+ All Categories
Home > Documents > LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10....

LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10....

Date post: 11-Sep-2020
Category:
Upload: others
View: 1 times
Download: 0 times
Share this document with a friend
153
LANGAGE ( Tropiques H uttlih )
Transcript
Page 1: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

LANGAGE

( Tropiques H uttlih )

Page 2: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

t

II - BULLETIN AMALYTIQUE D’EWKJMOLOCIE MÉUICALE ET V~Ti%‘WF(E

Page 3: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

TRAVAUX ET DOCUMENTS DE L’O.R.S.T.0.M.

No91

0. R.S.T.O.M.

PARIS

1978

Page 4: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

« La loi du II mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une

« part, que les «copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non

,t destinées à une utilisation collective» et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations

« dans un but d’exemple et d’illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale, ou

(( partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est

« illicite» (alinéa 1 de l’article 40).

« Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc

(( une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal. 1)

I.S.B.N. : 2-7099-0505-I @ O.R.S.T.O.M. 1978

Page 5: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

RECHERCHE D'UN LANGAGE TRANSDISCIPLINAIRE POUR L'ETUDE DU klILIEU NATUREL,

(TROPIQUES WJ~~IIIES)

Compte-rendu des séminaires de

Paris, ORSTOM, 13 Septembre 1977

Montpellier, Institut de Botanique Tropicale, 1.2 Octobre 1977

Abidjan, Institut de Géographie. Tropicale, 6 Février 1978

par

Alain G. BEAUDOU+ Philippe de BLIC+

Yvon CHATELIN+

Jean COLLINET+

Jean-Charles FILLERON++

Jean-Louis GUILLAUMET+

Francis KAHN+

Koli Bi ZUELI+'

Jean-François RICHARD+

+ Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer ++ Institut de Géographie Tropicale, Université Nationale de Côte d'ivoire

Page 6: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

AVANT - PROPOS

La nécessité de conduire des études intégrées sur le milieu naturel est ressentie par toute la communauté scienti- fique, depuis ceux qui pratiquent eux-mêmes la recherche, jus- qu'au niveau des instances de décision. Les tentatives se mul- tiplient donc, surtout dans les pays tropicaux, là où de vas- tes espaces vont être soumis.à l'emprise humaine et où proces- sus naturels et actions anthropiques doivent être saisis glo- balement. Sans doute est-ce déjà un résultat intéressant de parvenir à faire travailler ensemble des chercheurs de disci- plines différentes. Mais cela reste insuffisant. Il faut bien reconnaître que, lorsque les programmes s'achèvent, les étu- des restent juxtaposées et ne parviennent pas à former une to- talité cohérente. Plus encore, pour comparer leurs résultats respectifs, les disciplines semblent contraintes de s'appau- vrir, de limiter leurs énoncés à de banales évidences, de perdre de leur originalité et de leur impact. Il apparait a- lors que le problème posé par la pluridisciplinarité releve moins de l'organisation sociale du travail que de l'élabora- tion de moyens conceptuels originaux.

C'est avec l'ambition d'élaborer de tels moyens qu'une équipe s'est spontanément constituée parmi des cher- cheurs travaillant en Côte d'ivoire. Pour expliquer leur ren- contre, il faudrait justifier les points de départ de chacun d'entre eux, montrer pourquoi les pédologues ont élaboré des moyens d'expression plus adéquats qu'une classification géné- tique ou colligative, pourquoi les botanistes ont privilégié l'étude de l'architecture et de la morphogenèse de la végéta- tion, pourquoi les géographes se sont attardés à une étude de détail du paysage... Il faudrait montrer enfin comment ces dé- marches se sont rejointes d'elles-mêmes. Nous retiendrons seulement le résultat constitué par cette rencontre, qui mar- que la réalisation d'un accord sur la perception et la défi- nition'des composantes du milieu naturel.

Page 7: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

2

La conséquence la plus 'immédiate de cette convergence méthodologique a été la possibilité d'utiliser un langage commun, un langage unitaire. Les éléments de ce langage trans- disciplinaire, c'est-à-dire le vocabulaire lui-même, ont été présentés à diverses occasions. Mais c'est surtout au cours des journées du 13 septembre à Paris, du 12 octobre à Mont- pellier, puis du 6 février à Abidjan, que nous avons pu pré- ciser nos motivations, détailler chaque phase de notre démar- che, présenter un éventail élargi d'exemples d'application. La matinée de ces séminaires était consacrée à une présenta- tion méthodologique générale, i'après-midi étant réservé à des exemples variés. Les textes qui suivent sont le compte- rendu de ces séminaires. Ils nous apparaissent comme le com- plément indispensable de publications antérieures, dont ils constituent en quelque sorte Se mode d'emploi. Chaque exposé est précédé d'une brève notice essayant de préciser l'apport de chacun dans une réflexion générale menée en équipe, et qui donne les références bibliographiques les plus importan- tes, sous une forme condensée (sans indication des titres, les noms d'auteur étant simplement représentés par leurs ini- tiales). Voici ces références bibliographiques complètes :

BEAUDOU (A.G.), 19.77 - Note sur la quantification et le lan- gage typologique. Cah. ORSTOM, sér. Pédol., 15, 1, pp 35-41.

BEAUDOU (A.G.), CHATELIN (Y.), 1977 - Méthodologie de la re- présentation des volumes pédologiques. Typologie et cartographie dans le domaine ferrallitique africain. Cah. ORSTOM, sér. Pédol., 15, 1, pp 3-18.

BEAUDOU (A.G.), COLLINET (J.), 1977 - La diversité des volu- mes pédologiques cartographiables dans le domaine ferrallitique africain. Cah. ORSTOM, sér. Pédol., 15, 1, pp 19-34.

BEAUDOU (A.G.), SAYOL (R.) - Carte pédologique de la Côte d'ivoire à 1/200 000. Feuilles Boundiali et Korhogo.

ORSTOM, Notice Explicative, à paraître.

Page 8: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

BEROUTCHACHVILI (N.), MATHIEU (J.L.), 1977 - L'éthologie des géosystèmes. L'Espace Géographique, 6, 2, pp 73-84.

BEROUTCHACHVILI (N.), RICHARD (J.F.), 1975 - Aspects tradi- tionnels et aspects modernes dans la "science du paysage" en Union Soviétique. ORSTOM, Adiopodoumé, 10 p.

BERTRAND (G.), 1972 - La "science du paysage", une "science diagonale". Rev. Géogr. Pyr. Sud-Ouest, 43, 2, pp 127-133.

CHATELIN (Y.), 1972 - Eléments d'épistémologie pédologique. Application à l'étude des sols ferrallitiques. Cah. ORSTOM, sér. Pédol., 10, 1, pp 3-23:

CHATELIN (Y.), 1976 - Contribution à une épistémologie des sciences du sol. Thèse, Dijon, 142 p.

CHATELIN (Y.), MARTIN (D.), 1972 - Recherche d'une terminolo- gie typologique applicable aux sols ferrallitiques. Cah. ORSTOM, sér. Pédol., 10, 1, pp 25-44.

COLLINET (J.), FORGET (A.) - Notice et carte des paysages pédologiques. Feuille de N'Dendé à 1/200 000. ORSTOM, Notice Explicative, à paraître.

DESCOINGS (B.), 1976 - Pour une conception structurale et ouverte des classifications phytogéographiques. Adansonia, 16, pp 93-105.

KIKKAWA (J.), WEBB (L.J.),,1976 - Identification and classi- fication of wildlife habitats. Proc. XVI IUFRO World Congress, Division 1, pp 744- 762.

Page 9: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

OLDEMAN (R.A.A.),, 1974 - L'architecture de la forêt guya-

naise. Mém. ORSTOM no 73, ORSTOM, Paris, 204 p.

RICHARD (J.F.), BEAUDOU (A.G.3, COLLINET (J.), FILLERON (J.C.) - Contribution à la typologie des versants développés sur roches leucocrates (nord-ouest de la Côte d'ivoire). ORSTOM, Adiopodoumé, à paraître.

RICHARD (J.F.), KAHN (F.), CHATELIN (Y.), 1977 - Vocabulaire pour l'étude du milieu naturel (tropiques humides). Cah. ORSTOM, sér. Pédol., 10, 1, pp 43-62.

WEBB (L.J.), 1968 - Environmental relationships of the struc- tural types of Australian rainforest vegetation. Ecology, 49, pp 296-311.

Page 10: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

5

PREMIERE PARTIE

PRINCIPES ET METHODES POUR L'ETUDE

DU MILIEU NATUREL

L’élabonaiion d’un Langage commun phédentt pluAieuhA

aApectA qui doivent heApe&eh .t'ohiginak?ité de chaque dib-

cipline ;tout en viband une comphéhenbion d’enhembk.

Le phemieh expOAé dé&kit eeb Un.i.téA ~eXiCUJ?eA de

ce. Langage : &A d.iagnoAtdcA ZypoLogiqueb. Ceux-ci obéid-

sent à des hèg.kb de ~OhmCLktiOn bthic.&A. Ieb biguhent KO-

Zamment &x tOTUki1& den cohpb VLUtUheeA ed pehmetteV& d’ex-

phimeh ainni k!e contenu des d.iddéheniA ebpUceA phiVieégié6

de la pehCeptiOn.

LCb thOib CXpOAéA AUiVUJ'ltA AOWt AeC.tOhi&tA, 24 COn-

Cehnenff Le AOe, La buhdace du 6oL et en UégétULiovl. ‘Il4

identi&iient et dénomment chaque co1~p4 VlUfUhe~, chaque mafël-

h.kU qui de difjd&henci.e immédiatement danA t'eApUCe et dans

.te tempA pah na mohphologle. Chacun phé4ente au44i une donc-

tien OpéhUiOihe pUh&CUkièhe du Langage en in4ibtant 4uh .k

dacu.fXé deA moti à ne. combineh et a A’abbocieh pouh .thaduihe

deb quantiZEn hebafiveb, des dynamiqueb, de4 ohgani4at.~on4

enCOhe peu étudiéen . . .

Le dehnieh eXpObé méthodoLogique monf&e que Le4 ana-

.k,‘b eb pédologiqueb, géOmOhphOl.?Og.iqUeb et botaniques b ‘iniè-

ghen;t d’eLLeb-mêmes davlb un cadhe unique, innpihé du concept

de géObLjA&ème, ghUCe à .ta noupLe.44e et à .t'homogénéltE deb

moyeim d’eXpheAblOn ULikibéb.

Page 11: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

LES MOYENS DE L'EXPRESSION TRANSDISCIPLINAIRE, ET LEUR APPLICATION AUX SOLS

cet exponE a &tte pnénenffé, aux d.Ld,jE-

heV&A AéminaLheA. pUh Y. CUATELIN. VOL~A. AeA baAeA éiéR.ioghaphdqueA :

(Y.C. & Y.C. et D.M., 1972, Cah. C?hA~Ot?l, A8h. Pedoi?., JO, J), [Y.C., 1976, Thède, DLjonJ, (A.G.B. et Y.C., 7977, Cah. OhALO-m, bi!h. PedoL., 75, JJ. Len notLonn qui déd&iAAent et OppOAent ceaAni&kakdon et ean- gage no& Oh~g&CL.kb. .Un thauaib

ultehieuh (J.F.R., Thèse) phéCiAehCL

.&?A tetrmen cRaAb.L&ication, C~aAAe- menk, taxonomie.

Le thème débattu au cours de ce Séminaire sera celui

de l'étude du milieu naturel, étude se voulant intdgrde. Je

ne reviendrai pas sur les motivations générales de notre en- treprise (je parle au nom du groupe de chercheurs dont les travaux font l'objet du Séminaire), ni sur la nécessité de rompre certaines barrières interdisciplinaires traditionnel- les. J'essaierai au contraire d'engager directement notre problématique, ce que je ferai en pédologue, c'est-à-dire en prenant les sols pour objet, et en insistant plus particu-

lièrement sur les moyens d'expression que nous avons retenus. Ceci devant introduire des principes qui resteront les mêmes pour les composantes du milieu naturel autres que les sols.

En réalité, la démarche suivie dans l'étude des sols a des bases déjà anciennes. Elle s'appuie sur une typologie

des sols ferrallitiques qui a été publiée dans les Cahiers de Pédologie en 1972. Ses caractères essentiels vous seront

exposés tout à l'heure. Cette typologie a représenté de grands changements dans la méthode de travail, et incontes- tablement un bouleversement dans. le langage. On ne propose

pas de tels changements sans motivations nombreuses, et

Page 12: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

8

sans retourner le problème sous ses divers aspects. Les mo- tivations que.-j'auais présentées dans l'article de 1972 por- taient surtout sur une anaZyse linguistique. Celle-ci mon- trait les points forts et les points faibles du langage tra- ditionnel de la pédologie. A d'autres occasions j'ai ratta- ché ce problème à une anatyse historique montrant à quelles périodes et dans quelles circonstances la science du sol s'était montrée créative, ou non créative au niveau de ses terminologies.

Nous n'avons pas le temps bien entendu de reprendre tout cela. J'introduirai aujourd'hui le problème qui nous occupe en me servant d'une notion d'apparence banale, qui est La notion de diagnostic. Il est évident que des diagnos- tics, nous en faisons à chaque instant de notre travail. Au niveau ézémentaire tout d’abord. Chaque donnée élémentaire correspond à un certain diagnostic. En ce sens, il apparait que la science du sol peut effectuer une multitude de dia- gnostics différents. Et sans approfondir beaucoup la ques- tion, nous pouvons les classer grossièrement en données ou diagnostics élémentaires morphologiques, qui relèvent de l'observation du pédologue lui-même, et en données ou dia- gnostics élémentaires analytiques, qui sont fournis par des instruments de laboratoire. Nous retrouverons cette distinc- tion tout à l'heure.

Il est certain que l'on ne peut pas s'en tenir tou- jours au niveau élémentaire, au niveau des perceptions pre- mières. A un moment ou à l'autre, il faut en venir à un ni- veau de synthBse plus élevé. Les pédologues, et avec eux la plupart des autres naturalistes, ont généralement l'habitude de passer directement du niveau élémentaire à une synthèse qui est donnée par des concepts génétiques très généraux et très abstraits. C'est ainsi que le pédologue parle d'un sol "ferrallitique remanié appauvri", ou le géomorphologue d'un "glacis polygénique quaternaire ancien". En réalité, ces ex- pressions correspondent à une synthèse finale, qui a une large part d'interprétations et d'incertitude. Mais elles ne constituent pas un moyen de traiter l'information d'une façon strictement objective.

Page 13: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

9

Ce que nous allons considérer maintenant, à un cer- tain niveau de synthèse, au-dessus donc des données élémen- taires, c'est ce que l'onpeutappeler des diagnostics compo- sés. Ces diagnostics composés vont constituer une typotogie. Nous distinguerons deux solutions possibles.

DIAGNOSTICS ET TYPOLOGIE

Niveau élémentaire . . . . . données morphologiques . . . . . . données analytiques . . . .

Exemples :

23 hor. de diagnostic U S D A

8.500 séries de sols aux U S A

système universel

difficultés d ‘application

pas de échelle de bureau de régionale signification travail traitement Figure 1

directe imposée

La première est la plus courante en science du sol. Elle consiste en ce que j'appellerai un procédé de conden- sation sdmantique (Figure 1). Ceci veut dire que chaque diagnostic, et par conséquent chaque type, est défini par la réunion de données élémentaires nombreuses, et surtout très différentes. Données morphologiques pour les unes, données analytiques pour les autres. Il est facile de trouver des exemples de ce genre de diagnostic..Ainsi, la Soi1 Taxonomy américaine propose 23 types d'horizons, chacun de ces types étant Fonstitué en réunissant des données sur la couleur, la profondeur, la présence de cailloux ou de taches, la texture, la minéralogie des argiles, le taux de saturation, la matière organique, etc. Il faut souligner que l'on peut mémoriser assez facilement 23 types, en ce qui concerne les noms qu'on leur donne et en ce qui concerne leur définition générale. Mais il faut voir aussi que la condensation sémantique est énorme, parce que ces 23 types sont censés représenter tous

Page 14: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

10

les horizons existants dans la nature. A un niveau différent de celui de l'horizon, le procédé est le même lorsque l'on constitue des Séries de sols. Cette fois, il y en a de 8 à 9.000 pour les seuls USA. La condensation sémantique est moins importante que dans le cas précédent, ma'is par contre on sort de toute possibilité de mémorisation. Série Fargo, Série Miami, ce sont des termes qui, par eux-mêmes, ne signi- fient rien. Une typologie qui comprend plusieurs milliers de types ne peut être manipulée que dans le cadre d'une banque, d'un bureau de traitement.

I Typologie 2eme formule

/ PARTAGE SÉMANTIQUE

i CONSTITUTION D’UN LANGAGE

/ i \ ouverture du combinatoire adaptation

langage quantification régionale intergrades

données analytiques

cf langages de

la minéralogie la chimie la physique la biochimie etc.

La deuxième solution est celle que nous avons retenue pour la typologie des sols ferrallitiques. Elle consiste en ce que j'appellerai, par opposition avec le cas précédent, un procédé de partage sdmantique (Figure 2). Il n'est plus. question d'établir des diagnostics composés mélangeant don- nées morphologiques et données analytiques.

La typologie va se situer à un certain niveau de syn- thèse, au-dessus des données ou diagnostics élémentaires.

Mais elle constituera ses types sur des champs sémantiques étroits. Je retiendrai seulement un exemple, celui des struc- tures (au sens pédologique du terme). Considérons d'abord le système américain, qui utilise la condensation sémantique.

Page 15: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

11

Dans ce système, il faut savoir que le diagnostic oxique im- plique, en plus de ses caractères physico-chimiques, une certaine sorte de structure, que le diagnostic cambique im- plique, avec d'autres caractères physico-chimiques, une au- tre sorte de structure, et ainsi de suite pour les 23 types d'horizons dont j'ai parlé tout à l'heure. Dans notre sys- tème, les diagnostics structuraux sont inddpendants. Ils constituent un niveaude diagnose particulier, et ils reçoi- vent des noms (pauciclode, amérode, etc) qui n'ont aucune signification minéralogique par exemple. Nous verrons tout à l'heure comment s'effectue ce partage sémantique.

J'ajouterai dès maintenant que le procédé de conden- sation sémantique a une aptitude.particulière à donner des ctassi fications, avec un nombre fini d'unités. Le procédé du partage sémantique ne conduit pas à une classification, mais à un Langage. Dans notre système, il n'est plus question d'établir des diagnostics globaux et définitifs, et de dire par exemple : ceci est un horizon cambique, ou ceci est un sol de la série Fargo. Chaque fois que l'on voudra qualifier un corps pédologique donné, il faudra utiliser plusieurs diagnostics et donc plusieurs mots. Le nombre total de ces diagnostics et de ces mots reste limité. Il ne dépasse pas les possibilités de la mémorisation. Mais c'est par la mul- tipZicité de Zeurs combinaisons qu'ils permettent d'étudier des corps pédologiques variés.

Quels résultats attendre d'une typologie ainsi cons- tituée ?

X

X X

En premier lieu (Figure 3), je pense que la typolo- gie doit clarifier les probtèmes génétiques, et en faire ap- paraître de nouveaux. En identifiant un certain type, il est évident que l'on pose en même temps la question de sa genèse. Un exemple rapide pour illustrer ceci. Pendant longtemps,

Page 16: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

12

Problèmes génétiques identification -genèse p b géographiques

Traitement de l’information hiérarchie, combinatoire

Représentation spatiale

et cartographique

notion de CONTENU SOL ( langage unifié1

rappel systéme antérieur _ descript. élém. -ABC

notion de VOLUME pédologique _ classification _ profils -taxa

Figure 3

ces matériaux (Cliché 1) n'ont pas reçu de nom particulier,

ils n'ont pas constitué un type bien défini. Nous disons

maintenant que cela correspond au type "structichron". Ce

qui va nous permettre de le retrouver en différentes situa-

tions, et à différentes échelles. Ce que nous observons ici

(Cliché Z), c'est une phase structichrome en inclusion dans

une phase altérite, et non une quelconque "masse argileuse

bariol@e" comme le disaient parfois certains auteurs. Et ici

(Cliché 3), à l'échelle microscopique cette fois, c'est tou-

jours le même type "structichron" que nous considérons. La

ddnomination puis Ze repdrage de certains types définissent

des problèmes génétiques.

Le deuxième résultat (Figure 3) de la typologie éta-

blie pour les sols ferrallitiques a été de nous donner de

nouveaux moyens de traiter l'information. Nous verrons tout

à l'heure comment. Pour l'instant, je me permettrai seulement

I

Page 17: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Cliché 1

(Y. CHATELIN)

-- - Cliché 2 (Y. CHATELIN)

Page 18: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Cliché 3 (Y. CHATELIN)

Cliché 4

(Y. CHATELIN)

Page 19: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

13

une réflexion d'prdre très général. A la base de l'activité cérébrale, il y a un certain nombre d'opérations : compter, classer, comparer, associer, etc. Or, c'est un fait bien con- nu, l'activite cérébrale est fortement dépendante du langage. C'est pourquoi l'humanité a élaboré des langages très perfec- tionnés, avec des grammaires complexes, qui permettent à cette activité cérébrale de se déployer dans le cadre de la vie commune. Mais dans le domaine scientifique, ce sont des objets tout à fait différents qu'il faut compter, classer, comparer, associer, etc. Pour que cela'se fasse commodément, des langages spécifiques peuvent être nécessaires. C'est pour ce type de raison que nous avons remplacé, par exemple, une expression comme "argile tachetée" par un mot comme "réti- chron". Tout simplement parce que "argile tachetée" ne se prête à aucun traitement linguistique. Alors que "rétichron" nous permet de décrire un horizon ou une phase rétichrome, d'envisager le processus de rétichromation, d'apprécier des intergrades structi-rétichron ou réti-structichron, de dé- crire et de quantifier des juxtapositions de phases structi, réti, stéri, etc. En d'autres termes, une terminologie bien construite crée une grammaire scientifique.

Le troisième résultat (Figure 3) de la typologie des sols ferrallitiques a été de conduire à de nouveaux principes de représentation et de cartographie. Ici aussi il faudrait faire toute une analyse du système descriptif traditionnel, nous n'en avons pas le temps, je n'en donnerai qu'une vision abrégée en commentant trois photos. Ceci (Cliché 4), pour les pédologues tropicalistes français, c'est un sol de la Classe ferrallitique, Sous-Classe moyennement désaturée, Groupe ap- pauvri, Sous-Groupe modal. Ici (Cliché S), il est facile de discerner des horizons A à la partie supérieure, puis des ho- rizons B. Enfin, pour décrire ce matériau (Cliché 6), les pé- dologues vont employer les termes suivants : 10 YR 3/3, brun clair, à matière organique non directement décelable, à tex- ture argilo-sableuse, à structure fragmentaire nette, polyé- drique, friable, à cohésion moyenne, sans taches ni concré- tions.

Page 20: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

14

LES TROIS SOUS - LANGAGES

Ier sous -langage 2e sous -langage

LA CLASSIFICATION NOTATIONS ARC

3e sous -langage

GLOSSAIRE

Profil Horizon Or anisation dmentaire

O-

IOOcm

!OOcm _

Figure 4

Sur ces trois exemples rapides, vous pouvez constater que les pédologues utilisent trois sous-langages diffdrents (Figure 4), totalement hétérogènes l'un à l'autre, sans élé-

ments linguistiques communs. Il s'agit pourtant de décrire morphologiquement les matériaux pédologiques. Mais suivant l'échelle d'observation, les pédologues utilisent tradition- nellement le sous-langage de la classification, le sous-lan- gage des notations A-B-C et de leurs symboles complémentaires, le sous-langage de la description élémentaire (codifiée par le Glossaire).

La typologie proposée pour les sols ferrallitiques rectifie cette situation, en unifiant dans une certaine mesu- re le langage descriptif. Cette unification nous a permis d'exprimer la quasi-totalité des caractères pédologiques in- ventoriés dans des unités spatiales d'extensions différentes. Ceci, de façon assez synthétique et concise, et sans perdre trop d'information. C'est ainsi que de la typologie et de la notion de diagnostic nous sommes passés à Za notion de conte- nu-sol.

Page 21: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

15

HORIZON ( A-B-C 1 SkQUENCE , PAYSAGE

Polypédon , génon, caténon . Séquon . . . etc Moyen d’expression: profils taxa ?

