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Mot de l’éditeur et président de la SHFQ

La SHFQ présente avec fierté son édition spéciale de la revue Histoires forestières du Québec consacrée exclusivement à la pratique privée en foresterie.

Des pionniers et piliers de la consultation privée en foresterie ont accepté de partager leurs souvenirs. Leurs textes nous présentent la naissance, l’évolution et la croissance de la profession. Certains de leurs collègues ont été interviewés alors que d’autres ont écrit sur les multiples champs de la pratique privée de même que sur son importance au sein de la foresterie québécoise autant qu’à l’international.

Grâce à une ligne du temps, le lecteur pourra mieux situer les grandes étapes de la consultation en foresterie. De plus, un logigramme, qui saura plaire aux férus d’histoire, présente les firmes québécoises, leur naissance, leur développement et parfois leur jumelage afin de répondre aux besoins.

La Société d’histoire forestière du Québec tient d’abord à remercier l’Association des consultants en foresterie pour la confiance accordée. Nos remerciements s’adressent également aux piliers de la consultation et à leurs collègues qui ont si généreusement contribué à cette édition de  la revue Histoires forestières, sans eux, le travail n’aurait pas pu se réaliser.

Ce projet s’est déroulé sur plus de 18 mois et il a nécessité de multiples rencontres de travail. Messieurs Gaétan Laberge et Pierre Mathieu, respectivement président et secrétaire général de l’ACF, monsieur François Rouleau, directeur général de la SHFQ, de même que la chargée de projet madame Aurélie Sierra se sont grandement investis dans la réalisation de cet ouvrage. En tant qu’éditeur, je m’en voudrais de ne pas souligner le travail et les efforts fournis par ces quatre personnes et les en remercier.

Aux membres et partenaires de la SHFQ, à l’Association des consultants en foresterie, ses membres, employés et collaborateurs de même qu’à tous nos lecteurs, nous souhaitons bonne lecture !

Gérard Lacasse Éditeur et président de la SHFQ

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Mot du président de l’ACFGaétan Laberge, ing. f.

POURQUOI UN NUMÉRO SPÉCIAL SUR LA CONTRIBUTION DES INGÉNIEURS FORESTIERS-CONSEILS EN PRATIQUE PRIVÉE ?

Jean-Louis Kérouac, ingénieur forestier émérite bien connu, a lancé en mai 2015, lors de la cérémonie marquant le 15e anniversaire de l’Association des consultants en foresterie (ACF), l’idée de publier l’histoire de la contribution des consultants en pratique privée à l’évolution de la foresterie.

Le présent numéro spécial de la revue « Histoires forestières du Québec » donne suite à cette idée originale que l’Association des consultants en foresterie a saisi au vol au début de 2016.

C’est avec plaisir que nous vous présentons, à l’aide de la complicité de la Société d’histoire forestière du Québec (SHFQ), ce numéro spécial dont l’objectif principal est de présenter un témoignage vivant et dynamique de la pratique privée en foresterie, notamment depuis les années 1960 1.

Au fil de l’évolution de la pratique privée de la profession d’ingénieur forestier, on peut constater la contribution importante des sociétés de génie forestier-conseil à l’évolution des connaissances forestières tant au Québec qu’à l’étranger. Si les industriels forestiers, les gouvernements à divers titres et la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l’Université Laval ont façonné au premier plan la foresterie au Québec, il faut souligner que des firmes de consultants privées ont développé plusieurs nouveautés technologiques dans l’aménagement des forêts et l’utilisation des multi ressources de la forêt. En somme, ce numéro se veut un regard sur le passé récent afin de ne pas oublier le chemin parcouru et percevoir, un tant soit peu, les défis actuels et à venir.

1 Définition de la pratique privée en foresterie au Québec retenue dans le cadre de la présente publication : « Exclus les sociétés ou organisations dont une partie importante de leurs contrats ou financement provient directement ou indirectement de sources gouvernementales. »

Pour l’Association des consultants en foresterie (www.acfquebec.com), il était temps de mettre sur papier les souvenirs des bâtisseurs des firmes de consultants en foresterie du début des années 1960 et d’en faire profiter l’ensemble de la communauté forestière. En effet, les premiers bureaux de consultants regroupant une équipe d’ingénieurs forestiers ont vu le jour principalement avec le début des inventaires forestiers décennaux des terres du domaine de l’État et l’avènement de la cartographie forestière à partir de photo-interprétation.

Certains des premiers artisans de sociétés de génie forestier-conseil nées au cours des années 1960 ont maintenant un âge honorable, mais ils ont gardé une grande passion pour leur profession. Ceux contactés au début de 2016 ont répondu de façon enthousiaste à notre appel afin de partager leurs expériences.

En tout premier lieu, il me revient de remercier les piliers collaborateurs suivants  : MM.  Robert Darveau-Royal Grenier, M.  Jean-Louis Kérouac, MM. André McNeil-Yvon Lussier et M. Serge Côté. La livraison de ces quatre-vingt pages de textes, photos et espaces publicitaires n’aurait pas été possible sans la collaboration initiale de recherche et de rédaction de ces piliers de la consultation privée en foresterie. D’autres ingénieurs forestiers ayant œuvré en pratique privée dans les secteurs de l’inventaire forestier, de la géomatique et de conseiller auprès de l’industrie forestière ont répondu à notre demande de collaboration. Ceux-ci ont relevé leurs manches, fouillé dans leur mémoire, dans leurs documents d’archives pour participer à la réalisation de ce portrait dynamique de cette belle histoire.

6- HISTOIRES FORESTIÈRES

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Enfin, ce numéro spécial est alimenté par des textes résultant d’entrevues réalisées au cours de l’été  2016 par Mme  Aurélie Sierra, sociologue de l’environnement, auprès d’une dizaine d’ingénieurs forestiers d’expérience ayant œuvré en pratique privée. Les services de Mme  Sierra ont été retenus par la SHFQ. J’aimerais aussi signaler le travail de M.  Pierre Mathieu, secrétaire de l’ACF, qui n’a pas compté ses heures pour coordonner le travail et solliciter les différents commanditaires de ce numéro. On lui doit entre autres la mise en forme du logigramme que le lecteur est invité à consulter dès les premières pages de ce numéro spécial qui permet de visualiser l’évolution des firmes de consultants offrant des services de génie forestier-conseil depuis les années 1925.

Finalement, nos remerciements vont à la Société d’histoire forestière du Québec (www.shfq.ca) et ses collaborateurs qui nous ont offert leur expertise et leur plateforme pour la publication de ces histoires uniques afin de ne pas les oublier.

Bonne lecture !

Le président de l’Association des consultants en foresterie

Gaétan Laberge ing.f., M. Sc.Président ACF 2015-2016 et 2016-2017Vice-président Consultants forestiers DGR depuis 1988

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DON DE PIERRE MATHIEU, FORESTERIE CONSEILS

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MERCI À NOTRE MEMBRE PARTENAIRE

8- HISTOIRES FORESTIÈRES

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POUR REMONTER L’HISTOIRE DES BUREAUX DE GÉNIE FORESTIER-CONSEIL DE 1925 À AUJOURD’HUIPar Pierre Mathieu, ing. f. (retraité), MGP

Source : Collection privée de Pierre Mathieu, ing. f., MGP

Pierre Mathieu a œuvré à titre de consultant pour Pierre Mathieu, foresterie inc. de 1999 à 2014, après plus de deux ans au sein du Groupe McNeil. Depuis juin 2011, il agit à temps partiel à titre de secrétaire général de l’Association des consultants en foresterie. Au fil de sa carrière ayant débuté en 1972, celui-ci a occupé les principales fonctions suivantes  : rédacteur des revues Forêt-Conservation et Opérations forestières et de scierie ; directeur de la mise en marché au Syndicat des producteurs de bois du Bas-St-Laurent ; attaché politique auprès de ministres responsables des forêts ; directeur des communications et président-directeur général de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec. En plus de sa formation en foresterie de l’Université Laval, M. Mathieu détient une Maîtrise en gestion de projets de l’Université du Québec et un certificat en information et en journalisme de l’Université de Montréal.

UN LOGIGRAMME QUI EN DIT LONG consultez le logigramme complet : http://www.acfquebec.com/index.php/fr/logigramme http://shfq.ca/wp-content/uploads/2017/05/Logigramme68.75x35-br.pdf

Le logigramme des sociétés de génie forestier-conseils (bureaux de consultants en foresterie)1 origine d’un premier jet réalisé par Serge Côté, ing. f. sur un napperon un samedi frisquet et tranquille de janvier 2016 dans un restaurant sur la rue Cartier à Québec. Celui-ci a œuvré de nombreuses années pour la société de génie forestier-conseil Tecsult, maintenant AECOM. Depuis peu à la retraite, M. Côté a été très actif pendant de nombreuses années au sein de l’Association des consultants en foresterie.

Au fur et à mesure des commentaires des doyens de la pratique privée et de membres de l’Association des consultants en foresterie, le logigramme s’est enrichi d’ajouts et de précisions au cours des mois suivants. Les entrevues réalisées par la sociologue de l’environnement, Mme Aurélie Sierra, au cours de l’été 2016, ont permis de préciser certains éléments. Enfin, des documents ont servi de référence, dont la biographique récente (2015) de Marie-Albert Bourget, pionnier des inventaires forestiers. Cet ouvrage relate que le début de la consultation en foresterie au Québec remonte aux années 1920. Des carrières en arpentage et en foresterie étaient alors souvent menées de front.

1 Définition de la consultation privée retenue dans ce logigramme est la suivante : « Exclus les sociétés ou organisations dont une partie importante de leurs contrats ou financement provient directement ou indirectement de sources gouvernementales fédérale ou provinciale. »

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10- HISTOIRES FORESTIÈRES

Ce logigramme ne prétend pas être complet, mais il constitue un bon portrait des principales sociétés de génie forestier-conseil ayant œuvré au fil des diverses périodes et régimes forestiers que le Québec a connus.

L’axe des abscisses, dont chaque division correspond le plus souvent à une période de cinq (5) ans, constitue la porte d’entrée pour avoir à la fois une vue d’ensemble et suivre l’évolution des principaux bureaux.

Des flèches en forme de biseau indiquent les liens entre les sociétés apparentées, les acquisitions et les fusions (voir les légendes dans l’encadré). Les pointes terminales des flèches indiquent les sens de l’évolution, le plus souvent dans une seule direction.

Les noms des sociétés offrant des services de consultation en 2016 (au sens de la Loi des ingénieurs forestiers) sont inscrits à la dernière ligne et sont mis en évidence par la flèche terminale en caractères gras.

Les trois sociétés dont les noms sont surlignés en jaune constituaient au milieu des années  1970 ce que d’aucuns considéraient alors comme étant les piliers de la consultation privée en foresterie au Québec. Des textes relatant l’évolution de ces trois bureaux de génie forestier-conseil peuvent être consultés au chapitre 4 de la présente publication.

UN EXEMPLE DYNAMIQUE

M. Marie-Albert Bourget, arpenteur et ingénieur forestier, a été le pionnier de l’inventaire forestier au Québec (vers 1925). Récipiendaire d’une bourse d’études, celui-ci a appris des techniques d’inventaire forestier en France et en Suède.

Au milieu des années  1920, M.  Bourget s’associe avec M.  Henri Bélanger, arpenteur, pour fonder la firme Bélanger, Bourget. Plusieurs années plus tard, les ingénieurs forestiers, M. Marcel Sirois (1957) et M. Gilles Walsh (1962) se joignent à cette firme et contribuent entre autres à l’arpentage et l’inventaire forestier des bassins de la rivière Manicouagan et de la rivière aux Outardes, travaux précurseurs à la construction de grands barrages hydro-électriques.

En 1966, Gilles Walsh se joint à Marcel Sirois et forme le bureau de consultants forestiers Sirois, Walsh et associés. L’année suivante, ceux-ci s’associent à une société de génie-forestier-conseil créée quelques années plus tôt par MM. Wilfrid Grenier et Roger Lafrance qui va opérer sous le nom de Grenier, Lafrance, Sirois, Walsh. En 1968, M. Hugues Fortin se joint à ce bureau. Après que quelques associés aient réorienté leur carrière — dont M. Marcel Sirois qui après un passage au Service de l’évaluation du ministère des Terres et Forêts fonda le bureau Les consultants forestiers MS inc. — la firme opéra à partir de 1973 sous le nom de Fortin, Walsh et associés.

En 1995, cette société est acquise par le bureau de consultants forestiers Del Degan, Massé et associés qui avait été fondée en 1987 par les ingénieurs forestiers Bruno Del Degan et Bernard Massé.

Cette société de génie forestier-conseil offre toujours des services de consultation.

D’autres exemples montrent que des firmes spécialisées et dédiées à la foresterie ont choisi au fil des ans de se diversifier ou de fusionner avec des bureaux de génie-conseil pluridisciplinaires. Le lecteur est invité à s’attarder à l’évolution, entre autres, des bureaux de consultants actuels AECOM, WSP, Roche/Forchemex et Consultants forestiers DGR inc.

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EXTRAITS DU LOGIGRAMME DES SOCIÉTÉS (FIRMES) PRIVÉES DE GÉNIE FORESTIER-CONSEIL DU QUÉBEC (1925 À 2016)

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EXTRAITS DU LOGIGRAMME DES SOCIÉTÉS (FIRMES) PRIVÉES DE GÉNIE FORESTIER-CONSEIL DU QUÉBEC (1925 À 2016)

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EXTRAITS DU LOGIGRAMME DES SOCIÉTÉS (FIRMES) PRIVÉES DE GÉNIE FORESTIER-CONSEIL DU QUÉBEC (1925 À 2016)

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LA TRAJECTOIRE D’UNE FIRME D’INGÉNIEURS FORESTIERS CONSEIL DE 1965 À 2016racontée par André McNeil et Yvon Lussier

1965-1971 : CRÉATION DE LA FIRME ET GRANDS PROJETS À LA BAIE-JAMES

En 1965, M. Robert L. Dumont, un ingénieur forestier natif d’Amos en Abitibi, fonde sa propre firme de consultation en foresterie, sous la raison sociale de Robert L. Dumont, ingénieur forestier conseil.

Dans un premier temps, M.  Dumont se donne comme mission de servir en priorité les intérêts des nombreux industriels de sciage des bois résineux de sa région natale. Ces derniers font alors face à un manque d’accès à la matière ligneuse, ce qui freine leur développement.

Monsieur Dumont a tôt fait de sensibiliser le ministre des Terres et Forêts de cette situation, d’autant plus que c’est alors son compatriote Me Lucien Cliche de Val-d’Or qui occupe cette fonction. Les représentations de M.  Dumont connaissent du succès. En 1965, plusieurs industriels du sciage de bois résineux se voient octroyer des concessions forestières d’une superficie de 50 ou de 100 milles carrés1, selon le cas.

Du même coup, celui-ci s’assure la fidélité de cette clientèle. Il réalise pour le compte de cette dernière divers travaux forestiers incluant la préparation des plans d’aménagements et d’exploitation, les calculs de possibilité à rendement soutenu, de même que les demandes de permis de coupe et les rapports

1 De 130 ou 260 kilomètres carrés.

annuels après coupe soumis au ministère des Terres et Forêts. À cette fin, il met sur pied une équipe de techniciens forestiers et de mesureurs.

Au cours des années suivantes, M.  Dumont poursuit ses représentations auprès des autorités gouvernementales dans le but de permettre aux scieries de bénéficier d’un accès accru à la ressource forestière.

En 1971, le gouvernement du Québec publie les nouvelles orientations de sa politique forestière. Celle-ci précise que l’État désire se donner les moyens de reprendre la gestion et le contrôle des ressources forestières laissés jusqu’ici aux concessionnaires forestiers. On y précise que les scieries de résineux pourront ainsi compter sur une source additionnelle d’approvisionnement qui leur avait échappé jusque là.

Par ailleurs, depuis 1967, l’intérêt pour la réalisation du projet hydro-électrique Nottaway-Broadback-Ruper (NBR) ne cessait de grandir. Ce projet consiste à déverser les rivières Nottaway et Broadback dans la rivière Rupert, dans le but d’implanter sur cette dernière sept centrales hydro-électriques d’une puissance combinée de 5 500  MW. Par ailleurs, des études étaient aussi en cours sur d’autres rivières, dont notamment la rivière La Grande. Le premier ministre du Québec de l’époque, M. Robert

André McNeil, ing. f., MBA Yvon Lussier, ing. f.,

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16- HISTOIRES FORESTIÈRES

Bourassa, annonce en grande pompe, le 29 avril 1971, la réalisation de ce qu’il qualifie de « projet du siècle », sans toutefois préciser les rivières choisies, ce qui fut fait un an plus tard en faveur de la rivière La Grande. Toutefois, les études sur les rivières NBR se sont poursuivies2.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/

Projet_de_la_Baie-James#Eastmain-1

Le 14 juillet 1971, la Loi créant la Société de développement de la Baie-James (SDBJ) est adoptée. La SDBJ est chargée de mettre en œuvre le projet du siècle. En décembre 1971, à la suite des revendications d’Hydro-Québec, la société d’Énergie de la Baie-James (SEBJ) est créée. Celle-ci devient une filiale de la SDBJ. Hydro-Québec en devient l’actionnaire majoritaire, gardant ainsi sa mainmise sur le développement hydro-électrique au Québec.

Monsieur Dumont et d’autres firmes d’ingénieurs forestiers conseils, multiplient alors les contacts auprès de la SDBJ, afin d’obtenir l’important contrat de la préparation des plans de récupération des bois qui seront inondés lors de la mise en eau des réservoirs. En association avec un concurrent, M.  Dumont met sur pied le Consortium Thériault, Dumont et celui-ci obtient le contrat tant convoité. Afin de le réaliser, M. Dumont fait alors appel aux services de M. Claude Blais, ingénieur forestier occupant alors le poste de directeur du Service des exploitations forestières au ministère des Terres et Forêts. Étant jusqu’à ce jour chargé de conseiller le ministère sur l’émission des permis de coupe dans les forêts publiques, M.  Blais connaît personnellement la plupart des industriels forestiers du Québec et son engagement a tôt fait de rapporter des dividendes à la société Robert L.

2 Le projet du complexe NBR fut définitivement abandonné en 2007.

Dumont et associés. Cette dernière connaît une croissance fulgurante et sa clientèle industrielle ne cesse de grandir.

1971-1994 : CONSOLIDATION ET EXPANSION

À partir de 1971, MM.  Dumont et Blais intensifient leurs représentations afin que soient entrepris sans tarder les travaux de récupération des bois des futurs réservoirs du projet NBR, ceux-ci étant susceptibles d’être perdus en janvier. Les deux consultants suggèrent également que la forêt constituée de vastes terrains vacants au nord de Matagami soit ouverte à l’exportation. En 1972, le gouvernent répond positivement à cette demande. Toutefois, la construction alors en cours de la route Matagami–Baie-James contraint l’accès au territoire pour les industriels. Entre-temps, les industriels se voient offrir des volumes additionnels de bois au sud de Matagami, au sein des futurs réservoirs du projet NBR.

En 1973, M.  André McNeil alors directeur général des opérations régionales au ministère des Terres et Forêts se joint à la firme de M.  Dumont. C’est alors que la société d’ingénieurs forestiers Dumont, Blais, McNeil et associés est créée. La vocation première de la société demeure, soit de maintenir son engagement envers les industriels indépendants du sciage du Québec.

À la suite au décès de M.  Dumont en novembre 1974, MM. Blais et McNeil décident de maintenir les activités de leur firme, après s’être assuré la fidélité de la clientèle. Forts de l’appui, MM. Blais et McNeil procèdent à la création de la société Blais, McNeil et associés inc.

La firme Blais, McNeil et associés inc. a pignon sur rue à Québec et devient l’une des plus importantes sociétés de génie forestier conseil de la province. La clientèle s’accroît, de même que la diversité de ses services. Toutefois, les deux associés ne perdent pas de vue l’importance de veiller aux intérêts des industriels non intégrés du sciage.

En 1974, la firme Blais, McNeil et associés crée la filiale Sylvitec inc., chargée des travaux forestiers pour le compte du ministère des Terres et Forêts et de leurs clients.

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Puis en juin 1976, MM. Blais et McNeil s’associent à MM. Jean-Marie Dumont et Jacques Bélanger pour créer la filiale Dendrotik, une société spécialisée dans le mesurage des bois abattus. À la suite des interventions de Dendrotik auprès des autorités ministérielles, la méthode de mesurage masse volume est approuvée. Des industriels de sciage confient alors à Dendrotik des mandats visant à vérifier le travail de leur mesureur, afin d’établir si ces derniers accomplissent leur tâche de façon rigoureuse.

Au milieu des années 1970, Blais, McNeil et associés inc. compte plus d’une centaine d’employés à temps plein et à temps partiel.

C’est également durant cette période que la firme a l’occasion de réaliser de nombreux mandats à l’international. Elle sera l’un des piliers de ce domaine aux côtés de Tecsult (anciennement Gauthier, Poulin et Thériault). Ses mandats se concentreront sur l’Europe, l’Amérique Centrale et l’Afrique. Des dossiers sont aussi traités avec des autochtones au Québec.

Source : Groupe McNeil, 2000. Assis : Louis-Marie Bouchard (Donohue), Simon Awasish, (chef du Conseil atikamekw), Paul Mequish (Scierie Opitciwan), Debout : Louis Clary (Scierie Opitciwan), Paul Bourque (Donohue), Jean-Claude Pronovost (Donohue) et André McNeil, lors de la signature de l’entente entre Donohue et les Atikamekws pour l’établissement d’une scierie en Haute-Mauricie.

1994-2010 : RÉORGANISATION ET TRANSITION VERS UN NOUVEAU RÉGIME

Ce n’est qu’en 1994, que MM.  Blais et McNeil décident de se séparer, M. Blais conservant Sylvitec inc. et M. McNeil, Dendrotik inc.

Monsieur André McNeil met alors sur pied le Groupe McNeil inc. La nouvelle société d’ingénierie forestière réunit des ingénieurs forestiers possédant plus de vingt ans d’expérience au chapitre de la gestion de la ressource forestière.

La structure du Groupe McNeil inc. s’apparente à celle de la firme défunte Blais, McNeil et associés inc. Elle offre à sa clientèle une gamme étendue de services dans les domaines suivants :

Inventaires forestiers

• Photo-interprétation, sondage

• Cartographie forestière et numérisation

• Géomatique forestière

Aménagement forestier

• Confection des plans d’aménagement forestiers et suivi

Planification des exploitations forestières

• Plans de récolte de la matière ligneuse

• Voirie forestière

Études de faisabilité

• Étude et analyse des coûts d’approvisionnement en matière ligneuse

• Stratégie de développement de l’industrie forestière

• Évaluation de projets industriels forestiers, incluant vente/acquisition

• Vérification diligente

Diagnostic et plans de redressement d’entreprises

Étude de projets de cogénération de seconde transformation et d’utilisation de la biomasse forestière

Arbitrage et consultation du litige

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18- HISTOIRES FORESTIÈRES

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Ces mandats vont évoluer au gré des changements de régimes forestiers et des transformations socio-économiques du milieu forestier.

Pour sa part, la filiale Dendrotik intervient dans les domaines suivants :

• Le mesurage des bois abattus

• La planification et l’exécution de travaux sylvicoles

Fait à noter, Dendrotik inc. ajoute à sa vocation première le créneau de la vente de petits équipements forestiers. Dendrotik compte sur une clientèle nombreuse dans l’ensemble des régions du Québec ainsi qu’à l’extérieur. Le 28 juin 2016, Dendrotik a fêté son 40e anniversaire.

