÉRÉGIE (1998), Cadre de développement des programmes cliniques.

CHARBONNEAU, Johanne (19997 Rapport d'évaluation de l'implantation des projets PIF PAF POE INRS-Urbanisation.

COMITÉ AVISEUR par Denise G a g non (1996) Projet d'intervention intensive en négligence St-Hyacinthe et Acton Vale. Bilan synthèse Centres jeunesse de la Montérégie.

CRITTENDEN, P. (1988) 'Family and Dyadic Patterns of Funct ion ing in Maltreating Families. In K. Browne, C. Davies et P. Stratton. Early Prediction of Child Abuse. New York : Wiley.

DIORIO, Geneviève, FORTIN, Gilles et collaborateurs (1999) Croissance et développement, indices d'abus et de négligence chez/'enfant de la naissance à 5 ans. Montréal, Hôpital Sainte-Justine.

DUBÉ, R., St-JULES, M., Protection de l'enfance. Réalité de l'intervention. G a é t a n Morin, éditeur.

ÉTHIER, Louise, LACHARITÉ, Carl, GAGNIER, Jean-Pierre (1996) Prévenir la négligence. Groupe de recherche en développement de l 'enfant et de la famille

ÉTHIER, Louise, LACHARITÉ, Cari, GAGNIER, Jean-Pierre, PINARD, Pierre (1996) Engagement collectif et . négligence : indices de réussite. Groupe de recherche en développement de l'enfant et de la

famille.

Page 83: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

76

ETHIER, Louise, BIRON, Colette, PINARD, Pierre, GAGNIER, Jean-Pierre, et DESLAURIERS, Renèle (1998) Réussir en négligence. Groupe d e recherche en développement de l'enfant et de la famille.

FORUM NÉGLIGENCE (1998) Pour que l'essentiel ne manque pas, Association des Centres jeunesse du Q u é b e c .

GAUTHIER, S. (1997) Pif Paf Pof, aperçu des objectifs, Les Centres jeunesse de la Montérégie

http://www.clsc-sdchamplain.ac.ca/clsc/peri.htm

http: / /www.medicalpost .com/mdlink/french/member5/lacmed/data/2001/actu5.htm

http: / /www.rrsss16.aouv.qc.ca/4/spl 8.htm

KEABLE, Pierre (1996), La « carte des relations et du réseau », outils thérapeutiques dans les suivis éducatifs.

LAGÙE, Johanne et D.ONOVAN, Denise (1998) Programme intégré de services et d'interventions en périnatalité en Montérégie (Prinsip), Régie régionale de la santé et des services sociaux d e ta Montérégie.

LORD, Monique ET THIBAULT, Michel (1993), Manuel d'utilisation et d'interprétation de l'inventaire concernant le bien-être de l'enfant en lien avec l'exercice des responsabilités parentales (ICBE). Centre de recherche sur les services communautaires, Bibliothèque nationale du Québec .

OXMAN-MARTINEZ, Jacqueline (1993) La négligence faite aux enfants : une problématique inquiétante. Direction des services professionnels, Centre de protection de l 'enfance et de la jéunesse de la Montérégie.

OXMAN-MARTINEZ, Jacqueline, en collaboration avec DUDER, S. (1997) Deux modes d'intervention en négligence : une analyse comparative. Les Centres jeunesse de la Montérégie.

PALACIO-QU1NTIN, E., COUTURE, G. et PAQUET, J. (1995) Projet d'intervention auprès des familles négligentes présentant ou non des comportements violents. Groupe de recherche en développement de l 'enfant et d e la famille.

STEINHAUER, Paul (1996), Le moindre mal, la question du placement. Traduction de Denise Marchand , PUM, Montréal.,

Page 84: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

77

Annexe

Données statistiques pour la clientèle desservie en négligence sous la Loi sur la protection de la jeunesse

• Évaluations terminées dont la sécurité et le développement sont considérés compromis en 1999-2000, par alinéa et territoire de CLSC.

• Nombre total de prises en charge au 31 mars 1999, par alinéa et territoire de CLSC.