Figure 5

En ayant la possibilité d'exprimer de façon satisfai- sante des contenus-sols variés, nous en venons à une nouvelle notion, celle de volumes pddologiques (Figure 5). Il est cer- tain que les pédologues pourraient continuer indéfiniment à découper le continuum pédologique, comme ils le font mainte- nant, sans règles particulières. Il nous semble préférable de codifier un certain nombre de volumes pédologiques privilé- giés. Ces volumes apparaissent privilégiés, d'une part en rai- son de discontinuités existant réellement dans la nature, et d'autre part en raison des analyses que nous sommes capables d'en faire. Nous allons maintenant considérer ces volumes, en commençant par les plus petits pour aller vers les plus grands, et en comparant ce qui est communément admis (côté gauche de la Figure 5) à ce que nous proposons de nouveau (partie droite de la même Figure).

Les plus petits volumes pédologiques, ce sont les organisations microscopiques, à l'ordre de grandeur conven-

tionnellement dénommé n-3. Je mentionne ces volumes pour mé- moire, je ne pense pas qu'ils doivent retenir particulière-

ment notre attention dans le cadre de cet exposé.

Page 22: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

16

Un volume de plus grande dimension, qui est en usage depuis les tout débuts de la science du sol, c'est celui que l'on appelle horizon. Je souligne au passage tout ce que le terme lui-même peut avoir de mauvais, il n'est retenu ici qu'à titre provisoire. Nous conservons par contre la notion de ce volume, qui va se classer ici en n-l.

Entre l'horizon et l'organisation microscopique,

nous reconnaîtrons un volume supplémentaire, que nous appel- lerons conventionnellement la phase typoZogique. Cela cor- respond à l'ordre de grandeur n-2. Ce nouveau volume nous semble maintenant essentiel. En effet, les horizons qui sont des couches plus ou moins parallèles à la surface sont sou- vent formés d'un assemblage, d'une juxtaposition, d'organi- sations différentes. Cela apparait notamment lorsque l'on prend en compte les diagnostics structuraux. Nous verrons cet après-midi quelques exemples de relations spatiales et génétiques entre phases typologiques.

Nous avons donc la suite : n-3, organisation micros- copique ; n-2, phase typologique ; n-l, horizon. L'ordre de grandeur immédiatement supérieur, c'est celui du profit pédo- logique, OU pédon. Cette fois encore, il s'agit d'un volume utilisé depuis les débuts de la science du sol, bien que l'on se pose encore quelques questions quant à ses limites latéra- les. Nous le conservons bien entendu.

Au-deld, il est certain que les pédologues ont re- connu des volumes ou des organisations particulièrement in- téressantes. Notamment au niveau des toposéquences, échelle à laquelle se font actuellement la plupart des études de ter- rain. Cependant, il ne semble pas que tout cela ait été très codifié :

- d'une part, ces volumes n'ont jamais été représentés comme tels sur des cartes. A l'exception de documents tout à fait récents, parmi les documents tradition- nels, je ne crois pas qu'il y ait une seule carte qui prétende explicitement représenter des toposéquences.

Page 23: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

17

- d'autre part, à supposer que l'on ait voulu cartogra- phier ces volumes, comment aurait-on exprimé leur con- tenu-sol dans le système traditionnel ?.Par une unité taxonomique'unique, ou par une collection de profils- taxas. De toute façon, ces deux formules ne nous sa- tisfont pas.

- enfin, il existe toute une série de termes (polypédon, genon, séquon, caténon, etc) sur lesquels l'accord ne s'est pas fait.

Nous proposons de trancher la question en recon- naissant :

- en n+l, le segment fonctionnel, que l'on peut appeler aussi segment pédologique, OLI segment tout court. C'est un assemblage de pédons différents, mais qui ont une certaine parenté, une certaine analogie entre eux. En d'autres termes, ils ont en commun d'évoluer suivant un ou plusieurs processus fondamentaux. On distinguera par exemple le segment de la pédoplasma- tion, le segment de la rétichromation, etc.

- en n+2, Za sdquence, que l'on appelle aussi maintenant Ze paysage pédologique. Il est formé de plusieurs seg- ments ordonnés suivant la pente. Il s'étend donc sur la totalité d'un interfluve. C'est donc une notion très familière pour tous les pédologues, mais qui n'a pas été traitée de façon formelle comme nous voulons le faire maintenant.

- en n+3, nous distinguerons La région pddoZogique. Elle correspond à peu près à la région naturelle des géo- graphes. Pour nous, c'est un ensemble de paysages con- tigus, différents les uns des autres, mais tout de même apparentés, ou associés de manière régulière.

Page 24: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

18

UNITÉS CARTOGRAPHIQUES

<

appumite <

apexol

El 1 pédon

<

structichrom <

dominant

infrasol apexol (

<

Ier pédon

cl

< 1 segment ~ 2eme pédon

infrasol (

3eme pédon

<

1 er pédon <

ier segment - 2eme pédon <

1 paysage <

_ 2eme segment 3eme pédon <

3eme seggent

Figure 6

Comment ces notions seront-elles utilisées dans le travail courant des pédologues, les exposés suivants tente- ront de nous le montrer. Ce que l'on peut dire dès à présent, c'est que nous venons de constituer une s&rie de structures embottées. En simplifiant un peu le problème, imaginons un document ou une carte qui vous présente trois unités. La pre- mière est un pédon. Sans autre information, vous saurez que ce pédon comprend un infrasol et un apexol, lui-même constitué d'un appumite et d'un structichron. La deuxième unité est un segment. Vous saurez qu'elle juxtapose des pédons différents. La troisième unité est un paysage pédologique. Vous pouvez reconstituer toute la chaîne. Le paysage réunit plusieurs segments ordonnés suivant la pente, ceux-ci renferment plu- sieurs pédons, ces pédons sont constitués d'un apexol et d'un infrasol, et ainsi de suite. Tous ces termes font immédiate- ment apparaître Ze degré d'organisation, Za structure géné- rate des entités qu'ils proposent.

X

X X

Page 25: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

19

Résumons tout cela. J'ai essayé de retracer une dé- marche qui a conduit les pédologues de Za notion $e diagnos- tic à la constitution d'une typoiiogie, puis à la notion de contenu-sot, et enfin à la notion de volumes pédologiques. Nous reverrons tout à l'heure plus en détail certaines de ces étapes.

Ce qui me semble essentiel à souligner en guise de conclusion, c'est que cette démarche a été rendue possible par une recherche au niveau des moyens de l’expression. Plus

précisément, cette démarche découle du remplacement du pro- cédé de condensation sémantique par un procédé de partage sémantique. En d'autres termes encore, elle dérive de l'aban- don par les pédologues de ta classification, en tant que système principal de désignation et de nomination des sols. L'abandon de la classification, et son rempZacement par un Zangage. Un langage en premier lieu unifié au niveau de la pédologie, puisque la terminologie typologique est destinée à exprimer les contenus de tous les volumes pédologiques. Un langage qui peut être unifié au niveau de l'ensemble du milieu naturel, si toutes les composantes de ce milieu sont traitées de la même manière.

Page 26: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Cliché 5

(Y. CHATELIN)

Cliché 6 (Y. CHATELIN)

Page 27: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

21

LA DIAGNOSE DES SOLS, ET LA QUANTIFICATION

Ce* cxpon?i a é.tE phEpahé pUh A.G. BEAUUOU, Y. CHATELIN, J. COLLINE-f. Chacun à non touh en a AaiX La

phéd ev&affion, aux .thoiA AéminaiheA AUccaAAidA. Le texXe haLtenu ici COhheApokld à ce (~"1 a Zté dit à ~On~p~.&ieh. Len baAe6 bibLiogha- ph.iqued AOV& Les AuivanteA : (Y.C. et V.M., 7932, cdl. C?hAtOm, A&h. Pédol., 70, 7) (A.G.B., 7977, Cah. OnAkOm, Aéh. Pédol., 75, 7). Un ouvnage. en phépahation (Les A0.b ~ehha&t.i.t,iqueA, Tome 5, ~ILA~oIn, Aéh. lnkf. DO~. Techn.) donnetra L'exemple d'une typologie pédoLogi- que déffa.iUéc.

Avec ce deuxième exposé, nous allons faire un retour en arrière pour présenter, avec plus de détails que tout à l'heure, certaines procédures de la démarche pédologique. Nous allons considérer Ze problème de Za diagnose appliquée aux sols ferrallitiques. Il est entendu, cela a été dit pré- cédemment, que nous allons renoncer aux diagnostics globaux très synthétiques, qui mélangent des données morphologiques et des données analytiques, et très souvent aussi des con- cepts interprétatifs. Nous allons traiter séparément un cer- tain nombre de champs sémantiques, qui vont constituer autant de niveaux de diagnose.

- En premier point, j'essaierai de montrer comment s'arti- culent ces différents niveaux de diagnose, en me ser- vant de quelques exemples limités,

- En deuxième point, je tenterai de montrer que les dia- gnostics proposés permettent non seulement de quati- fier les organisations étudiées (c'est à dire de les définir qualitativement), mais aussi souvent de les quantifier les unes par rapport aux autres.

Page 28: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

22

SUR QUELS CARACTERES ETABLIR LE PREMIER NIVEAU DE DIAGNOSE ? Les pédologues, surtout'lorsqu'ils font de la classification, ont toujours tendance à "mettre en avant" ce qui leur semble le plus significatif, c'est à dire les caractères géochimi- ques ou biochimiques. Au premier niveau de diagnose, nous al- lons retenir au contraire certains CaractBres morphoZogiques, et ceci de façon à ce qu'ils remplissent deux conditions :

- tout d'abord, ils devront procurer une identification immédiate de toutes Zes parties du corps pédologique,

- ensuite, ils devront être applicables à toutes Zes d- chetles d'observation, depuis l'examen microscopique jusqu'à l'étude du paysage.

En d'autres termes, le premier niveau de diagnose va

constituer un canevas structural d'ensembZe, sur lequel tout

le reste viendra ensuite se greffer.

Après ces quelques principes de départ, nous allons passer rapidement en revue, avec quelques diapositives, ce

premier niveau de diagnose. A un ordre de grandeur familier

à tous les pédologues, qui est celui de l'horizon. Pour les sols ferrallitiques, 7 diagnostics, c'est à dire 7 horizons majeurs ont été définis. Il s'agit de (x) :

- l'appumite, - du structichron, - du gravolite, - du gravélon, - du stérite, - du rétichron, - de l'altérite.

Nous retiendrons deux de ces diagnostics, pour mon- trer plus précisément comment ils sont adffih.

(a1 Au cours des Séminaires, la présentation des horizons majeurs a été accompagnée d'une projection de diapositives. Celles-ci ne peuvent pas être reproduites dans le présent document.

Page 29: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

23

LE STRVCTICHRON tout d'abord. Il s'agit d'un horizon minéral, meuble, friable, poreux, homogène, de couleur vive jaune ou rouge. Il est homogène en ce sens que toutes les particules, argileuses ou sableuses, ferrugineuses ou non ferrugineuses, sont intimement associées entre elles. Cette définition ne fait appel qu'à des critères relevant d'une observation mor- phologique simple. Ceci est donc en accord avec le principe du partage sémantique. Mais on peut aussi transposer cette définition sur un plan génétique, en rappelant qu'un struc- tichron provient d'un matériel originel transformé par alté- ration, argilification, pédoplasmation. On peut également

changer d'échelle, et définir l'organisation structichrome par l'observation micromorphologique comme l'association d'un plasma plus ou moins isotrope et d'un squelette quart- zeux ou ferrugineux.

DeuxiBme exemple, Ze RETICHRON. Son identification repose principalement sur d'importantes hétérogénéités de colora- tion et parfois de cohésion. Il s'agit d'un horizon minéral,

moyennement meuble, et moyennement ou peu poreux. Il présente une phase continue de taches jaune pâle et beige dans un en- semble rouge. Ou inversement des taches rouge vif dans un ensemble jaune et beige dominant. Il peut aussi comporter une phase discontinue de cohésion différente : chenaux et tu- bules de matériaux gris et beige, réseaux rouges et durcis.

Les définitions qui viennent d'être données sont assez som- maires. Elles ne concernent que 2 organisations fondamenta- les sur 7. Ce ne sont que des exemples.

NOUS EN VENONS MAINTENANT AV DEUXIEME NIVEAU DE

DIAGNOSE (Figure 7), qui portera sur l'organisation struotu-

rate des corps pédologiques. Dans la deuxième colonne de la

Figure 7 sont reportés les noms donnés aux principaux dia-

gnostics structuraux : anguclode, pauciclode, amérode, alia-

tode, etc.

Page 30: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

24

Diagnostics

composés

Apexol

Infrasol

Diagnostics majeurs et variantes

Diagnostics secondaires

Appumite Structichmn

Gravolite Gravélon

pétm- Stèrite < fragi-

strict Rétichmn< dud-

améro

pauci \ c,ode angu

isaltérite Altérite< a,,otédte

I I

Catégories sur le développement : ortho- brachy- lepto- la position : épi- hwo- la définition : orthique parorthique

Diagnostics complémentaires

Couleur Texture Minéralogie Caractères

biologiques etc.

Figure 7

Avec le structichron et le rétichron du premier ni- veau de diagnose, nous avons surtout montré que les diagnos- tics typologiques proposés s'établissent sur des champs sé- mantiques étroits. Avec de nouveaux exemples donnés par les structures, nous illustrerons une autre caractéristique de

la typologie, qui est de constituer un certain niveau de synthèse, au-dessus des données les plus élémentaires.

Pour décrire les structures, les pédologues font ha- bituellement référence à des figures gdométriques simples : le cube, le polyèdre, le prisme, etc. Mais il est exception- nel que de telles figures se généralisent dans les sols. Assimiler la forme des agrégats à des figures géométriques simples est une schématisation rarement satisfaisante.

Le diagnostic typologique anguctode met l'accent sur la planité des faces de séparation, sur la présence d'arêtes vives. Il inclut la présence d'individus isolés, plus ou moins strictement polyédriques ou cubiques. Mais il admet

Page 31: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

25

aussi l'existence d'un certain nombre de figures incomplète; ment formées.

Le diagnostic paucicZode correspond à une diminution du nombre des individus séparés, avec une plus grande impor- tance des plages continues, avec la présence de faces de sé- paration isolées, etc.

Dernier exemple enfin, il existe des structures que l'on ne peut pas rattacher à des figures géométriques. La littérature les présente sous des expressions diverses : structures dégradées, ou farineuses, ou poudreuses, ou frag- mentaires nettes, ou grenues très fines. C'est ce qui corres- pond pour nous au diagnostic aliatode.

Quelques mots enfin sur Zes DIAGNOSTICS COMPLEMEN- TAIRES. C'est à ceniveau que l'on retrouve un très grand nombre de diagnostics traditionnels de la science du sol, sur lesquels nous n'avons pas à intervenir. Il faut rappeler que les deux premiers niveaux de diagnose correspondent à une la- cune incontestable du système descriptif habituel de la pédo- logie. Lacune qui interdisait jusqu'à présent l'établisse- ment d'un canevas structura2 dJensembZe des corps pedologi- ques.

Ce canevas enfin établi, viennent ensuite dans l'or- dre de Za description toutes les données concernant les cou- leurs, les textures, les caractères chimiques, biochimiques, minéralogiques, etc. Les diagnostics et les terminologies correspondantes sont prêts depuis longtemps. A certains

égards, ce sont ces caractères qui peuvent paraître les plus signifiants. Le fait de les placer, dans l'ordre de la des- cription, en caractères complémentaires, ne signifie pas que leur rôle doit être minimisé.

Il est facile de voir que tous ces diagnostics, à partir du moment où ils sont correctement dénommés, peuvent facilement être associés. On parlera par exemple d'un "struc- tichron aliatode, rouge, argileux, kaolinitique et gibbsiti- que, désaturé, etc".

Page 32: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

26

TOUT CELA constitue un système descriptif ordonné

et concis, et qui reste indéfiniment ouvert pour accueillir

des diagnostics nouveaux.

X

X X

La deuxième partie de cet esposÉ porte sur Za QUAN- TIFICATION. Il existe bien des circonstances, dans le tra- vail scientifique, dans les discussions, les exposés, où l'on ne peut pas passer par des expressions chiffrées. On se con- tente alors souvent d'indiquer la "présence" ou l'"absence", le "plus" ou le "moins". En allant un peu plus loin dans le sens de la précision, on peut dire, pour un élément donné, s'il est "rare", "fréquent" ou "dominant", s'il y en a "un peu" ou "beaucoup", etc. En dépouillant le "Glossaire" édité par l'Association française pour 1'Etude du Sol, il est fa- cile de constater que ces expressions sont largement utili- sées. Elles correspondent à des classes de quantification assez floues.

Dans quelques cas-particuliers, les terminologies

scientifiques deviennent plus précises. Par exemple, les pé-

dologues ont codifié les classes texturales. Des expressions

comme "argile limono-sableuse" ou "sable argilo-limoneux"

correspondent à des classes granulométriques chiffrées bien

définies.

La terminologie typologique a été construite pour

exploiter ces possibilités du langage. Elle est construite

comme une combinatoire. C'est à dire que tous ces termes

peuvent être associés en combinaisons multiples. En suivant

certaines règles d'écriture, la terminologie dépasse le ni-

veau de la simple description qualitative, et elle devient quantificatrice.

Page 33: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

27

X a X-I: stigme a] o-5 % X-C phase a] 5-15 %

x-c a1 15-30 %

Cal-x 30-45 Ti

[Al-x ou X [A] 45-55 %

3 Phases

a=y phase 2

STRUCTICHRON [gravillsnnaire] phase

graveleuse

a =y stigme 2

STRUCTICHRON [phase gravillonnaire] stigme

2 Phases

STRUCTICHRON

STRUCTICHRON stigme gravillonnaire

STRUCTICHRON phase gravillonnaire

STRUCTICHRON gravillonnaire

Gravo - STRUCTICHRON

STRUCTICHRON-GRAVOLITE

QUANTIFICATION TYPOLOGIQUE

Figure 8

La Figure 8 résume ces différentes règtes d’écriture. Nous avons retenu un certain nombre de classes :

O-5%, 5-15%, IS-30%,. 30-45%, 45-55%

Il s'agit de classes que l'on peut réellement utiliser dans le travail de terrain notamment. Si l'on écrit X pour la pha- se majeure, et a pour la phase mineure, l'expression générale des différentes classes sera la suivante :

O-5% X stigme a 5-15% X phase a

15-30% Xa 30-45% aX 45-55% X-A, ou A-X

Ces symboles (X et a) sont évidemment destinés à être remplacés par les termes de la typologie. Considérons d'abord un métange de deux phases. Si la phase majeure (X) est "structichron", et la phase mineure (a) est "gravolite", l'expression typologique sera :

Page 34: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

- structichron à stigme gravillonnaire - structichron à phase gravillonnaire

. . . etc.

Il est fréquent de rencontrer dans les sols des mé- langes de trois phases, par exemple les phases "structichron", "gravolite", "gravélon". Les règles dela combinatoire vont s'appliquer ainsi :

- dans un premier temps, seront regroupées les deux phases les plus apparentées par leur nature. Dans l'exemple choisi, il s'agira de la phase gravolique et de la pha- se graveleuse, qui représentent les éléments grossiers et que l'on oppose assez facilement à la phase fine du structichron. Cet ensemble des deux phases grossières est quantifiée par rapport au structichron.

- dans un deuxième temps est définie la composition de ce regroupement des deux phases grossieres.

Cela aboutit à des expressions comme celles de la partie droite de la Figure 8.

X

X X

Pour clôturer cet exposé rapide sur les possibilités de la terminologie typologique, en tant que système de des- cription qualitative et quantitative des aote, nous considé- rerons trois clichés.

Les sols présentent souvent des matériaux complexes, qu'il n'est pas facile de décrire. Ici (Cliché 7), c'est un cas encore simple, il n'y a que deux phases en présence, une phase altér,ite et une phase structichrome. Néanmoins, essayer

de le décrire en termes descriptifs élémentaires (Glossaire) soulève déjà quelques difficultés. Alors que, en indiquant qu'il s'agit d'une juxtaposition d'une phase altérite et d'une phase structichrome, sans même faire appel aux diagnos- tics secondaires ou complémentaires, on apporte déjà une in-

Page 35: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

29

formation assez précise.

Ce nouveau matériau (Cliché 8) est déjà plus compli- qué, puisque trois phases sont en présence (altérite, struc- tichron, fragistérite).

La complexité devient très grande dans ce dernier matériau (Cliché 9). Le décrire de façon compréhensible et exhaustive dans les termes du Glossaire devient à peu près impossible. C'est pourquoi certains pédologues en sont venus dans des situations comparables à utiliser des comparaisons variées, parfois assez poétiques (matériau moucheté, palette de peintre, etc.) En ce qui nous concerne, nous préférerons donner une description à la fois qualitative et quantitative de plusieurs phases, majeures ou mineures, et de plusieurs stigmes.

Page 36: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Cliché 7 Cliché 8

(Y. CHATELIN) (Y. CHATELIN)

Cliché 9 (Y. CHATELIK)

Page 37: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

31

LA DIAGNOSE DE LA’SLIRFACE DU SOL, SA SIGNIFICATION DYNAMIQUE

Ceff exposé a éké paépaM ph

J.C. FILLERON et.Dhé6eMké uuh Lui à PUhiA et Abkdjan et bah

J.F. RlCffARP à MontpeLLieh.

C’est Le commenta~h& et k?‘Lt- .kAthUiiOn d’une pahtie du vo- cabu.fIa.ihe kypoeogique (J.F.R., F.K. et Y.C., 1977, Cah. - ORSTOM AEh. Pédoe., 75, 1). Les exempks de thaLtement de L'kn~ohmat.ion uti.kisent des o b6 k?hVUdiiOnA ohigdna.4!eA de J. COLLINET et J.F. RlCHARU.

La surface du sol, bien que constituant un espace dont l'importance n'échappe à aucun spécialiste du milieu naturel _ n'est que très rarement étudiée dans sa totalité. En effet, en raison de l'hétérogénéité de ses composants, elle ne se situe jamais au coeur d'une discipline traditionnelle. Elle reste sur les marges de l'étude des sols. Décrite très rapidement par le pédologue, sa complexité se ramène le plus souvent à des généralisations par un raccourci statistique. Elle appa- raît au botaniste comme un support sur lequel se dépose la ma- tière végétale morte et d'où surgissent les organismes vivants. La surface du sol est alors considérée comme une frontière en- tre deux milieux physiques, atmosphère et lithosphère, exploi- tés par la végétation. Située à une échelle trop élémentaire pour le géomorphologue, l'étude de la surface du sol se résume généralement à un examen de la micro-topographie, parfois mi- nutieusement décrite, parfois considérée comme un simple as- semblage de creux et de bosses. Dans le meilleur des cas, ce- lui des différents glossaires ou codes de description de l'en- vironnement, l'étude de la surface du sol se réduit à une des- cription hétérogène, parcellaire, souvent sommaire, qui en é- limine toute l'originalité structurale. Bien que se retrouvent dans un même espace les différents spécialistes du milieu na-

Page 38: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

32

turel, faute d'un langage commun, ceux-ci ne se rencontrent que rarement.

Il nous a donc semblé important de tenter de redonner à l'étude de la surface du sol l'unité dont elle semble man- quer. Pour ce faire il fallait replacer la surface du sol dans un système cohérent, le "schéma intégrateur" qui vous sera présenté tout a l'heure et d'autre part mettre au point un langage susceptible d'être accepté par les différents spé-

cialistes qui s'intéressent à cette tranche du milieu naturel.

La surface du sol est un espace d'une extrême hétéro- généité. La première étape consiste donc à découvrir et à i- dentifier les discontinuités majeures. Nous montrerons en- suite comment l'information peut-être restructurée et conden- sée à différentes échelles d'analyse. Puis nous nous effor- cerons de montrer à travers un exemple de traitement de l'in- formation, que l'utilisation de la combinatoire typologique peut constituer une méthode de travaii! : elle permet ici l'é- tude de la dynamique gé,omorphologique superficielle d'un ver- sant.

X

X X

LA RECONNAISSANCE DES ORGANISATIONS constituant la surface du sol s'effectue, comme en pédologie ou en botanique, dans un système de diagnoses approchées.

La diagnose primaire identifie des types fondamen- taux de corps naturels. On distingue à la surface du sol des composantes non spécifiques, appartenant, soit à la végéta- tion aérienne : pieds des troncs, base des touffes d'herbe, plantules..., soit au sol : affleurement des différents hori- zons pédologiques. On utilisera dans la description la typo- logie mise au point à propos des sols et de la végétation.