PÉRIODE 2010 À AUJOURD’HUI

Le 1er avril 2010, la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier est adoptée par l’Assemblée nationale du Québec.

Il incombe au Forestier en chef et à son équipe de procéder au calcul des possibilités des unités d’aménagement de la forêt publique, de même que des territoires forestiers résiduels. Le ministre quant à lui, prend à sa charge la planification forestière, les interventions en forêt, leur suivi et leur contrôle, le mesurage des bois ainsi que l’attribution des droits forestiers. Cela a eu un impact important sur les mandats réalisés par les sociétés de génie forestier conseil.

CONCLUSION

Aujourd’hui, Le Groupe McNeil et Dendrotik se concentrent sur les activités reliées aux inventaires forestiers, aux analyses de tiges, à la photo-interprétation, à la cartographie numérique, au martelage, au mesurage des bois et à la vente des équipements techniques de foresterie.

MERCI À NOTRE MEMBRE VAN BRUYSSEL

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20- HISTOIRES FORESTIÈRES

MISE EN CONTEXTE HISTORIQUE

Au début des années  1960, les forêts du Québec recouvrent environ 631 000  km2. Si l’on enlève la superficie forestière couverte par les réserves forestières cantonales, spéciales, domaniales, lots de colonisation disponibles et terrains vacants, la forêt productive du Québec totalise 424 114 km2 dont 16 % appartiennent à des propriétaires privés.

En 1934, le régime des concessions forestières1 est instauré. En 1960, 82  % (215 000  km2) de la forêt publique productive est aux mains de 151 concessionnaires, dont plusieurs sont des compagnies de pâtes et papier détenant une forte proportion des concessions. Presque toutes ces compagnies

1 Secteurs de forêt publique concédés à des exploitants forestiers par le ministère des Terres et Forêts, permettant la récolte de volumes ligneux selon les possibilités établies dans un plan d’aménagement forestier couvrant la concession. À noter que certaines concessions avaient été accordées avant le régime de 1934.

LES ORIGINES ET L’ÉVOLUTION DE LA PRATIQUE

PRIVÉE, DES ANNÉES 1960 AUX ANNÉES 1990

ont leurs propres ingénieurs forestiers qui couvrent leurs besoins d’ingénierie forestière et de ce fait n’ont que rarement recours à des firmes de consultants en foresterie.

À la fin des années  1960, l’industrie du sciage est face à une hausse de la demande pour ses produits et cherche à se développer. Une modification de la Loi sur les terres et forêts en 1974 autorise la mise en œuvre du programme d’abolition graduelle des concessions forestières, ce qui constitue un pas vers une plus grande implication de l’État dans la gestion forestière.

À compter de 1960, la tenure et la gestion du domaine forestier évoluent comme l’indique le tableau suivant (Duchesneau, 2004, p. 11) :

Années Concessions Forêts domaniales

km2 km2

1961 216 142 1 272

1971 227 530 95 480

1981 154 433 300 638

1985 144 610 310 461

vues par Robert Darveau et Royal Grenier, piliers de la consultation privée en foresterie au Québec

Robert Darveau, ing. f., Fondateur de Consultants forestiers DGR inc (1961 à 1987)

Royal Grenier, ing. f., Consultants forestiers DGR inc (1971 à 1993)

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En 1986, la Loi sur les Forêts est adoptée, elle révoque les concessions forestières et amorce un virage important en matière de gestion forestière. Dorénavant, la possibilité forestière à rendement soutenu doit être respectée et des traitements sylvicoles doivent être effectués pour assurer la venue d’un peuplement équivalent à celui récolté. En 1987, 296 contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier (CAAF) sont attribués, favorisant d’abord les grandes compagnies papetières et les scieries, et assurant un approvisionnement pendant 25 ans.

RÉFLEXION SUR LE CONTEXTE FORESTIER ET L’ÉVOLUTION DE LA PRATIQUE PRIVÉE

Au fil des années, de 1961 à 1985, la tenure et la gestion du domaine forestier ont beaucoup changé. La superficie de la « forêt domaniale » passe d’à peu près zéro à 310 000  km2 et celle des « concessions » est réduite de beaucoup. Ce changement draconien du mode de tenure incite de nouveaux investisseurs à l’implantation de scieries et d’usines de pâtes et papiers. Cela favorise les activités des firmes d’ingénieurs forestiers qui se voient confier des mandats d’études d’approvisionnement et de rentabilité en regard de ces projets industriels.

Survol d’une forêt en Gaspésie.

Source : Consultants forestiers DGR, 1963.

Dans le Laval forestier2, promotion  1951, quatorze firmes d’ingénieurs forestiers-conseils s’annoncent et offrent leurs services. Ces ingénieurs

2 « Laval Forestier » est une revue des finissants en foresterie de l’Université Laval, elle a été publiée de 1942 à 1961 sous ce nom, puis est devenue « Laval forestier et géomètre » de 1962 à 1972.

forestiers en pratique privée deviennent dans les années  1960 des intervenants privilégiés auprès des instances gouvernementales du Québec et du Canada, de certains concessionnaires, de grands propriétaires privés et d’investisseurs potentiels dans l’implantation d’usines. Les firmes publicisées en 2015 comprennent cependant beaucoup plus d’ingénieurs forestiers que celles publicisées en 1951. De plus, elles font souvent état de l’appartenance à ces firmes d’autres professionnels comme des économistes, des biologistes, des urbanistes, des sociologues et autres spécialistes. En comparaison avec les publicités de 1951, aucune mention d’arpenteurs-géomètres n’est faite dans celles de 2015 que l’on retrouve dans le Répertoire des membres de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec..

DÉVELOPPEMENT ET TRANSFERT D’EXPERTISE

Le rôle des consultants ne consiste pas seulement à répondre à des besoins existants. Il est également nécessaire d’être à l’affût des clients potentiels et de développer de nouvelles façons de faire qui leur bénéficiera.

Par exemple, les consultants forestiers ont beaucoup contribué au cours des années à l’exécution de travaux d’inventaire forestier et de photo-interprétation dans les forêts publiques et privées du Québec. Une des avancées notables a été l’utilisation de photographies aériennes pour la localisation des travaux de terrain à partir du début des années 1960. Ensuite, les méthodes ont été développées pour caractériser les peuplements forestiers du Québec. Les premiers photo-interprètes sont apparus au Service de l’inventaire forestier du Québec au début des années 1960. Les firmes de consultants forestiers ont été un joueur important dans le développement de cette technologie et de ce nouveau mode de cartographie forestière.

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22- HISTOIRES FORESTIÈRES

Photo du lac Saint-Jean.

Source : Consultants forestiers DGR.

Au-delà des activités réalisées au Québec, les consultants québécois en foresterie ont été appelés à partager leurs expertises dans d’autres provinces canadiennes, ainsi qu’à l’international. À compter de 1968, l’année de fondation de l’ACDI (Agence canadienne de développement international), quelques firmes de consultants forestiers ont obtenu des mandats de cette agence fédérale et ont collaboré à des études forestières, particulièrement en Afrique.

ACTIVITÉS DE CONSULTANTS FORESTIERS DGR INC. AU QUÉBEC ET DANS D’AUTRES PROVINCES3

Notre firme a toujours continué à développer ses activités dans l’exécution de nombreux mandats reliés à la compétence des ingénieurs associés et nécessitant le développement du personnel à tous les niveaux. En ce qui concerne le

3 Cette firme portait le nom d’Omer Lussier et Associés durant les années 1960. Ensuite, entre 1971 et 1976 elle a porté le nom de Darveau, Grenier, Lussier et Associés. La première incorporation a lieu le 4 mai 1976 sous le nom de DGL consultants inc. puis successivement Darveau, Grenier, Routhier et associés inc., en 1982 et Consultants forestiers DGR inc. à partir de 1987.

gouvernement du Québec, les principaux mandats ont touché l’inventaire forestier, l’interprétation photogrammétrique et la cartographie forestière, l’implantation d’un système de placettes-échantillons permanentes, la confection de tarifs de cubage par région. Au chapitre de l’entreprise privée, de nombreux mandats ont été exécutés dans le cadre d’opérations courantes ou de nouveaux projets industriels.

Au cours de toutes ces années, notre firme a réalisé plusieurs projets qui ont influencé le développement du secteur forestier. Ainsi, à titre d’exemple de travaux réalisés au Québec :

• Plan de mécanisation des travaux forestiers de la Singer Manufacturing (premier mandat de la firme).

• Travaux forestiers de base pour l’implantation du Parc national de la Mauricie.

• Inventaire et cartographie de la Seigneurie de Beaupré appartenant au Séminaire de Québec.

• Inventaire canadien des terres.

• Calcul des approvisionnements de plusieurs industriels lors de la création des CAAF.

• Plusieurs dizaines de plans généraux d’aménagement forestier dans les aires communes et par la suite, dans les unités d’aménagement.

Équipe d’inventaires forestiers sur la Côte-Nord.

Source : Consultants forestiers DGR, 1965.

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Des études économiques de tous genres, parfois en collaboration avec d’autres firmes, ont aussi été effectuées pour le gouvernement fédéral et certains gouvernements provinciaux  : Saskatchewan, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve.

Un travail majeur a marqué les années  1970  : la cartographie forestière des terres publiques du Nouveau-Brunswick. DGR a entrepris les premiers contrats octroyés par le gouvernement de cette province ; puis les travaux ont été exécutés en association avec une firme de Frédéricton. Ils couvraient les contrôles terrestres, la photo-interprétation et la production de cartes forestières.

ACTIVITÉS DE CONSULTANTS FORESTIERS DGR INC. EN FORESTERIE INTERNATIONALE

À la demande des ministères de l’Industrie et du Commerce du Québec et du Canada, de la Banque Mondiale, de l’ACDI et de certaines firmes de

consultants canadiennes œuvrant à l’international, DGR, au fil des ans, a participé à des missions en foresterie internationale en Chine, en Malaisie, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guyane anglaise, au Madagascar, à Sainte-Lucie, etc.

CONCLUSION

Ce qui semble à retenir des décennies  1960 à 1990, années actives de nos carrières, c’est le changement draconien du mode de tenure et de gestion du domaine forestier au Québec. Ce remue-ménage favorise les firmes d’ingénieurs forestiers qui, avec une technologie évolutive dans leurs outils de travail, se voient confier des mandats d’étude d’approvisionnement et de rentabilité en regard de projets industriels.

BIBLIOGRAPHIE

Duchesneau, M. (2004), Gestion de la forêt publique et modes d’allocation de la matière ligneuse avant 1986, Rapport préparé pour la Commission d’étude sur la forêt publique québécoise.

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24- HISTOIRES FORESTIÈRES

Serge Côté a été impliqué pendant près de 40 ans dans l’exécution, la supervision et la coordination de mandats ainsi que dans la gestion et la direction d’unités administratives dans les domaines de la foresterie, de l’environnement et de la géomatique pour GPT et des compagnies affiliées.

LA FONDATION ET LES FONDATEURS

Gauthier, Poulin, Thériault limitée (GPT), a été fondée en mai 1967 par Marc F. Poulin, Jacques Gauthier et Georges R. Thériault. Marc F. Poulin a obtenu son diplôme en 1956 de la faculté de Foresterie et de Géodésie de l’Université Laval. Jusqu’à la constitution de GPT, il a travaillé à Québec en consultation privée, pour la firme Omer Lussier et associés. Il était un supporteur du parti conservateur provincial de l’Union Nationale. Son père avait été député de ce parti de 1945 à 1959. Jacques Gauthier a obtenu son diplôme en 1957. Il a par la suite obtenu en 1962 une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l’Université de Harvard. Georges R. Thériault a obtenu son diplôme en 1960. Parallèlement à ces études, il agissait comme organisateur politique au sein du Parti libéral du Québec. Par la suite, il entreprend des études en droit à Québec qu’il n’a pas terminées. C’est à cette époque qu’il établit des liens avec de nombreux politiciens fédéraux en devenir d’allégeance libérale. À partir de 1964, il travaille comme consultant indépendant et poursuit ses activités d’organisateur politique jusqu’à la fondation de GPT.

GAUTHIER, POULIN, THÉRIAULT LIMITÉE (GPT) : 50 ANS DE GÉNIE-CONSEIL EN FORESTERIE

Colligés et relatés par Serge Côté, ing. f. (chez AECOM de 1977 à 2015)

Marc F. Poulin, 1930 — 2008

Jacques Gauthier, 1934 — 2006

Georges R. Thériault 1941 — 2006

En 1968, les trois fondateurs s’adjoignent un nouvel associé en la personne de Marc V. Mercier. Ce dernier œuvrait dans l’industrie des pâtes et papiers depuis la fin de ses études. Ce quatuor d’ingénieurs forestiers a contribué à construire une firme de consultation multidisciplinaire toujours active 50 ans plus tard. Gauthier, Poulin, Thériault limitée, maintenant partie d’AECOM, a réalisée des mandats dans une gamme très étendue de domaines d’activités et de spécialités tant au Québec que dans plusieurs provinces canadiennes, ainsi que dans près d’une quarantaine de pays répartis sur cinq continents.

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L’ÉPOQUE DES FONDATEURS (1967-1982)

L’approche multidisciplinaire qui caractérise les activités de la firme s’est développée de façon empirique en fonction de la nature et la diversité des mandats qui ont été confiés à GPT dès sa fondation. Déjà, au début de la décennie 1970, la firme employait outre des ingénieurs forestiers et des techniciens forestiers, des ingénieurs civils, des évaluateurs, des architectes paysagistes, des aménagistes du territoire, des géographes, des économistes, des géomorphologues, des biologistes et même des informaticiens. La première cohorte de spécialistes de différentes spécialités a été recrutée pour la réalisation des travaux entourant les aménagements du Parc national Forillon. Cette approche multidisciplinaire a contribué à façonner l’identité de la firme et à teinter son évolution ainsi que son développement. Ce développement tous azimuts a aussi permis à la firme de collaborer à de nombreux projets innovateurs dans plusieurs spécialités. Cette ouverture à l’innovation s’est aussi propagée dans la culture de l’entreprise et a fortement contribué au développement de nouvelles expertises et de nouveaux marchés tant au Canada qu’à l’étranger.

Durant cette période, les mandats de cartographie et d’inventaire du ministère des Terres et Forêts (devenu le ministère de l’Énergie et des Ressources en 1979) et de clients privés, la réalisation de plans d’aménagement forestier, d’études de rentabilité et de faisabilité de projets industriels, les plans d’aménagement récréatifs, les études d’impacts de routes et de lignes de transport d’énergie, les projets de voirie forestière, les études fauniques, les études d’avant-projet de complexes hydroélectriques, les mandats internationaux, les plans et devis de projets industriels ont constitué le principal des activités de la firme.

Campements pour des inventaires forestiers à Matagami.

Source : AECOM (Tecsult), 1971.

Pour répondre aux besoins croissants et diversifiés en main-d’œuvre et en particulier dans le domaine forestier, plusieurs ingénieurs forestiers se sont joints à l’équipe. Plusieurs allaient, quelques années plus tard, contribuer au développement de la consultation privée en foresterie et dans des domaines connexes en fondant leurs propres firmes. En 1975, Jean-Guy Lajoie et Jacques Séguin quittent l’entreprise pour fonder la firme Lajoie, Séguin Consultants inc. spécialisée dans la transformation des bois. En 1977, Jean-Louis Blouin, quitte la firme avec quelques confrères pour fonder Le Groupe Dryade ltée. En 1979, un des fondateurs quitte la firme avec un jeune forestier pour fonder Gauthier, Parent et associés inc.

Ce départ oblige GPT à modifier son nom pour Groupe Poulin, Thériault limitée ce qui permit de conserver l’acronyme GPT. En 1980 Jean-Louis Kérouac quitte la firme pour mettre sur pied avec Jean-Guy Lajoie la division bois et forêts du Groupe Conseil Roche ltée. (Voir le logigramme.) Bien qu’à cette époque GPT ait servi d’incubateur pour plusieurs firmes, plus de 100 professionnels et techniciens y travaillaient à la fin de la décennie  1970. Au début de la décennie  1980, GPT s’est départi de certains secteurs d’activités qui étaient en forte décroissance et les a recentrées autour de la foresterie (nationale et internationale), des études de faisabilité technico-économiques de projets d’usine de transformation, de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’ingénierie traditionnelle.

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26- HISTOIRES FORESTIÈRES

L’INTÉGRATION À TECSULT (1982-2008)

En 1982, presque toutes les activités de GPT ont été acquises par Tecsult, une firme privée d’ingénierie dont le siège social est à Montréal. Tecsult œuvrait déjà à l’étranger, mais considérait que les activités outremer de GPT contribueraient à accroître son empreinte à l’international. L’acquisition lui permettait aussi de s’assurer une présence dans le marché de l’ingénierie à Québec et d’ajouter de nouvelles expertises en foresterie et en environnement à son offre de services au Québec et en particulier auprès d’Hydro-Québec. L’acquisition a fait quelques victimes collatérales, dont Marc V. Mercier qui avait rejoint les trois fondateurs en 1968. Il fondera sa propre firme de consultation Marc V. Mercier et associés. Une partie de l’équipe en environnement quitte la firme aussi. À la suite de l’acquisition par Tecsult, le nom de la firme a été changé pour Poulin, Thériault inc. (PTI)

Débris ligneux au réservoir LG2.

Source : AECOM (Tecsult), 1983.

Le marché de l’international, les marchés d’Hydro-Québec/Société d’Énergie de la Baie-James (SEBJ) et du ministère de l’Énergie et des Ressources (MER) en inventaire et en cartographie sont toujours très actifs. Les études d’impact pour des projets industriels, routiers, et portuaires ainsi que des études sur la grande faune terrestre pour le tandem Hydro-Québec/SEBJ ont connu une forte progression alors que le marché de l’ingénierie est en croissance rapide. De 1983 à 1986, les services de foresterie et d’environnement de la firme supportent Tecsult qui s’est vue confier la conception et la gérance de la construction de nombreux projets d’extension du

réseau gazier au Québec. L’année  1985 marque le retour du Groupe Dryade ltée chez Tecsult. L’arrivée de Dryade a permis de consolider les activités en inventaire et en cartographie, en environnement et à ajouter de nouvelles expertises en écologie forestière (milieux humides, flore, végétation, etc.). Les activités dans le domaine de la transformation du bois et en particulier dans l’industrie du sciage et de la seconde transformation sont en forte croissance.

En 1986, Bruno Del Degan quitte Tecsult et fonde en 1987 sa propre firme de consultation Del Degan, Massé et associés. En 1987 aussi, les deux fondateurs toujours à l’emploi de la firme ont quitté, à l’échéance de leur contrat d’engagement avec Tecsult. Marc  F. Poulin a continué à œuvrer comme consultant indépendant et Georges R. Thériault rallie les rangs de la fonction publique québécoise. L’année  1987 est aussi marquée par les premières réalisations de la firme en écologie forestière à l’international (Mali, Niger, Sénégal). Deux évènements qui allaient contribuer au développement et à la diversification des activités de la firme surviennent à la fin des années  1980. En 1988, le MER annonce la géomatisation de la production des données du prochain inventaire décennal. Dès lors, la firme engage de jeunes ingénieurs forestiers formés dans le domaine pour piloter son système. Ce nouveau domaine d’affaires allait constituer une étape charnière dans le développement futur de la firme. En 1989, Hydro-Québec/SEBJ confie à PTI le marquage de la cote supérieure du futur réservoir  LG-1 du complexe La Grande en utilisant une technique développée par la firme quelques années auparavant. Cette technique sera appliquée pour délimiter toutes les zones à déboiser à l’intérieur de tous les nouveaux réservoirs qui seront créées par la société d’État jusqu’en 2010 environ.

La décennie  1990 s’amorce en force pour tous les secteurs d’activités. L’année  1990 marque le retour de Jean-Louis Kérouac à titre de vice-président foresterie chez Tecsult avec le mandat d’accroître les activités sur le marché international. Le volume d’affaires est en expansion. Au Québec, PTI et Dryade obtiennent seules ou en association avec d’autres consultants d’importants marchés d’Hydro-Québec/SEBJ dans de nombreux avant-projets de centrales. Simultanément à ces projets Hydro-Québec confie à PTI de multiples mandats de suivis de mise en eau

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de centrales existantes et de déboisement de lignes de transport d’énergie. SEBJ confie aussi à la firme un important mandat d’inventaire de la sauvagine pour une partie du complexe La Grande. Les mandats avec le ministère des Ressources naturelles (MRN) se multiplient  : conversion numérique des cartes forestières du 2e décennal ; implantation de l’ortho imagerie numérique (voir le texte sur l’historique de la géomatique forestière en pratique privée au Québec) ; instauration du programme de connaissance écologique. En 1991, PTI s’investit dans les mandats d’observation de la terre (OT/télédétection) pour répondre aux occasions qui se dessinent dans les marchés locaux et internationaux principalement dans le domaine forestier. En 1992, Tecsult fait l’acquisition de la firme Les Consultants SOGEAM inc. qui offre des services en géomorphologie, en environnement (milieu humain) et en observation de la terre. En 1995, le marché de l’industrie du bois qui avait connu un léger ralentissement depuis le début de la décennie est réactivé tant au Québec qu’à l’international et plusieurs ingénieurs forestiers spécialisés en génie du bois se joignent à la firme. La même année, la firme obtient son premier projet de recherche et développement (R et D) en observation de la terre (OT) de l’Agence Spatiale canadienne (ASC) pour le développement d’applications principalement dans le domaine forestier. En 1996, les activités en environnement et en géomatique du bureau de Tecsult à Montréal, provenant de l’acquisition de SOGEAM, ainsi que les activités en environnement du bureau de Québec sont regroupées avec celles de foresterie afin de créer une masse critique de ressources et une plus grande synergie.

Aussi, pour combler les besoins d’expertises, de nombreux nouveaux spécialistes en environnement se greffent à la firme (faune terrestre, grande faune, oiseaux forestiers, etc.). En 1997, Tecsult ouvre un bureau à Baie-Comeau pour développer le marché de la Côte-Nord dans les domaines de la foresterie et de l’environnement. Au tournant des années 2000, la firme emploie environ 150 personnes, dont 30 ingénieurs forestiers, ce qui fait de la firme le plus important employeur privé d’ingénieur forestier au Québec.

En 2001, Jean-Louis Kérouac prend une pause pour occuper le poste de secrétaire général du XIIe Congrès forestier mondial qui s’est tenu à Québec en 2003. Le niveau d’activités se maintient dans le domaine de la foresterie nationale et il est en forte progression dans

les domaines de l’environnement, de la géomatique, de la télédétection et de l’ingénierie. Les projets sont encore abondants en foresterie internationale, mais une diminution des activités est anticipée. À peu près à la même époque, Tecsult revoit son mode de gestion. Les activités de foresterie, d’environnement, de géomatique et de télédétection des bureaux de Québec, Montréal et de Baie-Comeau ainsi que les activités de cartographie et de géomatique de Gendron Lefebvre inc. acquise par Tecsult en 1986 sont regroupées.