Page 85: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

ÉVALUATIONS TERMINÉES EN 99-2000 PAR ALINÉA ET CLSC (Sécurité et développement compromis)

Aittoi Données AbPhv Ab Sex Abandon Neal Tr corrto Total

LONGUE UIL EST NB 6 5 66 23 100 % ligne 6.00% 5,00% 0,00% 66,00% 23.00% 100,00%

• % colonne 5.13% 8,93% 0.00% 9.21% 4.26% 6,90% LONGUE LHL OUEST NB 1 2 46 17 66

% Inné 1.52% 3.03% 0.00% 69,70% 25.76% 100.00% % colonne 0.85% 3,57% 0.00% 6.42% 3.15% 4.55%

BROSSARD SAMUEL DE CHAMPLAIN NB 1 2 1 38 30 72 % liqne 1,39% 2,78% 1,39% 52.78% 41.67% 100,00% % colonne 0,85% 3.57% 5.26% 5,30% 5.56% 4,97%

ST HUBERT NB 5 3 3 18 35 64 % ligne 7.81% 4.69% 4.69% 28,13% 54.69% 100,00% % colonne A 27% 5.36% 15.79% 2,51% 6.48% 4.42%

VARENNES BOUCHER. DES SE IGNEUR NB 7 1 1 11 23 43 % ligne 16,28% 2,33% 2,33% 25,58% 53.49% 100,00% % colonne 5.98% 1.79% 5.26% 1.53% 4,26% 2.97%

SOREL DU HAVRE NB 4 2 35 18 59 • % Qgne 6,78% 0,00% 3.39% 59.32% 30.51% 100,00%

% colonne 3.42% 0.00% 10.53% 4.88% 3.33% 4,07% ST HYACINTHE DES MASKOUTA1NS NB 10 1 39 26 76

% liqne 13,16% 1,32% 0,00% 51,32% 34,21% 100,00% % colonne 8,55% 1.79% 0.00% 5.44% 4.81% 5.24%

ACTON VALE LACHENA1E NB 3 4 13 14 34 % Ggne 8.82% 11.76% 0,00% 38.24% 41.18% 100.00%

* % colonne 2.56% 7.14% 0.00% 1.81% 2,59% 2.35% BELOEIL VALLEE DES PATRIOTES NB 8 2 1 34 46 91

% liqne 8,79% 2,20% 1,10% 37.36% 50,55% 100,00% % colonne 6.84% 3.57% 5.26% 4.74% 8.52% 6.28%

CHAMBLY RICHELIEU NB 8 1 21 18 48 % ligne 16.67% 2,08% 0,00% 43.75% 37,50% 100.00% % colonne 6.84% 1.79% 0,00% 2.93% 3,33% 3.31%

GRANBY WATERLOO HAUTE YAMASKA NB 12 7 44 34 97 % ligne 12.37% 7,22% 0,00% 45.36% 35,05% ' 100.00% % colonne 10,26% 12.50% 0.00% 6.14% 6.30% 6.69%

FARNHAM COWANS. LA POMMERAIE NB 2 2 43 26 73 % ligne 2.74% 0,00% 2,74% 58,90% 35.62% 100,00% % colonne 1.71% 0.00% 10.53% 6.00% 4.81% 5.04%

ST JEAN VALLEE DES FORTS NB 15 9 1 97 68 190 % ligne 7,89% 4,74% 0,53% 51,05% 35,79% 100,00% % colonne 12,82% 16,07% 5,26% 13,53% 12.59% 13,11%

CHATEAUGUAY NB 10 3 1 46 34 94 % ligne 10.64% 3.19% 1,06% 48,94% 36,17% 100,00% % colonne 8.55% 5,36% 5,26% 6.42% 6.30% 6,49%

ST-REMI JARDIN DU QUEBEC NB 4 2 1 14 12 33 % ligne 12,12% 6,06% 3,03% 42,42% 36.36% 100,00% % colonne 3,42% 3,57% 5.26% 1.95% 2.22% 2.28%

DORION LA PRESQU'ILE NB 12 3 2 33 29 79 % Dgne 15.19% 3,80% 2,53% 41.77% 36.71% 100,00% % colonne 10,26% 5,36% 10,53% 4,60% 5.37% 5,45%