Outre ces composantes, il existe différents corps qui n'appartiennent, ni au sol, ni à la végétation. Ce sont des mélanges complexes,' sp.écifiquei de cette surface. De même

Page 39: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

33

qu'il a été possible d'établir une typologie des différentes composantes du sol, de même nous avons été amenés 5 élaborer un certain nombre de diagnostics caractéristiques de la sur- face du sol (Fig. 9 ).

Le phorophytion, le nécrophytion et le nécrumite dé- signent des composantes essentiellement végétales et organi- ques. Le phorophytion regroupe la végétation peu évoluée pla- quée sur le sol ou sur la litière humifiée : mousses, li- chens, certaines fougères, quelques dicotylédones. La matière végétale morte, non décomposée constitue le nécrophytiov.

Deux variantes.majeures sont distinguées : ndcrophytion fo- liacé, n&crophytion Zigneur. Le nkcrumite est la litière hu- mifiée, souvent stratifiée. Il est très densément exploité par un chevelu racinaire fin.

Les termes suivants désignent des composantes essen- tiellement organo-minérales. Les turricules de vers, les ter- mitières érigées à la surface du sol, l'ensemble des remon- tées, des déjections, des constructions animales sont réunis sous le terme de aootite. L'épiZite rassemble les placages, plages, pavages, atterrissements, épandages, éboulis miné- raux. Trois variantes majeures ; micro-, méso- et macro-dpi- Zite précisent la granulométrie du matériel. Le dermitite constitue un dépôt superficiel orienté correspondant à la pellicule de battance. Le téphrati'te identifie des corps d'occurence saisonnière : cendres minérales et charbons. Le grumorhise caractérise un horizon organo-minéral dont la structure en agrégats bien individualisés est étroitement. liée à l'exploitation racinaire dense.

Dans une diagnose progressive, il est ensuite néces- saire de dépasser la simple identification des types et de reconnaître les caractères structuraux des organisations na- turelles. Les diagnostics secondaires définis à propos du sol et de la végétation peuvent dtre ici utilisés. Il s'y ajoute un certain nombre de termes spécifiques qui décrivent essentiellement les organisations liées aux micro-reliefs. Ainsi, une structure mastoczine correspond à un micro-relief convexe-concave accentué et fait apparaître des motifs en

Page 40: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

34

DIAGNOSE PRIMAIRE et variantes mjeures

NJXROPHYTION

Foliacé Ligneux

NJXRUMITE

PHOROPHYTION

TEPHRALITE

DERMILITE

ZOOLITE

EPILITE micro- IIISSO- l&SC?X-

GRUMORHIZE

DIAGNOSE SECONDAIRE

IsocLINE Kélécline s.s

KBLECLINE Mastocline

Batocline

Dolichoclinc

Scalocline

Artêcline

ARTECLINE Anastocline

Dictyocline

1 )IAGNOSE COMPLEMENTAIRE

FACIES

à écaillei de dessi- cation

tassé massif pOlX3lX

etc...

STIGME zoonique mycosique brachyrique etc...

COULEUR, GRANULOMETRIE, ETC...

DIAGNOSE DE LA SURFACE DU SOL

Figure 9 -

anneau ; une structure scaZocline correspond à des micro-re-

liefs perpendiculaires à la pente : marche d'escaliers, ter- rassettes, et induit des motifs linéaires discontinus, paral- lèles entre eux. Plus complexe, une structure art&cline ca- ractérise un agencement qui, en associant des motifs d'ordre inférieur tend à les hiérarchiser : micro-reliefs en creux allongés hiérarchisés, rigoles, ravineaux...

Il peut-être en outre intéressant de compléter Za dia- gnose. De très nombreux termes qui correspondent à des be- soins monodisciplinaires ou qui n'entrent pas dans la combi- natoire peuvent être intégrés à ce niveau d'analyse. On'dis- tinguera ici deux notions qui nous paraissent importantes :

faciès et stigme. Le faciès recouvre un aspect structural particulier. On parlera d'un faciès à écaiZZes de dessication pour caractériser un épilite, d'un facie‘s feuitteté pour pré- ciser un nécrumite. Le stigme identifie une composante de la surface du sol quantitativement toujours peu importante. Les stigmes mycosique, bryophytique, zoonique rendent compte de

Page 41: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

35

l'a pr6sence particulière de champignons, de mousses et d'an%- maux.

Bien d'autres caractères peuvent apparaître : couleur, contenu floristique, etc... Nous pouvons introduire à ce ni- veau de diagnose les données. analytiques dont nous pouvons disposer : granulométrie et morphoscopie des sables d'un Bpi- lite par exemple.

X

X X

L'intérêt des termes que nousvenons de présenter ré- side dans le fait qu'ils entrent dans une comb<natoire, une structure linguistique synthétique, concise et quantifiable. L'utilisation des différents diagnostics, ,grâce au système de quantification permet dans un premier temps UNE DESCRIP- TION FINE DE LA SURFACE DU SOL. Nous allons le voir en exa- minant un exemple banal, familier en Afrique de L'Ouest.

Le Cliché ( 10) est pris dans Le pays mossi, à proxi- mité de Ouagadougou. En aval d'un interfluve cuirassé, deux segments se partagent le haut du versant. Le premier ensemble est caractérisé par des atterrissements sableux trace d'un début de concentration de l'écoulement. En amont, sur des pentes légèrement plus fortes, la surface du sol est caracté- risée par une structure en marche d'escalier. La photographie suivante (Cliché 11) montre le détail de la surface de cette seconde unité.

Nous pouvons examiner cette photographie à plusieurs échelles. A chaque niveau, du plus élémentaire au plus glo- bal, nous structurons et réduisons de plus en plus toute l'information disponible (Fig. 10).

Au niveau des organisations élémentaires, nous dis- tinguons deux séries de matériaux. Une série essentiellement minérale comprend un méso-épiZite gravotique, un méso-épiZite graveleux, un dermiiiite, un grumorhize. La deuxième série

Page 42: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

36

NIVEAU 1 perception et identification des faits élémentaires

----Y-- / NIVEAU n

/

perception d’ensemble et réduction de l’information GRUMORHIZE OERMILIQUE MASTO -SCALOCLlNE

A PHASE EPILITIQUE ANASTOCLINE

Figure 10 I I

essentiellement végétale et organique se compose de la base d'un gramen, d'un ndcrogramen brachyrhique, d'un nécrophy- tion ligneux et d'un nécrophytion fotiac6. Nous pouvons at- tacher à ces diagnostics primaires des diagnostics structu- raux. Ainsi le ndcrogramen est phtogogde, le grumorhize est nésoSe.

Ces différentes phases, à un second niveau de percep- tion s'associent en fonction du micro-relief. Une nouvelle information concernant l'organisation d'ensemble de la sur- face du sol est introduite à cette échelle. La structure masto-scatocline caractérise le nécrogramen brachyrhique qui surmonte le grumorhise dermititique. La structure anastocli- ne concerne l'lpilite gravolique à phase nlcrophytique Zi- gneuse et à st{gme dpititique graveleux.

Au troisième niveau, celui de 1'ensembJ.e de ce seg- ment dynamique du-haut de versant, nous nous contenterons d'identifier un grumorhize dermilitique scaloctine à phase épi1itique.

Page 43: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

37

Ainsi, malgré une importante réduction de l'énoncé, la grammaire permet de conserver une grande quantité d'infor- mation. Il n'y a pas homogénéisation abusive. La terminolo- gie conserve la distinction entre deux organisations qui pos- sèdent chacune une signification dynamique particulière. C'est à ce stade de réduction de l'information que l'on peut COMPARER DIFFERENTS RELEVES ENTRE EUX et aborder alors le problème d'une dynamique géomorphologique d'ensemble. L'e- xemple d'une utilisation de la terminologie typologique à des fins dynamiques est ici l'interprétation d'une série de relevés effectués le long d'un versant, en Côte d'ivoire fo- restière, dans la région de Tai.

Dans un premier temps, nous avons utilisé toutes les possibilités de la'typologie ce qui aboutit à une caractéri- sation très complète de la surface du sol (Fig.ll,lz et 13). On remarquera les, l'énoncé

le découpage très fin en structures horizonta- précis des composantes et de leurs structures.

NECROPHYTION (iso-cléistophique ,foliacé dense et

ligneux peu dense), stylagé,à phase nécrumique, hypo- dendrigée, hypso-dendrilagée, ophiagée , à stigme

MESO-EPI - NECRUMITE grumorhique (hori-laticloïde

PROFIL 1 HAUT DE VERSANT

APPUMITE -GRAVOLITE (nuciclode ] grumorhique (nésiide) à phase dendrilagée (hori-éréclriidel à stigme

zoonique, graveleux, hypo-micro-épilitique

Figure 11

Page 44: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

38

- ,. - _ _ - NECROPHYTION (stomaphique, NECROPHYTION(iso-cléis- foliacé et ligneux peu dense), tophique,foliacé très dense stylagé,zoolitique à phases et ligneux dense) stylagé, phorophytique et grumorhique à Phases hypso- nésoïde dendrilagée,ophiagée et

à stigme phorophytique

ZOO-MICRO-EPILITE à phase GRUMO-MICRO-EPILITE . .

;;;;“,.“’ a st’gme ~;;;~;àe;~,,,,,

APPUMITE (amémde,sahlo-argileux 1 grumorhique, dendrilagé à phase gravolique f oésoïde 1 ,à stigme zoonique, hypo-micro-épilitique

PROFIL 2 MILIEU DE VERSANT STRUCTURE KELECLINE

Figure 12

NECROPHYTION (isophique ,acleide, foliacé et ligneux) stilagé et zoolitique

ZOO-MICRO-EPILITE (nuci-psammoclode)‘à phases grumorhique et nécrumique

DENDRI-GRUMORHIZE (horickide) appumique (nuci- clodel à phase hypo-micro-épilitique

APPUMITE (amérode 1 dendrilagé grumorhique

PROFIL 3 BAS DE VERSANT

Figure 13

Page 45: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

39

Dans un second temps, 'comme dans l'exemple précédent,

nous avons réduit et structuré l'information. Cette structu- ration est ici faite en fonction d'une comparaison et d'une étude de la dynamique superficiciette. Il apparaît un schéma (Fig. 14) qui tend à devenir presque aussi symbolique et pré- cis qu'une formulation mathématique.

HAUT DE VERSANT

MILIEU OE VERSANT BAS DE VERSANT

NECROPHYTION (iso-cléisto-

2-3 cm

MESO-EPI-NECRUMITE grumorhique 1-2 cm

GRUMORHIZE gravolique 2-3 cm

phase nécrumique ligneuse 4-6 cm

phase appumique 2-3 cm

stigme épilitique pétros- stérimorphe 4-6 cm

(stomahhique) 3 cm

ZOO-EPILITE 1 cm

phase phoro- phytique

3 cm phase grumo- rhique 4 cm stigme nécru- mique 1 cm

(iso-cleisto- phique)

5-10 cm GRUMO-EPILITE

2-3 cm phase zoolitique

2-3 cm phase nécru- mw 2-3 cm stigme phoro- phitique

5-10 cm

NECROPHYTION zoolitique isophique 7-10 cm ZOO-EPILITE

10-12 cm GRUMORHIZE appomique

4-6 cm phase grumorhique

NJ-12 cm phase nécrumique

10-12 cm phase hypso-épilitique

4-6 cm

stigme psammitique 2-3 cm

stigme épilitique psammi - tique 4-6 em

Figure 14 -

A ce stade de notre démarche, nous insisterons sur deux aspects méthodologiques concernant d'une part l'inter- prétation des diagnostics et d'autre part l'utilisation de la quantification.

Les diagnostics ne sont plus seulement un moyen d'i- dentification des matériaux. A un second niveau de lecture, ils font apparaître différents processus. A chaque diagnos- tic est associé un processus de formation spécifique. Ainsi un épilite est le résultat d'un ruissellement diffus, un né- crumite la marque de la décomposition de la matière végétale,

Page 46: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

40

un zoolite l'expression d'une remontée biologique. En outre,. chaque diagnostic identifie un matériel qui induit ou modi- fie un certain nombre de processus. Le grumorhize en raison de sa structure facilite l'infiltration, le zoolite permet dans certains cas un ruissellement hypodermique.

De même la quantification prend à ce niveau une di- mension génétique et dynamique. Ainsi le stigme signifie l'apparition ou la disparition d'un processus, la phase an- nonce le relais possible d'un processus par un autre. Nous pouvons alors comparer les profils entre eux et établir une série de courbes représentatives des tendances des différen- tes dynamiques (Fig. 15). Nous notons par exemple la pro- gression de l'importance des épandages minéraux fins d'amont en aval, le micro-épilite passe de l'état de stigme en haut de versant à l'état de phases,principales sur le reste du versant, son épaisseur passant alors de 2 à 3 cm en milieu de versant à 10 à 12 cm en bas de versant.

t

HAUT - BAS OE VERSANT

VERSANT SOUS FORET (région de Tai’)

-.- .-

+-t-+

---

. . . . . . . . .

------- 00000

Apport de matière végétale morte grossiers

Accumulation minérale cfins

Remaniements animaux

Infiltration

Ruissellement <

superficiel

hypodermique

Figure 15

Page 47: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

41

Je ne m'attarderai pas sur les résultats obtenus. Je me contenterai de donner quelques indications concernant la dynamique superficielle de l'ensemble du versant. Contrai- rement au ruissellement qui présente un maximum d'intensité en milieu de versant, la plupart des autres processus crois- sent dtamont en aval. A l'exception de l'épandage des maté- riaux grossiers, les processus s'exercent de façon continue sur le versant. Un certain nombre de processus sont étroite- ment associés entre eux : infiltration, remontée biologique, apport de matière végétale, épandages minéraux fins. Le mi- lieu de versant n'est pas ici un milieu de transition homo- gène, la structure kélécline reproduit à une échelle plus ré- duite l'organisation dynamique de l'ensemble.

Nous pouvons, à ce point de la démarche, procéder à de nouvelles réductions et structurations de l'information, ce qui nous permettrait alors de comparer des versants entre eux. Il faudrait alors utiliser des formes de traitement de l'information moins sommaires que celle que nous venons de présenter.

Page 48: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

I

. .

Cliché 10 (J.F. RICHARD)

Cliché 11 (J.F. RICHARD)

Page 49: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

43

LES DIAGNOSES DE LA VEGETATION

LeA chiXtèhe.A AthU&tUhaUX dé deschlptkon de Ra végktation hestenk kk.5 moind en;tach&b dc dubjeck~+tE ; ilb nont "in- .thiMbèqUeb à .kL végé.tatiOn,

quanLL&Lab.tkb e2 généhallna- bRen” (Z3.V. 1976) cet expodé, phéd en.&S? pah F. KAHN, hephend un ahk.iC~e à pahabfhc de 3.L. GlllLLAUME7 et F. KAHN. Lui- même innpihé du .thav&x Ré- cents de K.J. et W.L.J. (1976) O.R.A.A. 119741 et W.L.J. (196til.

A partir de la typologie du milieu naturel (l), nous avons élaboré une méthode descriptive et structurale pour l'étude des végétations tropicales.

Nous présenterons tout d'abord les volumes de réfé- rence pour une étude structurale de la végétation :

- Ze phytopZexion : volume minimal structurale- ment homogène de végétation. Il correspond conceptuellement au pédon.

- l'unité structurale de ce volume : Z’hopldxot

Si nous considérons un volume de végétation strÙcturalement homogène, nous observons qu'il est constitué d'une série de couches horizon- tales qui sont formées et délimitées par les éléments végétaux eux-mêmes, Ces couches s'ob- servent et ne résultent pas du placage d'un canevas artificiel sur la végétation. Ce sont les unités structurales du phytoplexion que nous nommerons hoplexols. Nous les présente- rons comme des continuums spatiaux latéraux d'éléments végétaux dont la qualité et la quan- tite les différencient entre eux. Leur défini- tion inclut la présence du milieu ambiant (air,

Page 50: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

LES VOLUMES VEGETAUX DE REFERENCE

-___----

- -__--_-

PHYTOPLEXION

VOLUME MINIMAL STRlJCTURALEYENT

HOMOGENE DE VEGETATION

--- _----

HOPLEXOL ELEME.NTS VEBETAUX- + MILIEU AMBIANT

UNITE STRUCTURALE

DU PHVTOPLEXION

[VO:LUME OBSERVE 1

DIAGN$SE

DIAGNOSE

/

MAJEURE

SECTORIELLE

J

OETERMINATION

DE L’HOPLEXDL

IJUALIFICATION

DE L’NO?LEXDL

P

Page 51: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

45

eau,... ). Elles correspondent aux notions de strate, d'interstrate...

Il s'agit dans un premier temps d'observer ces unités structurales, puis de les déterminer. Ceci par une diagnose majeure qui consiste en l'identification et la quantification relative des éléments végétaux selon leur volume constituant l'hoplexol. Cette diagnose majeure sera complétée par une dia- gnose sectorielle qui considère certaines formes végétales, tels les épiphytes, hémiépiphytes, les épiphylles, d'occupa- tion spatiale toujours réduite, mais dont la signification écologique peut être considérable. Enfin, une diagnose struc- turale qualifiera l'hoplexol, elle envisagera sa structure d'ensemble puis celle des éléments de diagnose.

L'hoplexol observé, il s'agit de reconnaître les élé- ments végétaux qui le constituent. Encore faut-il préalable- ment définir ces éléments, c'est à dire découper la végéta- tion.

Nous présenterons les éléments de diagnose en n'in- sistant que sur leur forme, nous ne considérerons que leur morphologie, donc leur critère de reconnaisance. En effet, lors de l'application de cette méthode à la description d'une végétation, nous n'utilisons que le critère morphologique de l'élément de diagnose, sans nous préoccuper de sa significa- tion écologique, car nous voulons une méthode rigoureusement descriptive et non interprétative au départ.

Le principe de découpage de la végétation repose sur le fait que la plante est fonctionnellement un système symé- trique constitué de deux systèmes assimilateurs (feuillages et chevelus racinaires) reliés par un système conducteur (branches, troncs et racines conductrices).

Lorsque ces systèmes sont spatialement individualisés, il s'agit alors des ensembles arborescents et ligneux, nous distinguerons pour la partie aérienne de ces végétations :

- les systèmes assimilateurs, catbgories des -phgws,

Page 52: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

46

- les systèmes conducteurs, catégories des -agés.

Chacune de ces catégories comporte quatre sous-en- sembles :

- pour la catégorie des -physes,

1. nous appelerons PaZiphyse, les feuillages des arbres présentant leur expansion maximale. Ces feuillages sont toujours plus larges que hauts ; en effet, l'arbre ayant atteint sa taille maximale en hauteur s'étend en largeur. Ils présentent des formes globuleuses, en coeur, en tronc de cône .ren- versé.

2. nous appelerons Prophyse, les feuillages des arbres en cours de croissance. Ces feuillages sont toujours plus hauts que larges, en forme de fuseau.

3. nous appelerons Monophyse, les feuillages des arbres non ramifiés (palmiers et autres Mono- cotylédones . ..). Ces feuillages se disposent en touffes et sont généralement constitués de grandes feuilles.

4. enfin, PZéiophyse se rapportera au feuil- lage des lianes.

- pour la catégorie des iagés,

1. nous appelerons StyZagé, les troncs droits ligneux des arbres.

2. Dendrigé, les branches principales se dis- tinguant des feuillages.

3. Stipiagé, les stipes des palmiers -et au- tres Monocotylédones arborescentes, fougères arbo- rescentes, Cycadales... qui se caractérisent par la texture de leur rhytidome souvent écailleux ou fibreux toujours différent de celui des éléments du Stylagé.

4. Ophiagé, les troncs ou tiges des lianes.

Page 53: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

47

A ces éléments de diagnose-se rapportant aux parties aériennes des végétation,s arborescentes, nous ajouterons le Néophytion qui regroupe les germinations et plantules de ces formes arborescentes, de morphologie diverse mais toujours différentes dei formes 'herbacées.

Lorsque les systèmes assimilateur et conducteur ne sont pas spatialement individualisés : il s'agit alors des ensembl'es herbacés ; les vcgétaux sont souvent de petite taille comparés aux formes arborescentes, les feuilles se disposent le long des tiges souvent chlorophylliennes.

Pour ces végétaux, nous considérerons la morphologie d'ensemble de la partle aérienne, nous distinguerons ainsi :

- le GTamen, ,qui regroupe toutes les plantes graminiformes quelles soient ou non des graminées,

- le Phorophytion, qui regroupe toutes les plantes prostrées qui s'épanouissent au niveau de la litière,

- le Kortode, qui regroupe les plantes herba- cées qui ne sont nï graminiformes ni pros- trées.

Pour les systèmes racinaires nous distïnguerons :

i le Rhizagé, ensemble des axes conducteurs c'est à.dire des pivots et des axes laté- raux plagiotropes,

- le Rhizophyse, ensemble des chevelus raci- naires qui constituent le système assimi- lateur.

Enfin, pour la matière végétale morte, nous consi- dérerons :

- le Nécrophytion qui se rapporte à la ma- tière végétale morte non décomposée, il peut être fo~iacé (feuilles mortes) ou Ligneux (bois mort),

Page 54: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

48

- le Nécrumite, matière végétale morte dé- composée où l'on ne reconnait plus la for- me végétale initiale.

La structure de ces néologismes assure une combina- toire qui permet de qualifier les structures végétales inter- médiaires ou transitoires entre les éléments de diagnose pré- cédemment définis.

Elle permet d'envisager les éléments de diagnose en transition :

- ainsi, les éléments d'un Prophyse qui ten- dent à acquérir leur expansion maximale constitueront un PropaZiphyse,

- ou lorsque les éléments du Nécrophytion se décomposent, nous appelerons Ndcrunécro- phytion la matière végétale en voie de dé- composition.

Elle permet de traiter les structures végétales pré- sentant une double nature :

- ainsi, pour les palmiers lianes, les stipes qui sont des éléments du Stipiagé à carac- tère d'ophiagé deviendront les éléments d'un Ophiastipiagé ; de même les feuilla- ges constitueront un PZéiomonophyse.

- nous n'avons pas considéré les germinations et plantules des formes herbacées. Si c'est nécessaire, nous distinguerons un Néogramen ou Néokortodé, voir même un Néo- phorophytion.

Enfin, cette combinatoire permet de décrire certai- nes végétations, telles les bananeraies ou les bambuseraies :

- les bananiers, par leur morphologie et mal- gr& leur taille, sont des éléments du Kor- tode. Xous distinguerons cependant les en-

Page 55: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

49

sembles conducteurs par un Kortagd des en- sembles des feuillages, Kortophyse.

- de même pour une bambuseraie, nous aurons un Gramagé et un Gramophyse.

La diagnose majeure est complétée par une diagnose sectorielle qui consiste en la reconnaissance et la quantifi- cation d'éléments végétaux, tels les épiphytes, hémiépiphytes, épiphylles dont l'occupation spatiale est toujours réduite mais dont la signification écologique est souvent importante.

Les éléments de la diagnose sectorielle se quantifi- ent non pas relativement aux éléments de la diagnose majeure, mais en rapport à leur support :

- en exemple : stigme dendrigé fdpiphytique), c'est à dire, quelques rares branches principales dans l'hoplexol qui sont cou- vertes d'abondants épiphytes. Les épiphy- tes se rapportent alors au stigme dendri- gé. Nous pourrions également avoir : stig- me dendrigé (à phase épiphytique), présen- ce mais non abondance d'épiphytes ou (à stigme épiphytique), quelques rares épiphy- tes sur les branches principales.

- de même, une phase neophytique - élément de la diagnose majeure - peut être rappor- tée à un Nécrophytion : Ndcrophytion li- gneux Ià phase néophytiquel, qui traduit la présence de germinations de formes ar- borescentes sur les bois morts.

Nous qualifierons l'hoplexol par une diagnose struc- turale qui portera sur la structure d'ensemble de l'hoplexol, puis sur celle des éléments de diagnose.

Nous envisagerons, tout d'abord, le rapport du volume végétal de l'hoplexol au volume d!air. Ce rapport permet de

Page 56: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

50

considérer le volume végétal absolu de l'hoplexol. Ce dernier doit être évalué pour comparer les niveaux quantitatifs d'un même élément de diagnose d'un hoplexol à l'autre puisque les éléments végétaux sont quantifiés relativement les uns aux autres dans un même hoplexol.