En 2003, de nouveaux changements viennent modifier la structure de l’organisation. C’est à ce moment que la raison sociale de Gauthier, Poulin, Thériault limitée est abandonnée comme entité autonome. Jean-Louis Kérouac est de retour en 2004 avec pour mission de relancer le volet de foresterie internationale. C’est le début de l’aventure de l’inventaire forestier au Mexique qui prendra fin en 2012. Cependant, les conditions gagnantes ne sont plus réunies et le secteur poursuit son déclin. Le secteur de l’industrie du bois est également durement affecté par le contexte économique et la concurrence des fournisseurs d’équipement. Au plan national, la firme décroche d’importants mandats de cartographie et d’inventaire au Yukon (2004) et en Ontario (2007). En environnement, les études d’impact pour Hydro-Québec et le ministère des Transports se poursuivent. La firme réalise le premier mandat d’interprétation en 3D à l’écran pour le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF).

L’INTÉGRATION À AECOM (2008 — …)

En 2007, Tecsult est acquis par AECOM une firme d’ingénierie d’envergure mondiale. AECOM était déjà présente dans de nombreux pays, mais l’acquisition de Tecsult lui permet d’étendre son offre de services aux pays francophones du continent africain, de s’assurer une présence dans le marché de la consultation au Québec et de bonifier son expertise dans le domaine de l’hydroélectricité. En contrepartie, Tecsult s’intègre à un réseau mondial d’expertise incluant entre autres des spécialistes de la forêt, de l’environnement et de la géomatique.

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28- HISTOIRES FORESTIÈRES

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Travaux d’inventaire au Cameroun, 1985-1987.

Source : AECOM (Tecsult).

Simultanément à son acquisition par AECOM, Tecsult procède à l’acquisition de la firme Alliance Environnement inc. de Trois-Rivières qui œuvre principalement en environnement (étude d’impact, faune aquatique, milieu humide, impact social, érosion des berges, etc.) ainsi qu’en géomatique. Forte de ses 40 années d’expérience sur le territoire de la Baie-James, la firme fonde en 2009, en partenariat avec le Dr Ted Moses, KAWESHEKAMI ENVIRONNEMENT inc. laquelle est engagée dans le transfert des connaissances vers la nation crie.

En 2010, AECOM embauche tout le personnel de foresterie du Groupe ALTA. Cette acquisition lui a permis d’accroître sa capacité dans le domaine de la cartographie forestière, mais surtout de s’investir dans la gestion et la planification des exploitations forestières et d’acquérir de l’expertise dans la technologie LiDAR. En 2011, Jean-Louis Kérouac prend sa retraite.

L’AVENIR

Depuis le début de la présente décennie, de nombreux vents contraires sont venus perturber les activités en foresterie, en environnement et en géomatique. Les grands projets de développement sont moins nombreux. La concurrence est vive. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), qui était l’un des principaux donneurs d’ouvrages s’approprie de nombreuses activités autrefois réalisées par les consultants. À l’international, de nouveaux marchés émergent, dont celui des changements climatiques. Considérant l’agilité dont elle a toujours fait preuve face aux opportunités qui se présentaient, la firme saura relever les défis qui lui permettront d’assurer son développement futur.

MERCI À NOTRE MEMBRE VAN BRUYSSEL

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30- HISTOIRES FORESTIÈRES

La place du consultant en foresterie dans son domaine d’expertise n’est jamais acquise. Si l’on observe les trajectoires des uns et des autres, on se rend rapidement compte que cette profession doit continuellement s’adapter aux changements, notamment avec l’arrivée de nouveaux régimes forestiers. En effet, au Québec, plusieurs éléments sont venus transformer en profondeur la clientèle, les besoins, les mandats, ainsi que les façons de travailler.

L’IMPACT DES POLITIQUES FORESTIÈRES SUR LA PROFESSION DE CONSULTANT EN PRATIQUE PRIVÉE

De façon générale, on peut considérer que le rôle du consultant consiste à apporter une expertise spécifique qui fait défaut dans une chaîne de valeur (par manque de connaissances ou manque de temps) ou qui vient en appui dans l’exécution de programmes ou projets de grande ampleur. Il vient donc soutenir ladite organisation afin de remplir ses mandats et ses objectifs. Les régimes forestiers qui se sont succédé au Québec ont, au fil des années, apporté d’importants changements sur les rôles et responsabilités des différents acteurs impliqués dans la gestion forestière. On comprend alors que les besoins des clients, ainsi que le positionnement des consultants sur le marché vont être amenés à se modifier à chaque régime forestier. Jean-Louis Kérouac, par exemple, insiste sur l’importance qu’a eue l’annonce de la révocation des concessions forestières (1970) sur le marché de la consultation privée :

UNE PROFESSION

EN CONSTANT MOUVEMENT

Par Aurélie Sierra, consultante, sociologue de l’environnement, M. Sc.

« Ce qui est vraiment important dans l’histoire de la pratique privée, c’est la révocation des concessions, cela a permis de créer une bourgeoisie d’industriels forestiers, grande consommatrice d’expertise québécoise. Ça a permis d’enrichir les Québécois et pas seulement les actionnaires des compagnies étrangères. Cela a donné du travail autant pour mettre fin aux concessions par les évaluations, mais aussi en libérant des ressources forestières qui ont été attribuées à des industriels qui ont fait des scieries. C’est donc tout à fait majeur. »

Effectivement, comme l’explique Gilles Walsh, certaines firmes saisiront cette occasion pour continuer à développer leurs activités.

« Quand le régime des concessions s’est terminé, avec tous les clients que l’on avait, cela nous a donné beaucoup de travail d’évaluation. Le gouvernement a commencé à payer pour la valeur dépréciée des chemins forestiers. On était très impliqué dans ces évaluations et dans les négociations avec le service d’évaluation du ministère qui gérait les forêts. Donc ça nous a donné beaucoup de travail de passer d’un régime à l’autre. »

C’est à cette époque comme on peut l’observer sur le logigramme en début de revue que le marché de la consultation privée en foresterie prend son ancrage. Les firmes travaillent auprès d’entreprises et d’organisations en demande d’une expertise spécifique qui n’a pu être développée à l’interne ; cela pouvait toucher autant la planification que la stratégie économique. Elles vont également pouvoir consolider leur rôle dans un domaine important,

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celui des inventaires forestiers. En effet, dans les années 1970 le Québec se réinvente et commence à vouloir mieux comprendre la place de son territoire forestier dans son développement socio-économique.

« Un auteur dont j’oublie le nom a dit que les deux plus grandes richesses d’une nation ce sont sa population et son territoire. Au Québec, le territoire forestier appartient à plus de 85  % à l’État. Il est d’ailleurs bon de rappeler que l’ingénieur forestier est responsable de ses actes envers la population pour l’aménagement adéquat des forêts publiques de par les attributions que lui confère la Loi sur les ingénieurs forestiers. » Jean-Louis Kérouac

En 1970 débutent les programmes décennaux d’inventaires forestiers. Les forêts publiques du Québec sont inventoriées tous les dix à quinze ans afin d’évaluer les superficies, les essences, les volumes de bois disponibles, etc. Ce sera pendant longtemps l’un des principaux champs d’activité des consultants en foresterie qui vont développer l’expertise, l’ingénierie et les outils dont le gouvernement a besoin pour réaliser ces inventaires. Si la fin des concessions forestières a ouvert un marché, les inventaires décennaux ont permis de le stabiliser. Les consultants en foresterie sont devenus un joueur important, se mettant au service de tous les acteurs de l’économie forestière dans la gestion forestière au Québec.

Les régimes forestiers changent le contexte de travail, les rôles de chacun et la structure économique du marché. Cela oblige les consultants à se réinventer régulièrement. Se réinventer, cela signifie être capable d’anticiper certaines transformations afin d’être prêt lorsque les clients exprimeront un besoin ou une demande. Le consultant forestier ne peut donc se satisfaire de développer son expertise dans un créneau et se reposer sur l’idée que ce besoin sera toujours présent.

L’adaptation est parfois difficile, le dernier régime forestier adopté en 2010 et mis en œuvre depuis 2013 a ébranlé la sphère de la consultation privée. Le gouvernement a repris des responsabilités importantes qui jusqu’alors avaient été confiées à l’industrie forestière. La planification est désormais une responsabilité exclusive du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), ce qui amène des changements considérables dans le volume et la nature des mandats attribués aux consultants.

« Un bon exemple, c’est lorsque le gouvernement se réapproprie quelque chose qui était confié au privé auparavant. Prenons la planification en forêt publique, avant c’étaient les entreprises qui s’en occupaient, mais elles n’avaient pas toujours les compétences à l’interne, donc elles la confiaient à des consultants. Maintenant, le ministère a repris cette planification et la fait à l’interne. Donc, dans les bureaux de génie forestier, certains ont perdu leur emploi ou ont été embauchés par le gouvernement pour poursuivre le même travail. Nous on en fait très peu aujourd’hui de la planification forestière comparativement à avant. On a une personne à mi-temps, comparativement à une équipe de 3 ou 4 personnes à l’époque ! Donc, nos clients changent en fonction des changements de politiques et du contexte économique de l’industrie. » Bruno Del Degan

La Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier, communément appelée « nouveau régime forestier » a profondément transformé les rôles et responsabilités portés par les acteurs du secteur forestier.

Inventaire de suivi des effets réels pour le compte de la Direction de la Recherche fores-tière, août 2016, Témiscamingue.

Source : Groupe DDM.

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32- HISTOIRES FORESTIÈRES

En effet, l’instabilité de la situation actuelle est également causée par la fragilité du secteur forestier qui depuis quelques années vit des moments difficiles. La tendance est à la réduction de coûts, ce qui signifie souvent se passer de l’expertise externe pour pouvoir garder ses salariés. Ce qui est important de comprendre aussi, c’est que la vulnérabilité aux aléas politiques et économiques devient très importante lorsque l’on travaille en région où le principal client est l’industrie. C’est ce que vit en ce moment Paul Bouvier avec sa firme, le Groupe CAF, basé en Abitibi.

« Pour nous qui avons beaucoup tablé sur la grande industrie, c’est très difficile, notre chiffre d’affaires a baissé de 30  %. Dans une crise forestière, ce qui va affecter une firme comme la nôtre, c’est que la compagnie va enlever de l’ouvrage à ses sous-traitants plutôt que de faire des mises à pied. »

Au-delà du changement, ce qui compte c’est le processus qui amène à l’adoption des nouvelles pratiques. Selon certains consultants rencontrés, la transition vers le nouveau régime est complexe, cela a jeté un flou persistant sur les rôles et responsabilités de chacun et a provoqué un glissement vers le modèle du client unique que devient le MFFP. Deux éléments rendent le positionnement des firmes compliqué, elles qui misent sur la diversité des clients et la visibilité des besoins futurs de ces mêmes clients.

Ainsi, l’adaptabilité devient une partie du savoir-faire du consultant ou tout du moins, son quotidien. Cela exige d’être visionnaire, de prendre des risques en investissant dans des secteurs encore peu connus ou parfois de délaisser certains secteurs qui deviennent obsolètes.

« En ce moment, le travail diminue beaucoup dans les inventaires, on doit s’y adapter. Ils développent des méthodes visant à optimiser l’utilisation des données des capteurs aéroportés, tels les capteurs LiDAR, se traduisant théoriquement par un besoin réduit en mesures directes sur le terrain. Cela change beaucoup les choses et comme le ministère réalise ces développements avec ses ressources internes, certaines firmes ne feront éventuellement plus d’affaires si on diminue l’échantillonnage et la photo-interprétation. » Guy Rochette

« Par exemple aujourd’hui ce qui fonctionne bien, c’est l’agrile du frêne, mais dans quelque temps, ce champ va disparaître. Il y en a déjà eu des champs qui ont disparu, comme la télédétection ou encore le dessin à l’encre, ici on avait cinq personnes à temps plein, on n’a plus personne aujourd’hui. Donc il faut s’adapter constamment. » Bruno Del Degan

AMORCER LE CHANGEMENT POUR CONSTRUIRE SON AVENIR

Une partie importante de l’activité des sociétés de génie forestier-conseil consiste à imaginer de nouvelles façons de faire ou de créer des outils novateurs qui pourraient faciliter leurs interventions, les rendre plus rentables et ainsi, mieux répondre aux besoins des clients. De la même façon que les régimes forestiers, le développement technologique et l’évolution des méthodes de travail vont influer sur la structure des firmes et le rôle du consultant. Le grand virage technologique des années 1990 a été pour beaucoup une période d’innovation, d’euphorie même. Cependant, le défi était de taille. Il a fallu apprendre, créer, s’approprier et transmettre ces mutations. L’expertise du consultant professionnel en foresterie ne se résume plus à la gestion des ressources forestières, il faut aussi apprendre à devenir un développeur de nouvelles technologies.

Les firmes vont réussir ce virage technologique et vont même en tirer profit au point d’en faire un créneau. Dans le domaine des inventaires, de la photo-interprétation et de la géomatique le rôle qu’ont joué les firmes québécoises de génie-conseil forestier dans la recherche et développement a été considérable, tant pour le marché local qu’international. Leur force a certainement été de comprendre que s’ils investissaient et savaient se rendre indispensables dans ce domaine, le gouvernement et les entreprises se positionneraient en appui à leurs services au lieu de développer eux-mêmes ces créneaux. Ils ont anticipé, créé le marché et occupé la place de leader.

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« Quand j’ai cessé ma pratique en 2012, le Québec était parmi les provinces et même les pays les plus avancés au niveau de la géomatique forestière. C’est en grande partie grâce aux bureaux de consultants et au fait que le ministère avait des besoins importants de ce côté-là et acceptait de faire des partenariats avec le privé pour y parvenir. » André Carle

« Les premiers projets LiDAR qui se sont faits au Québec avec la participation du ministère, ça s’est fait chez AECOM. Ça a été développé pour régler des problèmes de coût et d’approvisionnement dans le parc des Laurentides. L’ingénieur forestier chargé du projet pensait que l’utilisation du LiDAR en foresterie permettrait de sécuriser les approvisionnements et de réduire les coûts. Ça fait partie du rôle du consultant de provoquer les changements et l’innovation notamment lorsque vous exercez dans un autre contexte économique instable et très compétitif » Serge Côté.

Source : AECOM.

COMPRENDRE LA FORÊT DIFFÉREMMENT, C’EST EXERCER SON ACTIVITÉ DIFFÉREMMENT

Un autre élément qui devient un intrant majeur à la façon dont se définit le rôle du consultant est la compréhension que l’on a de l’écosystème forestier et les changements d’approches qui vont en découler.

Si à une époque le consultant en génie forestier comme les autres ingénieurs forestiers était principalement un gestionnaire de la ressource ligneuse, aujourd’hui les perspectives ont changé. Grâce notamment aux travaux du groupe Dryade, l’écologie forestière est entrée dans les mœurs. Depuis le début des années 2000, la forêt est pensée comme un milieu, intégré dans des écosystèmes complexes et interdépendants. Le consultant en foresterie doit à nouveau élargir ses compétences, ses champs d’intervention et s’inscrire dans la multidisciplinarité :

« Les apôtres de l’écologie forestière ce sont Jean-Louis Blouin, Claude Desloges, etc. C’est grâce au groupe Dryade que l’on a développé les connaissances et l’approche plus opérationnelle à ce niveau. L’intégration des éléments écologiques que l’on connaît aujourd’hui vient de là, c’est venu du privé et ça a changé toutes nos façons de faire. On les voyait comme des extraterrestres à l’époque, mais c’est eux qui ont eu raison. » Serge Côté

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34- HISTOIRES FORESTIÈRES

« C’est un gestionnaire des écosystèmes, plus uniquement de la ressource ligneuse. On ne peut plus rester juste entre forestiers, on doit s’ouvrir pour que les gens deviennent, en équipe, des gestionnaires de milieux et d’écosystèmes forestiers. C’était comme ça chez Tecsult [aujourd’hui AECOM], on avait de grosses équipes  : des forestiers, des biologistes, des géologues, des informaticiens, des géomatiques, ça prenait ça. » Jean Louis Kérouac

La gestion durable des territoires forestiers amènera également de nouveaux créneaux comme ceux de la certification environnementale. Les consultants forestiers jouent un rôle important dans l’application des systèmes de certifications actuels (ISO, SFI ou FSC). Ils accompagnent les entreprises à améliorer leurs pratiques et ils effectuent la tâche de vérificateur neutre et indépendant pour s’assurer que l’entreprise certifiée remplit ses obligations.

« Quand j’ai commencé en 1995, la certification n’existait pas. Il y avait la norme ISO qui était en développement (ISO  14001 a été publiée en 1996), et la norme canadienne CSA  Z809 sur l’aménagement forestier durable, elle aussi publiée en 1996. SFI était sortie ou sur le point de l’être et FSC datait de 1993, mais n’était pas encore mise en œuvre ici. Donc, quand j’ai commencé, je me cherchais un créneau, j’ai fait un peu d’inventaires forestiers comme la plupart des consultants, et puis la certification m’est apparue comme une niche intéressante. » François Grimard

« L’autre élément, c’est la certification, ça fait partie des surprises que l’on ne voit pas venir. Je ne pensais pas que ça créerait un marché. La certification devient plus ou moins obligatoire, donc elle passe d’un moyen à un objectif de production et ça, ça a emmené du travail. Aujourd’hui, on intervient autant dans l’implantation que dans le maintien. » Paul Bouvier

Phase terrain d’un audit de certification environnementale mené en 2008. Source : Yvon Pominville

Ce que ces récits nous racontent, c’est qu’un consultant professionnel en foresterie au Québec doit avant tout posséder une expertise solide dans l’adaptation aux changements. C’est aussi accepter que des éléments extérieurs, parfois non contrôlables, viennent remettre en question les façons de faire, de penser, les tâches quotidiennes, le revenu, les partenaires de travail, etc. Cependant, la plupart considèrent qu’il s’agit là d’une juste contrepartie à la liberté dont ils bénéficient.

LE SAVIEZ-VOUS ?

En 15 ans, 4 des membres de l’ACF œuvrant dans divers domaines, dont l’inventaire, ont utilisé 3 570  km de rubanage, ce qui permettrait de faire 13 fois le tour de l’île de Montréal et 100 fois le tour de Paris.

En 15 ans d’activité, 4 des membres de l’ACF ont participé à la création de 3 190  km de routes à travers le Québec, ce qui représente, à 100  km près, la distance entre la Ville de Québec et celle de Regina en Saskatchewan.

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La profession d’ingénieur forestier, consultant en foresterie, se caractérise par de nombreux changements de pratiques, de visions ou de rôles. Cependant, certains éléments reviennent souvent dans les discours des piliers des sociétés de génie-conseil en foresterie, et nous permettent de repérer rapidement ce qui en forme le cœur.

Un rôle à trois facettes : l’exécutant, le conseiller et le gestionnaire

Une donnée importante pour comprendre la pratique d’un consultant est de bien faire la différence entre son rôle auprès de ses clients et sa mission au sein de sa firme, qu’il en soit propriétaire ou non. Auprès des clients, son intervention oscille entre l’exécution de travaux techniques, son expertise et le conseil à proprement parler.

« On a deux rôles, un rôle d’exécutant, effectuer des mandats d’inventaire et de cartographie par exemple, mais il y a aussi tout le rôle de conseiller sénior, pour les domaines dans lesquels les ministères ou les entreprises n’ont pas l’expertise. » André Carle

Concernant l’exécution de travaux techniques, peu en parlent, considérant que leur plus-value se situe plutôt dans l’accompagnement d’un client qui vit une problématique et pour lequel ils vont analyser une situation et proposer une solution rentable et efficace. Ici réside le véritable savoir-faire du consultant. Cela implique de connaître le domaine d’intervention de façon générale et approfondie. Cela peut sembler contradictoire, mais il semble que pour eux le défi soit bien de maîtriser un créneau sans nécessairement s’y restreindre. Simon Parent résume cette complexité de la façon suivante :

AU CŒUR DE LA PROFESSION DE CONSULTANT

Par Aurélie Sierra, consultante, sociologue de l’environnement, M. Sc.

« Je dis toujours qu’un consultant, il n’est expert en rien, mais il est bon en tout. »

Cela implique à nouveau la nécessité de savoir s’adapter, s’intégrer sans cesse dans des contextes inconnus qui doivent rapidement devenir familiers pour que les consultants puissent identifier les enjeux, les besoins et les solutions potentielles. Ils ont certes leurs domaines d’expertise : l’inventaire, la voirie, l’économie forestière ou la certification. Mais ils doivent également savoir ne pas se limiter, car ce qui compte avant tout c’est de répondre au mieux au besoin d’un client :

« C’est difficile parce que dépendamment du client, je ne suis plus un forestier, je deviens un écologiste, un planificateur. L’essence, c’est d’avoir une connaissance généraliste de la profession et du champ d’application. Le consultant, contrairement à d’autres, doit analyser les solutions. Quand on nous engage, c’est pour nos capacités d’observation, de recul, d’analyse et ensuite pour nos capacités à trouver des solutions. » Bruno Del Degan

La diversité des mandats et des expertises n’est pas le seul défi du consultant qui est aussi un gestionnaire. Dans la pratique privée, l’ingénieur forestier va rapidement occuper des postes clés et va devoir gérer du personnel professionnel et technique. Pour beaucoup, cela a représenté un défi important, car l’apprentissage s’est fait sur le terrain. Dans le même temps, cela fait la fierté de plusieurs qui considèrent qu’être consultant c’est aussi savoir créer un lien avec ses employés et ses collègues afin d’être en mesure de mettre en commun les connaissances et créer une synergie propice à l’exécution de mandats pluridisciplinaires. Le consultant est donc aussi un patron qui doit dédier une partie de son temps à la gestion des ressources humaines.

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36- HISTOIRES FORESTIÈRES

« C’était ça aussi notre métier, de savoir impliquer les bonnes personnes de la bonne façon, pour les respecter et pour que ton projet fonctionne. Ça fait partie des fondements du métier de consultant je trouve. » Jean-Louis Blouin

« C’est certain qu’avec le temps, on devient gestionnaire, on fait de la gestion des ressources humaines. De ce côté, je suis très fier d’avoir conservé et motivé les troupes, d’avoir cherché du nouveau monde et de pouvoir leur laisser quelque chose qui va bien fonctionner. » Guy Rochette

Cette fierté, ils sont nombreux à l’exprimer :

« Je donne du travail à des gens, c’est très satisfaisant. Pas beaucoup, mais quand même, c’est gratifiant. » François Grimard

« Ce dont je suis très fier c’est d’avoir été un bon patron, j’avais une bonne écoute. Et j’ai eu une bonne réputation. » Serge Côté

Équipe d’inventaire sur le terrain, Nord-du-Québec.

Source : Groupe DDM.

SAVOIR TRANSMETTRE SON EXPERTISE

Un autre élément fondamental de la profession de consultant, c’est son rôle de transmetteur. Il est souvent dans une position d’intermédiaire entre le besoin et le savoir. Nous l’avons vu, lorsque le client émet une demande, le consultant doit écouter, comprendre, analyser et proposer. Passer

de l’analyse à la proposition requiert de grandes capacités de communication et de vulgarisation. Car, non seulement le consultant doit offrir au client une analyse des problématiques vécues  (contexte, origines, enjeux, etc.), mais il doit également vulgariser et partager la réflexion et les connaissances qui sont à l’origine de la solution proposée.

Donc, pour vous c’est là que se situe le rôle de consultant, dans le partage de connaissances ?