HUNTINGDON NB 1 2 20 6 29 % ligne 3,45% 6,90% 0,00% 68.97% 20.69% 100,00% % colonne 0.85% 3.57% 0.00% 2.79% 1.11% 2,00%

VALLEYF1ELD SEIGN. DE BEAUHARN NB 3 4 53 41 101 % Qgne 2.97% 3,96% 0,00% 52,48% 40.59% 100,00% % colonne 2.56% 7.14% 0,00% 7,39% 7.59% 6,97%

LAPRA1RIE KATERI NB 4 4 1 32 34 75 % ligne 5,33% 5,33% 1,33% 42,67% 45,33% 100,00% % colonne 3.42% 7.14% 5.26% 4.46% 6,30% 5,18%

Hors region NB 1 1 3 14 6 25 % ligne 4,00% 4.00% 12,00% 56.00% 24,00% 100,00% % colonne 0.85% 1.79% 15.79% 1.95% 1.11% 1.73%

Total NB 117 56 19 717 540 1449 Total % lîqne 8.07% 3.86% 1.31% 49.48% 37.27% 100.00% Total % colonne 100.00% 100,00% 100.00% 100.00% 100.00% 100.00%

Page 86: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

PRISE EN CHARGE AU AU 31 MARS 1999 doublons oremunia cat fTousl indice P Dcloi (Tous)

PCL0I1 CLSC1 Données AB PHY AB SEX ABANDON NEGL T R C O M P Total Chateauguay NB PCL011 2 3 6 109 68 188 Chateauguay

% Bane 1.06% 1.60% 3.19% 57.98% 36.17% 100.00% Chateauguay

% colonne 2.11% 3.33% 4.48% 7.34% 8.03% 7.09% Des maskoutains NB PCL0I1 7 16 12 78 47 160 Des maskoutains

% liane 4.38% 10.00% 7.50% 48.75% 29.38% 100.00% Des maskoutains

% cobnne 7.37% 17.78% 8.96% 5.25% 5.55% 6.03% Des Seigneuries NB PCLOI1 1 3 53 48 105 Des Seigneuries

% liane 0.95% 0.00% 2.86% 50.48% 45.71% 100.00% Des Seigneuries

% cobnne 1.05% 0.00% 2.24% 3.57% 5.67% 3.96% Du Havre NB PCLOI1 6 1 4 50 28 89 Du Havre

% Eane 6.74% 1.12% 4.49% 56.18% 31.46% 100.00% Du Havre

% cobnne 6.32% 1.11% 2.99% 3.36% 3.31% 3.36% Huntingdon NB PCLOI1 11 2 4 49 24 90 Huntingdon

% liane 12.22% 2.22% 4.44% 54.44% 26.67% 100.00% Huntingdon

% cobnne 11.58% 2.22% 2.99% 3.30% 2.83% 3.39% Jardin Que. NB PCLOI1 3 2 1 40 13 59 Jardin Que.

% liane 5.08% 3.39% 1.69% 67.80% 22.03% 100.00% Jardin Que.

% cobnne 3.16% 2.22% 0.75% 2.69% 1.53% 2.22% Kateri NB PCL011 9 6 7 76 51 149 Kateri

% Rane 6.04% 4.03% 4.70% 51.01% 34.23% 100.00% Kateri

% cobnne 9.47% 6.67% 5.22% 5.11% 6.02% 5.62% La Haute Yamaska NB PCL0I1 6 4 12 102 68 192 La Haute Yamaska

% liane 3.13% 2.08% 6.25% 53.13% 35.42% 100.00% La Haute Yamaska

% colonne 6.32% 4.44% 8.96% 6.86% 8.03% 7.24% La Pommeraie NB PCLOI1 3 7 12 62 32 116 La Pommeraie

% ligne 2.59% 6.03% 10.34% 53.45% 27.59% 100.00% La Pommeraie

% cobnne 3.16% 7.78% 8.96% 4.17% 3.78% 4.37% La Presqu'île NB PCLOI1 3 3 7 50 58 121 La Presqu'île