- si le volume des éléments végétaux est net- tement inférieur au volume d'air, l'ho- plexol sera adrophiqus,

- si les volumes végétaux et les volumes d'air sont équivalents, l'hoplexol sera stomaphique,

- isophique, si les volumes végétaux dominent,,

- et cZéistophique, si la végétation est fer- mée.

La combinaison de ces néologismes permettra de trai- ter les cas intermédiaires :

- un hoplexol de structure intermédiaire en- tre les pôles stomaphique et isophique sera isostomaphique s'il tend vers le pôle stomaphique et stomaisophique si c'est l'inverse.

Elle permettra aussi la quantification relative de ces structures :

- un hoplexol sera stomaphique à phase cZ&is- tophique, si l'hoplexol est généralement ouvert avec des zones fermées. Il peut également être cléisto-stomaphique, si les zones fermées sont abondantes.

Ensuite, nous considérerons la structure d'ensemble de la végctation dans l'hoplexol. Nous donnerons deux exem- ples :

- si les végétaux se disposent selon un agen- cement ordonné (comme dans une plantation), la structure sera tamoede,

Page 57: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

51

- si la végétation se répartit en ilots, la structure sera nésoMe.

Ces structures peuvent traduire la répartition de zones structurales de l'hoplexol : un hoplexol pourra être isophique à phase cléistopbique (nésoide), si les zones où la végétation est ferméé se répartissent en ilots...

Enfin, nous décrirons la structure des éléments de diagnose, nous définirons préalablement des pôles structu- raux :

- érécloide pour le pôle vertical, - horicloide pour horizontal, - laticloïde pour une structure stratifiée, - phlogoide pour une structure en touffe, - hémicloîde pour une structure globuleuse...

Là encore, la structure des néologismes permet. de traiter les structures intermédiaires entre les pôles précé- demment d6finis :

- une structure à tendance horizontale sera éréhoricloZde, et horiérécZotde, si elle tend vers le pôle verticale.

Nous pourrons également quantifier relativement ces

structures :

- ainsi un Prophyse sera horiéréclotde à pha- se horicZofde, c'est à dire abondance de structures à tendance verticale et présen- ce de structures horizontales.

Puis nous considérerons la structure des constituants des éléments de diagnose : densité, périodicité des feu,illa-

es, morphologie, taille et texture des feuilles ; morpholo- gie et couleur des rhytbdomes, présence d'épines, cauliflo- rie..

Page 58: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

52

Au terme de ces trois diagnoses, l'unité structurale de la phytoplexion est déterminée et décrite, et d'hoplexol en hoplexol, c'est la phytoplexion elle-même qui est décrite.

Les diagnoses majeure et sectorielle constituent une diagnose primaire qui se rapporte à la nature et à la quanti- fication des éléments végétaux, la diagnose structurale ou secondaire se rapporte à la qualification de l'hoplexol et des éléments végétaux.

En conclusion :

Nous soulignerons le fait que nous ne considérons que des formes, c'est à dire la morphologie des éléments de dia- gnose. Ainsi, leur signification écologique et dynamique, chargée d'hypothèses et de théories peut évoluer sans pour autant altérer l'utilisation de cette méthode descriptive qui ne repose que sur la reconnaissance des formes.

D'autre part, un autre point nous semble essentiel : toutes les unités structurales ou hoplexols sont décrites sans qu'aucunes ne soient privilégiées. Les botanistes avai- ent tendance à décrire préférentiellement la strate au détri- ment de l'interstrate.

Enfin, cette méthode ne s'oppose à aucune autre mé- thodologie existante, elle offre un cadre descriptif et struc- tural complémentaire à d'autres voies de recherche et en ce sens, elle constitue un système réellement ouvert. En parti- culier, les études floristiques réalisées hoplexol par hople- x01 permettront de comprendre les stratégies des espèces dans la constitution des paysages végétaux..

Au-delà de la botanique, cette méthode est transdis- ciplinaire, elle l'est dans son élaboration, issue d'une ty- pologie du milieu naturel imaginée par des botanistes, géo- graphes et pédologues ; elle l'est dans son but : une étude intégrée du milieu naturel.

Page 59: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

53

Elle l'est à d'autres niveaux : nous décrivons la vé‘- gétation, couche structurale après couche structurale, qui sont des entités structurales de cette végétation car consti- tuées et délimitées par les éléments végétaux eux-mêmes. Lors de la. description, aucune n'est privilégiée. Autrement dit, nous considérons toutes les structures végétales, nous les situons spatialement les'unes par rapport aux autres et les quantifions relativement selon leur volume. Par ailleurs, ces éléments végétaux retenus ne sont autres que des feuillages, des troncs, des branches principales c'est à dire autant de structures végétales qui définissent l'habitat animal. Nous offrons donc aux zoologistes un réel cadre descriptif et structural. Nous proposons un tel cadre aux bioclimatologues, ne serait-ce que le fait de considérer les pleins et les vi- des de la végétation. Et ce sont là des ouvertures essentiel- les de ces travaux transdisciplinaires.

(1) Vocabulaire pour l'étude du milieu naturel (tropiques humides). Cah. ORSTOM, sér. Pédol., 15, 1 - Richard J.F., Kahn F., Chatelin Y., 1977.

Page 60: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

55

LA CONST'TUTION D'UN SCHEMA INTEGRATEUR

TRANSDISCIPLINAIRE

Ced cxpobé a étL plr&patrE et phi?dCt&?

aux d.i~dZhen.id Si?m.inaiheh pah J.F. RICHARD. IL cohhebpond à un ZhavaiL

pehdonne~, mai4 qui a d?ijû ES ex- plo.iXE danh une pub.t.ilcai.Lon Auh La méthodolog.ie généhaee (J.F.R., F.K. et Y.C., 1937, euh. O/rstom, défi. PédoL., 75, 7). Le schéma iniégha-

teuh phopobé da.ii hé,jéhence au con- cspt de gC?ohyAkèW 2te.l qu’il a é2é onéc&É! nécemmeni (N.B. a* J.F.R., ‘7975, OhbtOm Adiopcidoumél, (N.8. é-t J.L.M., 1977, L’Espace GEoghaphique,

6, 2):

Les exposés qui précèdent vous ont présenté les trois composantes les plus caractéristiques, les plus permanentes, du milieu naturel : le sol, puis la surface de ce sol, et enfin la végétation. Vous avez pu noter un certain nombre de points communs à ces approches sectorielles.

Elles ont toutes généralisé la notion de diagnostic,

en respectant plusieurs règles :

- celle de la représentation de la totalité des corps naturels,

- celle de la nomination immédiate, plus opération- nelle que les longues périphrases de la description élémen- taire,

- celle du partage sémantique, établissant plusieurs niveaux de diagnose approchée,

- et celle du refus d'une interprétation génétique préalable. '

Page 61: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

56

Elles ont toutes, aussi, utilisé des termes nouveaux doués d'une. certaine compétence linguistique, c'est à dire :

- capables de s'associer, de se com.biner, et de tra- duire quand le besoin en est une certaine quantification et une certaine dynamique,

- capables de se résumer ou au contraire de s'affi- ner pour s'appliquer aux différentes échelles de perception usuelles,

- capables enfin de se structurer dans un traitement élaboré de l'information.

Les diagnostics typologiques constituent dès mainte- nant un moyen d'analyse homogSne. Mais, au-delà de leurs re- lations les plus apparentes, il reste à montrer la véritable unité de nos études et leur capacité à s'intégrer dans une vision commune du milieu naturel.

Nous parviendrons à cet accord en deux étapes. Tout d'abord en fixant notre langage, ce langage unique dont les naturalistes et peut-être surtout les géographes déplorent souvent l'absence. Ensuite, en proposant une nouvelle articu- lation générale des corps naturels qui coexistent dans la réalité, mais que les disciplines traditionnelles envisagent séparément. Nous aboutirons ainsi à un schéma intégrateur des connaissances, cadre de référence commun à plusieurs dis- ciplines, point de départ de nouvelles recherches sur le mi- lieu naturel.

X

X X

Cela a déjà été dit : nous essayons d'établir un lan- gage. De ce langage, il nous faut d'abord constituer UN RE- PERTOIRE PES ELEMEN!l'S SEMANTIQUES DE BASE.

La démarche s'oppose à la classification hiérarchique

Page 62: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

57

d'un nombre fini d'unités. Mais, inversement, il serait par- ticulièrement illusoire de proposer un vocabulaire trop a- bondant, qui atteindrait ou dépasserait la centaine de mots. Même si quelques uns, contractant une ancienne polysémie ou correspondant à l'émergence d'unconcept, pouvaient plaire, la plupart de ces mots auraient fort peu de chance d'être acceptés et utilisés pour eux-mêmes.

Notre tentative est plus prudente et plus raisonnée. Elle ne se réduit pas à une simple néologie brutale et défi- nitive. Elle est dynamique et permanente. Elle vise à appli- quer les règles habituelles de la formation lexicale sur un petit nombre d'unités sémantiques provenant pour la plupart du langage scientifique courant. Seuls quelques radicaux originaux suffisent alors pour délimiter autant de champs sémantiques différents, autant de niveaux de diagnose ou au- tant d'échelles de perception, par exemple.

Ainsi, le radical - PLEX - a été choisi pour marquer la nature hétérogène mais indissociable des organisations naturelles qu'il va représenter. Ce radical entre dans une structure linguistique ouverte où s'ajoutent préfixes et suffixes. Nous créons de cette manière un premier canevas analytique avant même d'avoir spécifié à quel corps naturel particulier il doit s'appliquer. Par exemple, en considérant essentiellement l'enveloppe de ces complexes, nous pouvons produire des catégories spatiales sur les degrés de dévelop- pement et de définition et sur les positions remarquables, inhabituelles ou limites. De même, nous pouvons déterminer des catégories temporelles et distinguer des enceintes per- manentes ou temporaires, apparaissant selon différentes pé- riodicités ( Fig. 16 ).

Dans la mesure où chaque radical, préfixe ou suffixe, possède une signification propre et une autonomie suffisante, toutes les combinaisons sont permises.

Page 63: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

5%

dévéloppement

inhabituelles

I

airo _ situations

limites ep< _

L’B,3-

- PLEX -

enceintes virtuelles

enceintes

actuelles

Figure 16 - Un exemple de strwture tinguisti- que, la définition de catégorie3 spatio-temporetZe3.

La terminologie autour du radical "plextt est facile, je ne prendrai, que deux exemples. Poursuivant l'exposé de la

diagnose des sols, je rappellerai qu'un orthoPLEXion est une pluralité d'enceintes élémentaires bien développée et bien définie ( Cliché 12 ), alors qu'un brachyPLEXion aura une épaisseur réduite et sera de nature moins complexe (Cliché13) et qu'un ZeptoPLEXion de nature très simple pourra être dis- continu ( Cliché 14 ). La désinence -ion indique que ces organisations sont virtuelles, nous ne précisons pas leur durée, leur degré de réalisation dans le temps. Il en est de même de la désinence -oZ qui s'applique, elle, à des encein- tes élémentaires. Ainsi, nous désignerons comme épiPLEXo2 un volume très mince, correspondant à ce que l'on dénomme sou- vent sans trop de précision comme étant la "surface du sol". Cette enceinte s'actualise, se concrétise, selon des rythmes très caractéristiques. Lorsque ses changements d'état sont imprévisibles ou accidentels nous identifierons un épiPLEXet

Page 64: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Cliché 12

(G. RIOU)

Cliché 13 (J.F. RICHARD)

Page 65: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique
Page 66: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

59

(Cliché IS), lorsqu'ils réapparaissent régulièrement selon ies saisons nous parlerons d’épiPLEXat (Cliché 16) et lors- qu'ils ont une périodicité supérieure à l'année nous utili- serons le terme d’épiPLEXie (Cliché 17).

Dans cette structure linguistique, le radical "plex" pourrait être remplacé par le radical - PAUSE - qui désigne une surface-limite. On disposerait alors de tout un nouveau groupe de termes permettant, au besoin, d'identifier les li- mites entre les enceintes plurales ou élémentaires précéden- tes. Par exemple, acroPAUSE, 6piPAUSE et cataPAVSE seraient les topographies du toit de la végétation, de la surface du sol et du front d'altération.

Ces quelques manipulations terminologiques ne sont destinées qu'à montrer la souplesse des moyens d'expression utilisés. Avec un petit nombre de concepts de base que l'on définit presqu'à l'évidence, une combinatoire réfléchie per- met de s'adapter à un grand nombre de situations particuliè- res. Chacun peut pratiquer immédiatement ce jeu des mots à condition d'avoir suffisamment de "métier", de connaissances comparées, pour que la néologie traduise effectivement une réalité remarquable.

Nous pouvons constituer maintenant un cadre de réfé- rence à l'analyse du milieu naturel : grâce à la dynamique des mots, ce schéma ne risquera pas de devenir un carcan for- mel. Il pourra, au contraire, être constamment modifié tout en conservant la même signification fondamentale.

X

X X

Cette recherche de dimensions communes aux différen- tes disciplines étudiant le milieu naturel ne semble pas de- voir se heurter à des difficultés particulières. Je rappelle

Page 67: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

60

pour mémoire que L'ORGANISATION FONDAMENTALE DE L'EPIDERME !7'ERRESTRE est d'abord celle d'un emboîtement de "sphères" où certains matériaux et certaines énergies présentent une den- sité maxima. Atmosphère, biosphère, lithosphère . . . fusion- nent dans des couches de-plus en plus minces vers la surface du sol. Cette succession exprime la prédominance des gra- dients verticaux d'énergie par rapport aux échanges et aux transferts latéraux (Cliché 18).

Le schéma proposé généralise d'abord deux niveaux de perception mésoscopique fréquemment pratiqués par les na- turalistes, le premier étant plus spécialement utilisé au moment de la description, le second au moment des taxonomies.

La première unité a un caractère d'universalité. Les pédologues ont l'habitude de parler d"'horizon" ou de 'sous-

horizon". Les botanistes emploient d'autres mots, "strates" et "inter-strates". Cette notion de volumes horizontaux et stratifiés se retrouve dans une longue liste de termes : "couche", "niveau", "nappe", "ligne", "lit", "litière", "placage", "épandage", "manteau", "couvert"... En fait, à propos d'objets de nature différente, ces termes désignent toujours des volumes comparables, grossièrement parallèles à la surface du sol. Horizon ou strate constituent l'unité minimale significative de notre schéma : elle résulte sou- vent de la combinaison d'un petit nombre de matériaux et d'énergies. Cette enceinte élémentaire d'extension latérale est dénommée HOPLEXOL.

La seconde unité est la coupe verticale de l'épider- me terrestre. Là encore la polysémie est importante, mais les définitions sont plus ambigues. Il y a souvent confusion entre classification et découpage spatial. Les naturalistes se servent alors de termes vagues comme "station", "site", "type", "formation", "groupement." . . . ou élaborent des ter- mes plus précis qui supposent dessinées les limites d'exten- sion latérale d'un profil homogène : "association", "pédon", "géofaciès" . . . A ce stade de notre démarche, nous nous con- tenterons d'identifier un HOLOPLEXION, succession verticale

Page 68: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Clich6 17 '(G. RIOU)

Cliché 18

[J.F. RICHARD)

Page 69: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Cliché 19 (F. KAHN)

Cliché 20

(Y. CHATELIN)

Page 70: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

61

complète des hoplexols précédents dont les limites latérales ne sont pas fixées. C'est l'unité maximale significative de notre schéma ; elle exprime souvent la sommation d'un grand nombre de matériaux et d'énergies.

Les termes hoplexol et holoplexion insistent sur la complémentarité de ces unités minimales et maximales. Elles se situent à une même échelle de perception et peuvent ser- vir tour à tour de guide à l'analyse du milieu naturel.

Entre ces deux unités, le schéma distingue ensuite des volumes de dimensions intermédiaires regroupant plusieurs hoplexols. La définition de ces enceintes plurales recouvre, en fait, un nouveau découpage du milieu naturel. Nous vou- lons exprimer ici les organisations plus ou moins hétérogè- nes qui se trouvent être effectivement réalisées sur le ter- rain - même si les différentes parties de ces complexes sont étudiées par différentes disciplines. Il est facile de ren- dre compte de ces organisations par une déclinaison des ter- mes précédents. Les préfixes utilisés, méta-, supra- et in-

fpa- , situent immédiatement, les uns par rapport aux autres, les mélanges progressifs entre l'atmosphère, la biosphère, la lithosphère et l'hydrosphère (Fig. 17).

I

hoplexol +n SUPRAPLEXION : . . . . : . : METAPLEXION . . SUPERIEUR .

hoplexol ‘0

METAPLEXION METAPLEXION dict

. .

.

. : : . . . . :

hoplexol

METAPLEXION

INFERIEUR

INFRAPLEXION

. -In

Fig. 17'- Schéma de' Z'organisation de Z'épiderme terrestre.

Page 71: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

62

Ces volumes n'existent pas nécessairement partout et toujours, la nature de leur contenu peut varier considé- rablement d'un domaine morpho-climatique â un autre. Aussi, je ne donnerai que les définitions les plus fréquentes.

Au centre du schéma se situe la "surface du aoZ". Elle est souvent considérée comme une limite entre les deux milieux physiques de la lithosphère et de l'atmosphère. En fait, la diagnose de cette "surface" nous a rappelé qu'il s'agissait d'une zone de convergence où s'interpénètrent un grand nombre de phases différentes et où se multiplient les processus. Aussi, plutôt que de privilégier l'aspect discon- tinuité nous en avons fait un domaine de rencontre inter- disciplinaire.

Plus précisément, ce METAPLEXION strict regroupe les litières organiques, les placages minéraux et organo-miné- raux, les systèmes racinaires superficiels, des formes végé- tales peu évoluées et une faune parfois essentielle (Cliché 19). Ce concept englobe une zone d'activité maximale, très représentative d'un milieu naturel et de sa dynamique. De part et d'autre de ce volume central, deux franges ont une structure et une dynamique souvent très liées au métaplexion. C'est évidemment le METAPLEXION INFERIEUR, le "sol" au sens restreint, qui marque la pénétration de la biosphère dans la lithosphère (Cliché 20). Mais c'est aussi le MEWPLEXION SU- PERIEUR qui souligne la forte dépendance des strates herba- cées vis à vis de la surface du sol (Cliché 21).

Les deux enveloppes externes sont généralement beau- coup plus développées, mais elles sont aussi de nature plus simple. Le SUPRAPLEXION se caractérise par la végétation li- gneuse et l'atmosphère intersticielle (Cliché 22). L’INFRA-

PLEXION est presqu'exclusivement la réunion lithosphère - hydrosphère et regroupe l'ensemble des formations superficiel- les morpho-pédologiques (Cliché 23).

Page 72: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

63

C'est dans ce schéma, où s'emboîtent des enceintes

nettement circonscrites et situées les unes par rapport aux autres, que s'inscrivent les diagnostics typologiques de la pédologie, de la géomorphologie et de la botanique et que se réalise de fait l'intégration de nos connaissances sur le milieu nature2 (tableau 18).

Donc, dans la pratique, cadre de référence et cadre

d'analyse sont intimement liés et se définissent mutuelle- ment. Les différents matériaux majeurs qui vous ont été pr6- sentés dans les exposés précédents apparaissent selon un or- dre préférentiel dans la coupe verticale du milieu naturel, un diagnostic se rapporte plus particulièrement à telle ou telle enceinte. Certes, une analyse plus serrée pourrait conduire à se détacher du schéma intégrateur qui, pour être général, devait être suffisamment théorique. Mais, là encore, les nouveaux moyens d'expression permettront de faire appa- raître les écarts au système de référence. On pourra rencon- trer un hypo- structichron dans l'infraplexion ou un hypso- nécrumite dans le supraplexion, mais, par leur situation inhabituelle dans le profil, ces diagnostics prendront une toute autre valeur informative.

Sur le terrain l'identification des enceintes repose d'abord sur l'observation des limites. C'est un dernier ni- veau diagnostic qui se situe après les diagnoses primaire, secondaire et complémentaire. Mais cette identification des

volumes et des espaces élémentaires n'est pas seulement géo- métrique, elle nécessite aussi une énonciation rapide des contenus impliquant une différenciation d'une région à l'au- tre. Elle permet ainsi d'aborder, avec un minimum de concepts

globaux et de termes généralisables à toutes les composantes, le problème de l'organisation d'ensemble des milieux naturels.

Je propose d'appeler diagnose fondamentaZe cette ana- lyse du paysage.

X

X X

Page 73: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

64

TABLEAU 18 -

HOPLEXOLS Variantes et phases MAJEURS majeures

AEROPHYSE (atmosphère)

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

z? x

PROPHYSE Pléiophyse (phase)

z PALIPHYSE

3 MONOPHYSE

2 STYLAGE Ophiagé (phase)

DENDRIGE

STIPIAGE

t KORTOPHYTION , kortode, gramen

z NEOPHYTION

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

0 x

CI NECROPHYTION u

c: 4 s

EPIPLEXOL , nécnnnite,zooIite,épiIite,phorophytion

% VI GRUMORHIZE

$4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

; APPUMITE , mélanumite, dendrilagé (phase) c 4 STRUCTICHRON, dyscrophe, aliatique, pénévolué.

_______________-____------------------------------------------

PSAMMITON

GRAVOLITE

GRAVELON

STERITE , fragistérite, pétrostérite

RETICHRON, durirétichron, hydrorétichron

REDUCTON , oxyque (phase)

ALTERITE , isaltérite, allotérite

e.............................................

REGOLITE (Roche)

Page 74: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

65

Il me serait difficile de comparer ici notre tenta- tive avec d'autres méthodes d'étude intégrée ou globale du milieu naturel. Pour donner la signification scientifique du schéma intégrateur transdisciplinaire, je préfère montrer rapidement les conséquences de LA RENCONTRE ENTRE SPECIALIS- TES ET GENERALISTES DU MILIEU NATUREL. J'insisterai évidem- ment sur les aspects géographiques de cette convergence mé- thodologique.

Je rappelle que l'accord réalisé concerne à la fois l'échelle de perception et le niveau d'identification des composantes du milieu. Le langage opère comme un dénomina- teur commun entre ces composantes, c'est à dire comme un lien transdisciplinaire.

Pour le spécialiste, cela signifie que son objet d'étude ne sera plus définitivement isolé par l'analyse, mais qu'il conservera sa place dans un système de rapports concrets et localisés. Notre schéma résoud -de fait- la ques- tion des inter-liaisons spatiales. Nous pensons qu'il est le point de départ d'une meilleure écologie et d'une meilleure géographie des sols, du relief ou de la végétation. Je n'in- siste pas car l'exposé sur les "volumes pédologiques" nous donnera cet après-midi un premier essai de géographie des sols conduit dans cet esprit.

Il y a aussi tout un groupe de recherche analytiques qui est immédiatement induit par le schéma intégrateur :

- il reste à préciser la signification dynamique de diagnostics qui ont été établis sur des bases morphologiques. On a vu, dans le premier exposé, que la nomination directe facilitait l'énoncé de ces problèmes. Quel est, par exemple, le comportement hydro-dynamique.d'un structichron ? Quelle est la fonction zoo-écologique d'un paliphyse ?

- il reste surtout à étudier les enceintes qui occu-

Page 75: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

20

15

10

5

2

1

C

h+ll

ht10

-

hc9

h+8

\ h+7

h+6

h+5

-

h+4

x5 h-4

*-._

h-5

‘*

.

l

. ,<

.