« Fondamentalement oui, mais avec un enrobage qui va faciliter l’acquisition et le transfert de connaissances. Tu peux apporter un message que personne ne comprendra. Il faut donc être capable de modifier notre approche pour que le partage se fasse plus facilement. » Jean-Louis Blouin

« Pour être consultant, ça te prend des connaissances de base, tu vends ce que tu as dans ta tête. Ensuite, ton travail c’est de l’adapter au mieux aux besoins des clients, il faut aussi que ton client puisse s’approprier ce que tu lui proposes. » François Grimard

Dans certains cas, l’objectif du consultant est d’offrir une solution à long terme. Lorsque l’on est dans le changement de procédures, la réorientation d’une activité industrielle, la résolution d’un problème environnemental, le client doit comprendre et doit pouvoir ensuite fonctionner de façon autonome avec la solution apportée. Le consultant pourra jouer un rôle d’accompagnateur, mais son rôle n’est surtout pas de devenir un membre permanent de l’équipe. Pour cela, il faudra faire preuve de capacités de communication et d’éducation certes, mais aussi d’humilité afin de parvenir à un heureux dosage de connaissances théoriques, d’expertise technique et de bon sens basé sur la réalité du terrain.

Être consultant c’est toujours un peu travailler sur l’humain finalement, avec le client, avec les partenaires, etc.

« Oui exactement, tu peux arriver avec ce que tu penses être la recette, mais ça ne correspond pas du tout aux besoins ou à la réalité locale ». Jean-Louis Blouin

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Au-delà de la compréhension du contexte forestier, environnemental ou économique, le consultant en foresterie doit faire preuve d’empathie et avoir une vision juste du contexte socioculturel dans lequel il intervient. Avec cette connaissance, il peut à la fois proposer des solutions adaptées et efficaces, mais il s’assure également de leur adéquation avec les habitudes et les savoir-faire en place.

François Grimard au centre de la photo avec le casque rouge. Source : Michèle Anctil.

LA GESTION DU RISQUE ET LA RESPONSABILITÉ PROFESSIONNELLE

Nous l’avons abordé rapidement, le consultant est un homme d’affaires. Oeuvrer dans le privé c’est aussi consacrer du temps à gérer la relation clientèle, à promouvoir ses activités et son savoir-faire. Il faut être à l’écoute, il faut anticiper les tendances et les besoins, il faut être proche de ses clients tout en respectant une distance éthique. On entre alors dans le sujet complexe de la responsabilité professionnelle de l’ingénieur forestier. Au-delà des règles existantes qui ont tendance à devenir toujours plus strictes, le consultant doit lui-même définir ses limites et faire preuve de clairvoyance pour sauvegarder son indépendance et se protéger de tout conflit d’intérêts. François Grimard vit ces défis au quotidien dans le milieu de la certification :

« Le défi c’est de rester indépendant, de garder un bras de distance avec le client, en même temps, c’est le client qui paie pour se faire auditer. Pour moi, la question de la gestion des conflits d’intérêts a vraiment été importante. Je

ne gagne pas ma vie uniquement en faisant des audits, je fais aussi de l’implantation de systèmes. Ça me rend plus compétent de faire les deux, mais je dois faire très attention de ne pas donner de conseils à une entreprise que je suis en train d’auditer et ne pas auditer les clients que l’on conseille ! »

Assumer les responsabilités liées à la pratique de la consultation privée, c’est aussi prendre des risques au nom de ce que l’on pense être bon ou porteur. Le risque est une notion importante et particulièrement intéressante puisqu’elle vient toucher les fondements mêmes de la profession. Les consultants en foresterie le disent souvent, il faut savoir prendre des risques, être visionnaire et investir. Malgré l’instabilité du marché et la versatilité de l’activité, il faut faire confiance en la pérennité des besoins et surtout, faire confiance à son expertise.

« Donc, si une opportunité se présente, tu analyses la situation et tu décides si ça vaut le coup d’investir, mais ce n’est pas toujours une démarche structurée. On est surtout guidé par ce que l’on aime faire, il faut avoir une nature curieuse, il faut répondre “oui, mais”. Avoir le goût du risque tout en ayant une bonne analyse de la situation. » Bruno Del Degan

Pour Guy Rochette, il faut investir pour être à la pointe et se maintenir sur ce marché compétitif, par contre la réussite reposera toujours sur le système de l’essai/erreur.

Être visionnaire et prendre des risques lorsque l’on est consultant, c’est parfois accepter des contrats risqués sur le plan financier (à prix ferme par exemple) en projetant des retombées à plus long terme. Un contrat peu lucratif peut donner une visibilité, permettre de développer un créneau ou donner l’occasion de démontrer ses compétences auprès de nouveaux clients.

Savoir gérer le risque, c’est également avoir la capacité de prendre des décisions importantes qui peuvent avoir des conséquences lourdes pour la compagnie ou les partenaires.

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38- HISTOIRES FORESTIÈRES

« Oui des contrats que l’on avait sous-estimés il y en a eu bien sûr, certains ont coûté pas mal plus cher que prévu, mais il fallait prendre le risque pour l’avoir. Cela fait partie de notre vie, la gestion du risque est importante, on le sait. Il y a des dossiers que l’on prend à l’heure et tu diminues les majorations pour rentrer dans tes frais, il y a plein de façons de gérer ça, mais quand on prenait des contrats à prix ferme, on établissait un risque et on le gérait ensuite. Par exemple, on a eu un contrat pour l’inventaire des forêts naturelles et des plantations en Argentine, arrive la dévaluation du peso, on a dû prendre la décision de se retirer. On a appelé l’assurance, qui a compensé. Parce que c’était une situation externe, on n’y pouvait rien. On s’en est quand même toujours bien tiré. » Jean-Louis Kérouac

« Des décisions difficiles, on en prend tout le temps. Je pense notamment à un projet avec Hydro-Québec, on a dû les rencontrer pour arrêter le projet, on leur redonnait le projet parce que c’était impossible de faire le travail. C’était en haut de Matagami et tout était inondé. Or, on était censé y aller avec de la machinerie pour déboiser, c’était impossible, il aurait fallu attendre. Et comme Hydro-Québec ne voulait pas négocier leurs délais, on a dû prendre la décision d’arrêter ce projet. Ce n’était pas évident. » Guy Rochette

Lors de la construction des barrages hydroélectriques, Hydro-Québec fait appel à l’expertise des sociétés de génie-conseil en foresterie pour faire des inventaires et de la récupération de bois dans les forêts qui vont être inondées. Ici, la construction de Manic 5 sur la Côte-Nord.

Source : Consultants forestiers DGR Inc.

Force est de constater cependant que ce risque fait partie de ce que les consultants aiment dans leur profession.

« Il y a des troubles financiers c’est sûr, c’est toujours instable. Mais, ce qui a vraiment compté pour moi, ça a été le sentiment de liberté. »  Gilles Walsh

C’est sur ce sentiment de liberté que nous conclurons cet article, car s’il y a un élément qui rejoint toutes les personnes rencontrées dans le cadre de la rédaction de cette revue, il s’agit bien de la priorité accordée au besoin et à l’exercice de la liberté.

La liberté c’est la possibilité de choisir ses mandats et ses clients, lorsque les affaires vont bien. C’est aussi celle d’avoir un statut autonome qui permet de développer son activité selon ses propres valeurs, sa propre analyse du marché, en somme avoir la possibilité de créer une pratique unique. C’est enfin la liberté de dire non lorsque l’on ne croit pas en un projet, que l’on ne s’en sent pas capable ou que celui-ci ne cadre pas avec notre éthique ou nos valeurs.

Bruno Del Degan mettra tout de même un bémol à cette liberté en expliquant avec humour qu’il a choisi d’être consultant notamment pour ne pas avoir de patrons, pour ensuite réaliser qu’il avait autant de patrons que de clients.

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40- HISTOIRES FORESTIÈRES

Les différentes méthodes d’octroi des contrats au Gouvernement du Québec ont influencé la structure et l’organisation des firmes de consultants au fil des années.

Avant la fin des années 1970, les procédures d’octroi des contrats d’inventaire et de cartographie pouvaient varier et les règles étaient assez souples. En 1978, le fichier des fournisseurs du Gouvernement du Québec, surnommé Rosalie, a été instauré afin d’assurer une rotation des fournisseurs qualifiés, l’équité, la transparence et une plus juste concurrence. Ce système a encouragé les firmes à fonctionner sous plusieurs noms afin d’augmenter les probabilités de sélection lors du tirage qui leur permettrait de soumissionner pour un mandat (cela représentait généralement cinq firmes par contrat). Ce système de sélection des firmes invitées à soumissionner a été abandonné en 2008.

Depuis 2008, le recours au système électronique d’appel d’offres (SEAO1), avec octroi au plus bas soumissionnaire, sans évaluation de la qualité de la proposition technique et ouvert à toutes les firmes qualifiées, a éliminé graduellement les avantages de firmes exploitées sous de multiples dénominations. De plus, la diminution du volume de travail en inventaire décennal au cours des dernières années et l’objectif de maintenir à l’emploi le personnel technique compétent des firmes ont entraîné la formation de consortium ad hoc. Cela permet notamment d’assurer un volume de travail minimal au personnel hautement qualifié des firmes, sans quoi la précarité du système les encouragerait à quitter le domaine forestier. Notons par ailleurs que des consortiums entre des firmes ont souvent été créés par le passé pour répondre aux exigences de projets complexes en termes d’envergure de mandat et de compétences professionnelles.

1 https://www.seao.ca

LE SYSTÈME D’APPEL D’OFFRES ET L’ÉVOLUTION DES FIRMES

Par Gaétan Laberge, ing. f.

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AVANT-PROPOS

L’inventaire forestier est une activité importante parmi les actes professionnels réservés exclusivement à l’ingénieur forestier tel que précisé par la Loi sur les ingénieurs forestiers1. Cette activité constitue donc une composante majeure de plusieurs expertises conduites par les firmes de génie-conseil, comme les études de faisabilité, la préparation des plans d’aménagement forestier et la mise en œuvre des plans d’intervention.

Plus précisément, l’inventaire forestier consiste à recueillir des données sur le terrain ou en cabinet pour déterminer les volumes de matière ligneuse à l’intérieur des peuplements forestiers identifiés par photo-interprétation. La cartographie forestière permet d’illustrer et de préciser les superficies des peuplements forestiers d’un territoire. Les données de l’inventaire permettent quant à elles de quantifier les volumes de matière ligneuse disponibles par essence et par classe de diamètre à l’intérieur des peuplements forestiers d’un territoire. On distingue divers types d’inventaires forestiers, entre autres, l’inventaire de reconnaissance, l’inventaire d’investissement, l’inventaire d’aménagement, l’inventaire écologique et l’inventaire d’intervention.

1 Loi sur les ingénieurs forestiers, article 4 http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cs/I-10.

AU CŒUR DES AVANCÉES EN INVENTAIRE

FORESTIER ET EN PHOTO-INTERPRÉTATION

Par François Rouleau, directeur général de la Société d’histoire forestière du Québec en collaboration avec Serge Côté, ing. f. et Gaétan Laberge, ing. f.

Cette activité est réalisée principalement pour l’État québécois dans le cadre des programmes de connaissance de la forêt du domaine public. Elle s’adresse également à de nombreux clients privés (industriels, grands propriétaires privés, etc.), sociétés publiques (Hydro-Québec et la Société d’Énergie de la Baie-James, etc.), organismes fédéraux (Défense national, Parcs Canada, etc.) et à d’autres ministères (ministère des Transports du Québec, par exemple) dans le cadre de grands projets de développement.

C’est dans ce contexte que certaines sociétés de génie-conseil en foresterie ont œuvré et œuvrent encore dans des projets d’inventaire à l’international ou dans d’autres provinces canadiennes. Par exemple, AECOM a effectué des inventaires et de la cartographie en Ontario, au Yukon et dans les provinces maritimes, basé sur l’expertise développée au Québec2. Plusieurs autres firmes ont réalisé des travaux ailleurs au Canada. Au début des années  1950, la firme Bélanger & Bourget, qui ne pouvait plus compter sur des contrats du Québec pour des raisons politiques, se fit confier l’inventaire forestier de la Nouvelle-Écosse, dans le cadre d’un inventaire national parrainé par le fédéral3.

Cependant, le présent texte s’intéresse particulièrement à la contribution de firmes de génie-conseil dans les inventaires des forêts du domaine public québécois.

2 Voir l’article : L’origine et l’évolution du génie-conseil en foresterie du Québec par un pilier de la profession, Jean-Louis Kérouac.3 Bourget, 2015, p. 142 à 148.

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42- HISTOIRES FORESTIÈRES

LA GENÈSE DES INVENTAIRES FORESTIERS AU QUÉBEC

C’est en 1867, au début de la Confédération canadienne, que le Québec devient le grand gestionnaire des ressources forestières publiques. Durant de nombreuses années, cette gestion se fera principalement par l’intermédiaire des concessions forestières. Ce sont donc les compagnies forestières qui gèrent la forêt sur ces territoires. Il en va de même pour tout le suivi forestier, incluant les inventaires.

Élu premier ministre du Québec en 1920, Louis-Alexandre Taschereau encourage l’exploitation de toutes les ressources naturelles, dont la forêt. Pour ce faire, Gustave C. Piché, chef du service des inventaires, est mandaté pour réaliser l’inventaire systématique de la forêt québécoise. Ne suffisant pas à la tâche, il a recours à des sous-traitants pour réaliser cet énorme travail. C’est ainsi que Marie-Albert Bourget, jeune diplômé de l’Université Laval en arpentage et en génie forestier4, fut engagé en 1928 pour réaliser l’inventaire forestier « … d’un bassin de deux mille quatre cents milles carrés de certaines rivières, dont la Megiscane, à l’Est du village de Senneterre et jusqu’au bassin de la rivière Wetetnagami à l’ouest de Chibougamau. »5

Le jeune Marie-Albert Bourget observe la ligne. Source : Collection archives de la famille Bourget.

4 Marie-Albert Bourget fut un des premiers à profiter d’une bourse d’études obtenue du gouvernement du Québec, pour parfaire ses études en France et en Suède, dans Bourget, Histoires forestières, p. 33.5 Ibidem, p. 20.

Ce contrat pavait la voie à de nombreux autres :

« Ce fut le premier contrat que Marie-Albert Bourget, alors âgé de vingt-neuf ans, obtint du ministère des Terres et Forêts pour inventorier la forêt de cette région boréale. D’autres engagements suivirent dans les années subséquentes, même durant les années de récession alors que les exploitants limitaient leur production. Marie-Albert Bourget couvrit ainsi un grand territoire… »6

C’est à cette époque, soit en 1927, que sera créée la firme Bélanger, Savard & Bourget, considérée par plusieurs comme le premier bureau de consultant en foresterie au Québec. On peut trouver une publicité de cette firme dans l’édition de décembre 1927 — janvier 1928 de la revue « La forêt et la ferme ».

Publicité parue en 1927 Source : La forêt et la ferme, p. 306.

LES INVENTAIRES DÉCENNAUX

Les inventaires forestiers réalisés avant 1970 concernaient particulièrement les territoires hors concessions ou les terrains privés. Aussi, avant de consentir une concession à l’industrie, le gouvernement procédait à l’estimation des volumes de bois en confiant des travaux d’inventaires, incluant la cartographie, à des consultants comme M. Bourget.

6 Ibidem, p. 21.

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Camp établi par Consultants forestiers DGR pour un inventaire forestier sur la Côte-Nord. Source : Consultants forestiers DGR, 1965.

En 1970, le gouvernement met fin, en théorie, au régime des concessions forestières. Cependant, il faudra attendre la Loi sur les forêts de 1986 pour que l’ensemble des concessions soit aboli.

De 1970 à 1983, le gouvernement prend alors en main la réalisation d’un inventaire d’aménagement pour l’ensemble du Québec. Il veut ainsi assurer un meilleur contrôle de la ressource forestière. On veut également uniformiser la prise de données des inventaires d’aménagement afin de constituer un portrait global de l’état des forêts du domaine public7. Il a donc élaboré les premières normes de cartographie et de sondage en forêt et lancé le premier programme d’inventaire des forêts du Québec qui devait s’étaler sur une période de dix années.

Le Ministère ne pouvant réaliser à lui seul cet immense travail, il a fait appel à des firmes de consultants en foresterie pour réaliser le travail ; le Ministère se réservant le rôle de planificateur, de contrôleur et de vérificateur. Ainsi, Jean-Louis Kérouac, maintenant retraité et qui a œuvré pour Tecsult, Roche et AECOM, déclare :

« Entre autres, le ministère des Terres et Forêts a préparé le premier décennal. Toutes les forêts du Québec seraient visitées tous les dix ans. Ce premier inventaire est arrivé en 1971. C’étaient des contrats assurés chaque année pendant 10 ans ».

7 Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, http://mffp.gouv.qc.ca/forets/inventaire/historique.jsp

C’est donc au début de 1970 que les grands programmes d’inventaire forestier prennent leur envol. Beaucoup de travail pour les consultants, mais aussi beaucoup d’ajustement pour répondre aux nouveaux besoins découlant de l’évolution des connaissances, des changements de régimes forestiers et, bien sûr, pour intégrer les développements technologiques dans les processus. Jean-Louis Kérouac résume bien cette évolution :

« On a assisté à toute la montée des technologies autour de ça, on a commencé avec du papier et des crayons et on a fini avec des ordinateurs qui envoyaient les résultats depuis le terrain. C’était plaisant d’accompagner le gouvernement dans ces étapes-là. On était obligé d’investir, certaines années c’étaient des investissements importants. »8

« Il y a beaucoup de logiciels et de façons de travailler qui ont été expérimentés par des consultants, des logiciels comme Descartes et d’autres. Nous, lorsque nous avions des contrats on essayait de trouver des façons de travailler vite, de sauver des sous et d’être originaux. »

Il est à noter que dès le premier programme décennal, un réseau de placettes-échantillons permanentes est établi pour collecter les données nécessaires à la modélisation de l’évolution et de la croissance de la forêt québécoise. Ces placettes sont remesurées à chacun des programmes décennaux. Le réseau de 12 000 placettes-échantillons est à la base des modèles intégrés de croissance dans les outils de calcul de la possibilité forestière au Québec. Certains techniciens plus âgés des firmes de consultants ont remesuré les mêmes placettes sur plus de 3 décennies.

Le deuxième inventaire décennal se déroule de 1981 à 1994, soit au moment de la mise en œuvre du nouveau régime forestier de l’époque qui a finalisé l’abolition des concessions forestières et mis en place les contrats d’approvisionnements et d’aménagement forestier (CAAF). La progression des techniques d’interprétation et la qualité des photographies aériennes permettent d’intégrer

8 Voir le texte « La contribution des firmes au développement de la géomatique en foresterie. »

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44- HISTOIRES FORESTIÈRES

de nouvelles variables de caractérisation des peuplements forestiers comme celles relatives aux classes d’âge et aux sous-groupements d’essence.

De 1986 à 2000, le ministère conduit un important programme d’inventaire écologique. Au total, 28 425 points d’observation écologiques sont échantillonnés dans les forêts du Québec méridional afin de collecter les importantes données à la base du développement du système de classification écologique. Avec ce type d’inventaire, les variables du milieu physique et de la végétation (de la mousse au sol au couvert arboré) sont mesurées pour mieux connaître la dynamique des écosystèmes. Ce type de travail réalisé par les consultants forestiers a permis de développer des équipes plus compétentes en géomorphologie, en écologie et en pédologie.

Serge Côté résume bien l’impact de l’ajout de ces précisions :

« Dans le milieu du 2e programme, on est arrivé avec les volets écologiques. Il y a eu toute la classification écologique des forêts du Québec. Les territoires qui étaient déjà faits en cartographie avant étaient repris par des photo-interprètes et on ajoutait les variables écologiques. »

Photointerprétation en 3D, 5e inventaire décennal.

Source : DDM, 2017.

Puis, vint le troisième programme décennal de 1991 à 2003. C’est lors de cette opération que l’approche écologique est véritablement mise de l’avant. On ajoute donc aux étapes de cartographie et d’inventaires, des variables comme la nature des dépôts de surface, le drainage et les types écologiques.

Le quatrième inventaire décennal qui a débuté en 2001 et qui doit être complété en 2019 est caractérisé par des changements technologiques et conceptuels significatifs. Les stéréoscopes traditionnels et le traçage des peuplements sur des photographies aériennes en papier sont remplacés par des photographies aériennes numériques de haute définition et par des systèmes de visualisation stéréoscopiques (3D) à l’écran. Ce changement redéfinit complètement l’organisation du travail chez les consultants.

Le ministère adopte aussi une toute nouvelle approche d’inventaire par peuplement écoforestier (NAIPF) qui s’appuie sur des concepts statistiques et qui a comme conséquence de réduire considérablement le volume de placettes-échantillons à mesurer sur le terrain. Ce changement a aussi un impact très significatif sur le volume de travail confié aux firmes. Comme conséquence à ce changement aussi soudain qu’imprévu, les firmes se regroupent parfois en consortium pour répondre aux appels d’offres du ministère afin d’être en mesure de maintenir les meilleurs techniciens à leur emploi.

Source : Groupe DDM, 2004. Inventaire de régénération en Abitibi pour le compte d’un industriel.

L’AVENIR DES SOCIÉTÉS DE GÉNIE-CONSEIL EN FORESTERIE DANS LES INVENTAIRES FORESTIERS

Quel est l’avenir de la pratique privée dans les inventaires forestiers ? Il semble que le nouveau régime forestier basé sur l’aménagement écosystémique et les nouvelles technologies vont encore une fois bouleverser la pratique.

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Ainsi, Serge Côté mentionne que les nouvelles exigences changent considérablement le travail sur le terrain, notamment sur le volume de travail :

« Là, on finit le 4e inventaire décennal et ils sont arrivés avec une nouvelle approche : l’approche en inventaire des peuplements écoforestiers “NAIPF”, qui est basée sur une approche statistique. […]. Avant, l’inventaire était une activité très importante en termes de volume. C’était des dizaines de milliers de placettes tous les ans, ils sont allés jusqu’à 24 000 placettes par année dans les programmes décennaux. Donc, il y a eu une diminution considérable du volume d’inventaires, mais on a une augmentation de la charge des travaux d’interprétation. […] »

Le principal changement provient des études statistiques qui ont démontré que les inventaires obtenaient une précision en volume supérieur aux besoins pour les principales essences. Ainsi, au lieu d’y aller par groupement forestier, on vise une précision pour les principales essences, ce qui nécessite moins de placettes. Pour la photo-interprétation, c’est le temps requis pour faire ce travail qui a augmenté par l’amélioration de la précision des variables. Serge Côté mentionne :

« La densité des peuplements forestiers a changé. Avant, on était par classe de 20 % et maintenant je pense que c’est rendu au 10 % ou même au 5 %. Avant on avait des classes de hauteur aux quatre à cinq mètres, maintenant c’est au mètre. »

On note une certaine inquiétude chez les firmes de consultants, en ce qui concerne le 5e programme décennal. Serge Côté relève les défis auxquels les ingénieurs forestiers seront confrontés :

« Mais, c’est un débat qui date d’un certain temps. Ici par exemple [chez AECOM], les gens en géomatique ne comprennent pas que l’on ait des interprètes forestiers, alors que la technologie nous permettrait de tout faire. Pour certaines variables, je suis d’accord, mais de là à identifier des essences… c’est plus difficile… Les statisticiens vous diraient que c’est possible et certainement qu’on y arrivera un jour, mais il reste du travail encore. Mais, là, on ne parle plus d’interprètes, on ne

parle plus d’ingénieurs forestiers, on parle de géomaticiens, d’informaticiens, de spécialistes de la statistique. »

Malgré ces craintes, il convient de préciser que le ministère exige toujours que ce soit un ingénieur forestier, membre de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec qui soit chargé de projet pour tous les mandats du programme d’inventaire forestier. Le ministère élabore les normes, prépare les appels d’offres et s’assure, après exécution, de la qualité des activités. Depuis le début des inventaires décennaux (1971), ce sont les firmes de consultants forestiers qui réalisent les travaux sur le terrain. Ainsi, ils ont pu développer leur expertise, former du personnel technique compétent et offrir leurs services, en inventaire forestier et dans les domaines connexes, dont la géomatique, à travers le monde. Mentionnons que de grands projets d’inventaire forestier ont été menés par des firmes du Québec, entre autres, en République démocratique du Congo, au Cameroun, en République centrafricaine, en Éthiopie, au Honduras, en Argentine pour ne nommer que ceux-là.