% liane 2.48% 2.46% 5.79% 41.32% 47.93% 100.00% La Presqu'île

% cobnne 3.16% 3.33% 5.22% 336% 6.85% 4.56% Lachenaie NB PCLOI1 2 5 20 13 40 Lachenaie

% none 5.00% 12.50% 0.00% 50.00% 32.50% 100.00% Lachenaie

% cobnne 2.11% 5.56% 0.00% 1.35% 1.53% 1.51% Longueuil Est NB PCLOI1 3 2 12 156 46 219 Longueuil Est

% liane 1.37% 0.91% 5.48% 71.23% 21.00% 100.00% Longueuil Est

% cobnne 3.16% 2.22% 8.96% 10.50% 5.43% 8.26% Longueuil Ouest NB PCLOI1 5 8 4 115 53 185 Longueuil Ouest

% liane 2.70% 4.32% 2.16% 62.16% 28.65% 100.00% Longueuil Ouest

% cobnne 5.26% B.89% 2.99% 7.74% 6.26% 6.98% RicheBeu NB PCLOI1 3 2 4 48 23 80 RicheBeu

% lia ne 3.75% 2.50% 5.00% 60.00% 28.75% 100.00% RicheBeu

% cobnne 3.16% 2.22% 2.99% 3.23% 2.72% 3.02% Samuel Champlain NB PCLOI1 5 2 9 77 40 133 Samuel Champlain

% lip ne 3.76% 1.50% 6.77% 57.89% 30.08% 100.00% Samuel Champlain

% cobnne 5.26% 2.22% 6.72% 5.18% 4.72% 5.02% Seign Beauharnois NB PCLOI1 7 4 3 109 48 171 Seign Beauharnois

% liane 4.09% 2.34% 1.75% 63.74% 28.07% 100.00% Seign Beauharnois

% cobnne 7.37% 4.44% 2.24% 7.34% 5.67% 6.45% St-Hubert NB PCLOI1 6 2 8 82 48 146 St-Hubert

% liane 4.11% 1.37% 5.48% 56.16% 32.88% 100.00% St-Hubert

% cobnne 6.32% 2.22% 5.97% 5.52% 5.67% 5.51% Vallée des Forts NB PCLOI1 8 17 13 161 90 289 Vallée des Forts

% fia ne 2.77% 5.88% 4.50% 55.71% 31.14% 100.00% Vallée des Forts

% cobnne 8.42% 18.89% 9.70% 10.83% 10.63% 10.90% Vallée Patriotes NB PCLOI1 3 2 2 26 44 77 Vallée Patriotes

% Bane 3.90% 2.60% 2.60% 33.77% 57.14% 100.00% Vallée Patriotes

% cobnne 3.16% 2.22% 1.49% 1.75% 5.19% 2.90% «N/A NB PCL011 2 2 11 23 5 43 «N/A

% liane 4.65% 4.65% 25.58% 53.49% 11.63% 100.00% «N/A

% colonne 2.11% 2.22% 8.21% 1.55% 0.59% 1.62% Total NB PCL0I1 95 90 134 1486 847 2652 Total % liane 3.58% 3.39% 5.05% 56.03% 31.94% 100.00% Total % colonne 100.00% 100.00% 100.00% 100.00% 100.00% 100.00%

Page 87: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

81

|Annexe

d Les Centres jeunesse de fa Montérégie

Démarche d'élaboration des programmes cliniques aux CJM

L'orientation adoptée par les CJM en matière de développement des programmes cliniques vise à soutenir et améliorer la qualité des services tout en associant le personnel à l 'élaboration des programmes cliniques. Nous tendons à redonner un sens à l'action clinique dans la réponse aux besoins de la clientèle au-delà de l'application des lois. Pour ce faire, le Cadre de développement des programmes cliniques (1998) préconise de développer les programmes selon cinq éléments :

1. Une référence aux documents existants sur le sujet Pour devenir des documents de référence commun pour le personnel des CJM, 1 es programmes cliniques doivent reposer sur certaines assises cliniques, organisationnelles et légales. Certains documents émanant de l 'environnement interne et externe sont pris en considération dans le développement des programmes cliniques puisqu'ils balisent les activités cliniques à réaliser auprès de la clientèle.