. I

paliphyse

Mil prophyse

ml stylagé

kortode

cl O$f2 néophytion

III

W W nécrophytion ..**J-., nécrumite

rl xx

x

El QV QQ

lizd -Y

grumorhize

structichron

gravélon

abrite

Page 76: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

h-b 11 de 35 à 20 m

h + 10 de 20 à 15 m

h+ 9 de 15 à 10 m

h+ 8 de10à 5m

h+ 7 de. 5 à 3 m

h+ 6 de 3 à 1,s m

h+ 5 de 1,8 à 0,5 m

h+ 4 de 0,5 à 0,,15 m

h+ 3 de 0,15 à 0,05 m

h+ 2 de 0,05 à 0,OZ m

h+ 1 de 0,02 à 0,005 m

h+ 0 2 0,005 m

h- 1 de 0,005 à 0,04 m

h- 2 de 0,04 à 0,15 m

h- 3 de 0,15 à 0,2 m

h- 4 de 0,2 à 0,8 m

:

Paliphyse à phases dendrigée et prophysée; stoma- phique,érécloïde,peu dense; Paliphyse à phase stylagée; stomaphique,horicloïde,

1 peu dense; limite très ondulée avec h + 8; Pro-paliphyse à 'phase stylagée; isophique, hémi- érécloïde, dense; Dendri-stylagé; dictyoïde;

Prophyse stylagé à phase paliphysée; isophique, éré-phlogoïde,dense; limite diffuse avec h + 5; Prophyse stylagé; isophique à cléistophique, éré- cloïde, dense; Néophytion à phases stylagée et hypodendrigée; isophique à cléistophique, érécloïde, clair; Néophytion hypodendrigé; isophique, horicloide, clair;

Nécrophytion foliacé à phase nécrumitique et à stigme soolitique; stomaphique, horicloïde, peu dense;

Nécro-nécrumite; stomaphique, horicloïde, peu dense;

Nécrumite; isophique, horicloïde, dense;

Grumorhize dendrilagé à phase appumique; isophi- que, grume-pauciclode, ocre-brun; Grava-structichron dyscrophe à stigme dendrilagé; pauciclode, ocre moyen; Gravélon à phase gravolique; aclode;

Paliphyse; stomaphique,érécloïde,peu dense; limite ondulée avec-h + 10 ;

Allotérite graveleux à phase structi-gravolique; laticlode, rouge pâle;

Aérophyse nécrophytique

Aérophyse à phase nécrophytique (troncs morts,brû- lés à la base);

kortodon anthropique; stomaphique, hémicloïde, dense (feuillage des bananiers); Prophyse anthropique; isophique, hémicloïde, dense; (feuillage des jeunes cacaoyers); Stylagé à phase kortodée; stomaphique, érécloïde;

Nécrophytion; stomaphique, hori-dictyoïde, clair;

Nécru-nécrophytion à phase grumorhique;

(mêmes identifications que le profil forestier de référence)

Fig. 19 : Diagnose d'un paysage forestier primaire et humanisé.

Page 77: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

68

pent une place privilégiée dans l'organisation naturelle. Rendre son importance au métaplexion était un des objectifs essentiels de notre recherche. Un autre exposé de cet après- midi nous montrera, à propos de métaplexions anthropiques,

qu'il était difficile d'envisager ce genre d’étude sans mo- yens d'analyse transdisciplinaires.

- il y a enfin t‘eut un ensemble de données que nous n'avons pas envisagées jusqu'à maintenant parce qu'elles concernent des dynamiques trop furtives ou des corps naturels trop inconstants pour servir de référence. Ces connaissances en bioclimatologie, zoologie, géographie rurale, agronomie, hydrologie de surface ou hydro-géologie pourraient être main- tenant situées avec précision dans notre schéma et trouver ainsi une certaine valorisation inter-disciplinaire.

Mais c'est peut-être surtout au géographe que profi- tera le plus cette rencontre avec les botanistes et les pédo- logues. Elle signifie, en effet, que le paysage ne sera plus cette image un peu trop formelle, superficielle ou hâtive, mais qu'il résultera d'une somme de compétences.

A force d'apprentissages multiples, le géographe

pouvait réussir à classer végétation, relief et sols. Il ob- tenait alors une suite d'expressions comme "forêt dense semi-décidue à CeZtis et TripZochyton scZeroxyZon”, "haut-

glacis polygénique", "sol ferrallitique moyennement désatu- ré, remanié, modal appauvri . .." Et, malgré l'importance de l'effort, cet énoncé était insuffisant pour servir de base à une étude globale des paysages. C'est tellement vrai qu'il est impossible de décrire, de dessiner avec un minimum de précision, le milieu naturel en partant uniquement des ex- pressions précédentes. Maintenant, le géographe peut porter rapidement les différents diagnostics élémentaires, en se contentant de leur définition morphologique, mais en sachant que le spécialiste leur donnera une signification plus ap- profondie, et il peut se consacrer presqu'immédiatement à

l'analyse de l'espace (fig. 13).

Page 78: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

69

Le schéma intégrateur que je vous ai présenté a sur- tout été constitué pour des études régionales extensives, mais il s'inspire largement au concept de géosyst&me défini par les géographes soviétiques et utilisé par quelques géo- graphes français. Dans cèt exemple (fig. ZO), extrait d'un travail de N. Béroutchachvili, le géosystème est un modèle

expérimental élaboré à l'échelle d'une station. Il est ana-

Figure 20 - Extrait de N.B. et J.L.M., 1977. lop. cd-b.)

lysé dans sa structure et son fonctionnement, dans son com- portement et son évolution. On remarquera l'analogie avec notre conception du milieu naturel. Mais cette analyse quan- titative de l'épiderme terrestre ne peut évidemment s'effec- tuer qu'en quelques points privilégiés. Une des raisons pre- mières de notre recherche était l'extension de ce concept de géosystème à des espaces plus vastes.

C'est par ce biais que nous pouvons reposer le pro- blème des organisations géographiques. Je ne m'avancerai pas à comparer les volumes privilégiés de la pédologie aux différents systèmes d'emboîtemqnt géographiques, géomorpho-

Page 79: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

70

logiques ou biogéographiques. En fait, nous reprendrons à notre compte les notions de segment et de séquence parce qu'elles désignent des supports physiographiques commodes et parce qu'elles peuvent acquérir un sens dynamique et ci- nématique après l'analyse de leur contenu paysagique.

Cette typologie des enceintes macroscopiques n'a pas encore été résolue. Nous essaierons de poser le problème cet après-midi à propos d'exemples cartographiques concrets.

Ces dernières remarques sur les implications méthodo- logiques de notre conception au milieu naturel ont peut-être fait oublier ce que nous croyons être l'originalité de notre démarche transdisciplin'aire. Nous pensons que le problème du milieu naturel est d'abord un problème ds transfert d’infor- mation. Qu'il s'agisse d'une transmission des connaissances entre des disciplines différentes ou qu'il s'agisse du passa- ge d'une échelle de perception à une autre. C'est pourquoi nous avons aboutit à un langage plus compétent qu'une simple juxtaposition de termes bot,aniques, géomorphologiques et pé- dologiques.

Progressivement, la manipulation de ce langage de- vrait nous permettre d'établir une grammaire du paysage. Cette recherche se traduit par des structures linguistiques qui sont autant de modèles du paysage. Un peu comme l'étude des relations mathématiques entre des chiffres et des symbo- les, la terminologie d'un petit nombre de diagnostics devient une véritable méthode d'analyse et de synthèse du milieu na- turel (fig. 21 et 22).

Page 80: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

71

Paliphyse

Mono _ >rigé paliphyse

Pro - paliphyse Mono - pro - paliphyse

t t Kortu - paüphyse Kortodon

Anfhrwque Aorhrnpique . .

ORTHO-METAPLEXION SUPERIEUR ANTHROPIOUE

LEPTO - METAPLEXION t

BRACHY-METAPLEXION

INFERIEUR

t Gravolite

t Gravé - rétichron

r Rétichron

BRACHY - METAPLEXION

ORTHO-METAPLEXlON BRACHY-METAF‘LEXION INFERIEUR INFERIEUR

1 Gravéloq Gravé - rétichron

Ti/ Isaltérite

Amonr Aval _

Fig. 21 - Exemple d'une toposéquence paysagique. (paysage 5, SOUBRE - NB-29. XII. 3a).

. FORET ** DEFRICHES . CULTURES * CULTURES PRIMAIRE” TRADITIONNELLES” VIVRIERES” DE RENTE”

Paliphyse Paliphyse aérophique aérophique

Isoph!que Isoph!que Paliphyse Paliphyse

> Sfomaph;que > Sfomaph;que

Paliphyse dendrigé Paliphyse dendrigé

Stylagé Stylagé 3 3

Nécrodendrigé Nécrodendrigé

Nécrostylagé Nécrostylagé

c c Anthro-kortodon Anthro-kortodon

2 2 CAnthro- néopfophyse CAnthro- néopfophyse

Néocrophytion Orthique -, Leprique

Nécrumite Orthrque

Anthro-korto -gramen < An:h:~~~r~~,

Nécrophytion - Nécrophytion

c Epilite 3 mcrvoh?e

Fig. 22 - Exemple de changements d'états liés à l'activité humaine.

Page 81: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Cliché 21

(J.F. RICHARD)

Cliché 22

(J.F. RImm)

Cliché 23

(A.G. BFAUMIU)

Page 82: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

73

DEUXIEME PARTIE

APPLICATIONS ET EXTENSIONS

L’Uabonati.on d’un Lexique ncLenth,$Lque cnf L’occa-

Alon d’une tremide en ohdhe de cenffaines nechehches. Paz 6e6

dacufWi6 pnop/reb, Le .k.ngage pehmet aUJbi d’exphitneh de nou-

ve&&es pno b.6étnat,iquen. Ceki que nou6 pnopoionn ich doit beh-

uif~ à a/rticuee/r un nydtème d’analyse et un nydLème de nynkhè-

de du milkeu naffuhel.

Le6 .&o.is ptretniens exemp.eeb pnennend L’ edpace comme

duppohZ du kz&onnement. 11~ Zenfe& de mondtren comment La

technique cahLoghaphique peu2 conduihe à une géoghaphie den

AOh, à une géoghnphie deb paynagen, à une phemièhe typoeo-

gLe deA dofirned de Lelied.

Les deux exempk?en buivantb contpa&eni de.b helewén d.id-

,jéhemmenZ b.i.tuéb dans Le tempd. Le phemiek t/raiaZe de la hégé-

n&affion ,(OReb~.iè&e, .4?e second phopone une vision dynamique

de compLexes soL-plante qui bOnt hatrement étudié.6 dan.6 leuh

.totaCité pah &Lb méthoden c.tab6ique6.

Toun CeA CXempleb mon*trent que Le Jkngage phOpObé

cons.&idue bien une mUhode d’étude du miLieu naturrel. TLn

monthent aUA6.i comment ii? accepfe d’êthe condtammenff mod.idié

et adapté, dans Le hcnpect de cehtaines hègLeb.

Page 83: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

75

IDENTIFICATION ET CARTOGRAPHIE DE CERTAINS VOLUMES PEDOLOGIQUES DANS LE DOMAINE

FERRALLITIQUE AFRICAIN

Cet expodé a Lti? phépane pah A.G. BEAU- POU et 3. COLLINET. 7R a &tte phE&enté aux diddehenti bhm.&LiJLeA (Pahih, MOn.t- pc&%iAh, Abidjan) pah Y.C. e2 J.C. Le *ex*e he&LnU ici ebf eekui qui a L.tté phOpOhé à Abidjan. LU h8d&henCeh bi- 6Uoghaphiquen qui ont pehtnin non éta- bohation bont .&en dulwanteh: [A.G.B. et J.C., 1977, Cah. ORSTOM, Aeh. Pédoe., 15, 11, (A.G.B. et R.-S., Notice expkX- cative, Cahteb de BOUNPTALi et KORHOGO, ORSTOM, à pahaifhe), 1J.C. et A.F., NoLice expLLcat.ive, Cahtc de N'DENDE, ORSTOM, à pahaithe].

Les exposés précédents ont permis de développer deux notions complémentaires, celle de contenu-sol, puis celle de vo-lume pédologique. Elles peuvent paraître théoriques. Pour- tant elles sont destinées à traduire la réalité, notamment en donnant aux cartes les éléments fondamentaux de leur lé- gende. Les cartes pédologiques ne sont pas la simple projec- tion d'une surface ou d'un affleurement. Leurs limites défi- nissent des ensembles complexes qui intègrent de nombreux caractères morphologiques, reflets de processus variés, et dont il a fallu non seulement déterminer la succession ver- ticale mais aussi l'extension latérale. Je vais donc vous présenter par quelques exemples le procédé qui, à travers les notions de type puis de contenu et de volume, aboutit à ces réalisations cartographiques.

Avant de considérer le problème méthodologique lui- même, il est nécessaire de préciser sur quelles occasions de

travail il peut s'appuyer. C'est généralement au pédologue

Page 84: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

76

formé à la recherche fondamentale que l'on demande de dres- ser des cartes à moyenne échelle, entre le 1/100.000 et le l/SOO.OOO. D'un point de vue pratique, ces premières cartes définissent des vocations régionales et servent à sélection- ner les zones qui méritent des prospections plus détaillées. Celles-ci, à des échelles qui vont du l/SO.OOO au 1/5.000,

représentent une opération directement liée au projet de dé- veloppement et de mise en valeur. Elles sont le plus souvent confiées à des pédologues de bureaux d'études. Ce partage des taches explique que nous ayons essentiellement envisagé la restitution des volumes d'ordre de grandeur /lev6 (seg- ments, paysages, régions).

Pour illustrer la méthode employée, nous retiendrons deux exemples provenant du domaine ferrallitique, mais pour- tant sensiblement différents l'un de l'autre. Il s'agit des cartes de Boundiali et de Korhogo en Côte aIIvoire, et de la carte de N'Dendé au Gabon. Le point de départ de ces travaux est évidemment toujours l'observation de terrain. La descrip- tion des profils est faite par la terminotogie typologique

qui constitue d'emblée un certain niveau de synthèse (par rapport à une description élémentaire dans les termes du Glossaire) et permet une sélection de diagnostics majeurs. Sur cette base, il deviendra facile ensuite d'établir des re- groupements de différents profils.

Je vous rappelle que les sols ferrallitiques sont dé- finis par un certain nombre d'horizons dits majeure. L'APPU- MITE et le STRUCTICHRON, ou l'appumite seul, constituent ce qu'il est convenu d'appeler ~'APEXOL (ce terme, en usage de- puis plusieurs années, correspond au métaplexion inférieur du schéma intégrateur). Les autres horizons -je vous cite les noms : GRAVOLITE, STERITE, GRAVELON, RETICHRON, ALTERITE- se retrouvent dans un ensemble appelé INFRASOL (infraplexion du schéma intégrateur).

Au cours des prospections, le pédologue s'efforce é- videmment de rassembler une information aussi objective et aussi complète que possible. Elle concerne non seulement les

Page 85: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

77

données pédologiques, mais aussi les caractères physiogra- phiques. Tout cela ne peut pas être utiZisé gtobalement, "en vrac". Pour réaliser une carte, il est nécessaire d'effec- tuer un tri. Nous essaierons de préciser tout d'abord les conditions suivant lesquelles effectuer ce tri.

Pour pouvoir être lues, la carte et sa légende doi-

vent traduire un certain ordre. Un cas tout à fait idéal se- rait celui où un caractère (ou un groupe de caractères) hau- tement significatif, à la fois surle plan de la pédogenèse et sur celui de l'utilisation des sols, serait distribué de telle manière qu'il définirait des unités spatiales facile- ment cartographiables. Il n'en est pas souvent ainsi.

Basée sur les unités d'une classification génétique, la cartographie traditionnelle (moyenne ou petite échelle) imposait de retrouver dans la nature un ordre en relation avec les concepts génétiques d,e cette classification. La pro- cédure que nous allons suivre ici n'implique pas d'ordre préétabli. entre le tri des donnies et le dccoupage spatia2 qui définit les contours cartographiques s'établit une con- frontation à double sens. Le résultat de cette confrontation est de "faire sortir" les critères de la d&signntion immé-

diate de chacune des unités cartographiques. Nous verrons dans la suite de cet exposé que ces critères ne peuvent pas être les mêmes, à toutes les échelles, dans tous les cas. Ceci n'implique pas de rejet, l'expression des "contenus" par la typologie garantissant la conservation de la totalité de l'information. Un critère donné, paraissant hautement si- gnificatif (pour la pédogénèse, l'utilisation....) pourra figurer dans la désignation immédiate si sa distribution spa- tiale est bien ordonnbe. Dans le cas contraire, il restera tout aussi intégralement pris en compte, mais apparaitra dis- persé dans l'énumération des contenus de chaque unité carto-

graphique.

X

x x

Page 86: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

78

Etudions maintenant ie PREMIER EXEMPLE, celui de 7.a

carte de BoundiaZi et Ko%hogo. Il correspond à une zone de savane, à climat contrasté (Nord de la Côte d'ivoire). Pour les sols de cette rGgion, le tri de l'information conduit à considérer de façon différente les deux ensembles appelés apexol et infrasoi!. Les caractères morphologiques des apexols sont particulièrement variables dans l'espace, et dans le temps ils subissent des transformations aléatoires ou peu durables comme, par exemple, celles dues à la mise en cultu- re. En revanche, les caractères morphologiques des infrasols sont beaucoup plus stables dans le temps et moins dispersés dans l'espace (malgré la réserve faite plus loin) et ce sont eux que nous avons netenus comme critères de Za ddsigna-

tion immédiate des sols et des unités cartographiques. Nous pouvons ainsi regrouper les sols en plusieurs catdgories :

sols sur altérite, sols sur gravolite, sols sur rétichron, etc.

En fait, les horizons majeurs de l'infrasol ne sont que rarement homogènes. Ils apparaissent plus souvent formés de la juxtaposition de ptusieurs phases. Avec le langage ty- pologique, nous pouvons décrire et quantifier ces juxtaposi- tions. La Phase prépondérante donnera son nom à l'horizon. Ce peut être une Phase altérite, avec une Phase secondaire rétichrome. On distinguera alors les sols qui possèdent un altérite à phase rétichrome, un altérite rétichrome, un réti- altérite. Tous ces sols seront rassemblés sous le même nom de sols sur alltérite. Entre deux organisations fondamentales, les passages peuvent être continus. Si nous reprenons la précédente juxtaposition altérite-rétichron, mais avec une inversion de la Phase dominante, nous pouvons écrire une se- conde série de sols comportant un alté-rétichron, un réti-

chron altéritique, un rétichron à phase altéritique. Ce nou- vel ensemble sera désigné par l'expression soZû SUT réti-

ChPO??.

Nous abordons ainsi le problème des contours. Effec- tivement, le seul examen du contenu-sol permet de placer une

Page 87: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

79

limite (au niveau d'un altérite-rétichron, caractérisé par des quantitds équivalentes des deux Phases, dans l'exemple précédent) entre deux ensembles : sols sur altérite, sols sur rétichron. Mais en fait ce n'est qu'après confrontation avec leur distribution spatiale que l'on peut retenir Z'ap- parition et Za disparition des traits pédologiques, ou leur quantification retative à un certain niveau (équivalence de deux Phases, par exemple), pour définir certains volumes.

Ici, il a été assez facile, en se basant donc SUT l'infrasol, de regrouper les sols en segments pédologiques (ou fonction- nels) autour d'un caractère morphologique dominant, corres- pondant à un processus dominant. Nous distinguons ainsi un segment altéritique, un segment rétichrome, un segment sté- rimorphe, etc.

Comment est-il possible de tracer ces limites sur une carte ? Deux cas peuvent se présenter :

l- Le passage d'un segment à l'autre est souligné par des modifications dans la morphologie des versants : ressauts cuirassés, rupture de pente, etc... qui sont aisément recon- naissables sur les photographies aériennes. La limite est alors facile à tracer. Ce cas est assez fréquent dans le Nord de la Côte d'ivoire.

Z- Tout aussi fréquemment le passage d'un segment à un

autre, n’est pas directement reZi6 à un accident du modeZ&.

Dans ces conditions il faut recourir à une méthode basée sur Z’observation des frdquences moyennes des extensions ZatQra-

tes de chaque segment. Il est ainsi possible de délimiter, par exemple, un segment compris entre le tiers supérieur et le tiers inférieur du versant, ou encore entre la mi-pente et le tiers inférieur du versant, etc... Les limites entre ces segments sont dites conjecturées.

La Figure 23 vous montre, de façon très schématique, plusieurs segments, les uns séparés par des limites nettes,

les autres par des limites conjecturées.

Page 88: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

80

Segment stérimorphe de sommet d’interfluve ,, altéritiqoe de la zone de raccordement .* gravolique de la partie amont du haut, de versant . . gravo-stérimorphe de la partie aval du haut de versant ., fragi-stéri-rétichrome de la partie amont du bas de versant . nsammo-oxy-réductique de la partie aval du bas de versant _ oxy-réductique et réductique de la plaine alluviale

Figure 23

Le traitement de l'information nous a permis d'indi- vidualiser les volumes mais il faut maintenant transmettre cette information de manière aussi complète que possible. C'est le rôle de la légende qui accompagne la carte.

D'une part nous allons, dans un premier Gveau d'in- formation, désigner les segments pédologiques en utilisant 1'infraaoZ et la position du segment dans le modelé : Citons, par exemple, le segment stérimorphe de sommet d'interfluve, ou le segment altéritique de la zone de raccordement, etc...

D'autre part, dans un second niveau d’information

plus analytique, nous détaillons la nature du contenu-sol des différents segments. Pour cela nous avons recours aux caractères de Z’apexot qui font apparaitre l'épaisseur du sol, sa structure, sa texture, sa couleur, les teneurs en éléments grossiers, etc...

La Figure 24 représente une partie de la carte de

Boundiali accompagnée de sa légende.

Page 89: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

81

Léqende partielle : Extrait de la carte de BOUNDIALI au I/~OO.OOO

Segment gravolique de sommet dtinterfluve

: Lepto-,brachy-apexols rouges, gravillonnaires sur gravolite ou grava-stérite.

Segment rétichrome et oxy-réductique du bas de versant

- Lepto-,brachy-anexols beiges,sableux sur reti-fragi-stérite _ Brachy-,ortho-apexols beiges, sableux sur

duri-rétichron ou rétichron

_ Lepto-,brachy-apexols beiges, sableux sur oxy-réducton.

Figure 24

Il peut être intéressant de continuer plus avant cette démarche méthodologique pour aboutir à un niveau de synthèse plus élevé et établir la carte d'un volume d'ordre plus élevé que le segment. C'est ce que nous avons fait dans la région de Boundiali.

Pour cela nous avons procédé à un nouveau traitement de l'information pédologique et physiographique. Les données pédologiques ont été réduites et ordonnées. Mais pour identi- fier le nouveau volume il est nécessaire de faire ressortir les caractères morphologiques de l'enveloppe physiographique de ce volume. C'est ainsi que la forme du relief est utili- sée comme crite’re de dt?signation immddiate. Nous avons donc défini des pa-ysages morpho-pldologiques.

Page 90: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

a2

On parlera alors d'un paysage de plateaux et buttes témoins cuirassés, ou d'un paysage de massifs et d'inselbergs de roches leucocrates, etc...

Chaque paysage regroupe différents segments ordonnés spatialement et génétiquement. C'est ce que montre la Figu- re 25.

4- Paysage d’lnselberge et de Massifs de Roches leucocrates

Figure 25

Dans le paysage représenté sur la Figure 25 on ob- serve du sommet de l'interfluve jusqu'au bas de versant plu- sieurs segments :

1 = segment de roche leucocrate affleurante. 2 = segment régolique et graveleux. 3 = segment altéritique et réti-altéritique. 4 = segment stérimorphe et rétichrome. 5 = segment psammitique et oxy-réductique.

Les segments pédologiques expriment ici Ze contenu-

a02 des différents paysages et représentent une partie de la légende qui accompagne cette carte. Le reste de la Légende a trait aux caractères de l'enveloppe des paysages : denivel-

Page 91: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

83

lée, pente, drainage, végétation, etc...

X

X X

Voyons maintenant à t'aide du SECOND EXEMPLE, choisi

au Gabon, donc en Zone équatoriaZe, comment il est possible d'identifier et de représenter de nouveaux volumes pédologi- ques.

Le traitement des données pédologiques et physiogra- phiques est le même que celui que nous venons d'effectuer pour la carte de Boundiali. Cependant cette analyse aboutit cette fois à un découpage spatial sensiblement différent. Quelles en sont les raisons ?

Plusieurs faits, uniquement d'observation peuvent être invoqués :

'i- La difficulté que l'on éprouve à percevoir les diffé- renciations pédologiques ou même l'inexistence de ces diffé- renciations.

2- La faible extension latérale de ces différenciations lorsque celles-ci existent. Leur restitution graphique au l/ZOO.OOO est pratiquement impossible.

3- Les dimensions très réduites des formes de relief. Les collines en demi-orange ont, en effet, des diamètres compris entre 250 et 400 mètres !

Reprenons plus en détail ces différents points et leurs conséquences pour la cartographie à moyenne échelle.

Nous avons vu que la région de Boundiali et de Korho- go est caractériséepar la variabilité des apexols et par une différenciation plus régulière des infrasols. Les segments sont apparus dans cette première région comme des volumes

Page 92: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

84

très significatifs. Ici en revanche, sur la majeure partie des interfluves, apexols et infrasols présentent beaucoup d'homogénéité. Les segments ne sont donc plus guère identi-. fiables (avec la réserve faite plus loin). Il apparait que les sols sont étroitement liés aux variations lithologiques. De mêmes sols peuvent occuper des reliefs différents. Tout ceci nous conduit d'abord à retenir comme volume 'le plus si-

gnificatif un volume d'ordre n+2, supérieur au segment, qui est le paysage. Et ensuite à disjoindre dans cette notion globale de "volume" ce qui correspond au contenu et ce qui définit l'enveloppe.