Les sociétés de génie-conseil en foresterie ont, par la force des choses, dû s’adapter et innover pour demeurer sur le marché. Avec tous les changements apportés à chaque inventaire décennal, les consultants forestiers de pratique privée ont participé au développement et ont appliqué sur le terrain les nouvelles normes de mesures des placettes-échantillons temporaires, permanentes ou points d’observation écologiques du ministère.

Le début du 5e inventaire décennal apportera encore son lot de défis à la pratique privée. Mais, comme elle l’a toujours fait, elle les relèvera, sans doute, avec brio et apportera des solutions innovantes dans ce domaine clé de la foresterie.

BIBLIOGRAPHIE

Bourget M. A. (2015), Pionnier des inventaires forestiers : Marie-Albert Bourget, Montréal, Magdeleine A., Bourget.

Bourget M. A., Marie-Albert Bourget — Pionnier des inventaires forestiers, dans Revue d’histoires forestières du Québec — Les métiers du bois et de la forêt, vol. 7, no 2, automne 2015

La forêt et la ferme, publiée par l’Association forestière du Canada, vol. II, no 9, octobre-novembre 1927.

Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, Historique de l’inventaire forestier au Québec, http://www.mffp.gouv.qc.ca/forets/inventaire/historique.jsp

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M.  Bernard Massé est ingénieur forestier depuis 1986. Cofondateur de la firme Del Degan, Massé et associés, il cumule près de 30  ans de consultation en foresterie et géomatique. En 1989, il implante les services géomatiques au sein de la firme et devient un des premiers artisans à développer des services et des solutions en géomatique forestière pour le compte du ministère et de l’industrie forestière. Depuis plus de 25 ans, il a dirigé de nombreux projets touchant différentes facettes de la géomatique forestière  : production de bases de données forestière, modélisation et développement de systèmes, développement de normes, télédétection spatiale, photogrammétrie numérique, etc.

L’émergence d’un nouveau domaine, la géomatique, est annoncée la première fois en France en 1960 par un scientifique français nommé Bernard Dubuisson ; géomètre et photogrammètre de formation. Au Canada, c’est au Québec, en 1981, sous la plume M. Michel Paradis, arpenteur-géomètre que le terme fait son apparition. Il s’agit alors d’un article publié dans la revue Le Géomètre canadien, suivi d’une conférence en 1982 dans le contexte du centenaire de l’Association canadienne d’arpentage. M.  Paradis partage alors sa vision de la nécessité d’une nouvelle discipline. Cette dernière unirait les moyens modernes aux techniques plus traditionnelles pour répondre à une forte croissance prévisible de la demande en information spatiale. L’avenir lui a donné raison !

UN HISTORIQUE DE LA GÉOMATIQUE FORESTIÈRE EN PRATIQUE PRIVÉE

Par Bernard Massé, ing. f., avec la contribution de Serge Côté ing. f. et Rémi Jean, ing. f.

1980 - 1995 – LA TECHNOLOGIE AU SERVICE DES FORESTIERS

L’avènement des ordinateurs personnels au cours des années  1980 a rendu accessibles les technologies informatiques à un grand nombre de disciplines scientifiques. Les sciences forestières ont bénéficié de cette plus grande accessibilité de l’informatique et particulièrement pour la gestion et l’exploitation des imposantes bases de données de l’inventaire forestier. Des systèmes informatiques étaient déjà utilisés au Québec pour gérer les données de connaissance forestière, mais ceux-ci étaient développés sur les ordinateurs centraux du ministère de l’Énergie et des Ressources (MER) et ne pouvaient être utilisés que par les usagers autorisés.

L’arrivée des premiers ordinateurs de type PC et des logiciels de gestion de base de données a permis les premières exploitations des données forestières gouvernementales à l’extérieur de l’environnement informatique du MER. À l’époque, il n’était question que de données non localisées (bases de données tabulaires) ; les données de contenance forestière (superficies des strates d’inventaire) étant stockées comme les autres informations forestières dans des tables de données sans association à une quelconque donnée géométrique. Pour traduire de façon cartographique les résultats d’une simulation ou d’une planification, le personnel forestier devait rechercher sur les cartes les strates forestières visées à l’aide de la correspondance de numéros de peuplements entre la base de données et la carte. Les résultats étaient généralement coloriés à la main à l’aide de bon vieux « Prismacolor ». Un travail de moine qui pouvait durer des jours !

LE SAVIEZ-VOUS ?

Entre 2000 et 2015, 8 des membres de l’ACF ont analysé 610 772  km2 de forêts en photo-interprétation, ce qui représente 1 265 fois la superficie de l’île de Montréal (ou pratiquement la moitié de la superficie du Québec).

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Extrait de carte écoforestière — 1er inventaire décennal 1970-1980.

Source : MFFP.

C’est au milieu des années 1980 que les premiers logiciels SIG (système d’information géographique) pouvant être exploités sur des micro-ordinateurs font leur apparition sur le marché. La plupart de ces nouveaux produits sont développés par des entreprises américaines. Les logiciels ArcInfo, GenaMap, MapInfo, PAMAP sont les plus populaires à l’époque. À la fin des années 1980, on voit naître une nouvelle offre pour des services de géomatique en foresterie en Colombie-Britannique, en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Au Québec, on annonce, en 1988, la géomatisation de la production des données pour le prochain inventaire forestier décennal (le 3e) devant débuter en 1991. Le système a un nom : SIEF pour Système d’information écoforestière. Dans les faits, le développement du système sera retardé pendant plusieurs années et ne sera entrepris qu’à la toute fin de l’année 1995.

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Extrait de carte écoforestière — 2e inventaire décennal — 1980-1990.

Source MFFP.

Le SIEF représente, à l’époque, un ambitieux programme de développement de systèmes et de production de données. La vision du projet, alors porté par l’ingénieur forestier Denis Robert, chef du service des inventaires forestiers et son équipe, allait à terme placer la géomatique au cœur de la pratique forestière et consolider les fournisseurs et l’approche de production de données écoforestières au Québec.

Durant cette période, les entreprises forestières s’approvisionnant sur les terres publiques du Québec ont de nouvelles obligations découlant des CAAF (contrat d’approvisionnement et d’aménagement forestier) consentis aux propriétaires d’une usine de transformation du bois en vertu du régime forestier entré en vigueur en 1987. Les entreprises bénéficiaires d’un CAAF sur une aire forestière commune doivent désormais produire, tous les cinq ans, des plans généraux et quinquennaux d’aménagement forestier. Le plan général doit être appuyé par un calcul des possibilités forestières du territoire de l’aire commune. Les bénéficiaires de CAAF doivent également soumettre aux autorités du ministère une planification annuelle détaillée des interventions forestières prévues, ainsi qu’un rapport des activités réalisées. Ces rapports doivent être appuyés par différents inventaires ou relevés en forêt.

Devant ces nouvelles exigences, plusieurs entreprises forestières acquièrent de nouveaux équipements informatiques et des logiciels géomatiques afin de pouvoir réaliser plus efficacement leurs activités de gestion forestière. Le défi est grand. L’expertise en géomatique forestière est presque inexistante et il n’y a pas ou peu de référentiel normatif pour la constitution des bases de données SIG et les systèmes de gestion. L’entreprise Domtar est la première à se lancer dans un programme de géomatisation de ses activités de

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gestion forestière et acquiert ses premières licences ArcInfo à l’automne  1989. Au printemps  1990, elle entreprend une étape de qualification de fournisseurs à laquelle participent des firmes privées du Québec et de l’Ontario. La firme Del Degan, Massé (DDM) se classe premier et décroche de 1990 à 1995 plusieurs mandats de numérisation de cartes forestières (2e décennal) couvrant les aires communes où s’approvisionne Domtar au Lac-Saint-Jean, en Abitibi, au Nord-du-Québec et dans le sud de la province, sur les terres privées de la compagnie. Ces travaux sont dirigés par l’ingénieur forestier Bernard Massé qui a été initié aux systèmes géomatiques lors de son passage à l’Université de Colombie-Britannique (UBC). Rapidement, d’autres entreprises forestières prennent le virage géomatique (Donohue, Abitibi-Price, Norbord, Kruger, etc.), ce qui accroît la demande pour les services de numérisation et de développement de système. Les firmes Tecsult et Roche s’investissent également dans cette nouvelle offre de services.

Extrait de la brochure originale du logiciel ArcInfo de 1982.

Source : GIS & ESRI.

À cette époque, tout est à faire. On doit développer les modèles de données, numériser les cartes, arrimer les bases de données descriptives, développer les procédures de travail et les systèmes

de contrôle de la qualité et former le personnel. Les bases de données géoforestières sont imposantes et requièrent beaucoup d’espace de stockage. Les traitements géométriques de structuration nécessitent beaucoup de temps de traitement et dépassent régulièrement les capacités des ordinateurs et des logiciels de l’époque. Les firmes doivent innover, développer des techniques et des approches pour contourner les limites des systèmes. Le développement informatique s’ajoute donc aux compétences que doivent maîtriser les ingénieurs forestiers œuvrant dans le domaine.

La période 1990 à 1995 est principalement orientée vers la création des bases de données géoforestières et au développement de divers outils d’aide à la planification de travaux en forêt  : interventions forestières, travaux sylvicoles, voirie forestière, sondage en forêt, etc. Tous ces travaux sont réalisés par des firmes privées de consultants en foresterie (Tecsult, DDM et Roche principalement) pour le compte d’une clientèle privée (compagnies forestières et Hydro-Québec).

Du côté du ministère des forêts (MFO), qui a remplacé le ministère de l’Énergie et des Ressources comme responsable de la gestion forestière en 1990, le Service des inventaires forestiers embauche de jeunes ingénieurs forestiers, Christian Cantin et Jacques Brunelle, qui viennent de compléter une maîtrise en géomatique à l’Université Laval. Leur embauche est conséquente au développement prochain du SIEF annoncé depuis 1988. Jusqu’au lancement du SIEF en 1995, le ministère des Ressources naturelles (MRN), qui a remplacé le ministère des forêts comme responsable de la gestion forestière, confiera peu de mandats en géomatique aux firmes privées. Il convient toutefois de mentionner quelques projets de montage de bases de données géoforestières destinées à la production de projets-pilotes de gestion intégrée des ressources pour trois territoires publics  : la réserve de Mastigouche (1992), la réserve faunique des Laurentides (1994) et le territoire de l’Entente trilatérale du Lac-Barrière (1993). Ce dernier projet couvrait un territoire forestier de 10 000  km2 où un plan d’aménagement intégré des ressources impliquant le Québec, le gouvernement fédéral et la communauté algonquine de Lac-Barrière a été produit. Il s’agit du tout premier plan d’aménagement forestier produit à l’aide des technologies géomatiques au Québec.

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Les professionnels issus de la Faculté de foresterie et de géodésie, qu’ils soient ingénieur forestier ou arpenteur géomètre ont aussi rapidement reconnu le potentiel de ce nouveau domaine. Les systèmes d’information géographique, les GPS, la photogrammétrie numérique, la télédétection offrent aux professionnels de nouvelles possibilités et façons de faire. Les efforts de plusieurs professeurs et professionnels visant à démystifier et à faire connaître le domaine portent fruit. La Faculté de foresterie et de géodésie devient en 1989 la Faculté de foresterie et de géomatique, confirmant d’une certaine façon que ce nouveau domaine était devenu une science.

Le développement de ce nouveau domaine d’expertise au Québec et la formation de spécialistes durant cette période ont aussi fortement contribué à développer de nouveaux marchés et à améliorer la compétitivité des firmes québécoises de consultation en foresterie au niveau international. Ce développement a entre autres permis à une firme comme Tecsult (AECOM) de raffermir son positionnement international en réalisant des mandats d’inventaire forestier, de cartographie forestière et d’implantation de systèmes de gestion de données forestières dans de nombreux pays répartis sur quatre continents.

1995 — 2000 UNE NICHE POUR LES INNOVATEURS

Dans la foulée du lancement du SIEF à l’automne 1995, le MRN entreprend un programme de numérisation des cartes analogiques du 3e programme d’inventaire produites entre 1990 et 1995. Les firmes qui n’ont pas encore pris le virage géomatique doivent investir à grands frais dans l’achat de logiciels et d’équipements et la formation du personnel. Beaucoup d’efforts sont également consacrés à développer les chaînes de production et de contrôle de qualité permettant de se conformer aux exigences normatives du MRN.

Extrait de carte écoforestière — 3e inventaire décennal — 1990-2000.

Source : MFFP.

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La géomatique s’impose donc progressivement dans la pratique forestière. Du côté institutionnel, le Centre de recherche en géomatique voit le jour à l’Université Laval et dans son giron une chaire industrielle en géomatique forestière. Des chercheurs praticiens explorent de nouveaux horizons et forment rigoureusement à la maîtrise une cohorte de jeunes ingénieurs forestiers, nommément Jean-Marie Bilodeau, Thierry Roméo, Jacques Brunelle, Christian Cantin, Bruno Gilbert, Rémi Jean, Stéphane Dandenault, Jocelyn Loiselle, Denis Baron, etc. Ces finissants auront une influence significative sur l’avenir de la géomatique, notamment dans les orientations de la géomatique au ministère des Ressources naturelles — Secteur forêt.

L’AVENTURE SYGIF (Système de gestion des informations forestières)

À l’époque où les premiers développements en géomatique forestière sont concentrés presque exclusivement sur la gestion des forêts publiques, un important projet est initié par l’équipe du Service canadien des forêts dans le cadre du Programme forestier du Plan de l’Est. Sous le leadership de Jean-Guy Gagnon et de Jacques Robert, le projet SYGIF est lancé avec comme objectif de développer un système géomatique pouvant gérer efficacement toutes les informations forestières et territoriales nécessaires au Programme forestier du Plan de l’Est. Le programme vise essentiellement à soutenir le développement de la forêt privée au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, en fournissant une aide financière aux propriétaires de boisés pour la réalisation de travaux sylvicoles.

Après la réalisation d’une étude de faisabilité et d’une analyse conceptuelle, un projet pilote a permis de concevoir le système du SYGIF. Une première version opérationnelle du système est implantée en 1990 sur une portion du territoire. Dans les années qui suivirent, le système est implanté progressivement dans les 14 points de service de la région de La Pocatière, à Gaspé, avec l’assistance technique de l’équipe de pilotage qui réalisait le suivi du développement du système.

En 1997, le Service canadien des forêts met un terme au Programme forestier du plan de l’Est. Il est alors décidé à permettre à la région de conserver les développements effectués et les équipements

acquis dans le cadre du programme. Dirigé par l’ingénieur forestier Daniel Landry, le personnel forestier et technique affecté au soutien technique et à l’amélioration continue du système se regroupe et s’incorpore sous le nom de Groupe SYGIF. Depuis lors, le Groupe SYGIF, en héritant de cette initiative avant-gardiste, a poursuivi le développement des outils de gestion forestière, a maintenu son offre de services régionale et l’a étendu à d’autres régions du Québec et même à l’étranger. Les logiciels de SYGIF servent d’ailleurs aujourd’hui de principale plateforme de planification forestière au MFFP, dans le cadre du nouveau régime forestier de 2013.

UNE OUVERTURE POUR DE NOUVEAUX JOUEURS

Dès la fin des années  1980, des firmes privées déjà actives en foresterie comme Roche, Tecsult et DDM s’investissent en géomatique et développent une offre de services élargie. Quelques années plus tard, de nouvelles firmes font leur apparition en développant des créneaux très ciblés. Gaby Dubuc lance l’entreprise Groupe Système forêt. Cette dernière parcourt le Québec et distribue entre autres les logiciels d’ESRI (Environnemental System Research Institute) au sein de l’industrie forestière. L’entreprise offre du conseil, de la personnalisation d’outils et de la formation. Jean-Michel Gaudette lance Micro-forêt et concentre son offre en développement d’applications dans les domaines de la foresterie urbaine, les applications mobiles et support en géomatique pour la clientèle de la forêt privée.

Technicien affecté à la numérisation de carte forestière — Circa 1995.

Source : Groupe DDM.

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Les technologies de la géomatique offrent d’immenses possibilités et deviennent des terreaux fertiles à l’innovation et à la création de valeur pour l’industrie forestière dans son ensemble. Elles permettent aux firmes en foresterie d’élargir progressivement leur offre de services. L’utilisation de la télédétection spatiale, qui était jusque là limitée à certains domaines d’applications spécialisés, devient plus accessible. Au cours des années  1990, plusieurs projets sont réalisés par des firmes en foresterie pour produire rapidement et à faible coût des informations à jour sur l’état du couvert forestier  : production de cartes synthèses, localisation des incendies forestiers, des épidémies d’insectes, des coupes forestières, des peuplements potentiels à certains travaux sylvicoles, etc.

À cette époque, la précision de l’imagerie disponible est de moyenne résolution (imagerie LANDSAT et SPOT principalement) et son potentiel d’utilisation en foresterie est limité. Toutefois, elle est d’une grande utilité dans les territoires où la cartographie est inexistante ou très imprécise, comme les territoires nordiques du Québec qui ne sont pas couverts par un programme régulier de cartographie. La firme Tecsult a également eu recours à la télédétection spatiale pour produire des cartes de végétation dans le cadre de projets réalisés à l’étranger, dans des pays dont l’inventaire forestier était inexistant ou périmé. Au tournant des années  2000, l’avènement des images à haute résolution provenant de capteurs satellitaires plus précis a permis de nouveaux développements. La firme CAMINT dans l’Outaouais a offert pour un certain temps des services de classification d’images permettant de localiser et d’inventorier les tiges de certaines essences particulièrement recherchées par l’industrie (pin blanc et bouleau jaune notamment).

À la fin des années  1990, quelques firmes issues du monde de l’arpentage et de la géodésie prennent un virage multidisciplinaire, intègrent des forestiers à leurs équipes et développent des offres complémentaires dans le domaine. On pense notamment à Viasat Géotechnologie avec les arpenteurs-géomètres Denis Parrot, Pierre Vincent et Claude Levasseur. Ces derniers ont développé des offres de services en télédétection et en solutions GPS. On pense également à Jacques Coulombe, arpenteur-géomètre bien connu de la région de Québec qui quitte

l’arpentage pour développer deux entreprises en géomatique : la première, Géomatique EMCO qui livre des services professionnels de production de données et la seconde, DVP qui développe et commercialise mondialement une suite de logiciel avant-gardiste de photogrammétrie numérique. Jacques Coulombe a une vision multidisciplinaire de la géomatique. Il intègre à son équipe d’experts en photogrammétrie en 1993 un ingénieur forestier, Rémi Jean, en cours de graduation du Centre de recherche en géomatique. Cette multidisciplinarité, combiné au contexte d’un domaine émergeant favorise l’innovation et permet à Géomatique EMCO et DVP de contribuer à certaines avancées du secteur, notamment en photogrammétrie numérique.

On a ici un autre exemple de maillage entre le privé et l’institutionnel qui caractérisait cette époque. Ces produits, rendus à maturité, ont connu un grand succès et une renommée mondiale. Des ventes de produits issus de cette collaboration ont été réalisées dans 72 pays.

LA PHOTOGRAMMÉTRIE NUMÉRIQUE S’INVITE AU 3E DÉCENNAL

Les spécifications de précision géométrique du SIEF devant être appliquées lors des travaux de conversion des cartes écoforestières du 3e décennal du format analogique au format numérique mettent rapidement en relief les problématiques liées à la qualité géométrique des cartes écoforestières produites par les méthodes traditionnelles. La précision des contours forestiers devient particulièrement importante dans le contexte où la Direction des inventaires forestiers du ministère souhaite améliorer la précision de ses inventaires décennaux. À l’époque, la production des cartes écoforestières est réalisée par photo-interprétation par le personnel des firmes privées à l’aide de stéréoscopes. La qualité des cartes de base utilisée à l’époque de même que les nombreuses étapes manuelles entraînaient inévitablement des erreurs de localisation des peuplements forestiers. Les forestiers de la pratique privée impliqués dans la production de cartographie forestière doivent donc prendre un important virage  : passer de la photogrammétrie manuelle de base (stéréoscopes de table ; sketchmaster) à la photogrammétrie numérique exigeant l’utilisation d’ordinateurs et de logiciels spécialisés.

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54- HISTOIRES FORESTIÈRES

Les premiers projets de cartographie forestière impliquant l’utilisation de la photogrammétrie numérique ont été réalisés par François Couillard de la firme Couillard Samson et ass., qui a importé une solution logicielle développée par la firme d’édition de logiciel ISM de Vancouver. Le produit logiciel s’appuyait sur une approche simplifiée, peu coûteuse et qui répondait bien au besoin de précision des forestiers : la monorestitution différentielle. Cependant, l’environnement de travail qu’exigeait ce logiciel n’était pas très convivial pour les producteurs et les formats des livrables numériques étaient limités ; le contrôle de qualité de la restitution s’avérait également laborieux. À la même époque, la firme DVP développe un outil logiciel s’appuyant sur les mêmes concepts photogrammétriques qui se révèle beaucoup plus simple d’utilisation.

À la fin des années 1990, Géomatique EMCO, DDM et Tecsult sont invités à produire quelques feuillets cartographiques du 3e décennal par une approche incluant l’orthorectification à basse résolution des photographies interprétées. Les projets réalisés sont très concluants  : la solution pour produire ergonomiquement des cartes écoforestières avec une grande qualité métrique et un bon contrôle de qualité était trouvée. L’avènement des techniques d’orthoimagerie numérique modifie sensiblement la chaîne de production de la cartographie forestière. Le passage à un mode de production presque entièrement numérique a exigé l’implantation de processus de production rigoureux largement supporté par des chaînes de contrôle automatisées. La qualité de la cartographie écoforestière et des données SIEF en résultant sont alors sans aucun doute parmi les meilleures au monde.

DES ANNÉES 2000 À AUJOURD’HUI

Au début des années 2000, l’amélioration constante des équipements informatiques et des logiciels pave la voie au développement de nouvelles solutions. La plus grande capacité de résolution des scanneurs de photographie aérienne, notamment, permet un plus large éventail d’utilisation de l’imagerie numérique. SGF-Rexfor reçoit le mandat de supporter les entreprises technologiques et investit dans l’entreprise DVP pour la supporter dans son développement international. Une approche est développée pour déduire le DHP (diamètre à hauteur de poitrine) à partir de la hauteur des arbres mesurés

par stéréoscopie sur image numérique  1  : 15 000 scannée à 1800 ppp. Plus largement, la Direction des inventaires forestiers confie différents projets-pilotes pour tester les capacités de l’imagerie numérique à haute résolution pour mesurer différentes variables forestières.