2. Une définition d'un langage commun Dans le but de se doter d 'un langage commun pour élaborer les programmes cliniques, nous proposons de définir ce qu'est un programme, un service, une activité clinique, un processus clinique, et un calendrier d'activités cliniques. Ces définitions de base se retrouveront dans c h a q u e programme clinique développé pour les CJM.

Un programme clinique est :, <0 Un ensemble organisé, cohérent et intégré d'activités cliniques réalisées simultanément ou

successivement, dans le but d'atteindre des objectifs déterminés, en rapport avec une problématique précise et ce, pour une population définie.

Un service à la clientèle est : => Une entité administrative distincte qui dispense des activités d 'ordre clinique et de gestion dans le but

d'actualiser les programmes, et à laquelle on consacre les ressources nécessaires (humaines, financières, informationnelles et matérielles).

Plus un service intervient dans un grand nombre de sphères de la vie du client, tel le service de réadaptation en internat, plus grand sera le nombre d'activités cliniques standardisées qui s 'appliqueront à l 'ensemble de la clientèle de ce service. Dans un service où l'intervention se limitera à un plus petit nombre de sphères de la vie du client, tel le service territorial, les activités cliniques seront moins standardisées d 'un client à l'autre.

Page 88: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

82

Une activité clinique est : Toute activité réalisée avec ou pour le client, par un intervenant des CJM, ex. : une entrevue, l'animation d'un groupe, une discussion de cas, une activité de réadaptation, la préparation d'un PI ou d'un PSI, la rédaction de notes évolutives ou d 'un rapport, l'utilisation d'instruments cliniques, etc.

•n> La séquence des activités cliniques réalisées avec ou pour le client du début à la fin de l'intervention et qui vise l'actualisation d 'un PI ou PSI. Cette séquence des activités cliniques se compose de : • l'accueil du client et de sa demande; • la collecte d'informations pertinentes sur l'enfant, ses parents, sa famille, son milieu ainsi que sur

le système d'intervention passé et pirésent où il est impliqué; • la formulation d 'une hypothèse clinique résultant de l'analyse des informations recueillies qui

permettront d'orienter l'intervention en fonction de cette compréhension; • la planification de l'intervention en concertation avec les usagers et avec les partenaires via

l'élaboration d'un PI et d'un PSI selon le cadre de référence élaboré sur le sujet; • la mise en application du PI ou du PSI; • la révision du PI ou du PSI conduisant à la fin de l'intervention, à la référence à un autre

organisme ou à la formulation d'un nouveau PI ou PSI s'il y a lieu.

Un calendrier d'activités cliniques est : <> Un instrument qui situe dans le temps la séquence d'activités cliniques à réaliser auprès d'un client

selon le programme de référence et qui précise les délais qui s'y rattachent.

A l'intérieur de chaque programme développé, nous nous référerons à ce langage commun, à des éléments de programmation spécifique en lien avec les besoins de la clientèle, l 'âge des clients, les spécificités d'intervention requises et les balises légales qui s'appliquent à ce programme.

3. Un développement des programmes cliniques par problématique Dans un souci d 'accorder la prépondérance aux besoins identifiés de la clientèle, nous préconisons de développer les programmes cliniques par problématique. Nous développerons cinq grands programmes cliniques : <=> abandon (troubles de l'attachement, plan de vie, adoption)

violence familiale (abus sexuel, abus physique, enfants témoins de violence conjugale) <=> négligence (absence de soins physiques, problèmes parentaux de mode de vie, de toxicomanie, de

santé mentale, de déficience et jeunes mères en difficulté d'adaptation) => troubles de la conduite (comportement intériorisé et extériorisé)

délinquance

Les trois premiers programmes concernent davantage des enfants victimes ou témoins de situations de vie qui nécessitent une intervention du réseau de servie es aux jeunes et à la famille dont particulièrement des CJM compte tenu de sa mission spécifique. Les deux derniers programmes se rapportent aux jeunes agissants pour lesquels notre collectivité doit mettre en place divers types de services et de moyens pour leur venir en aide. Bien que le programme délinquance ne soit pas du même ordre que les précédents, compte tenu du cadre légal qui conditionne la dispensation des services aux jeunes contrevenants et même des éléments de programmation contenus dans cette loi, nous préconisons de le considérer comme un programme au même titre que les autres.