Nous parlerons donc de paysages morpho-pédologiquea.

Les critères de la désignation immédiate de ces paysages se- ront empruntés aux données physiographiques, et en particu- lier à la forme du relief. La disjonction de l'enveloppe et du contenu fait que le paysage ne sera plus défini comme une succession ordonnée de segments, mais que l'on pourra envisa- ger par exemple un paysage à un pédon dominant. Ceci signi- fie que l'enveloppe est bien celle d'un paysage (ordre n+2), mais que l'on définit le contenu par une quantité d'informa-

tion correspondant seulement à celle qui, théoriquement, se rapporte à un volume d'ordre n, c'est-à-dire à un pédon.

L'exemple de la Figure 26 se situe dans un massif gréseux à intercalations d'argilites.

- sur les grès existent des plateaux à limites ortho- gonales ou encore d'étroits chaînons plan-convexes résul- tants de la subdivision de la maille précédente.

- sur les argilites on découvre des collines en de- mi-orange à sommet et versants convexes.

Il s'agit là de deux paysages dont il faut identi- fier le contenu-sol. Les remarques précédentes concernant l'homogénéité des infrasols et des apexols s'appliquent par- faitement ici.

Page 93: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

85

Figure 26

- sur les plateaux et chaînons gréseux ce sont des

ortho-apexols sablo-argileux, amérodes, jaunes sur structi- chron profond qui occupent la presque totalité de la forme.

- sur les collines en demi-orange sur argilites, des

ortho-apexols très argileux, anguclodes, rouges sur struc- tichron profond envahissent presque tout le modelé.

Le contenu-sol des paysages ne s'exprime donc pas par une succession de segments mais par un pédon unique.

Page 94: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

86

Légende partielle : Extrait de la carte de N’DENDÉ au 1/200.000

Paysage de plateaux et de chaînons plan-convexes.

Pédon dominant : Ortho-apexol Sabla-argileux ,amérode , jaune, sur structichron profond.

Paysage de collines en demi-orange.

Pédon dominant : Ortho-apexol très argileux, anguclode, rouge, sur structichron profond.

Figure 27

La Figure 27 donne un exemple extrait de la carte N'Dendé. Dans cette zone équatoriale, le segment n'est plus suffisamment représentatif, ainsi quelemontrent les obser- vations et le traitement de l'information rappelés plus haut. Les éléments caractéristiques (contenu, enveloppe) se situent au niveau du pddon et du paysage.

Une remarque s'impose cependant : Dire que le volume "segment pédologique" n'est pas représentatif ne signifie pas pour autant qu'il n'existe pas. Effectivement des varia- tions à caractdrea apparemment atdatoires sont visibles dans les apexols ou dans les infrasols. C'est le cas de la pré- sence de Phases gravolique ou graveleuse en position assez mal définie à l'intérieur des structichrons. D'autre part,

en bas de versant, existent quelques var-iations systématiques

Page 95: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

87

telle que la présence de Phase rétichrome. Leur extension la- térale est toujours très limitée.

Ces variations sont suffisantes pour prouver l'exis- tence de segments. C'est ce que montre la Figure 28. On com- prend aisément en regardant cette figure qu'il n'est pas pos- sible de prendre en considération de tels segments au niveau d'une carte au l/ZOO.OOO même si leur importance génétique est grande.

segment 11200.000

segment a 1 pédon dominant

m Rétichron

Figure 28

X

X X

Voilà donc, exposésbrièvement, ces deux exemples de cartographie qui illustrent la méthodologie que nous avons utilisée. Je me permettrai d'insister, encore une fois, sur l'intérêt que représente l'emploi d'un outil tel que le lan- gage typologique. Il permet en effet :

- une bonne caractérisation des profils par l'utilisa- tion de diagnostics majeurs.

Page 96: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

88

- un traitement sélectif des données.

- de rendre parfaitement compte de l'emboîtement des volumes pédologiques de différents ordres de grandeur.

- d'intégrer des données concernant les autres compo- santes du milieu naturel.

Enfin, pour terminer, je voudrais envisager avec vous les développements possibles offerts par les cartes pé- dologiques de ce type. Hormis leur intérêt pratique évident que nous apportent-elles en plus ?

- D'abord une caractérisation précise des différents volumes : des volumes simples décrits par une faible quanti- té d'information et des volumes plus complexes pour lesquels il est nécessaire de réunir une somme de données sensible-

ment plus importante. La carte nous permet de mettre en évi- dence le degré d'organisation des différents systèmes pédo- logiques.

- Ensuite cette carte nous donne une image de la distri- bution des différents volumes,ce qui doit permettre d'aborder enfin une véritable géographie dsu sols.

Page 97: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

89

DEUX EXEMPLES DE CARTOGRAPHIE INTEGREE DU MILIEU NATUREL

Ce2 expobé a &tte phepahé pah J.-F. RICHARD, J.-C. FILLERON et 2. KOLI Bl. 1.E a éXte pnésenLé aux d.i,jdZ- he)n.td bZntinaihe6 pan J.-F. RZCHARV. Led exthaltb de cahteb h&teVULb ont été choLb*b pahmi de nombheux eb- bUib, non pub.Uiéb, héUk%b éb dans deb doma&zeb mohpho-c~Lmat,kJueb vUh.iéb. La conntiffutbon de La LE- gende b’inbpihe deb thavaux de cahtoghaphie pédologlque bgnkhé- tibéb danb L’expobé phécédent.

La plupart des études intégrées du milieu naturel se traduisent par des cartes. La.carte est en effet un outil de travail privilégié, aussi bien pour l'interprétation scien- tifique que pour l'aménagement du territoire. Mais il y a une raison plus profonde à l'importance de cette recherche cartographique. Des problèmes d'organisation spatiale se po- sent dès que l'on envisage le milieu naturel dans sa totali- té : existe-t-il, à l'instar des individus végétaux et ani- maux, des unités paysagiques indépendantes ? Quels seraient les rapports de ces unités entre elles ? Qu'apporteraient leur écologie et leur géographie ? Pour le chercheur, la car- te est une réponse personnelle à ces questions, un moyen d'exprimer sa compréhension de la dynamique du milieu.

Mais le problème de la restitution cartographique ne peut pas être strictement confondu avec cette recherche fon- damentale.

Cartographier est un exercice nécessairement un peu formel. Il y a d'abord des contraintes techniques, il faut projeter des volumes changeants sur une feuille de papier. Il y a aussi les exigences d'une cartographie régulière, il faut travailler rapidement pour couvrir des superficies é- tendues, il faut représenter des milieux naturels très diffé-

Page 98: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

90

rents 8 des échelles imposées, selon des principes constants.

Cartographier c'est schématiser une réalité complexe.

Nous avons choisi de vous présenter deux cartes au 1/50.000ème réalisées dans les deux zones bio-climatiques ivoiriennes, la zone sub-soudanaise savanicole et la zone guinéenne forestière. La méthode nous semble suffisamment avancée pour faire l'objet d'un exposé. Mais je tenais à sou- ligner en introduction que ces documents ne peuvent préten- dre être, à eux seuls, le résultat d'une analyse approfondie des milieux naturels qu'ils représentent. Ils répondent à d'autres motivations. Et, s'ils proviennent d'une réflexion sur la nature du paysage, ils obéissent surtout à une série de conventions pratiques que j'énumérerai en préliminaire.

X

X X

Malgré toutes les réserves techniques que l'on doit faire, vouloir cartographier le milieu naturel, c'est entre- prendre la définition DES FACTEURS DE DIFFERENCIATION DES WI-

LIEUX NATURELS. La question rejoint celles déjà notées : quelles sont les causes des organisations, des associations ou des juxtapositions paysagiques ? Cette recherche semble théorique mais elle va nous permettre d'établir et de choi- sir des types d@ limites. Chaque facteur d'organisation spa- tiale du milieu se traduira par des limites spécifiques, par des unités cartographiques de formes et de dimensions parti- culières.

Il ne s'agit pas ici d'étudier les corrélations entre le sol et la végétation ou entre le relief et les sols. Nous envisageons maintenant l'ensemble du milieu naturel, la tota- lité de la coupe verticale de l'épiderme terrestre définie ce matin. Les facteurs que nous recherchons sont donc très généraux, ils doivent prendre leur origine à l'extérieur du

paysage local. Ils doivent avoir, d'autre part, une forte

Page 99: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

91

composante dynamique latérale, il faut que leur intensit6 varie nettement d'un point à l'autre de la carte pour être génératrice de paysages différenciés dans l'espace.

Les géographes savent que ces facteurs interfèrent et varient avec les niveaux de perception. Selon les échelles, ce sera le climat, la tectonique et les roches, les systèmes socio-économiques ou les systèmes de pentes qui apparaîtront déterminants. En Afrique de l'ouest, en pays de plaines et de plateaux, aux échelles usuelles du 1/50.000ème et du 1/200.000ème, ce sont surtout les facteurs topographiques et anthropiques qui répondent aux exigences précédentes. Ils rendent compte, sous forme d'héritages ou de dynamiques ac- tuelles, de l'énergie de gravité modifiée par la pente du re- lief et du travail de l'homme modifié par la distance aux lieux habités. Dernière restriction : pour éviter de surchar- ger la carte, il nous faudra peut-être encore choisir entre ces deux critères. Si nous ne pouvons retenir qu'une seule entrée graphique ce sera le découpagé topographique plus uni- versel et plus constant que l'action anthropique.

Notre façon de faire est guidée par ces choix succes- sifs. Elle est la suivante :

- délimitation des unités cartographiques qui seront des facettes ou des versants de la topographie selon l'échel- le de la carte et la finesse du travail,

- identification et définition des unités paysagiques en recherchant leur organisation fonctionneZZe dans l'unité cartographique,

- identification et définition des changements d’e’tats

pluri-annuels liés à l'activité humaine(m).

Dans tout ce qui précède, "naturel" ne s'oppose qu'à 11 culturel". Un milieu naturel peut-être modifié, utilisé sinon créé par l'homme.

Page 100: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

92

Cette mEtho& a quelque chose de rigide, il devait en être ainsi pour qu'elle soit applicable à des milieux na- turels variés. Mais j'espère montrer, avec les deux exemples qui vont suivre, que les nouveaux moyens d'expression trans- disciplinaire permettent de dépasser ce protocole au cas où il ne pourrait traduirekdynamique au milieu.

X

X X

Le premier exemple est celui d’UNE CARTE DES SEGMENTS

PAYSAGIQUES qui a été réalisée dans la région de Korhogo,

dans un domaine de savanes très humanisées '(fig. 29).

Cette carte montre un espace finement découpé. Cha- que versant est subdivisé en 5 ou 8 facettes topographiques qui sont autant d'unités cartographiques. L'analyse spatiale peut-être menée jusqu'à cette précision grâce à la grandeur de l'échelle mais aussi grâce à un couvert végétal qui ne masque pas les formes au relief. Chaque unité cartographique reçoit une définition physiographique simple dès la photo- interprétation préalable. Elle est caractérisée par sa situa- tion dans le modelé, par la valeur et la forme at: sa pente, par la nature et la netteté de ses limites qui se traduiront par des lignes plus ou moins Bpaisses sur la carte (corniche, ruptùre de pente...).

Ce pré-découpage produit des unités de dimensions re- lativement constantes, mais le contenu de ces unités peut

être très hétérogène.. Pour faciliter l'exposé j'introduirai

ici deux nouvelles notions qui précisent ce que nous enten- dons par unité paysagique :

- le gdon est un type de milieu naturel bien indivi- dualisé, il se distingue des milieux voisins par le change- ment de nature d'un grand nombre a'hoplexols,

Page 101: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

93

Paysage I

Paysage 2

Paysage 4a

Limite très nette

- ,Limite nette

Limite supposée

liizs3 Paysage 4b

I)I Paysage 15

Fig. 29 : Extrait de la carte des segments paysa- giques à 1:50.000, KORHOGO NC-30-VII.ld.

- le glotope(*) est, au contraire, une discontinuité secondaire, une variat,ion plus réduite qui ne concerne sou- vent que les hoplexols du métaplexion.

Ainsi, ce premier schéma (fig. 30) montre que sur les dômes rocheux il y a juxtaposition d'un grand nombre de géons et de géotopes. Chaque colonne du tableau traduit le relevé vertical d'une de ces unités paysagiques. Leur rapprochement, leur mise en correspondance, permet de réduire l'énoncé des

(xl Terme emprunté à G. BERTRAND.

Page 102: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

94

Aérophyse

Paliphvse 6 phase paliphysée

a dendri& 1

1

Pro-paliphyse

Pab - prophyse à phase styla.gra-

ménée

Gramen stylage et ophiagé t

Gramen Pali - kortode stomaphjque

Méga-dpilite t 1

à phasepro-stylagée

T Gramen Stylagé

t Gramen 5 Korphyse

T Iso-cleïstophique ophiage’efgraméné phase _stylagé à phases stylagée e

Macro - Méso - épilite

(aérophysel

@J Phorophytion

T Macro-épilite

nécrophytique

éné,

Gravé-grumortdze Grume-humite regoliquè psammitique et

a graveleux t

psammitique

Structichron

\ Humite psammitique argileux

psammitique et graveleux

<ructichron

Régolite

Fig. 30 : Segment paysagique des sommets d'insel- berg (Korhogo, unité cartographiquen'15)

lignes lorsque les hoplexols sont identiques d'un paysage à l'autre. La formule obtenue est une image de Za compZexité du mi-Lieu naturel, critère essentiel de la différenciation et de l'interprétation globales.

Ce deuxième schéma (fig. 31) se rapporte à une facet- te topographique où les paysages sont aussi hétérogènes que les précédents : les sommets des petites buttes cuirassées. Nous l'avons choisi pour montrer qu'une même facette pouvait réunir plusieurs groupes de géons et de géotopes. Sur la par- tie gauche du tableau, il y a la marqueterie liée à la cui- rasse ziffleurante ou sub-affleurante, alors que sur la partie droite, des paysages s'individualisent, liés à des a,ltérites plus profonds ou organisés autour des petites mares de saison des pluies. La typologie exprime facilement cette subdivision d'une même facette topographique en segments paysagiques.

Page 103: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

95

Paliphyse abuphique à phase

dendrigée t

paliphyse à phase

t

stylagée

Pro - paliphyse

t

Pro-stylage

t Aérophyse Gramen Gramen Gramen Korto - gramen

à phase graménée

T

a phase stylagée à phases kortodée

t 1

Zooiite , < .

(Aérophyse) . Necro whytlon

Méso - épilite gravolique à phases macro - et zoolitique

Hypso-pétro-stérite

I Phorophytion

Nécrc!épilite Mélafumite

T Mélanu’mite

nsammitiaue et gravoiique

1 Oxy- réducton

t

Fig. 31 : Segments paysagiques des sommets des buttes cuirassées (Korhogo, unitéscartographiques no 1, 2 et 3).

L'étude de terrain permet ainsi d'affiner le pré-découpage en facettes. Lorsqu'ils ont une dimension suffisante les seg- ments paysagiques peuvent être cartographiés, en sommets d'interfluve leurs limites se calquent souvent sur des méso- formes topographiques, sur les versants réguliers leurs limi- tes sont interpolées selon leur situation amont-aval.

Des tableaux de ce genre résument la totalité de l'information objective recueillie sur le terrain. Ils peu- vent faire l'objet d'une double lecture. L'interprétation scientifique est basée sur l'évaluation globale des échanges de matière et d'énergie. Elle permet de préciser ia notion de segment paysagique qui prend à ce stade une signification dy- namique. A partir des matériaux observés on peut dresser la liste des processus de formation: au paysage et estimer que le

Page 104: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

96

SEGMENTS SEGMENTS SEGMENTS GEOMORPHOLOGIQUES PEDOLOGIQUES BOTANIQUES

SEQUENCE PAYSAGIQUE DES MODELES A SOMMETS PLANS

Les sommets des petites buttes cuirassées sont une marqueterie très paysagiques. Le premier est caractérisé par une végétation très claire sur arborée sur un sol plus profond et le troisième, très ponctuel, par Un

Sommet d'interfluve plan ou légèrement

1 concave, en pente très faible (moins de l%), niveau cui-

2,s % rassé du "Haut- Glacis".

Sommet d'interfluve

2 plan, en pente nul- le ou très faible situé à l'aval du

195 -2% précédent qu'il prolonge par une légère inflexion de la pente.

Petites dépressions 3 marécageuses en

(non carto- saison des pluies situées dans les

graphié) deux segments pré- < 0,s % cédents.

Sols lithiques sur cuirasse et sols ferrallitiques for- tement désaturés, remaniés et indurés

Sols ferrallitiques meubles à horizon gravillonnaire profond.

Sols ferrallitiques faiblement indurés puis sols hydro- morphes à pseudo- dey.

Pelouse ouverte à S'poroboZus pecti- neltus et Cyanotis hnata, à phases buissonnantes.

Savanes arborée et arbustive peu den- ses à strates her- bacées ouvertes à Andropogon sp.

Savanes herbacée* denses hydromorphes à L@atYGun senega- Zense et Marsika potycarpa.

Le raccord entre le soumet des buttes et le versant se fait par deux ou discontinue et linéaire, est soulignée par une végétation quelquefois très sections rectilignes, sinon c'est une pente concave plus régulière ; elle une érosion superficielle plus ou moins importante :

4a

4b

< 0,s %

Corniche de cui- Sols ferrallitiques rasse discontinue appauvris, sablo- (liée à l'unité 1) argileux et gravil- de tracé très irré- lonnaires compor- gulier en pente tant de r,ombreux très forte (pro- blocs de cuirasse. montoires) ou abrupte (rentrants).

Savanes arborées denses à Anogeissus Zeiooaqms; forêts dense sèche ou mê- me semi-décidue en bosquets localisés dans les rentrants.

Fig. 32 : Extrait de la notice de a carte des segment4

Page 105: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

97

l DIAGNOSTICS TYPOLOGIQUES l

INTERPRETATIONS DYNAMIQUES

CUIRASSES ( UNITES CARTOGRAPHIQUES 1,2,3,4,5,6,7 et 8)

diversifiée de géons et géotopes qui se regroupent en trois segments cuirasse affleurante ou sub-affleurante, le deuxi&üe par une savane engorgement de saison des pluies :

. - a phases majeures iso-anastocline ou masto- isocline :

- lepto- ou brachymétaptexion3 supérieurs peu développés sous aérophyse ou phase pro-paliphysée

. Zepto-métupZexion. méso-épilitique,

. hypso-stérite ou Zepto-métapZexion infé- rieur gravolique sur stérite.

- à phase mineure batho-isocline : - brachymétuplecdon supérieur sous pro-

stylagé et paliphyses stomaphique puis aérophique, . brachymétuptexion méso-épilitique, . brachy- et ortho-métapZexion inférieurs

gravoliques sur alté-structichron et altérite.

- à stigme bathocline : . brachy-métupZexion supérieur, . ortho-métapZexion nécru-phorophytique

et micro-épilitique, . brachy-métapletion inférieur mélanumique

sur psammiton gravolique, grava-rétichronet oxy-réduc- ton.

,

-

Segment autonome à moyennement éro- sif, autogène fai- blement éluvial.

Segment autonome, moyennement auto- gène faiblement élu-illuvial.

Segment autonome à moyennement accumulatif.

trois segments paysagiques. Une corniche de quelques mètres de hauteur, dense. La pente de raccord proprement dite se présente souvent en deux est toujours marquée par un sol et une végétation très développés malgré

hypso-stérite ou/puis :' . brachy-métaplexion supérieur néophytique

sous prophyse, pali-prophyse isophique, paliphyses isophrque puis stomaphique,

. brachymétaplexion macro-épilitique scalocline,

. ortho-métaplexion inférieur sur structi- gravolite puis structi-altérite.

Segment très érosif mais forte- ment autogène.

paysagiques (KORHOGO - NC-30-VII-Id. ; 1/50.000).

Page 106: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

98

segment a une dynamique et un développement plus ou moins au- tonomes, érosifs, transitifs, accumulatifs etc... Ces juge- ments n'ont qu'une valeur très relative, mais leur précision suffit à cette échelle de travail. L'interprétation pratique

est aussi une information dérivée, elle peut aller jusqu'à la mise en évidence des contraintes et des potentialités les plus importantes pour l'utilisation du sol. La légende se com- plète alors de plusieurs colonnes où sont reprises les dis- tinctions habituelles entre le relief, les sols et les forma- tions végétales (fig. 32).

X

X X

Le deuxième exemple est celui d'UNE CARTE DES SEQVEN-

CES PAYSAGIQUES. Le secteur représenté appartient au domaine de la forêt dense humide où se développe actuellement un mou- vement pionnier spontané (fig. 33).

Cette carte de Soubré est beaucoup moins découpée que

celle de Korhogo. L'échelle de restitution est toujours le l/SO.OOOème mais nous avons défini d'autres organisations paysagiques, plus vastes que les segments. Les unités carto- graphiques correspondent ici à des types de modelés. Lors de la photo-interprétation préalable, chaque versant est carac- térisé par sa dénivelée et son développement puis par les fa- cettes topographiques qui le composent. En fait, la représen- tation de ce genre d'unités cartographiques serait mieux adaptée au 1/200.000eme, mais elle nous a été imposée ici par un couvert forestier très dense qui rendait trop aléatoire la délimitation des facettes topographiques.

Ces nouvelles unités cartographiques recouvrent sou- vent des géons très différents les uns des autres. Mais cette

association peut faire l’objet d’une cartographie dans la me- sure où elle se retrouve identique à elle-même sur tout le modelé. Pour donner le contenu de ces unités, l'information doit être très réduite, certains hoplexols peuvent être re- groupés, d'autres entrent dans la définition des catégories de métaplexions. La formule obtenue ressemble aux précédentes

Page 107: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

99

Paysage I

izil Paysage 2

El ‘.-.-.a a A -a Paysage 4

. . . . . . . . . . . . . . . . ILIl ~~~~~~~~ Paysage 5

Fig. 33 : Extrait de la carte des séquences paysagi- ques à 1:50.000, SOUBRE NB-29-XII-3a.

mais elle est orientée en fonction de la topographie.

Ce premier schéma (fig. 34) concerne un paysage fré- quent dans le Sud-Ouest ivoirien, celui des croupe5 conv5xo- concave5 subaplanies. Vous remarquerez que les unités paysa- giques se rassemblent pour former deux segments dynamiques également répartis sur le versant. Les différences entre ces deux segments se marquent bien au niveau des métaplexions, ceux-ci sont peu épais et indiquent une dynamique érosive vers les sommets, ils sont plus complets et indiquent une dy- namique accumulative vers les bas-fonds. Les sdquences paysa-

giques sont ainsi une succession de segments dynamiques et

représentent alors un ordre cinématique. Cette séquence a une

Page 108: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

100

Paliphyse

i Pali-dendrigé

Paliphyse

1 Paiibhyse Pro-pabphyse

I Prophyse St

f SRACHY-METAPLEXION SUPERIEUR

y-h y se

- LEPTO-MEJ’APLEXION

BRACHY-METAPLEXION INFERIEUR LEPTO-METAPLEXION

t INFtERIEUR INFERIEUR

t Gravolite sbctichrome

T R&i-fragistérite

Gravolite Structi’rétichron

Amont P

Aval

Fig. 34 : Séquence paysagique des modelés convexo- concaves subaplanis (Soubré, unité car- tographique 5).

cinématique continue, elle résulte, au moins au niveau du mé- taplexion, du passage régulier entre érosion et accumulation.

Ce deuxième schéma (fig. 35) représente un paysage plus rare en forêt, celui des model&s d petites buttes cui-

rassdes. La séquence est plus segmentée que la précedente. La cinématique devient discontinue, un segment autonome apparait en sommet d'interfluve et le versant se subdivise en deux sections trans-accumulatives,la première se traduisant notam- ment par une phase rétichrome superficielle de mi-versant, la seconde par une phase durirétichrome profonde de bas-versant. Le commentaire d'une telle formule pourrait tenir plusieurs pages. Voici, à titre d'indication, lès principaux processus qui ressortent d'une lecture immédiate :

Page 109: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

101

Paliphyse

Paliphyse

Pali.