En 2007, un autre virage important est entrepris. Depuis quelques années déjà, des logiciels et des moniteurs spécialisés permettent la visualisation en 3 dimensions à l’écran d’ordinateur. Des photographies numériques à haute résolution sont maintenant disponibles à la suite de l’ajout de caméras numériques à bord des avions pour la prise de vue des photographies aériennes de l’inventaire forestier. Il y a donc un intérêt à procéder désormais à une photo-interprétation directement à l’écran d’ordinateur. Cette avenue s’annonce prometteuse à plusieurs égards : possibilité de travailler à différentes échelles de visualisation, possibilité de rehaussement des images pour analyser différents phénomènes, possibilité de travailler avec les bandes infrarouges et panchromatiques, élimination des étapes techniques d’orthoimagerie, de numérisation et de saisie attributaire des polygones forestiers, etc.

Des projets-pilotes sont confiés aux firmes DDM et AECOM (Tecsult) pour évaluer la faisabilité technique de l’utilisation de l’imagerie numérique 3D pour la production de la cartographie forestière. Les études sont concluantes et les premiers contrats de cartographie en 3D sont attribués en 2008. À partir de 2010, l’ensemble de la production de la cartographie forestière est réalisé avec les technologies numériques  3D. L’arrivée de cette nouvelle technologie a encore une fois mené à de profonds changements dans les techniques de travail au sein des sociétés de génie-conseil en foresterie.

Pour les photointerprètes, c’est un changement radical et souvent difficile ; plusieurs photointerprètes d’expérience étant peu familiers avec les environnements de travail numérique. En plus des investissements en achat de nouveaux équipements et logiciels, beaucoup d’efforts ont été consacrés au développement d’environnements de travail conviviaux et efficaces. Le photointerprète doit aujourd’hui maîtriser l’art de l’interprétation forestière, mais également les techniques d’édition et de consultation de données dans un environnement entièrement numérique.

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Photo-interprétation en 3D pour le 5e inventaire décennal.

Source : Groupe DDM.

Cet historique nous montre que la géomatique s’est implantée progressivement au cœur de la pratique forestière depuis plus de 25 ans. Si les développements les plus connus sont ceux liés aux activités de connaissance forestière (cartographie et inventaire), de nombreux autres développements ont été réalisés par les sociétés de génie-conseil en foresterie dans le cadre des mandats professionnels qui leur sont confiés. La géomatique est aujourd’hui indissociable des activités de planification et de gestion forestière, de calcul des possibilités

forestières, de suivi des exploitations forestières, d’analyse des impacts, etc. Plusieurs firmes ont développé, à l’interne ou en partenariat, des solutions novatrices dans différents domaines d’application en foresterie. Dans les faits, il y a très peu de mandats en pratique privée qui ne fassent pas appel, à différents degrés, aux techniques géomatiques. L’arrivée régulière de nouvelles technologies prometteuses (imagerie LiDAR, drones, GPS de haute précision, etc.) mènera à d’autres améliorations des pratiques forestières auxquelles contribueront certainement les professionnels forestiers en pratique privée.

Aussi, le développement de la géomatique forestière depuis près de 30 ans a permis à plusieurs firmes de constituer des équipes hautement spécialisées qui leur ont permis de s’investir dans de nouveaux créneaux d’activités hors du domaine spécifique de la foresterie.

RÉFÉRENCES

1 — Ministère des Ressources naturelles du Québec, (2000), Système d’information écoforestière (SIEF). Forêt Québec, Direction des inventaires forestiers, 16 pages.

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56- HISTOIRES FORESTIÈRES

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58- HISTOIRES FORESTIÈRES

Le calcul de possibilité forestière a souvent été une tâche confiée à des consultants dès le tout début de la consultation en foresterie. Ainsi, le premier projet de calcul de possibilité répertorié est réalisé par la firme Omer Lussier et associés (devenue aujourd’hui Consultants forestiers DGR) en mai 1962. Le projet « Plan d’aménagement Unité Rivière du Sourd » pour la compagnie « Singer manufacturing company » comportait une évaluation du rendement forestier du territoire.

Source : Consultants forestiers DGR Inc.

Le développement d’outils informatisés pour le calcul de possibilité émane principalement des travaux du Groupe de conseillers en gestion des forêts (Groupe COGEF) au cours des années 1970. Ce groupe de conseillers était affecté exclusivement à la préparation des plans de gestion, à la suite de la révocation des concessions forestières débutée en 1974. Le Groupe COGEF, initialement composé de plusieurs ingénieurs forestiers œuvrant en pratique privée (Gérald Gagné, Louis-Jean Lussier, Jean-

L’ÉVOLUTION DES CALCULS DE POSSIBILITÉ

FORESTIÈRE ET LA CONSULTATION PRIVÉE

Par Gaétan Laberge, ing. f. avec la contribution de Bernard Massé, ing. f.

Claude Mercier, Claude Godbout, Robert Lafrance (CIP) et Gilles Roy (CIP)), a été la bougie d’allumage du développement des outils de calcul qui verront le jour dans les années 1980.

En 1986, la nouvelle Loi sur les forêts amène une première ronde de calculs de possibilité visant à établir les attributions de chacun des bénéficiaires de contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestiers (CAAF). La firme DGR utilise, à cette époque, son propre système de calcul programmé en APL, le Système de données forestières (SDF), qui avait été développé pour assister ses clients industriels dans leurs négociations avec le Ministère. En 1988, un premier outil de calcul de possibilité forestière est développé et rendu disponible par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune : le logiciel Sylva I.

Plusieurs consultants deviennent alors des utilisateurs experts de cet outil pour la réalisation des premiers plans généraux d’aménagement forestier (PGAF). Les bénéficiaires de CAAF étant alors responsables de la confection de ces PGAF et des calculs de possibilité, plusieurs d’entre eux choisissent de confier ce mandat à des consultants ayant l’expertise requise. En 1996, un deuxième logiciel, Sylva II, est développé en Visual Foxpro et remplace Sylva I. Ce nouvel outil offre plusieurs nouvelles fonctionnalités et opère sur une nouvelle plateforme beaucoup plus conviviale et performante que son prédécesseur Sylva I. Durant les trois premières périodes quinquennales du régime forestier de 1987, une grande partie des calculs de possibilité touchant les terres publiques (aires communes à l’époque) est réalisée à contrat par des firmes privées pour le compte de l’industrie forestière et du ministère.

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En 2005, la Commission Coulombe conclut à la nécessité de produire de meilleures évaluations de la possibilité forestière sur les terres publiques. La disponibilité de données forestières plus précises, de nouvelles technologies géomatiques et d’outils de calcul plus puissants basés sur des algorithmes d’optimisation, permet de réaliser des modèles de calcul beaucoup plus complexes.

En 2005, la firme DGR acquière une première licence du logiciel Woodstock et est suivie quelques mois plus tard par d’autres firmes privées. Le Forestier en chef adoptera ce logiciel deux ans plus tard après avoir évalué les différentes solutions disponibles sur le marché. Depuis 2007, la quasi-totalité des calculs de possibilité forestière sur les terres publiques est réalisée par le Bureau du forestier en chef (BFEC) qui a recruté plusieurs professionnels forestiers qui réalisaient ces travaux au sein des firmes privées et des compagnies forestières. Le marché de ce service professionnel est, depuis la mise en place du BFEC, plus limité pour les firmes privées qui réalisent désormais des calculs pour les grandes propriétés privées et évaluent l’impact des stratégies d’aménagement à partir des modèles du BFEC.

LE SAVIEZ-VOUS ?

La placette-échantillon temporaire est une unité d’échantillonnage circulaire qui couvre une superficie de 400  m2. On y observe et mesure pour chaque arbre, l’essence, le diamètre, la défoliation des résineux et la qualité des feuillus. De plus, on détermine l’âge et la hauteur de trois arbres. Enfin, un relevé de la végétation du sous-bois est effectué et les caractéristiques du sol sont notées.

Entre 2000 et 2015, 8 des membres de l’ACF ont inventorié un total 15 198 placettes-échantillon temporaires et 87 612 placettes-échantillons permanentes, ce qui équivaut à 40 km2.

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60- HISTOIRES FORESTIÈRES

AVANT-PROPOS

Le créneau des services à l’industrie de la transformation du bois au sein des bureaux de consultants en foresterie a oscillé avec amplitude au gré de la santé économique du secteur forestier et des programmes d’aide gouvernementaux.

Parmi les diverses raisons historiques pouvant être évoquées, notons l’implantation de nombreuses usines de sciage au début des années  1970, l’intégration des scieries et des usines de pâtes et papiers (1985-2000), la disponibilité des programmes d’aide aux études diverses et des subventions pour l’achat ou l’amélioration des équipements des usines ainsi que pour la construction des chemins forestiers1, les changements de responsabilités survenus au fil des régimes forestiers, la mise en place des offres de services tout-inclus des manufacturiers d’équipements et de fournisseurs de bâtiments (1990-1995), les crises économiques ayant frappé le secteur de la transformation des bois (au début des années  1980 et depuis 2006), les réductions des possibilités forestières et les ajustements aux produits usinés engendrés par les quatre conflits du bois d’œuvre avec les États-Unis ayant eu cours depuis 1982.

Enfin, soulignons la croissance depuis les années 1995, des services subventionnés par les gouvernements de soutien au développement et à l’innovation du

1 Principaux programmes : Programme de modernisation de l’industrie des pâtes et papiers (1979-1984), Programme quinquennal de consolidation et d’expansion de l’industrie du bois (1983-1988), Programme de Maîtrise technologique, Innovation produits forestiers et équipementier (années 1990 et début 2000), Programme Atlantique (fin des années 1990), Programme de soutien à l’industrie forestière (2006), Programme de crédits d’impôt pour les chemins forestiers (2006-2013).

LES SERVICES À L’INDUSTRIE DE LA TRANSFORMATION DES BOIS, UN CRÉNEAU OSCILLANT AU GRÉ DE LA SANTÉ ÉCONOMIQUE DU SECTEUR FORESTIER

Par Pierre Mathieu, ing. f., MGP, avec la contribution de Gérald Gagné, ing. f., Guy Gilbert, ing. f., Jacquelin Goyette, ing. f. et Jean-Guy Lajoie, ing. f.

secteur de la transformation, qui ne s’adressent pas aux  sociétés de génie-conseil en foresterie. Cela a  contribué très significativement à marginaliser la contribution de ces dernières  dans les services à l’industrie.

APERÇU DES SERVICES OFFERTS

Au fil des années, les divers services à l’industrie de la transformation des bois (usines de sciage, de pâtes et papiers, de panneaux, de meubles et de valeur ajoutée) offerts par les bureaux de consultants en foresterie ont consisté à des services-conseils, dont voici les principaux créneaux   : études de faisabilité, diagnostics d’entreprises, analyses sectorielles, études d’opportunités, vérifications diligentes pour des institutions financières, plans et devis d’usines, analyses de rendement — matière, études de temps et mouvement, analyses comparatives de la performance d’équipements et sélection dans le cadre de l’optimisation des procédés, rapports d’ingénierie des bois, mesurage des bois, achats d’équipements, optimisation de la machinerie, supervision de travaux forestiers, formation du personnel en usine, réorganisation des approvisionnements en bois, recherche de financement, gestion de cour à bois, planification, ingénierie et gérance de construction de chemins forestiers.

1970-1990

L’établissement de nombreuses nouvelles usines de sciage de bois d’œuvre de résineux et de feuillus dans la foulée de la mise en place des forêts domaniales au début des années  1970 et le programme de modernisation de l’industrie des pâtes et papiers

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en 1979 ont fortement influé sur l’augmentation des services-conseils offerts par les consultants en foresterie.

Source : Pierre Mathieu.

La firme Gauthier, Poulin, Thériault limitée et le Groupe Poulin, Thériault limitée qui lui succéda à la fin des années 1970 furent les premiers à œuvrer dans ce créneau, offrant leurs services pour des projets industriels forestiers sur le plan local et international.

En 1980, Jean-Guy Lajoie forme une nouvelle division bois et forêts au sein du Groupe Conseils Roche ltée. Peu de temps après, celui-ci sera rejoint par Jean-Louis Kérouac et André Lachance. Notons que de 1975 à 1980, Jean-Guy Lajoie a œuvré pour le bureau de consultants Lajoie, Séguin Consultants inc. qui a entre autres profité de l’expertise acquise par celui-ci comme directeur de production de l’usine de contreplaqué de bois feuillu J. H. Normick à La Sarre en Abitibi.

C’est en 1976, que la firme Blais, McNeil et associés met sur pied sa filiale Dendrotik, spécialisée dans le mesurage des bois abattus. Cette entreprise est toujours active.

Source : Forchemex

Le secteur de la voirie forestière s’est développé dans le milieu des années  1960 grâce à Rosaire Després au sein de Forchemex. Guy Rochette s’est joint à l’entreprise au début des années  1980 et poursuit notamment cette activité spécialisée à titre de filiale de Norda Stelo.

1990-2000

Les années  1990 sont relativement prospères, alors que de grands projets industriels sont implantés, notamment sous la poussée de nouveaux volumes de bois rendus disponibles, de l’acquisition de scieries par des entreprises de pâte et papiers afin de sécuriser l’approvisionnement en fibre de ces dernières, la prise en main de nouvelles technologies et l’arrivée de nouveaux joueurs comme les communautés autochtones et des organismes sans but lucratif (coopératives forestières et organismes de gestion en commun).

Parmi les premiers titulaires d’une Maîtrise en technologie du bois, dont Jean-Louis Kérouac, Jean-Guy Lajoie a participé à de nombreux projets d’envergure jusqu’à sa retraite en 2002, dont la construction de l’usine de panneaux particules PANVAL, située à Sayabec dans la région du Bas-Saint-Laurent, d’une usine de panneaux OSB à St-Michel des Saints (Lanofor inc.), la construction d’une usine de panneaux OSB à Wawa (Ontario) et la construction d’une usine de panneaux MDF à Pembroke (Ontario). La liste des études et projets auxquels il a contribué, dont plusieurs projets industriels internationaux, livre un tableau impressionnant.

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Construction de l’usine PANVAL à Sayabec en 1982.

Source : https://www.uniboard.com/fr/qui-nous-sommes.

En 1998, les firmes suivantes2, en lien avec les membres actuels de l’Association des consultants en foresterie, sont inscrites dans la section Ingénierie de procédés et de projets du Répertoire des technologies de transformation du bois3 produit par le ministère des Ressources naturelles :

• Industrie des pâtes et papiers  : Groupe-conseil Genivar inc. et Roche ltée Groupe conseil.

• Industrie du bois  : Consultants forestiers DGR inc., Gauthier, Parent et associés, Les consultants forestiers M.S. inc., Groupe McNeil inc., Poulin, Thériault inc., Roche ltée Groupe conseil et Sylvitec inc.

2000-2015

Contrairement à la période précédente durant laquelle se sont implantés de grands projets forestiers industriels, la période  2000-2015 a été une succession de jours difficiles, ce qui a affecté fortement l’économie de l’ensemble des régions du Québec.

Plusieurs usines de pâtes et papiers ont fermé leurs portes alors que d’autres ont mis en arrêt permanent des lignes de production. Le secteur du sciage résineux a été affecté, à la fois par une perte de marché pour ses produits dérivés, une forte baisse des mises en chantiers aux États-Unis, mais également une

2 Les appellations des firmes sont indiquées ici tel que mentionnées dans le Répertoire.3 http://www.mffp.gouv.qc.ca/publications/forets/entreprises/technolo.pdf (lien consulté le 7 février 2017)

baisse de plus de 20  % de la possibilité forestière dans la foulée du rapport Coulombe (2004) et une valeur relativement élevée de la devise canadienne. L’ensemble de ces facteurs a forcé plusieurs scieries à se retirer du marché.

Du côté des scieries de bois feuillus, la diminution draconienne de la qualité des bois récoltés a forcé la fermeture de nombreuses usines et une recherche de produits à valeur ajoutée pour d’autres usines.

Enfin, soulignons que trois usines de panneaux OSB sur six ont cessé leurs activités faute de marchés rentables pour leurs produits.

Les services du Groupe McNeil inc. qui se spécialisaient dans le diagnostic et le redressement d’entreprises dans le secteur forestier ont été fortement sollicités à cette époque.

Comme le souligne l’ingénieur forestier Jacquelin Goyette, qui a longuement œuvré dans ce domaine (notamment entre 1976 et 1981, au sein de la firme Rinfret, Rivest et associés et à partir de 1994, pour la firme Groupe INFOR inc.), l’augmentation graduelle et constante du nombre d’usines de sciage détenues par les entreprises de pâtes et papiers à cette époque a suscité, dans l’industrie, le développement d’une expertise à l’interne, au détriment des mandats confiés aux firmes de génie-conseil.

Pour Gérald Gagné, semi-retraité de la firme Consultants forestiers DGR inc. depuis 2000, mais demeuré actif dans des dossiers de redressement d’usines et d’implantation de technologies innovantes, il n’y aucun doute que la demande de services traditionnels a rapidement diminué et aujourd’hui les firmes doivent s’orienter du côté de la deuxième et troisième transformation du bois d’œuvre et de la valorisation des produits dérivés. Un domaine qui est fortement occupé par des organismes à but non lucratif dont la base de membres est composée d’industriels qui ont accès à des aides gouvernementales.

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Gérald Gagné, ing. f.

Par ailleurs, l’ingénieur forestier Guy Gilbert s’est retiré du Groupe Conseils Roche ltée entre 2002 et 2007 pour travailler son propre projet de panneau de bois massif contre-lamellé croisé « CLT », tout en continuant à effectuer divers mandats en sous-traitance pour cette firme. La crise forestière a malheureusement forcé la mise en suspens de ce projet. En tant que consultant, il estime avoir tiré d’importants acquis de cette expérience, dont celui de maîtriser des technologies d’avant-garde dans ce créneau de la seconde transformation du bois, applicable aux approvisionnements du Québec.

L’ingénieur forestier Guy Gilbert photographié ici avec M. Alain Cloutier, ing., ing.f., PhD. Professeur titulaire et directeur, Centre de recherche sur les matériaux renouvelables. Pièce finition de surface sans ponçage.

Source : Pierre Mathieu, photo prise le 24 avril 2017.

Notons que la hausse du prix du pétrole autour de 2006 a engendré une certaine effervescence pour la bioénergie. Cependant, les études réalisées dans le domaine de l’utilisation de la biomasse à des fins énergétiques par des firmes de génie-conseil ont permis de constater la difficulté de dégager une rentabilité. Rentabilité quasi inexistante aujourd’hui avec la baisse importante du prix du pétrole.

L’AVENIR DES SOCIÉTÉS DE GÉNIE-CONSEIL EN FORESTERIE DANS LES SERVICES À L’INDUSTRIE DE LA TRANSFORMATION DES BOIS

Aujourd’hui, les services à l’industrie de la transformation des bois n’existent plus comme tels au sein des bureaux de consultants en foresterie. Récemment, la firme Consultants forestiers DGR inc. a repris les démarches auprès de clients potentiels en développement des produits et en optimisation de procédés. Chez Norda Stelo, des projets ont été initiés à l’international où sa filiale Forchemex a offert ses services-conseils et prêté son personnel, notamment dans le cadre d’un projet de cogénération.

En somme, les expertises existent, surtout en périphérie des sociétés de génie-conseil en foresterie, mais cette situation pourrait évoluer en fonction des orientations gouvernementales et de la prise de conscience de la contribution essentielle des firmes privées dans la chaîne globale de mise en valeur de la ressource forestière.

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Jean-Louis Kérouac, ing. f. a œuvré comme cadre supérieur pour des firmes privées de génie-conseil en foresterie (Gauthier Poulin Thériault [GPT] Groupe-conseil Roche ltée, Tecsult inc. et AECOM) pendant plus de 35 ans et a été très actif sur les marchés internationaux en foresterie. Il a agi comme secrétaire général pour l’organisation du XIIe Congrès forestier mondial tenu à Québec en septembre 2003.

Jean-Louis Kérouac au XIIIe Congrès forestier mondial, en Argentine, octobre 2009. Source : Collection de Jean-Louis Kérouac.

AVANT-PROPOS

Ce n’est pas tous les jours que les consultants en foresterie décident de parler d’eux pour prendre conscience de leurs actions passées afin d’orienter leur avenir.

L’ORIGINE ET L’ÉVOLUTION DU GÉNIE-CONSEIL en foresterie du Québec sur les marchés internationaux racontées par un pilier de la profession

Par Jean-Louis Kérouac, ing. f. (Pour consulter la version longue : http://shfq.ca/recherches/)

Le génie-conseil connaît actuellement dans toutes les sphères d’activités une contraction imposée par les travaux de la Commission Charbonneau sur l’industrie de la construction. Cette enquête, terminée en 2015, n’est pas la seule qui a affecté le génie-conseil en foresterie. Il faut se rappeler, qu’en 2004-2005, la Commission Coulombe sur la foresterie québécoise avait provoqué tout un chambardement dans la gestion du domaine forestier public. Il ne faut pas oublier non plus la crise vécue par le secteur forestier en 1999 avec la sortie du film, L’Erreur boréale, et bien sûr le contentieux commercial entre les États-Unis et le Canada concernant le bois d’œuvre canadien exporté chez nos voisins du Sud.

Ces événements, tout comme les avancées technologiques du secteur, ont fortement modifié le génie-conseil en foresterie tant sur le marché local qu’international.

En effet, depuis le milieu des années  1960, le génie-conseil en foresterie a connu une période de croissance impressionnante tant sur le marché local qu’à l’international. De grands événements internationaux tenus au Québec ont marqué les années, 1980, 1990 et 2000.

On se souviendra du grand rassemblement de 1984, le Congrès forestier international avec la participation de l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec, de l’Institut forestier du Canada, de la Society of American Foresters et de l’Association internationale des associations d’ingénieurs forestiers qui avait rassemblé plus de 1900 participants à Québec. En 1995, les fêtes soulignant les 50 ans de la FAO (Food and Agriculture Organization) avaient réuni plus de 2500 personnes spécialistes de la forêt, de l’agriculture, des pêches et de l’alimentation.

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Enfin en 2003, le Québec et le Canada ont été les hôtes du XIIe Congrès forestier mondial, ce grand rassemblement planétaire qui avait réuni plus de 4500 participants.

Ce grand rassemblement a été immortalisé par l’érection d’un jardin commémoratif du Congrès localisé sur les Plaines d’Abraham à Québec où l’on retrouve les arbres emblématiques des dix provinces canadiennes, des trois territoires et du Canada, ces arbres étant jumelés à un arbre d’un autre pays ou continent.

Ces grands événements sont des signes que la foresterie québécoise a écrit son histoire au cours des 50 dernières années, même à l’étranger.

Ovation adressée à Jean-Louis Kérouac lors de la clôture du XIIe Congrès forestier mondial à Québec.

De gauche à droite : T. H. Herb Dhaliwal, ministre des Ressources naturelles du Canada, Sam Hamad, ministre des Ressources naturelles de la Faune et des Parcs du Québec, M. Jean-Louis Kérouac, Secrétaire général du Congrès et Dr Hosny El Lakany, Assistant directeur général, Département des Forêts, FAO. Source : Collection de Jean-Louis Kérouac.

Jardin commémoratif du XIIe Congrès forestier mondial, 2003. Source : Collection de Jean-Louis Kérouac.