Page 89: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

83

Dans le but d'intégrer les définitions de programme et service retenu avec les cinq programmes cliniques que nous entendons développer aux CJM dans les prochaines année, nous proposons de regrouper le tout dans une structure de programmes et de services qui prend la forme suivante :

Structure de programmes et de services des CJM

Services à

iB&rae

COLLABORATION DES C J M AU

DEVELOPPEMENT DES PROGRAMMES

REGIONAUX D'ORGANISATION

DE SERVICES

ENFANTS VICTIMES OU TEMOINS JEUNES AGISSANTS

AdoptkHi/rectierche <îes antécédents et retrouvailles, Expertise à la cour Supérieure

RTS/US, evaluation-orientation et revision

Intervention psychosodaleet réadaptation externe

RTF- RIR~(RRF, RRG, APR)

Unité 6 -12 ans, Foyer de groupe, tâtieu ouvert, fermé, Encadrement intensif

Santé Physique Santé publique Santé mentale

Jeunesse Toxicomanie

Déficience physique Déficience intellectuelle

H l l l l l i 1 1 1 1

Page 90: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

84

4. Un partage de responsabilités Le succès du développement des programmes cliniques repose sur l'animation de cette démarche par l 'équipe de la DSP en partenariat avec les directions des services à la clientèle responsables de l'implantation des programmes cliniques à l'intérieur des différents services des CJM. Pour supporter cette orientation, nous proposons la création de deux instances :

Les comités de développement de programmes cliniques (5), seront responsables de l 'avancement des actions concernant un programme. Animé par le conseiller aux programmes de la DSP, chaque comité se compose de 12 à 15 membres comprenant des intervenants experts sur le sujet, du secteur psychosocial et de la réadaptation, des chefs de service des différentes directions des services à la clientèle,„un conseiller en développement professionnel et des représentants des partenaires concernés par la problématique.

Le comité régional de coordination des programmes cliniques a pour mandat de se centrer sur le développement des programmes cliniques, leur implantation et le suivi de gestion requis. Animé par le conseiller aux programmes de la DSP, ce comité régional réunira, quatre fois l 'an, les chefs de service des directions des services à la clientèle, leurs directeurs respectifs, les conseillers en développement professionnel et la DSP. Ces rencontres auront pour objectif de consulter les participants sur les contenus développés, les activités d'implantation préconisées, d'obtenir l'adhésion des participants à l'implantation et à la gestion des programmes.

5. Une méthodologie structurée pour développer les programmes Pour développer les programmes, nous proposons une méthodologie qui partira des besoins de la clientèle, visera à élaborer, implanter et évaluer un programme avant d 'en faire la mise à jour en quatre phases selon un plan d'élaboration et un mandat attribués aux cinq comités de programmes :

Schéma de développëment des programmes cliniques

EVALUATION N

[ 1 de l'implantation 2 des résultats

/ inventaire ( des besoins

de la clientèle et dés i ra ratiques

Implantation diffusion et promotion

f du programme, \ formation du personnel,

support et suivi à l'Implantation

Elaboration du programme

par problématique et V selon ses composantes

Page 91: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

K 15,253 E 4423 Ex.2 AUTEUR:

BONNEAU, MARCEL GAUTHIER, SERGE

CENTRES JEUNESSE DE LA MONTEREGIE (LES)

TITRE : ENSEMBLE POUR LA FAMILLE : LE P.A.I.N. P R O G R A M M E D'AIDE INTERSECTORIEL EN N E G L I G E N C E

DATE NOM

13-15-ûl

Page 92: HV .Q44 B666€¦ · EXCELLART Dépôt légal : 1er trimestr e 2001 Bibliothèque national deu Québec r Bibliothèque national deu Canada ISBN: 2-921695-08-1 La reproductio totaln

K 15,253 Ex. 2


Recommended