BRb

Styla-dandrigé Stilagé

/ / -prophyse Styla-paliphyse

LEPTO-METAPLEXION SUPERIEUR

BRACHL

BRACHY’METAPLEXION LEPTO

4CHY-METAPLEXION ORTHO-METAPLEXION BRACHY - METAPL

Dendrigé

T Prophyse

t Stylagé

1 ‘- METAbLEXION SUPEF#EUR

-ME-LEx~ON

.EXION INFERIEUR

Gravolite

I

Structi - rétichron Gravolite

S&ite I

j

Structi -e Abcton

Réti - allotérite

i I

I l+tichron Duri- retichron I I

amont aval mia >

Fig. 35 : Séquence paysagi.que des modelés à sommets plans cuirassés(Soubré, unité cartographi- que 2).

- le sommet d'interfluve est caractérisé par le dé- mantèlement et l'altération d'une cuirasse ancienne mais la forêt reste peu développée et peu diversifiée,

- lè segment situé en haut de versant, immédiatement sous la corniche cuirassée, a la dynamique la plus active de toute la séquence. Il est marqué par la reprise de la pédoge- nèse et par une forte productivité végétale, mais il est aus-

si le siège de mouvements d'érosion importants,

- sur le versant, un replat correspond à une indura- tion actuelle des sols, les grands arbres disparaissent pro- gressivement vers le bas-versant,

- enfin, les bas-fonds s'individualisent nettement par de nombreux processus liés à l'hydromorphie et à l'éclair-

Page 110: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

102

cissement de la voûte forestière.

X

x X

En conclusion, le bref commentaire que je viens de faire à propos d'une sequence de paysages très complexe me semble significatif sur un point essentiel. Il existe bien d'autres tentatives de cartographie intégrée du milieu natu- rel. Les études peuvent être plus poussées que les premiers essais que nous avons réalisés. Mais aucune n'utilise un code aussi concis et aussi riche d'informations. C'est une remar- que technique que vous avez pu faire tout au long de ce sémi- naire, mais elle prend toute sa valeur ici. Dans la pratique, depuis le terrain jusqu'à l'élaboration de la légende, il vous apparaîtra rapidement que cette concision est une condi- tion première indispensable : pouvoir nommer explicitement la totalité des composantes végétales, organiques et minéra- les du paysage le plus difficile à saisir de toute la terre avec seulement une trentaine de mots.

Page 111: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

103

ELEMENTS POUR UNE DIAGNOSE DES FORMES DE RELIEF

Cet cxpobé a été phépahé et phébw.té a Abidjan pUh Jean-ChahLeb FILLERQN. le hébUm& une hechehche OhiginUbe don2 beb hébf.&iUfb ne bon2 pub en- cohe pltb~i~b. La méthodo&gLe phé- panée a é.U en pahtie. U$.iLibec danb un atrt.Lc.Le à pahaithe (JFR, AGE, JC, JCF, 1978).

Cet exposé occupe une place particulière dans l'en- semble des communications. Lors de la présentation de la sur- face du sol, nous avons souligné qu'il s'agissait d'un vo- lume complexe dans lequel s'agençaient différents materiaux, volume qui constitue le métaplesion strict. Nous considérons maintenant la surface du sol ou topographie comme la paroi qui sépare atmosphère et lithosphère. La topographie n'est pas un corps naturel mais une surface. De ce fait nous ne pouvons pas appliquer sans nuance la démarche typologique. Les critères de définitions de types topographiques ne sont pas des données immédiates mais le résultat d'un choix dans une série de données essentiellement quantitatives. Cependant, noussutilisons un Zangage capable de combiner et de structu- rer l'information et nous nous situons bien dans le système intégrateur transdisciplinaire.

Les motivations qui nous conduisent à nous interroger sur les moyens de l'identification de la forme topographique sont de deux ordres. Nous avons constaté qu'il n'était pas possible, aux échelles usuelles de représenter les unités paysagiques les plus petites. Nous pensons que la topographie peut être considérée comme,un des facteurs structurant du milieu naturel.

Une des approches possibles de la cprtographie gto-

Page 112: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

104

bale consiste alors à définir des espaces topographiques ho-

mogihes et à énoncer les contenus paysagiques. D’autre part, lorsque, dans nos études géomorphologiques, nous tentons de décrire une forme de relief, nous nous heurtons à l’obstacle du langage. Il est hors de notre propos de remettre en ques- tion la totalité du langage du géomorphologue qui se situe le plus souvent à un niveau séman’tique différent du nôtre.

Dans un premier temps, par une brève analyse de ce langage nous montrerons pourquoi il est d’utiZiaation c%J@J@~- ciZe dans l’identification topographique. Nous proposerons ensuite une méthode apte à l’identification et à la compa-

raison des formes de relief dans les régions de plateformes tropicales humides.

X

X X

Si l’on reprend les termes de la définition de la

géomorphologie, “science qui a pour objet la description et l’explication du relief terrestre”, nous admettrons que le LANGAGE DE LA GEOMORPHOLOGIE se situe à deux niveaux sémanti- ques : langage de la description, langage de l’explication.

Le langage de la description est celui du vocabulaire topographique classique. Ce vocabulaire distingue un certain nombre de termes issus du langage commun ou militaire : val- lée, plateau, versant, interfluve, glacis, talweg, talus, etc... Ces termes peu nombreux et peu signifiants décrivent des formes ou des ensembles de formes qui se recoupent dans l’espace avec une plus ou moins grande confusion. (Fig. 36). Cette confusion est encore augmentée par le fait qu’il existe souvent plusieurs sens à un même terme topographique : ainsi “interfzuve” décrira soit les sommets entre les versants d’une vallée, soit la totalité de l’espace situé entre les cours d’eau. La localisation topographique est alors le plus

Page 113: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

105

souvent une collection hétéroclite de termes où se retrou- vent confondues par les auteurs des unités d'ordre de gran- deurs différentes : (massif (versant (bas de versant))) . Quelques paramètres clinométriques et altimétriques complè- tent parfois l'identification.

*--w-w INTERFLUVE __________________________ + INTERFLUVE >

_.__ ; I *---mm PLATEAU _____________________ > I I < montagne >

I : 1 *-m-w- VERSANT ----eh___ - ___________: r-----,: crête

I I

,(- - - -- -- ---- -- “ALLEE ____i ______ :- ____ --j t

: I , <versant 2

I I k BAS- FOND > : I plaine alluviale

I I ,

interfluve (sens restreint) k VERSANT

Figure 36

Conscients de la pauvreté de la terminologie, cer- tains auteurs découpent systématiquement la topographie. Ainsi un versant est fractionné en haut, nilieu et bas de versant. Mais cette méthode ne résiste pas à la confronta- tion avec le terrain et se révèle comme une simplification abusive de la réalité lorsqu'elle n'est pas une technique d'échantillonnage statistique.

Le Zangage de Z’expZication est complexe : il juxta- pose deux sous-langages génétiques. Le langage mo+phostruc-

turai! classe les formes de relief en fonction de leur inter- prétation géologique. Le Zangage morphoctimatique distingue des formes modelées et façonnées par les agents de l'érosion.

Page 114: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

106

Nous limitant à l'examen'des processus d'identifica- tion, nous ne poursuivrons pas notre analyse du langage gé- netique. Nous distinguerons cependant deux modalités de ren- contre des langages descriptif et génétique. Lorsque les ni- veaux sémantiques sont distingués, l'art du géomorphologue consiste à attribuer à l'objet décrit un nouveau nom issu des langages génétiques. L'obstacle est alors dans le langa- ge descriptif l'imprécision des niveaux de perception et la pabtvreté du vocabulaire, dans le langage génétique, l'inter- pénétration des sous-langages (Fig. 37).

LANGAGE DESCRIPTIF

LANGAGE GENETIQUE

Figure 37

Lorsque les niveaux sémantiques ne sont pas distin- gués, le vocabulaire génétique englobe l'identification to- pographique. Un nouveau langage confond l'objet et l'inter- prétation de l'objet. Le terme gtacis par exemple désigne en Afrique de l'Ouest tout autre chose qu'une surface légè- rement inclinée. L'utilisation de mdtaphores, telle que demi-orange, dos de baleine, l'appel aux terminologies ver- naculaires traduit à ce niveau l'inéfficacité du langage

Page 115: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

107

topographique. Voici, par exemple, la terminologie vernacu- laire utilisée dans les région sèches I

Aklé Bajada Barkhane Caoudeyre Chott Daya Datch Demgha Draa Ennfida

Erg Feidj Gara Garaa Gassi Ghroud Gilgaï Gnamma Goud Goz

Guelta Hamada Kalut Kewir Kreb Maader Mreyyé ‘Nebka Playa Rebdou

-Reg Salar Salina Sebkha Serir Sif Siouf Taffoni Takyr Yardang

La première étape de notre démarche consiste à défi- nir des unités chorologiques , puis à reconnaître des catégo- ries typologiques. .L'ordre dans lequel nous les présentons ne préjuge pas de leur importance dans l'identification. Nous distinguerons deux unités topographiques d'ordre de grandeurs différentes : facette topographique et versant.

X

X X

La FACETTE TOPOGRAPHIQUE ou forme du terrain est une portion isomorphe d'espace. Elle est limitée par des ruptu- res de pente très souvent visibles sur photographies aérien- nes. Deux type,s de limites sont distingués. Les lignes de changement brutal de la valeur de la pente sont des ruptures nettes ou très nettes : limites de corniches, de base d'in- selbergs, de flats alluviaux, etc... La ligne d'inflexion - sépare deux facettes dont les pentes varient de façon inver- se. Elle sépare entre elles des facettes rectilignes, conca- ves, ou convexes.

Page 116: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

108

COURBE CUMULATIVE DES FREQUENCES DES PENTES

DE QUATRE VERSANTS-TYPES DE LA REGION DE

KORHOGO

Figure 38

La première catégorie de diagnostics identifie les facettes en fonction de leur position dans l'ensemble topo- graphique. Nous utilisons le radical - EDRE précédé d'un cer- tain nombre de préfixes. Nous reconnaissons ainsi des facet- tes aeroèdre, supraddre, mdtae'dre, ‘infradde. Nous ne donne- rons ici que quelques exemples de définition.

Les facettes supraddriques constituent les parties sommitales des plateaux, buttes cuirassées et des croupes gravillonnaires. Les pentes sont nulles ou très faibles, les formes rectilignes ou légèrement convexes. En projection, elles présentent des formes diverses : glhbulaires, amiboides, laniérées, etc... Elles bénéficient grâce à leur position altimétrique d'une relative immunité vis à vis de l'érosion et conservent ainsi souvent la marque de l'action des paléo- climats.

Les facettes mdtaddriques constituent le versant pro- prement dit. Espace de transition, elles décrivent un ensem-

Page 117: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

109

ble de formes variées : glacis, glacis-versant, versant. La pente est faible, rarement supérieure à 5 gr, convexe ou rec- tiligne. Les formes projetées sont généralement rubanées ou auréolaires. Ces facettes sont le siège de nombreux processus géomorphologiques rassemblés sous le terme d'aréolaire : ruis- sellement diffus, reptation, colluvionnement, etc...

Ces orthotypes ne se réalisent pas toujours, soit qu'ils se complexifient, soit qu'apparaissent des intergrades. Les préfixes hypo-, hypso-, ana-, ecta, définis précédemment à propos du schéma intégrateur transdisciplinaire, précisent la position particulière de la facette dans l'ensemble de la topographie, la répétition ou l'apparition d'une sous-facette se reconnaissant par des différences importantes au niveau de quelques paramètres géométriques. Ainsi, un hypo-supraèdre

identifierait un replat sur le versant, un ecta-métasdre, une corniche située en haut du versant.

Nous distinguons ensuite une seconde série de catégo- ries formées sur la valeur et la forme de la pente. Statisti- quement, ces paramètres n'ont pas de valeurs continues. Nous observons dans le Nord de la Côte d'ivoire que certaines va- leurs de pente sont rares. Ainsi, les pentes comprises entre 3 et 7 gr et supérieures 2 15 gr n'occupent respectivement que 8% et 6% des ensembles topographiques que nous analyse- rons dans la figure 38. Nous définissons ainsi, non pas des classes, mais des types de pente.

pente nulle 0 gr pente très faible 1,s gr pente faible 4 gr pente moyenne 6 gr pente“ forte 10 gr pente très forte 17 gr

Il est de même possible de définir des types de forme

de pente. Il sera utilisé de préférence à rectiligne, concave, convexe les termes isoctine, antéctine, synéctine. Ces termes

Page 118: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

110

peuvent en effet se combiner tout en évitant la confusion avec les associations de formes convexe-concave, convexe- rectiligne. Ainsi, une pente isoantécline décrit-elle une pente à faible rayon de courbure convexe. En outre, ies‘ter- mes structuraux de la diagnose secondaire de la surface du sol décrivent les mésoformes.

'Un travail identique devrait permettre de reconnaî- tre des types de déniv,eZées, de déveZoppement, de formes pro-

jetées.

Nous avons acquis à ce stade un outil qui nous permet d'identifier et de.différencier un grand nombre de facettes. Cette diagnose topographîque est complétée à un deuxième ni- 3 veau. Il peut être intéressant de rassembler' les autres don- nées de la géomorphologie. Ces caractères sont d'une très grande hétérogénéité, une remise en ordre de ces donnees peut être une étape nécessaire dans la suite de notre démarche.

X

X X

LE VERSANT constitue la seconde unité que nous analy-

serons. Pris dans un sens large, il constitue l'espace situé

entre les Zignes de fattes et tes talwegs. Il correspond à ce que certains auteurs appellent type de modeZé ou reZief

ézémentaire. Constitué par la suite ordonnée des facettes dont les pentes sont généralement de même sens, il est limi- té par des lignes de partage des eaux : crêtes, ensellement, cols et collets et par les talwegs. L-e radical-STERE a été choisi pour désigner les versants.

Nous distinguerons dans la diagnose topographique une première catégorie basée sur la morphométrie des volumes enveloppés par la surface topographique et sur la forme des

interfluves. Un certain nombre de types peuvent être alors

Page 119: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

111

définis : pédistère, totostère; apostère, acrostère, pagda- tère. Nous ne donnerons ici que quelques exemples de défini- tion en Côte d'ivoire.

Le pédist2re identifie des formes caractérisées par des interfluves plans. Dans le nord de la Côte d'ivoire, ce sont des plateaux cuirassés d'environ 2.000 m de développe- ment latéral d'un talweg à l'autre et d'une trentaine de mè- tres de dénivelée. Le pagestdre décrit des croupes convexes gravillonnaires d'une quinzaine de mètres de commandement qui s'étendent.sur 2.500-3.000 m. L'intergrade pedi-pagest8re caractérise des croupes convexes surmontées fréquemment d'une petite butte à sommet plan. L'ensemble de l'a forme se déve- loppe sur 2.000 m, la butte elle-même n'éxcèdant pas 400 m. Les dénivelées sont alors proches de 30 m. Dans le sud de la Côte d'ivoire, le totostdre identifie des versants fortement convexes qui constituent les reliefs en demi-orange ou en chapeau de gendarme. Ces formes dont les dénivelées sont d'une quarantaine de mètres s'étendent latéralement sur 400 m environ.

Une seconde catégorie de diagnostic précise la défi- nition et la complexité du versant. Trois caractères sont re- tenus : degré de définition, nombre de facettes et modes cli- nométriques. Les préfixes ortho-, brachy- et lepto- indiquent

'la présence des facettes orthiques supra-, métra- et infraè- driques sur le versant. Ainsi, un pédistère orthique ou

ortho-pédistère .est défini .par la prdsence des trois facettes supra-, infra-et métaadre. Un versant Zeptostère est occupé uniquement par des facettes méta&driques. Le versant est d'autant plus complexe qu'il possède un grand nombre de fa- cettes. Ainsi, le "chapeau de gendarme" dans la région de San Pédro est un brachytoZostère trièdrique (Fig. 39) la butte cuirassée d'odienné est un orthopédistère heptaèdrique

(Fig. 40). Nous appelons modes clinométriques des succea- sions de pentes de type paZier-fZ.exure-paZier ou encore re- pZat-ressaut-repZat. La structure modale a une signification géomorphologique très particulière : elle caractérise des

Page 120: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

112

INFRAEDRE isoclinr I

BRACHYTOLOSTERE

triadrique unimodal

Figure 39

Figure 40

Page 121: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

313

emboîtements, des discontinuités liées à des successions cy- cliques, des reprises d'érosion, des replats structuraux (Fig. 41). Reprenant nos exemples précédents, nous qualifions le "chapeau de gendarme" d'unimoda2 ; la butte cuirassée est bimodate.

C

A r

l! 0

r.

r.- I J-i ’ 62,7

, 0 125,4 627m

DISTRISUTION DES PENTES

4!ll 627m

PROFIL TOPOGRAPHIPUE

VERSANT TETRAMODAL : Est du Ntambnrgaho Figure 41 rsgion de Karhogo

Nous pourrons ensuite, comme pour les facettes défi- nir des catégories sur la valeur moyenne de la pente et sur la forme projetée du relief élémentaire.

La diagnose géomorphologique rassemble des éléments variés. Nous retiendrons essentiellement des caractères li- thologiques et pédologiques : nature du régolite, épaisseur de l'infraplexion etc... En outre , participent à cette dia- gnose les résultats d'analyse, type bilan hydrique de bas- sin-versant expérimental.

X

X X

Page 122: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

114

Au terme. de notre exposé, nous soulignerons le ca- ractère engZobant de la méthode typologique linguistique qui s'applique aussi bien .à des corps naturels qu'à des surfaces. Nous avons pu, en outre, grâce à la cohérence de la termino- logie appliquée à d'autres enceintes ou à d'autres composan- tes proposer un très petit nombre de termes nouveaux emplo- yés d'ailleurs dans d'autres disciplines scientifiques :-èdre, -stère, -pédi, etc... Ce petit nombre de termes nouveaux joint à la série des préfixes déjà utilisés rend compte d'une très grande variété de formes topographiques.

Page 123: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

115

Nord t Facettes topographiques - region de Korhogo ‘! 1500m.

Acroèdre antécline m Métaèdre iso-synécline

Supraédre isocline

Supraèdre isa-antécline

Supraèdre iso-antécline 8 phase mastocline

Ecta-métaèdre

Métaédre isocline

Métaédre isaciine 6 phase mhstocline

Métaèdre iso-antéclrne

Hypso-supraédre isocline

Métaèdre antécline

Facettes topographiques - region de Son Pédro - --

Page 124: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

116

LEXiQUE

Acroèdre

Acrostère

Anaèdre

Antécline

Apostère

Ectamétaèdre

Hypo-supraèdre

Hypso-infraèdre

Infraèdre

Métaèdre

Pagestère

Pédistère

Supraèdre

Synécline

Tolostère

: facette sommitale en "pustule" : insel- berg, dos de baleine.

: unité de relief formé par l'inselberg et

son "glacis".

: facette se répétant sur le versant : ex : succession de ressauts indur&.

: forme de pente convexe.

: colline caractérisée par un interfluve réduit et des versants escarpés, souvent concaves, fréquente en roches vertes.

: sous-facette métaèdrique définie par des caractères structuraux particuliers. ex : corniche.

: facette de versant possédant des carac- tères infraèdriques.

: facette de sommet ou de versant possédant des caractères infraèdriques.

: facette de bas-fond et de flat alluvial.

: facette de transition, constitue le ver- sant sens restreint.

: croupe convexe ou plan-convexe.

: interfluve plan, plateau et buttes.

: facette sommitale tabulaire ou convexe atténuée.

: forme de pente concave.

: colline à convexité accentuée type "demi-orange" ou "chapeau de gendarme".

Page 125: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

117

ETUDE DYNAMIQUE DES VEGETATIONS FORESTIERES TROPICALES

APPLICATION AUX FRICHES DU SUD-OUEST IVOIRIEN

Fhanc-ib KAHN

Nous présenterons une application de cette méthode typologique à l'étude de l'évolution structurale des friches du Sud-Ouest ivoirien (région de TAI).

Le cultivateur de ces régions pratique l'essartage : il choisit une parcelle de forêt et la défriche, laisse les plus gros arbres en place et br0le sommairement les bois tombés. Puis il plante le riz, le récolte et abandonne la parcelle.

Nous suivrons l'évolution structurale de la végéta- tion qui s'installe après la récolte du riz. Les cinq rele- vés se rapportent à trois parcelles : la première a été étu- diée à 6 mois, 1 an, 1 an 112, les deux autres respectivement à 3 et 7 ans.

L'étude dynamique de ces trois parcelles est possi- ble car elles se caractérisent toutes trois par un peuple- ment dense quasi-monospécifique de Macaranga huraefolia

Beille qui s'installe après la récolte du riz, et évolue pour atteindre à 7 ans son expansion maximale. Entre 7 et 10 ans, ces peuplements dégénèrent et sont ultérieurement remplacés par un autre ensemble vdgétal. La reconstitution naturelle de la forêt semble s'effectuer par palliers structuraux. Le stade considéré, caractérisé dans ce cas par le Macaranga hu-

raefotia Beille, succède à un stade initial constitué par le développement spatial d'une espèce sub-ligneuse, le Solanum

torvum Sw.

Notre but n'est pas ici de développer l'étude de ces

Page 126: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

118

friches (l), il se limite à montrer comment cette méthode permet de suivre l'évolution structurale de ces végétations(Z).

Chacun des relevés présentés n'est que la descrip,- tion d'une parcelle. L'interprétation résulte de la comparai- son des relevés entre eux. Ce n'est qu'alors que la signifi- cation écologique des éléments de diagnose est considérée.

Nous soulignerons tout d'abord que la comparaison du niveau quantitatif d'un élément, d'un hoplexol à l'autre, doit tenir compte du volume végétal absolu de l'hoplexol, les éléments végétaux étant quantifiés relativement les uns par rapport aux autres au sein d'un même hoplexol'. Ce volume végétal absolu est évalué par le rapport des volumes végé- taux aux volumes d'air. Ainsi, si l'on considère le relevé de la friche de 1 an 1/2, le Nécrophytion ligneux passe du Ier niveau quantitatif à la phase puis au stigme dans l“ho- plexol supérieur de la friche ( + ). Il ne représente plus alors que les troncs des arbres morts laissés en place par les cultivateurs ; cet hoplexol est cZeistophique, les feuil- lages sont continus, interpénétrants. Dans l'hoplexol sus- jacent, aérophique, le volume végétal absolu est extrêmement

faible', limité aux quelques troncs des arbres morts ou vi- vants dominant la friche. Le Nécrophytion ligneux se quanti- fie relativement au Stylagé (troncs des arbres vivants) et passe du stigme au 2èmeniveau quantitatif, bien que repré- senté par le même nombre de troncs morts.

L'évolution structurale des friches au cours du.temps sera abordée par deux voies :

1. La transformation d'un élément de diagnose au cours du temps,

2. l'évolution quantitative d'un élément au cours 'du temps.

Transformation d'un élément de diagnose au cours du temps :

- Evolution spatiale du Prophyse (A), puis sa transforma- tion en Paliphyse à 7 ans qui traduit l'expansion maxi-

Page 127: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

119

male de la véggtation ligneuse. . . - Apparition, à partir du Nécrophytion ligneux, à 1 an 1/2,

d'une phase nécrunécrophytique (m) qui marque l'amorce de décomposition de la matière végétale'morte.

Evolution quantitative d'un élément au cours du temps:

- A 6 mois, le Paliphyse (0) représente les feuillages d'une végétation présentant son expansion maximale. A 1 an, ce Paliphyse est réduit à un stigme qui prend ainsi valeur de reliquat :. après la récolte du riz, une végétation s'ins- talle, s'épanouit vers 6 mois, puis périclite entre 6 mois et 1 an. Cette végétation éphémère représente en fait le premier.pallier structural de la régénération forestière après culture.

- De même la phase nécrunécrophytique apparue à 1 an l/2 (n), évolue et, à 7 ans, se quantifie au niveau de l'adjectif ; au cours du temps, la'matière végétaïe morte se décompose de plus en plus.

- Le Stylagé se développe spatialement (a) : il est quanti- fié au niveau de la phase à 6 mois, de l'adjectif à 1 an, du 2ème niveau quantitatif à 1 an 1/2, puis du Ier niveau à 3 et 7 ans. Cette évolution traduit la croissance d'un peuplement ligneux.