1950-1960

Il faut remonter jusqu’à la période d’après la Seconde Guerre mondiale pour retrouver la foresterie canadienne à l’international. La guerre du Pacifique avait créé de nombreux besoins. Le Canada par le plan Colombo1 avait été appelé à jouer un rôle en foresterie dans le cadre de ce plan de reconstruction. Pourquoi en foresterie ? J’ai appris à la petite école à cette époque que le Canada était le plus important producteur de papier journal au monde et que la foresterie allait aux Canadiens comme un gant. Dès cette époque, la foresterie canadienne a été choisie comme un axe de coopération avec les pays en voie de développement.

C’est ainsi que l’on retrouvera des forestiers canadiens au Ceylan, aujourd’hui le Sri Lanka, et au Pakistan oriental (Eastern Pakistan) devenu le Bangladesh après la guerre de Sécession du Pakistan occidental de 1972. Les grandes firmes de foresterie de l’Ouest canadien tel, C. D. Schulz, Simmons, Reid Collins, T.M. Thompson, Sandwell, Forestal et bien d’autres ont su profiter des premiers projets de coopération financés par le Plan Colombo. C’est ainsi qu’entre en scène au Bangladesh, Georges Nagle par l’intermédiaire de Forestal qui s’était vu confier l’inventaire des forêts de mangroves et l’élaboration d’un plan d’affectation des terres. Une firme de Montréal spécialisée en pâtes et papiers, Stadler and Hurter, a également œuvré dans ce pays à cette époque.

Ralph Roberts, responsable jusqu’à sa retraite de la cellule forestière au sein de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), précise qu’à cette époque, CIP Gatineau, une société forestière du Québec, s’était intéressée à une usine de panneaux au Bangladesh. Un forestier canadien a fortement marqué la décennie 1950 selon Ralph Roberts. Il s’agit de Georges Nagle, qui sera plus tard le fondateur de la firme Nawitka qui fut à une certaine époque des années  1990 un partenaire d’affaire de Darveau, Grenier, Routhier (DGR).

1 Dans le contexte de la Guerre froide, des pays membres du Commonwealth britannique, réuni à Colombo la capitale du Ceylan, aujourd’hui le Sri Lanka, mettent en vigueur un plan de développement économique coopératif. Il a pour but d’améliorer les conditions de vie de la population de certains États asiatiques afin d’endiguer la menace communiste qui s’y profile.

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Au Québec, dans les années  1950, c’est la grande noirceur, période peu propice à l’ouverture sur le monde. Le Québec se préparait comme beaucoup de régions du monde à assumer son avenir.

1960-1970

À la fin des années  1950 et début  1960, de grands événements se produisent à l’étranger, les grandes puissances coloniales d’Europe accordent l’indépendance à leurs colonies. Chez nous, c’est l’effervescence de la Révolution tranquille.

Au début des années 1960, la section du ministère des Affaires extérieures du Canada, « External Aid » sera appelée à étendre son action à l’Afrique anglophone en plus de l’Asie. Un programme spécial pour ce sous-continent permet aux forestiers de l’Ouest et à ses consultants de prendre une avance sur nous. C’est une décennie durant laquelle la bataille était très inégale entre l’Est et l’Ouest canadien. En 1968, l’arrivée de Pierre E. Trudeau et la création de l’ACDI permettent aux firmes du Québec de commencer à s’imposer.

Le premier président de l’ACDI a été Maurice Strong. Il s’était adjoint un Canadien, John Bene, pour l’aider à structurer la division forêt au sein de l’Agence. Monsieur Bene avait été président de Welwood Canada et était actif à mi-temps au sein du ministère des Affaires extérieures à la section « External Aid ». Il a recruté Ralph Roberts, un ingénieur forestier que monsieur Bene avait connu au Kenya, pour l’appuyer. À cette époque Ralph Roberts était à l’emploi de la firme Spartan Air Services d’Ottawa au Kenya qui avait comme mandat d’utiliser les photographies aériennes pour la cartographie des ressources naturelles.

Ralph Roberts, ACDI. Source : Collection Ralph Roberts.

En 1969, un an après la création de l’ACDI, GPT (Gauthier Poulin Thériault) décroche un contrat de plus de 1 million de dollars pour le projet de protection des forêts de chêne-liège en Algérie.

À la même époque,  Marcel Marcotte, un ingénieur forestier  considéré comme un des  pères de la foresterie québécoise à l’étranger et qui avait travaillé antérieurement pour la firme Bélanger, Bourget de Québec sera recruté par la FAO pour des travaux au Cambodge (1964-1969) et en Bosnie-Herzégovine (1969-1972) grâce à un financement du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). Par la suite, il a fait carrière de nombreuses années chez GPT.

Au Québec, pendant les années  1960, c’est la Révolution tranquille, les développements en éducation, les grands projets d’Hydro-Québec. C’est pendant cette décennie que la fonction publique québécoise forestière se met en place, que s’organise le premier inventaire décennal, les belles années pour lesquelles il fallait rattraper le retard des décennies de grande noirceur d’après-guerre. Ça a été l’époque des pionniers, des précurseurs, ceux qui ont préparé la piste de décollage. La décennie suivante a été celle de l’envol à travers des projets de pépinières qui auront permis à nombre de confrères de faire carrière en foresterie internationale.

1970-1980

Début  1970, Paul Gérin-Lajoie remplace Maurice Strong à la présidence de l’ACDI et c’est la création de la vice-présidence Afrique francophone qui sera suivie de la création de la vice-présidence des Amériques en 1973.

À cette époque également, l’ACDI confie un mandat relatif à un vaste projet d’inventaire forestier au Zaïre, l’ancien Congo belge. En même temps, le Fonds de recherche de l’Université Laval (FRUL) met en place un cours de foresterie à l’Université de Lovanium, au Congo.

Dans ce même pays, à Kinshasa, l’ACDI met en place un bureau de coordination pour assurer le suivi du programme forestier. Le programme couvrira sur près de deux décennies tous les secteurs de la foresterie, de l’inventaire à la mise en place du Service

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68- HISTOIRES FORESTIÈRES

permanent d’inventaire et d’aménagement forestiers (SPIAF), en passant par des activités de pépinières et de reboisement, de carbonisation, de développement industriel et de gestion forestière.

Nombre d’intervenants québécois y participeront, l’Université Laval, les firmes privées de consultants, des consultants individuels, et même en 1976, le Gouvernement du Québec pour l’établissement du SPIAF. Il est non seulement encore actif après plus de 35 ans, mais il a été intégré au service forestier de la République démocratique du Congo (RDC) et constitue une entité forestière incontournable dans la gestion du domaine forestier de ce pays.

C’est au cours de cette décennie que deux firmes du Québec se donneront les structures pour développer le marché international à partir de dossiers majeurs : l’inventaire forestier de la cuvette centrale au Congo et l’inventaire des forêts indigènes des îles de La Trinité-et-Tobago pour GPT et l’inventaire des forêts du Massif central du Honduras conquis de chaudes luttes par Blais, McNeil à une firme de l’Ouest canadien.

Remise du rapport final de l’inventaire forestier de Trinité- et-Tobago le 31 janvier 1980.

De gauche à droite : De gauche à droite : M. Kenneth De Freitas, Directeur national du projet d’inventaire forestier, Dr Bal S. Ramdial, Conservateur des Forêts et Jean-Louis Kérouac, Directeur canadien du projet d’inventaire forestier accompagné du personnel administratif. Source : Collection de Jean-Louis Kérouac.

GPT réussira également à décrocher un projet en Algérie grâce à un financement algérien visant l’inventaire et l’aménagement intégré des terres et forêts du nord de ce pays méditerranéen. Début 1974, au Nigéria, GPT décrochera un mandat d’analyse forestière en sous-traitance pour SNC qui considérait l’implantation d’une usine de pâte et papier dans le Midwestern State.

Au cours de cette décennie au Québec, la majorité des mesures listées ci-dessous se sont matérialisées et ont contribué à créer sur le marché local une demande très élevée de services de consultant en foresterie :

• Livre blanc sur la politique forestière et annonce de la révocation des concessions forestières ;

• création des forêts domaniales qui a propulsé à l’avant-scène l’industrie du sciage ;

• programme d’aide à la forêt privée ;

• Loi sur le crédit forestier ;

• Loi sur les réserves écologiques ;

• création de 44 unités de gestion des forêts publiques ;

• mise en place du Comité de gestion forestière (COGEF) ;

• révision du mandat de la Société de récupération, d’exploitation et de développement forestiers (REXFOR) pour appuyer le développement industriel forestier ;

• réalisation du premier inventaire forestier décennal ;

• réalisation de travaux majeurs d’Hydro-Québec et de la Société d’énergie de la Baie-James ;

• programme de modernisation de l’industrie des pâtes et papiers ;

• virage environnemental à la suite de la Commission Brundtland de 1972.

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1980-1990

Cette décennie est fort importante pour les acteurs sur la scène de la foresterie internationale. Le programme forestier développé au Congo se poursuit et le même modèle est mis en chantier au Cameroun, au Pérou et au Guyana. Le grand nombre de projets financés par l’ACDI favorise l’arrivée de nouveaux joueurs. Le contenu des projets se profile sur les enjeux identifiés par la Commission Brundtland pour tenir compte des aspects sociaux et environnementaux. De nouvelles expertises feront partie des projets comme des sociologues, des biologistes et des spécialistes en agroforesterie.

Parmi les nouveaux venus, une firme de La Colombie-Britannique, Reid Colins, prendra la relève du gouvernement du Québec au Congo (Zaïre) et recrutera des forestiers du Québec. Bois et Placages généraux de Longueuil continueront leurs interventions dans un projet industriel dans la région du lac Maï Ndombe.

Les deux firmes vedettes de la décennie précédente continueront leur croissance pendant cette période. Pour Blais, McNeil, sous la direction de Jean Pouliot, c’est le marché du Guyana, du Honduras, du Sénégal et du Congo (Zaïre) de même qu’un projet d’inventaire privé au Nicaragua en Amérique centrale.

Gauthier, Poulin, Thériault ltée est devenue membre de la société d’ingénierie Tecsult en 1982. Cette société d’ingénierie était déjà active sur les marchés internationaux depuis le milieu des années  1960. GPT tirera profit de sa présence au Cameroun avec un financement de l’ACDI pour décrocher d’importants mandats grâce à un financement de la Banque mondiale pour le projet d’assistance technique en pépinières et reboisement. GPT obtiendra également un projet d’inventaire forestier au Cameroun avec un financement de la Banque islamique de développement. GPT, au début des années  1990, décrochera un important projet d’inventaire forestier en République centrafricaine. La firme se verra confier un mandat d’assistance au Pérou par l’ACDI, et s’associera à un nouveau joueur, Groupe-conseil Roche ltée, pour une réalisation commune d’un aménagement de la forêt feuillue dans le nord du Honduras.

Exploitation forestière au Gabon, 1999. Source : AECOM (Tecsult).

Depuis 1981, Groupe-conseil Roche ltée avait mis sur pied une division bois et forêts et en avait confié le développement à Jean-Guy Lajoie et à Jean-Louis Kérouac. La vigueur du marché local, les grands projets industriels comme PANVAL et les nombreux projets financés par l’ACDI ont contribué à l’arrivée de ce nouveau joueur. Dès 1983, Groupe-conseil Roche ltée décroche un projet en Colombie pour un projet d’aménagement des bassins versants. Il se verra confier un projet d’appui institutionnel forestier à Sainte-Lucie dans les Caraïbes, financé par l’ACDI, en plus de prestations en cartographie forestière en Côte d’Ivoire avec un financement de la Banque mondiale.

Côte d’Ivoire, 1988.

De gauche à droite : M. Jean-Louis Kérouac en compagnie de M. Konan Soundele, Directeur général de la SODEFOR et de M. Robert Deffrasnes du ministère de l’Énergie et des Ressources du Québec. Source : Collection de Jean-Louis Kérouac.

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70- HISTOIRES FORESTIÈRES

Pendant cette décennie, un consortium québécois, Interfor, qui regroupe les firmes Gauthier, Parent, Dryade et DGR se verra confier un mandat de la Banque mondiale au Burkina Faso pour un projet de reboisement et un projet d’assistance technique au Malawi, financé par l’ACDI. Interfor cessera ses activités au début des années 1990.

Le Gouvernement du Québec continuera ses interventions en foresterie internationale par un projet de renforcement institutionnel au Rwanda grâce à un financement de l’ACDI. Ce projet prendra fin à la suite du génocide de 1994.

Il est important de mentionner une initiative internationale qui aura un impact majeur pour l’identification de projets forestiers d’envergure à travers le monde, il s’agit du Plan d’action forestier tropical (Tropical Forestry Action Plan2). C’est ainsi que l’on retrouvera des forestiers du Québec et du Canada qui agiront pour l’ACDI dans la préparation de plans d’action forestiers tropicaux et dans l’identification de projets pour atteindre les objectifs du plan des pays comme le Pérou, la Guyana, la Jamaïque, le Honduras et la Tanzanie. Par la suite, plusieurs firmes du Québec se verront confier la réalisation de ces projets, dont le projet Trees for Tomorrow en Jamaïque.

Un fait très important à signaler au cours de cette décennie est l’arrivée d’un organisme non gouvernemental, le SUCO pour Service universitaire canadien outre-mer dans le cadre d’un programme d’agroforesterie en Guinée Bissau.

Au sortir de cette décennie, trois firmes du Québec, GPT (Tecsult), Groupe-conseil Roche ltée et Blais, McNeil se démarquent et ont pu se servir du levier de l’ACDI pour développer leur clientèle internationale. Cette décennie constitue à plusieurs titres l’affirmation ou la conquête des marchés étrangers par les forestiers du Québec.

2 Les Plans d’actions forestiers tropicaux, définis pour chaque pays, ont servi à coordonner le financement en provenance des pays donateurs et des diverses agences de développement international.

Sur la scène québécoise, cette décennie a été marquée par :

• Crise des finances publiques de 1982 ;

• mise en place d’un nouveau régime forestier en 1986 ;

• création et disparition d’un ministère des Forêts ;

• affaissement de la demande de services forestiers sur le marché local, le nouveau régime forestier ayant créé une grande déception à ce niveau ;

En 1989, la chute du mur de Berlin et la fin prévue du communiste auront des conséquences sur les budgets alloués à l’aide à l’étranger au cours des décennies suivantes. En effet, les gouvernements occidentaux n’auront plus l’excuse du danger du communisme et devront faire face à la lutte au déficit budgétaire. Les budgets seront aussi orientés pour aider les nations qui rechercheront la démocratie comme système politique.

1990-2000

Cette décennie sera marquée par la restructuration des entités en activité à l’étranger et déjà à une gestion de la décroissance de la demande de service de la part de l’ACDI.

Selon Ralph Roberts, ancien chef de la cellule forestière de l’ACDI, l’agence a suivi un courant mondial qui a incité toutes les agences d’aide bilatérales et multilatérales à revoir leurs interventions orientées depuis quelques décennies sur des projets d’infrastructure et de développement des ressources naturelles. La concentration de l’aide à l’étranger a donc été axée sur le développement social, soit la santé, l’éducation et une meilleure gouvernance vers la démocratie.

Au début de la décennie, il est important de souligner qu’au Cameroun, SOFATI, une firme de Montréal, avait reçu un mandat pour la construction de six lycées techniques. Une fois la construction complétée, la firme s’est vue confier la formation du personnel enseignant avec l’appui du Consortium intercollégial de développement en éducation (CIDE). Depuis 1981, les forestiers canadiens étaient présents au Cameroun dà travers un projet d’appui institutionnel

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à l’administration forestière camerounaise conduit par GPT, projet financé par l’ACDI. Les extrants de ce projet, dont entre autres, le manuel d’identification des espèces forestières camerounaises, ont été utilisés avec succès pour assurer la formation du personnel enseignant camerounais dédié aux techniques en foresterie reliées à l’aménagement forestier, à l’exploitation forestière et à l’industrie de transformation des bois.

Groupe-conseil Roche ltée se positionne dès le début des années 1990 par l’obtention d’un contrat majeur d’appui institutionnel au Brésil et d’un mandat de soutien à l’implantation d’une pépinière en Chine, financé par l’ACDI. Il obtient également un mandat au Mexique financé par la Banque interaméricaine de développement. Cette organisation est également fortement impliquée dans le marché canadien pour d’importants projets industriels de panneaux. Elle est acquise au milieu de la décennie par une firme américaine.

Pour sa part, Blais, McNeil a vécu une restructuration interne, mais a quand même réussi à développer un projet industriel en Russie avec du financement privé. Il a également participé à un projet d’inventaire forestier au Maroc en sous-traitance pour une filiale de Lavalin.

Au même moment, Tecsult consolide ses activités en Afrique en réalisant en simultané des projets majeurs d’inventaire en Éthiopie et en République centrafricaine, financés par la Banque mondiale. Les activités au Cameroun avec du financement de l’ACDI sont reconduites avec plus d’ampleur et amèneront à la promulgation d’une nouvelle loi forestière et à la désignation d’un massif boisé comme « Forêt classée », une première depuis des décennies dans ce pays d’Afrique centrale. Financé par la Banque asiatique, Tecsult foresterie étendra ses activités au Bangladesh, en Indonésie et au Vietnam avec la coopération industrielle de l’ACDI, en Argentine grâce au financement de la Banque mondiale. L’ACDI lui confie également le projet d’aménagement de la forêt de Douékoué en Côte d’Ivoire.

Au sortir de cette décennie, toutes les firmes de l’Ouest canadien actives en foresterie sur les marchés internationaux ont été rayées de la carte. La seule qui survivait, Reid Collins, en partenariat avec Tecsult en Jamaïque, est acquise en 1999 par une

firme américaine du nom d’ORM (Olympic Resource Management) qui ne s’intéresse qu’à des projets financés par le privé. Tecsult complétera seul ce projet.

Formation en photo-interprétation en Jamaïque, 1998. Source : AECOM (Tecsult).

Un changement très important de cette décennie est l’arrivée de l’affichage électronique des projets. Avec cette technologie, toutes les firmes ou même les organismes à but non lucratif peuvent présenter des propositions de service. Ce nouveau système favorise beaucoup plus les firmes multidisciplinaires. L’arrivée de nouvelles firmes est rendue plus difficile. Ce nouveau système a surtout permis aux Organismes non gouvernementaux (ONG) d’envahir les marchés traditionnels des firmes de consultants en foresterie.

Il ne faut pas négliger également des événements mondiaux qui ont sans doute eu des répercussions sur l’ACDI qui a fonctionné à bas régime pendant cette décennie. La guerre du Golfe et la guerre du Kosovo en sont des exemples.

Au Québec pendant cette décennie :

• Compressions et gestion de la décroissance ;

• fusion du ministère des Forêts avec celui des Ressources naturelles ;

• arrivée de nouvelles technologies coûteuses en investissement ;

• affaissement du marché local par une déflation des prix, les prix de 1999 se comparant à ceux du début de la décennie ;

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72- HISTOIRES FORESTIÈRES

• restructuration de certaines entreprises ;

• sortie du film « L’erreur boréale » ;

• commission parlementaire pour la révision du régime forestier de 1986.

Pour assurer le développement de ses activités à l’étranger, une entreprise se doit d’être soutenue par un marché local fort. Des conditions très adverses ont provoqué le retrait total ou partiel de certaines organisations du marché des services en foresterie internationale pendant cette décennie.

2000-2015

Au tournant d’un nouveau siècle, d’un nouveau millénaire, de nouveaux défis. Tecsult sera pratiquement la seule firme à œuvrer à l’étranger. Au Mexique, Tecsult conduira de 2004 à 2012, des inventaires forestiers nationaux. Ces mandats ne seront pas reconduits, des essais de partenariat avec des ONG se soldant par des échecs. C’est en 2007 que la cellule de foresterie au sein de l’ACDI disparaît et avec elle toute la mémoire corporative accumulée au cours des ans.

Aussi, durant la même période, il faut mentionner un des derniers sinon le dernier projet forestier de l’ACDI. Ce projet visait à fournir un appui à la haute administration forestière de Cuba. Ce projet a échappé aux firmes de l’est du Canada. Tecsult passe aux mains d’une société américaine AECOM en 2008.

Tecsult en association avec Reid Collins réalisa le projet Trees for Tomorrow financé par L’ACDI. Ce projet a reçu à son achèvement en 2008 le prestigieux prix, « Un arbre à aimer3 » décerné par l’Association des ingénieurs-conseils du Canada.

3 http://www.acec.ca/fr/evenements_et_prix/prix_canadiens_genie_conseil/prix_2008/index.html

Les artisans du prix « Un arbre à aimer », en 2008.

De gauche à droite : MM. Jean-Louis Kérouac, Guy Parent, Jacques Poirier, Denis Baron et Stéphane Tremblay. Source : collection Jean-Louis Kérouac.

Au Québec, les années  2000 ont été fortement marquées par des événements qui ont provoqué une importante remise en question des acteurs de l’industrie par la baisse de la demande de services en foresterie et de la forte compétition que se sont livrée les firmes. Cette faiblesse du marché local n’a pas permis de développer de nouvelles activités à l’étranger. Les événements listés ci-après ont forcé un repositionnement des principaux acteurs de l’industrie :

• Les changements apportés par l’application des recommandations de la Commission Coulombe qui a fortement rapatrié au sein de l’administration publique des services qui étaient dans le passé rendus en partie par le secteur privé ;

• le conflit sur le bois d’œuvre avec les Américains ;

• le niveau des coupes annuelles fortement en baisse qui a provoqué un manque à gagner important pour le trésor public ;

• l’arrivée de nouvelles technologies qui a obligé les firmes à consentir des investissements importants pour répondre aux demandes de services ;

• la Commission Charbonneau qui a jeté une ombre sur toutes les firmes de génie-conseil même si le secteur forestier n’a jamais été directement touché par les enquêtes ou les allégations ;

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• la création d’un ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs qui dépend totalement du Conseil du trésor pour tous les projets qu’il veut mettre de l’avant, cette situation étant créée par les faibles recettes des redevances forestières ;

• la situation précaire du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs qui n’a que comme objectif de réduire ses dépenses et ses demandes de services ou d’obtenir des services à moindre coût.

Le début de la présente décennie aura été marqué par la disparition de l’ACDI qui est redevenue une division du ministère des Affaires étrangères du Canada, comme avant 1968. La disparition de ce navire amiral en coopération internationale constitue un retour historique de près d’un demi-siècle. L’ACDI a toujours servi à introduire notre savoir-faire à l’étranger et par la suite, à nous positionner sur les projets à financement privé ou multilatéral.

Nous reverrons peut-être une ACDI d’ici la fin de la décennie. Cependant les attentats du 11 septembre 2001, la lutte au terrorisme, sans oublier la guerre contre l’État islamique forceront les donateurs d’aide bilatérale à réorienter, pendant plusieurs décennies, leur budget d’assistance vers l’aide humanitaire de première nécessité.

Mais tout nouveau redémarrage des activités à l’étranger fera face à de nouvelles contraintes, entre autres :

• Le niveau d’éducation des pays en développement a augmenté et le recours à du personnel local est de première nécessité pour être compétitif ;

• les besoins sont très spécialisés et ne nécessitent souvent que des interventions ponctuelles ou même à distance ;

• la sécurité physique et sanitaire du personnel ;

• les difficultés de recrutement du personnel nécessaire à long terme étant donné la perception de risques accrus à vivre en pays de développement, et que les deux personnes du couple ont chacune leur carrière, mais que trop souvent une seule pourra travailler dans le pays d’affectation ;

• la nécessité de plus en plus pressante d’intégrer les projets forestiers comme volet de développement dans des ensembles de programmes souvent plus larges et plus ambitieux, ayant trait à l’environnement, l’agriculture, l’énergie, l’aménagement du territoire ;

• la définition d’une approche d’ingénierie pour répondre au concept d’une gestion intégrée des ressources naturelles renouvelables de la biosphère que sont l’eau, les sols, la forêt, la faune, etc.

• les obligations fiscales du personnel et des entreprises œuvrant à l’étranger qui étaient nulles dans le passé sont désormais obligatoires forçant les entreprises à s’incorporer dans chacun pays d’intervention et à tenir compte de toutes les taxes locales comme la taxe sur la valeur ajoutée ;

• l’association avec des ONG internationales et locales sera une obligation tant que les budgets d’aide resteront orientés vers le développement social ;

• la nécessité de répondre à la perception que les ONG sont moins dispendieuses que les firmes privées ;

• la nécessité de créer des partenariats avec d’autres firmes, nationales ou internationales, pour être en mesure de fournir tous les services que demandent les nouveaux projets ;

• enfin, la réalisation des projets financés par l’aide bilatérale, c’est-à-dire l’aide d’un pays à un autre, est ouverte à toutes les firmes du pays donateur, ainsi qu’à toutes les firmes étrangères pouvant se qualifier en matière de qualité et de coût.

En conclusion, soulignons que les firmes de consultant en foresterie ont su croître et s’adapter au cours des 50 dernières années et étendre leur expertise sur plusieurs continents. Leur savoir-faire et leurs technologies mises au point pour traiter de grands ensembles forestiers du domaine public leur ont permis de se démarquer sur les marchés internationaux.

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MERCI À NOTRE MEMBRE VAN BRUYSSEL

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Terminons ce texte en identifiant ceux qui sont considérés comme les pères de la foresterie québécoise à l’étranger  : du côté universitaire, le Dr André Lafond, et du côté des dirigeants des firmes privées, Georges R. Thériault, Jacques Gauthier, Marc F. Poulin, les fondateurs de GPT, Robert Darveau de DGR et d’André McNeil de Blais, McNeil.

Ces dirigeants d’entreprise ont pris le risque d’investir dans ce secteur d’activité en recrutant du personnel pour préparer les coûteuses soumissions et réaliser ces projets obtenus à l’autre bout du monde.  Leur savoir-faire et leurs technologies mises au point pour traiter de grands ensembles forestiers du domaine public leur ont permis de se démarquer sur les marchés internationaux. Nul doute que cette agilité à se développer malgré des conditions adverses saura encore ramener le secteur dans une situation de croissance.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Un membre Van bruyssel de la SHFQ est un membre corporatif qui bénéficie de plusieurs avantages contre des frais d’adhésion plus élevés.

Ferdinand Van Bruyssel fut consul général de Belgique au Canada de 1887 à 1894, fondateur de la Belgo Canadian Pulp Company (1900) et conseiller spécial auprès du ministère des Terres et Forêts. Belge d’origine et Canadien d’adoption.

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À la lecture du texte de Jean-Louis Kérouac, nous ne pouvons qu’être frappés par l’importante place qu’occupent les ingénieurs forestiers québécois dans le domaine de la consultation en foresterie internationale. Tel que l’explique M.  Kérouac, l’existence d’un organisme comme l’Agence canadienne de développement internationale (ACDI) a aidé à développer l’offre de services dans ce secteur. Cependant, nous nous sommes interrogés sur les spécificités qui ont permis aux consultants en foresterie québécois de connaître un tel succès.

ACDI.

« LA FORESTERIE VA AUX CANADIENS COMME UN GANT »

Nous avons demandé à M. Kérouac ce qu’il entendait par là :

Dans votre texte, pour œuvrer en développement à l’étranger, vous dites que la foresterie va aux Canadiens comme un gant, pourquoi ?

« C’est parce que nous avons l’habitude de travailler sur de grands ensembles forestiers. Nous développons des outils qui sont adaptés à de grandes superficies. C’est notre façon d’aborder la forêt. Comme en Afrique ce sont de grands ensembles, cela nous a permis d’avoir des réponses et des technologies adaptées. »

Le génie forestier québécois pouvait donc proposer une vision de la forêt qui correspondait à la réalité de certains pays d’Afrique et d’Amérique du Sud notamment. Cela leur a permis de devenir rapidement compétitifs face aux techniques européennes plus adaptées à de petites superficies.

Au-delà de cette culture forestière, c’est dans le domaine des inventaires forestiers que les consultants en foresterie québécois ont excellé à l’international. À nouveau, les défis rencontrés au Québec pour inventorier de grands ensembles ont permis le développement de technologies et de savoir-faire avancés qui furent d’un grand intérêt pour de nombreux pays.

« Il y a eu une époque glorieuse de l’exportation de la foresterie québécoise à l’international, c’étaient les années  1980-2000, ces projets étaient fantastiques. Jean-Louis Kérouac avait grand plaisir à dire que l’on a inventorié un pourcentage important des forêts de la Terre, et c’est vrai. » Serge Côté

« À l’étranger, on leur vendait des systèmes Arc Info pour faire la restitution de la cartographie, on en a acheté pour l’Éthiopie notamment. Et puis, on vendait beaucoup d’outils canadiens, avec des logiciels qu’on leur mettait au point.

L’APPORT DES INGÉNIEURS FORESTIERS-CONSEILS

QUÉBÉCOIS À L’INTERNATIONAL

Par Aurélie Sierra, consultante, sociologue de l’environnement, M. Sc.

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76- HISTOIRES FORESTIÈRES

Ces outils fonctionnent encore en Éthiopie, c’était très important pour eux d’être en mesure de réaliser l’inventaire de leurs ressources forestières » Jean-Louis Kérouac

On comprend donc que les forestiers québécois ont une riche expérience et d’importantes connaissances à apporter. Cependant, il reste un enjeu de taille, celui de la transmission de cette expertise.

COOPÉRER, C’EST APPRENDRE À ÉCOUTER

Nous avons précédemment abordé cette question, un consultant doit avant tout comprendre le contexte dans lequel il va travailler afin de proposer des solutions innovantes certes, mais surtout adaptées aux besoins et aux ressources du client. Cet enjeu semble encore plus crucial lorsque l’on parle de coopération internationale. Il ne suffit pas de constater la problématique et d’y appliquer une recette, il faut comprendre comment le besoin est identifié et exprimé par les professionnels locaux. Il faut travailler en étroite collaboration avec les acteurs clés du milieu, pour finalement réussir à intégrer les différentes façons d’analyser la situation et de concevoir une solution. De ce point de vue, selon M.  Jean-Louis Blouin, les forestiers québécois ont su faire preuve d’écoute, de compréhension et d’adaptabilité, ce qui a eu pour effet de créer des projets efficaces et pérennes.

« On y allait [à l’international] pour communiquer nos connaissances, mais surtout pour partager. On tenait compte de leurs façons de faire. Même chose au chapitre de leurs préoccupations concernant l’avenir, on respectait leur vision du territoire. Et c’est là que graduellement se mettaient en place des stratégies durables que l’on n’avait pas forcément identifiées au départ. » Jean-Louis Blouin

De cette attitude découlent deux éléments primordiaux selon Jean-Louis Blouin  : l’autonomie et la fierté. Car si l’objectif premier est de résoudre une problématique ou de répondre à un besoin, ces missions à l’international portent des enjeux plus profonds que les firmes québécoises ont vite compris. Les projets étaient pilotés de façon à pouvoir transmettre les outils et les connaissances

nécessaires, afin de permettre aux équipes locales de fonctionner de façon autonome à court ou moyen terme. En somme, l’autonomie était un objectif sous-jacent à ces interventions. Quant à la fierté, il s’agissait de mettre en valeur les expertises locales et de travailler dans un esprit de co-apprentissage. Et ce, notamment pour augmenter la valeur de l’échange tout en favorisant l’appropriation du projet par ceux et celles qui allaient le faire vivre au quotidien.

L’apport des ingénieurs forestiers québécois à l’international s’est donc fait à un double niveau : celui de l’expertise technique et celui de l’expertise sociale.

« Notre force c’était tout simplement de considérer et de leur dire que c’était leur projet. Cela leur permettait d’acquérir une fierté concernant les résultats. Ce n’était pas juste les résultats de la firme de l’international, c’étaient les leurs. » Jean-Louis Blouin

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Nous arrivons au terme de cette incursion dans l’histoire de la consultation privée en foresterie au Québec, il est maintenant temps de se projeter dans l’avenir. À chaque fin d’entrevue des pionniers de la consultation forestière, nous posions cette question : « Comment voyez-vous l’avenir de la consultation privée en foresterie ? » Les réponses ont été diverses, certaines étaient teintées d’inquiétudes, d’autres portaient la détermination de faire face aux changements. Toutes, exprimaient l’envie de voir cette profession perdurer et reconnue pour les plus-values qu’elle offre au secteur forestier.

CONSTATS ET PROJECTIONS

Nous avons eu l’occasion au fil des chapitres de cette revue de constater que la profession fait face à de nombreux défis  : des changements structurels dans les politiques forestières, des fluctuations dans les modalités d’intervention en forêt, ou encore dans la place accordée en général à la consultation privée. Tout cela impose une réflexion sur les fondements de la profession et sur les adaptations nécessaires.

Nous avons vu que les successions de régimes forestiers ont eu des impacts importants sur la pratique des consultants en foresterie, c’est particulièrement le cas du dernier régime de 2010, Loi sur l’aménagement du territoire forestier (LADTF), par lequel le gouvernement a repris un certain nombre de responsabilités jusqu’ici portées par l’industrie forestière. Il a modifié la structure professionnelle et économique, et a demandé aux sociétés de génie-conseil forestier de revoir leur positionnement, ainsi que les services offerts. Cette transition étant toujours en cours, les inquiétudes

persistent quant au volume de travail disponible pour les consultants, mais également quant à la nature du rôle du consultant dans ce nouveau contexte.

«  Pour nous qui avions beaucoup tablé sur la grande industrie, c’est très difficile. Pour vous donner une idée, ce que l’on offrait comme service c’était  : travaux sylvicoles et planification… Depuis la Commission Coulombe, le gouvernement a tranquillement rapatrié toutes ces tâches. On fait quand même encore affaire avec l’industrie, on a encore du travail, mais notre chiffre d’affaires a quand même baissé. » Paul Bouvier

«  Le nouveau régime change beaucoup la donne et en plus, la transition pour le mettre en place est trop longue, donc c’est très difficile pour la consultation. Mais je pense que cela va s’améliorer et ça va finir par prendre sa place. » Guy Rochette

Nous observons le même genre d’incertitudes face à la situation économique au sens large. La crise économique que vit le secteur forestier a parfois entraîné une analyse à court terme des priorités qui s’est faite au détriment de la consultation privée. Cependant, un autre regard peut être posé sur cette situation, si l’on considère que la gestion de coûts pourrait aussi amener les institutions et les grandes entreprises à favoriser l’impartition, laquelle donne plus de flexibilité dans ce contexte instable.

L’AVENIR DE LA CONSULTATION PRIVÉE

EN FORESTERIE AU QUÉBEC

Par Aurélie Sierra, consultante, sociologue de l’environnement, M. Sc.

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«  La plupart des organisations vont se diriger vers une impartition des tâches, les villes, Hydro-Québec, les grandes sociétés ne veulent pas accroitre leur personnel, ils veulent plutôt se départir de morceaux et d’obligations. Pour l’instant, ils le font avec leur personnel, mais la tendance est de confier cela au privé. Donc, je vois un vent d’impartition important, il faudra être proche de ces organisations et saisir ces tâches qu’ils vont vouloir confier au privé.  » Bruno Del Degan

Selon les personnes rencontrées, ces éléments auront des conséquences. Dans les années à venir, nous allons observer une consolidation du modèle de la grande société de génie-conseil qui va aller de pair avec la diversification des champs d’application de l’expertise détenue par les ingénieurs forestiers œuvrant dans le privé. Il est important de bien saisir cette imbrication, lorsque l’on parle de diversification : il s’agit à la fois de la structure d’entreprise qui a tendance à s’élargir pour offrir une gamme de services complète à une grande diversité de clients, mais il s’agit également de l’élargissement des domaines d’intervention et donc de l’expertise des consultants en foresterie. On pourrait d’ailleurs avancer qu’au-delà du contexte économique, cette situation découle d’une tendance sociale plus large qui pousse vers la transdisciplinarité, nous ne juxtaposons plus les expertises, nous les mélangeons pour construire de nouvelles façons de connaître et de faire.

«  L’ultra spécialité, surtout en ce moment dans le domaine forestier, c’est plutôt précaire. Il faut avoir une certaine envergure et être diversifié pour aller chercher par exemple des appels d’offres de l’Agence spatiale canadienne. Ce sont des appels d’offres pancanadiens. Donc on se bat contre les fournisseurs de toutes les autres provinces. C’est difficile, mais ça peut être une grande satisfaction si on le gagne. Ce sont ces mandats hors du marché forestier traditionnel qui souvent permettent de garder certains professionnels à notre emploi. » Serge Côté

Comment voyez-vous l’avenir ?

« C’est beaucoup plus intégré maintenant, avant les équipes n’intégraient pas autant d’expertises, cela faisait en sorte que l’on fournissait des informations sans nécessairement avoir une vision claire de la façon dont cela allait s’imbriquer. De ce côté, on voit que les portes s’ouvrent. » Jean-Louis Blouin

LES GRANDS DÉFIS DES PROCHAINES ANNÉES

Relativement à ces constats se dessinent des défis de taille  : il faudra adapter son expertise, modifier son positionnement sur le marché tout en sauvegardant certains éléments fondamentaux qui font l’identité de la profession. La réussite de ce virage passera, selon Jean-Louis Kérouac, par une analyse approfondie des nouveaux marchés (notamment au niveau international). Une fois les partenaires potentiels et les besoins connus, les sociétés de génie-conseil en foresterie pourront adapter leurs offres, bâtir les équipes et développer les ressources nécessaires pour y répondre.

Comme en témoigne également le travail fait dans le cadre de cette revue, les consultants en foresterie devront certainement poursuivre leurs activités de communication et de sensibilisation visant à mieux faire connaître leurs services et leur contribution potentielle au développement du secteur forestier.

Parmi les grands défis des prochaines années, il en est un de taille qui touche l’ensemble du milieu forestier, celui de la relève. La main-d’œuvre qualifiée tend à manquer dans différents secteurs de l’industrie forestière. Si la situation est particulièrement critique pour les travailleurs manuels et techniques, des questions se posent aussi pour la gestion des firmes de consultants. Les situations sont très différentes d’une entreprise à l’autre :

« Notre inquiétude maintenant avec mon associé, c’est de savoir à qui on va passer le bâton. Est-ce qu’il va y avoir une continuité dans nos activités ? Ce n’est pas nécessairement un forestier ou un biologiste qui va prendre la relève ici, c’est quelqu’un qui s’intéresse à tout, qui maitrise la pluridisciplinarité. » Bruno Del Degan

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« Si je parle pour mon organisation, ma relève est là, j’ai un associé qui a 50 ans, on a un ingénieur forestier de 40 ans qui a fait une maîtrise en génie civil et un autre jeune ingénieur. Je pense que mes affaires sont placées et que l’intérêt est là. Aujourd’hui, les jeunes savent mieux ce qu’ils veulent et on voit que certains préfèrent travailler dans le privé, parce que c’est plus motivant. » Guy Rochette

En effet, la difficulté à trouver une relève est intimement liée à la diversité des compétences requises pour gérer une firme de génie-conseil en foresterie. Comme nous l’avons abordé auparavant, il faut avoir des affinités avec la gestion, le développement stratégique, avoir de larges compétences en foresterie et idéalement une expertise pointue. De tels profils sont rares, cependant si l’on observe les tendances à un niveau plus général, on constate que le marché du travail traditionnel est en mutation. L’autoentrepreneuriat prend beaucoup d’importance puisqu’il répond

à la fois aux besoins de flexibilité du marché et aux besoins de liberté de la main-d’œuvre. Cette tendance pourrait permettre de poser des valeurs et des façons de faire favorables au déploiement de la consultation privée en foresterie et ailleurs. De la même façon, la diversité des connaissances et des expertises requises pour travailler en forêt pourrait attirer les jeunes générations en demande de transdisciplinarité et d’esprit entrepreneurial.

Nous finirons cette réflexion sur l’avenir du secteur forestier et la consultation avec la vision pleine d’espoir d’un pionnier de la profession.

« Aujourd’hui je pense que c’est plus harmonieux et les changements qu’a connus la foresterie ont été assez logiques. Le rôle de la forêt est plus complet, elle est désormais utile à plus de monde et cela va nous permettre de travailler ensemble. C’est un bon moment pour se rassembler, c’est ce dont on a besoin. Je trouve que la foresterie a avancé dans le bon sens, je pense que cela va continuer. » Gilles Walsh

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MERCI À NOTRE MEMBRE VAN BRUYSSEL

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MERCI À NOTRE MEMBRE PARTENAIRE

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82- HISTOIRES FORESTIÈRES

L’Association des consultants en foresterie du Québec (ACF) est un organisme sans but lucratif fondé en 1999. Les requérants auxquels les lettres patentes ont été émises le 30 avril 1999 étaient MM.  Jean-Louis Kérouac (Tecsult), Gérald Gagné (Consultants forestiers DGR inc.) et Jean Pouliot (Groupe McNeil inc.).

L’ACF est la seule association regroupant des cabinets-conseils en foresterie au Québec. En 2017, onze bureaux de consultants sont membres actifs de l’ACF et œuvrent dans les principaux secteurs du génie-conseil en foresterie au Québec Ceux-ci représentent la grande majorité du marché du génie-conseil en foresterie au Québec.

Les membres de l’Association des consultants en foresterie en 2016-2017

• AECOM

• Consultants forestiers DGR inc.

• Les Consultants forestiers M.S. inc.

• Del Degan, Massé et associés inc.

• Groupe-Conseil Forchemex, filiale de Norda Stelo

• GFG-CAMINT inc.

• Groupe McNeil-Dendrotik inc.

• WSP

• Le Groupe CAF

• Le Groupe DESFOR inc.

• Le Groupe Sygif inc.

Les membres de l’ACF comptent 220 professionnels : 70 ingénieurs forestiers, 20 biologistes, 45 photo-interprètes, 49 techniciens forestiers et une vingtaine d’autres professionnels. Ceux-ci sont répartis dans 20 domaines d’expertise tels que  : l’inventaire forestier, la planification des chemins, la réalisation des travaux sylvicoles, la connaissance des ressources forestières, l’analyse des enjeux économiques ou encore la certification.

CODE D’ÉTHIQUE

Les membres de l’Association des consultants en foresterie doivent s’engager à suivre un code d’éthique. Celui-ci régit les devoirs et les obligations des membres envers le public, leurs clients et les autres membres de l’ACF.

LES MISSIONS DE L’ACF

• Assurer une présence active des cabinets en foresterie dans les grands dossiers forestiers au Québec, particulièrement lorsque les dossiers concernent la consultation en cabinet privé ;

• Contribuer au développement de la foresterie au Québec ;

• Promouvoir l’expertise québécoise en foresterie tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Québec ;

• L’ACF est un organisme national et intervient activement lors des consultations publiques sur les dossiers forestiers majeurs.

Téléchargement du logigramme : http://www.acfquebec.com/index.php/fr/logigramme

Téléchargement de la revue : http://www.acfquebec.com/index.php/fr/histoire

EN SAVOIR PLUS

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CONSEIL D’ADMINISTRATION

Composition du conseil d’administration 2016-2017

• Gaétan Laberge, président (Consultants forestiers DGR inc.)

• Bernard Massé, vice-président (Del Degan, Massé et associés)

• Pierre Dion, secrétaire-trésorier (Groupe McNeil-Dendrotik inc.)

• Guy Gilbert, administrateur (Groupe-Conseil Forchemex, filiale de Norda Stelo)

• Stéphane Tremblay, administrateur (AECOM)

MEMBRES ACTUELS ET PILIERS DE L’ACF

François Laliberté (Groupe Optivert), Gérald Gagné (Consultants forestiers DGR), Bruno Del Degan (Groupe DDM), André McNeil (Groupe McNeil), Jean-Louis Kérouac (Aecom), Bernard Massé (Groupe DDM), Stéphane Tremblay (Aecom), Simon Parent (Gauthier, Parent et associés), François Grimard (GFG Camint ), Gaétan Laberge (Consultants forestiers DGR), Jean-Denis Grenier (WSP), Jean-Guy Routhier (Consultants forestiers DGR), Serge Côté (Aecom), Jérôme Saillant (Consultants forestiers DGR), Guy Gilbert (Groupe conseil Forchemex), Pierre Dion (Groupe McNeil).

Source : Pierre Mathieu, photo prise le 20 mai 2015.

POUR DEVENIR MEMBRE DE L’ACF

Par la poste : Association des consultants en foresterie 4700, boulevard Wilfrid-Hamel Québec (Québec) G1P 2J9

PRÉVENTION ET GESTION DE CONFLITS

Lorsque l’usage des ressources forestières est un enjeu

Vincent Barrette, ing. f. MGPIngénieur forestier

[email protected]

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MÉMOIRES ET AVIS DE L’ASSOCIATION DES CONSULTANTS EN FORESTERIE DEPUIS 2000

Commentaires sur la mise en œuvre du nouveau régime forestier (janvier 2014)

Avis lors des consultations préliminaires en vue du Rendez-vous de la forêt (automne 2013)

Mémoire sur le projet de Loi modifiant la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier et la Loi sur le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (juin 2012)

Mémoire sur les forêts de proximité (octobre 2011)

Commentaires au Forestier en chef sur le document : Orientations pour l’élaboration du calcul de la possibilité forestière 2013-2018 (avril 2010)

Mémoire sur le projet de Loi 57 sur la refonte du régime forestier du Québec (août 2009)

Mémoire dans le cadre des consultations particulières sur le document de travail intitulé ‘L’occupation du territoire forestier québécois et la constitution des sociétés d’aménagement des forêts’ (octobre 2008)

Mémoire lors des consultations sur le livre vert ‘La forêt, pour construire le Québec de demain’ (mars 2008)

Avis sur le Programme de santé et sécurité au travail - Travail en milieu forestier - Conduite de véhicules de route (2007)

Avis sur les modifications proposées à la Loi sur les forêts et à d’autres dispositions législatives (2006)

Avis sur le projet de Loi 94 concernant le Forestier en chef (2005)

Avis concernant l’avant-projet de Loi sur le développement durable (2005)

Mémoire dans le cadre des audiences de la Commission (Coulombe) d’étude sur la gestion de la forêt publique (2004)

Publication d’un article dans la publication l’Aubelle (OIFQ) « Comment se calculent les honoraires professionnels » (2004)

Consultation sur les objectifs de protection et mise en valeur ‘OPMV’ (2003)

Avis sur la politique d’aménagement forestier pour la production de bleuets (2003)

Mémoire sur la détermination des unités d’aménagement forestier (2002)

Avis sur le projet de stratégie sur la biodiversité biologique (2002)

Mémoire sur la Politique de consultation du Ministère des Ressources naturelles (2002)

Mémoire concernant la révision de la Loi sur les forêts (2000)

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MERCI À NOS MEMBRES VAN BRUYSSEL

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