- Le Nécrophytion ligneux se quantifie aux ler,et 2ème ni- veaux quantitatifs dans les hoplexols inférieurs (+), il représente ies bois tombés sommairement brûlés par les cultivateurs et qui ne sont pas encore décomposés à 7 ans. Cependant, un Nécrophytion ligneux apparait dès 3 ans dans les hoplexols supérieurs de la friche (+)i il est quantifié au Zème niveau. Ce Nécrophytion ne peut provenir que du peuplement. ligneux de la friche : à 3 ans, il mar- que la présence d'arbres de la friche morts, conséquence d'une compétition intense entre individus dans un peuple- ment quasi-monospécifique dense ; à 7 ans, où la végéta- tion atteint son expansion maximale, il traduit l'amorce du dépérissement du.peuplement.

Page 128: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

120

7 Corrélativement au développement du Nécrophytion ligneux dans les hoplexols supérieurs, le Pléiophyse accroit son occupation spatiale. A 7 ans, iI se quantifie au 2ème ni- veau (Q) : les arbres meurent, se brisent, provoquent des Chablis dans'la friche qui sont envahis par les lianes. Dans ce cas, l'évolution quantitative d'un élément de dia- gnose traduit l'évolution structurale de la friche.

Conclusion sur l'application de cette typologie :

Pour chaque relevé, toutes les unités structurales observées ont été décrites sans qu'aucune ne soit privilégiée. Les éléments végétaux ont été quantifiés relativement les uns aux autres au sein d'un hoplexol et sont resitués spatiale- ment dans le phytoplexion. La diagnose structurale par le rapport des volumes végétaux au volume d'air précise le volu- me végétal absolu de l'hoplexol et permet ainsi la comparai- son de niveaux quantitatifs d'un hoplexol à l'autre.

Lors de la description, seuls les critères morpholo- giques des éléments de diagnose ont été utilisés. Chaque re- levé n'est qu'une simple description d'un volume de végsta- tion structuralement homogène. Les différents niveaux quanti- tatifs n'ont également, au sein d'un relevé, qu'une valeur descriptive.

Mais, d'un relevé à l'autre, ces niveaux quantitatifs prennent une valeur dynamique : ainsi, le stigme peut prendre valeur d'apparition d'un élément ou de reliquat, la phase et l'adjectif de développement ou de régression....

De même, l'évolution qualitative d'un élément (passa- ge d'un Néophytion à un Prophyse puis à un Paliphyse ; d'un Nécrophytion à un Nécrunécrophytion puis a un Nécrumite...) peut être suivie corrélativement à son expansion ou à sa ré- gression spatiale.

Par ailleurs, chaque terme est chargé de significa- tion écologique. Si, lors du relevé, seule la morphologie des éléments végétaux est retenue,. les spéculations relatives à

Page 129: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

121

l'écologie et à la stratégie de ces formes peuvent être en- treprises, une fois la description effectuée...

Au bilan, l'interprétation peut s'effectuer au niveau d'un relevé, la définition des éléments de diagnose permet, en ce sens, d'aborder le dynamisme interne de le phytople- xion ; elle peut s'effectuer dans le temps ou dans l'espace (comparaison de différents relevés) en considérant la nature des él.éments végétaux, la quàlification des intermédiaires et le jeu de la quantification relative.

(1) cf. Evolution structurale des friches du Sud-Ouest ivoirien : Le stade à Macarunga hwczefoZia Beille. (KAHN F.) A paraitre.

(2) Le but de cet exposé étant de montrer l'application de ce système aux études dynamiques, nous n'avons délibérément pas insisté sur la structure des éléments végétaux. La diagnose sectorielle n'a pas été pratiquée vue l'absence de formes épiphytiques, hémiépiphytiques, épiphylliques...

Page 130: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

52 Dendri _ Paliphyse

qc.

Nécro -Styla _ Dendrigé 15

3 N+o - Stykagé

0 Paliohvsa

1 Paliphyse- Prophyse.

Néo - Kortode ^_ t

03 *tylalia*

Nécrophytion’ t

hortodin

0 (ligneux 1 t 1

t aiopkytlQu8

FRICHE .6 MOIS

PHASES STl6WES

t rtylagi l

l nicrophytiqua

Page 131: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

123

2 a c W

P

W

I v a LL

- ” Y : c : . q C a. E . Y , a

Page 132: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

FRICHE DE 1% AN NIVEAUX qUANlllAllFS 1

Korto _ Stylagé* proytkysie t

StylagP DP i f yléiophyrie

1.3 03 t kortedie I 1 4

) nhcrnphytique

Stylz- Nécrophytio? nieyhytiqus

!f (hgneux 1 4 I kortrgh

Styl$-Phoro-NEcrophytio? nicruniefiphytiqu? l (foliacé-ligneux)

STIGMES

l nicroph Y

l J

t Plèiep’hysi

styl& 4

4 tique

#kertadi

,f a,!

t

Pleiophysi

Iramien

“XPPCll Bis

VOLUMES

YEGElXUX LU

Page 133: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

FRICHE DE 3 ANS

Dendri _ Stylagé 16

Stylagé 6.5

ProPhyseA t 5 pliiaphysie

Styl: _ ProPhyseA p 1

sty1age 2 ‘0 nbcrophytique

N&~O’- StytaQé* t 1,5 pléiophyria

Kortode _ Stylagé* 0.30 t plbiogramé*nne t

0.3 4 0,

Korto - sty1agé*

1 + t

nEsrnphytiqu0 f monopaliphyri

0.10 Nécri?- stylagb* - t 1 ~ramionno nC0Phytiquc 904 n;crunicroyphytiqua m J 1 sllpr1- phoroihytiqua ?

N&rophytion4- Stylagé*

nt hyporhizap&

0 (foliacè liuneux 1

STIGMES

5 t prephys;

styla#; 0

t ds,ndrigb

t pl)iophysi

4 :nicropkytiqua !

4 kortodi

prophysi

phoroihytique i

Page 134: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

FRICHE DE

NIVEAUX QUANTITATIFS SU~ERIEURS

PHASES

4 priliii H8M , Iljrclif

nartrrr nn m 3L-l

Dendri - Paliphyse 25

Pali- Dendrigé 20

Stylagé 13 5

11 Paliphysd

8 sty1agè*

Pali*- 6 Stylagé”

,025 Kortode _ Stylagé*

1

, pliis’piysie

A 4

dcndrigés +

t pléiophyr;e kor+todbs t t l

t ’ néophytique

cicrophytique + I

sUprarhizsg;e

c~crun’éqrophytiquc t

7 ANS

STIGMES

sty aaè 4

t

+

plfiophyri

1

a prophysi

t paliphysb

! :

promon+ophys; +

gram$en

4 i

kortodi

YOLUMES

YE~ET~UX AU

qirapbiqu.

irophiqu, i

rtomairaphiquc

Page 135: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

127

ÉTUDE MORPHOLOGIQUE DE QUELQUES COMPLEXES SOL-PLANTE EN

ZONE DE CULTURE SEMI-MÉCANISÉE DANS,LE CENTRE DE LA

CÔTE D'IVOIRE

Cet expob é a été. pnépa/ré patr A. G. BEAUPOU ez Ph. de BLlC. TR. a étte naén entZ uniouctient au b éminaitre d’Abidjan Ib’Févkieh 197t?) .patr Ph. de. BLIC. IL a été établi à

Vous avez entendu .parler.jusqu'à présent du milieu naturel ou d'un milieu peu modifié par une agriculture ex- tensive itinérante à longues périodes de jachère. Que se passe-t-il lorsque l'humanisation s'accentue ?

Elle peut être progressive du.fait d'une poussée dé-

mographique continue. L'agriculture a tendance à se fixer et modifie peu à peu le milieu initial dont il ne reste plus finalement que des îlots résiduels.

Envisageons maintenant les effets d'une humanisation totale et brutale. C'est ce qui se produit lorsque l'agricul- ture traditionnelle est remplacée par une agriculture inten- sive mécanisée. Un nouveau milieu s'installe immédiatement dont l'organisation et les composantes dépendent étroitement des techniques culturales utilisées. L'étude morphologique approfondie de ce milieu permet de porter un jugement sur la qualité et le bien-fondé des interventions humaines. Cette appréciation peut se répercuter au niveau même de la concep- tion du système agricole.

Les relations sol-plante cultivée sont déjà étudiées depuis fort longtemps. L'examen diagnostique du profil cul- tural permet, par exemple, de'relier la morphologie des en-

Page 136: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

128

racinements aux caractères structuraux des sols. La descrip-

tion typoZogique des miTlieux cultivés ne sera-t-elle pas ators

une simpte redite, sous une forme ésotérique, de choses déjà bien connues ? NON car les objectifs sont différents. Cette divergence apparaît très nettement au niveau de la restitu- tion de l'information. Cette information est le plus souvent destinée 3 résoudre des problèmes trds précis et donc limi- tés, elle reste hautement spécialisée. Lorsque nous voulons nous situer au niveau global du complexe sol-plante il faut intégrer toutes les descriptions sectorielles et opérer des synthèses à divers niveaux. Pour cela un langage unique est nécessaire. Sa souplesse doit permettre de rendre compte de toutes les organisations structurales et aussi de hiérarchi- ser les diagnostics.

A l'aide de quelques exemples je vais tenter de vous montrer que le vocabulaire conçu pour le milieu naturel con- vient parfaitement pour ces milieux humanisés moyennant,bien sûr, certaines adaptations et compléments. Ces études, tr8s récentes, seront surtout descriptives. J'essaierai cependant de faire apparaître leur intérêt pratique et les perspecti- ves qu'elles laissent entrevoir.

X

X X

Ainsi que cela a été dit la plupart des diagnostics définis pour le milieu naturel s'appliquent sans difficultés aux zones cultivées. Cependant il a semblé nécessaire de distinguer les plantes cultivées et les adventices des végé- taux "naturels", tant au niveau de leurs parties aériennes que souterraines. Pour les vdgétaux cuttivds il suffit d'a- jouter le préfixe AiWRRO- (de anthropos = homme) aux diagnos- tics existants. Pour les adventices on utilisera le préfixe ALLO- (de allos = autre). Nous parlerons ainsi d'Anthropali-

physe, d'Allogramen, d'Anthrorhizagé, ou d'Allorhizophyse, etc...

Quelques structures semblent plus spécifiques des

Page 137: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

129

milieux cultivés et nécessitent de nouvelles définitions.

C'est ainsi que le DERMILITE désigne toutes les pellicules

et croûtes de battance. Le COPRUMI!FE est un élément de dia-

gnose du métaplexion strict dont la morphologie est caracté-

risée par un assemblage lâche d'agrégats et de microagrégats

d'origine biologique, traduisant une intense activité de la

faune et de la microfaune. Il est toujours associé à un enfouissement peu profond de végétaux non ligneux 'tel qu'il s'en produit au cours d'un sarclage par exemple. L’ARVMIQE

est un terme très général qui désigne la partie supérieure

des sols transformée par les techniques culturales. Ses ca-

ractères morphologiques sont essentiellement temporaires.

Pour terminer il reste à définir deux diagnoses se-

condaires spécifiques des milieux cultivé's. AROCLINE est un

terme qui désigne un micromodelé très irrégulier de forme et

de taille directement lié aux techniques de préparation du

sol. C'est par exemple, le cas d'un labour motteux. AROCLODE

se dira d'une structure pédologique à éléments nettement sé-

parés où peuvent être juxtaposés des individus de formes,

dimensions et cohésion très variées. Cette structure est

temporaire et ne subsiste, en général, qu'à l'état de phase

à la fin d'un cycle cultural.

X

X X

Nous pouvons maintenant étudier un PREMIER EXEMPLE

représenté par la Figure 42.

Page 138: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

130

.Anthroprophyse Prophysa

Allokortoda Allogramen

pis-j Nécrophytion

- ilermilits

m Volume grume-anguclads

(Cohésion faible) y

Volume amérode (Cohés;h; forte)

F&gq Volume a:ocloda (Cohésiy poyenna)

Amurite pauci - amérode (Homogène)

Arumite hétérogène périodique

Figure 42

Il s'agit d'une très jeune culture de Coton, implan- tée par un semis en lignes, après un labour à la charrue à disques et deux pulvérisages. Nous pouvons le décrire de la manière suivante :

- La partie végétale aérienne, haute de 15 à 20 cm est un Anthroprophyse à

Zokortodé et prophysé.

que, taxoîde.

- Le microrelief est, dans régulier, le micromodel

stigmes allograméen, aZ- Sa structure est aérophi-

l'ensemble dotichoctine

é est arocline anguleux.

Page 139: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

131

- De 0 à 0,5 cm le métaplexion strict regroupe verti- calement un Ndcrophyiion foliacé, un EpiZite no- dulaire et sableux, discontinu et un Dermilite

continu.

On remarquera tout de suite que la diagnose de la partie vé- gétale à structure aérophique traduit un très faible dévelop- pement de la culture. Ce-fait est à mettre en relation avec la présence d'un épilite et d'un dermilite continu.

- Si l'on examine maintenant le sol on note tout d'abord la présence de deux hoplexols bien diffg- renciés :

. Entre 0,5 et 10/20 cm un Arumite caractérisé par la présence de traie Phases bien indivi- dualisées qui diffèrent les unes des autres par leurs caractères de structure et de co- hésion et même par certains diagnostics pri- maires. On remarque d'autre part que ces Phases sont organisées selon un schéma bien défini qui se répète régulièrement dans le champ suivant une direction perpendiculaire à l'orientation des techniques culturales. Nous dirons que l'arumite est hétérogène pé-

riodique de type B/a/C/a/B. Chaque lettre représente une Phase, les lettres majuscules correspondent aux Phases les plus étendues.

Caractérisons maintenant chacune de ces Pha- ses. La première (B) est un arumite à stigme

aZZorhizagé, amérode, à forte cohésion. La seconde (a) est un arumite à phase anthro-

rhizagée, ArocZode - Grumo-anguclode, sa cohésion est faible. La troisième (C) est un arumite à stigme aZZorhizagé, aroclode,

sa cohésion est moyenne.

De 10/20 jusqu'à 25 cm un Arumite sans dif-

férenciations latérales. Par opposition nous dirons qu'il est homogdne. Nous le défini- rons comme un Arumite à phase allorhisagée,

pauci-amérode.

Page 140: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

132

- A partir de 25 cm on note la présence d'un gravo- structichron dyscrophe quin'a pas été affect6

..par les techniques culturales.

Quelles remarques cette description nous permet-elle de faire ?

- Tout d'abord elle nous indique que le sol a été travaillé sur 25 cm d'épaisseur. Le labour a été effectué dans de bonnea conditions ce que tra- duit le caractère homogdne de l'arumite infé- rieur. §a structure pauci-amérode montre qu'il a pu être compact6 au cours des opérations suivan- tes qui ont provoqud Z'individuaZisation d'un

arumite supdrieur hdtkrog8ne pdriodique. Les pul- vérisages ont vraisemblablement été pratiqués dans de bonnes conditions ainsi que le montrent les caractères structuraux des Phases (C) et (a). En revanche, le semis fait dans des conditions moins favorabZes a provoqué l'apparition de tas- sements sous les roues de tracteur. C’est ce qui correspond à la Phase (B).

- D'autre part la diagnose précédente d'anthropro- physe taxoïde se traduit au niveau du sol par la faible densité et la répartition des racines. La phase anthrorhizagée ne s’observe que dans les volumes (a) situés sous les lignes de Cotonniers.

- Pour terminer on remarque que les stigmes allogra- méen et allokortodé se répartissent uniquement dans les interlignes et leurs racines ne sont visibles que dans les volumes (B) et (C). Ce ca-

ractère de stigme, joint à la présence d'un né- crophytion foliacé montre qu'un arrachage manuel sans enfouissement des résidus végétaux a déjà

été effectué. X

X X

Page 141: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

133

Nous atZons maintenant passer à un autre complexe

sol-plante. 11 s’agit encore d'un champ de coton mais obser- vé cette fois-ci en fin de cycle cultural., la récolte ayant dejà commencg. C'est ce que montre la Figure 43.

- De 100/50 à 0 cm on voit un AnthropaZiphyse allogra-

mden, stomaphique d isophique, taxoCde.

- Le microrelief est dolichoctine peu accentué et régu- lier, le micromodelé, limité au biltons, est arocli- ne émoussé.

- Qn remarque immédiatement la différenciation du méta- plexion'strict suivant les billons et ïnterbillons. Il est donc hétérogène périodique de type a/B/a. La lettre (a), qui correspond aux billons, rassemble la succession verticale suivante sur 1 cm d'épais- seur : un Nécrophytion foliacé, une phase épilitique

sableuse, à grain simple, un DermiZite simple conti- nu et un Coprumite à phases hypodermilique et hypo- épilitique.

La lettre (B), c'est à dire les interbillons corres- pond à une séquence verticale plus simple compre- nant : un EpiZite sableux, continu et épais, un Der-

mitite simple et continu.

- Entre 1 et 25 cm on observe un Arumite hétérogdne apé-

riodique de type C/D/~ d stigme aléatoire ce). Ici encore, plusieurs Phases structurales sont associées mais suivant un mode très différent de l'exemple précédent.

Le couple C/D se répète dans l'arumite de façon trds irrdgulière ce que l'on traduit par le terme apériodique. -Quant à la Phase (e) il est impossible de l'intggrer dans un schéma d'où sa qualification d'aZéatoire. Ces trois Phases présentent des carac- téristiques particulières. La première (c) est un Arumite anthrorhizagé à phase allorhizagée, sa struc- ture est anguctode à phase aro-grumocZode. La se- conde (D) est un Arumite à phase allorhizagée à

Page 142: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

134

Allograman

m Nkrophytion

+ m Epilite+ompori

Métaplexion strict q

- dermilite Hétérogène piriodiqua - Dermilite

Velums anguclode + (c) Arumita apériodique

Volume amèrode

t Nécru _ Arumite aléatoire : lC)

Figure 43

structure amérode. La troisième (e) .bst un Nécru-

arumite grume-anguc2ode.

Cet exemple a,été choisi pour vous montrer l'influence-de la végéta.tion et des façons culturales superficielles sur l'évo- lution du métaplexion strict.

. .

Page 143: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

135

- Une première remarque s',impose : la présence d'un épi- lite et d'un dermilite aussi bien sur les billons que sur les interbillons montre bien qu'une structu- re végétale stomaphique à isophique n'assure pas une protection suffisante de la surface du sol contre les pluies.

- Examinons maintenant de plus près le métaplexion strict au niveau des billons : Les Phases hypodermilique et hypoépilitique souli- gnent l'ancienne surface du 502. Les billons sont donc postérieurs au semis et sont dûs au sarclage des interlignes. Les résidus végétaux et la terre ont été ramenés vers les lignes de Cotonniers. Cette opération a provoqué un léger enfouissement des ré- sidus végétaux et le développement d'un Coprumite

strictement limité aux billons ainsi formés. L'ac- tion des pluies a ensuite provoqué la formation d'un dermitite et entrainé les sables grossiers vers les interbillons ne laissant sur ies billons qu'une Pha-

se épiZitique résidueZZe et discontinue. Un Nécro- phytion foliacé enfin recouvre l'ensemble. Son ori- gine est la chute partielle des feuilles des Coton- niers.

- Le métaplexion strict des interbillons est plus sim- ple. Ce sont les pluies tombées après le dernier sarclage qui sont responsables de sa formation : DermiZite continu et épiZite épais et sableux ali- menté partiellement par les apports en provenance des billons.

Nous avons ainsi pu, grâce à l'observation des caractères structuraux du métaplexion strict, esquisser son histoire au

cours d'un cycle cultural. On retiendra surtout le dévelop-

pement important des épilites et dermilites, directement lié à l'évolution des structures végétales.

- Les caractères structuraux de l'arumite n'appellent guère de commentaires si ce n'est pour souligner qu'ils sont en corrélation étroite avec le dévelop-

Page 144: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

136

pement des parties aériennes et souterraines des Cotonniers. Ils n'ont, par contre, aucune influence sur la répartition des adventices.

X

X X

Regardons enfin un DERNIER EXEMPLE schématisé par Za Figure 44. Il s'agit d'une prairie à StyZo3anthes, de deux

ans, dont la description rapide peut être faite de la maniere suivante :

- Trois hoplexols végétaux sont aisément reconnaissables:

. Entre 120 et 75 cm un AZlogramen stomaphique à

isophique, nésosSde.

. Entre 75 et 10 cm un Anthrokortode aZZograméen

cleistophique, amérofde.

. Entre 10 et 0 cm un Anthrokortagé nécrophytique

à phases aZZograméenne et ndcrumique, hori-

clo-lde.

- Le microrelief est dozichoczine irrégulier, peu ac- centué et se rapproche du type isocline.

- Entre 0 et 1 cm un ZooZite - Ndcrumite foliacé à pha- se épilitique sableuse.

- Au niveau du sol deux hoplexols se distinguent nette- ment :

. Entre 1 et 3 cm un Arumite à phases attorhizo-

physée et anthrorhizophysée, et à phase hypo-

aZZogramagée. Sa structure est pauci-améro'de à phase grumo-anguclode. L'arumite est homo-

gène.

. A partir de 3 cm jusqu'à 20/21 cm un Arumite à phases allorhizagée et anthrorhizagée, phase hypo-allogramagée. L'arumite est hétérogèvre

atéatoire. Différentes unités structurales

Page 145: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

137

coexistent mais sans jamais former de sché- ma reconnaissable. La première (a) est anguclode. La seconde (b) est amérode. La troisième (C) est pauciclode.

Allogramen

?t Prophyse /

I

Anthrokortegé nécrophytiqus

Fj Zoolite -nécrumite foliecé

m Arumite pauci-amérode à phaso grume-anguclodo homogène

m Volume angucloda (A)

m + Volume améroda

(b) Arumite hétérogene aléatoire

pq + Volume paucicloda ICI

Figure 44

Page 146: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

138

Ce profil nous permet de souligner plusieurs faits.

- Premièrement, au niveau du métaplexion strict, la présence d'une phaqe épilitique sableuse (épilite très réduit) et l'absence de dermilite prouvent que la structure cléistophique de la végétation assure une protection pratiquement totab de la surface du sol et conserve certaines diagnoses déjà anciennes

comme l'épilite dans ce cas particulier.

D'autre part la présence d'un zoolite-nécrumite semble indiquer que cette couverture végétale dense favorise le développement de l'activité biologique.

- Deuxièmement, au niveau du sol, il faut remarquer l'existence, sur 1 à 3 cm d'un arumite homogène. Il tend à prouver que, dans un sol qui n'est plus régulièrement labouré, apparaissent des différen- ciations verticales nouveltes qui estompent les anciennes différenciations latérales. Celles-ci sont encore visibles plus profondément bien que leur schéma ait pu être modifié. L'abondance de la végétation et l'intense activité biologique peuvent en être à l'origine.

Il existe donc des corrétations nette5 entre la couverture végétale, la présence d'un zoolite-nécrumite et celle d'un arumite homogène très peu développé.

X

X X

Ces quelques exemples vous ont montré que l'utilisa-

tion d'un langage typologique permet de réaliser facilement

une premilre synthèse qui prend en considération les interac-

Page 147: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

139

tions des différentes composantes d'un,complexe sol-plante. Le langage typologique met clairement en évidence les sohl-

mas de diffdrenciation ZatdraZe liés aux techniques cultu- rales. Particulièrement nets au niveau des métaplexions strict et inférieur ces schémas existent également, sous une forme plus simple, dans le métaplexion supérieur.

L'exploitation de ce travail en est encore à ses dé- buts mais je vais cependant vous montrer comment il est pos- sible d'interpréter la diversification du complexe sol-plante en fonction des techniques culturales utilisées. C'est ce qu'illustre, de façon très théorique, la Figure 45.

- En partant d'une situation unique il est possible, par la mise en culture (riz par exemple) d'aboutir à d'autres situations très différentes les unes des autres.

- La différenciation se fait d"abord au niveau du mdta-

pilerion iviférieur en fonction de la qualité des techniques culturales. C'est ce que symbolisent les flèches en traits pleins. Si tous les travaux sont effectués dans de bonnes conditions on aboutit à la situation 1. S'il y a compaction au cours du pre- mier pulvérisage on passe à la situation 2. Si l'on ajoute un deuxième pulvérisage pratiqué dans de mau- vauses conditions on obtient le schéma 3. Enfin si le semis est fait lui aussi dans de mauvaises con- ditions (tassements de roues) on a le schéma 4.

- Cette diversification induite au niveau du métaple- xion inférieur va se répercuter dans Ze métapZexion

supérieur et se traduire par des structures végéta- les distinctes. Celles-ci vont commander à leur tour la diffdrenciation du métapZexion strict qui, lui aussi, interviendra sur l'évolution des métaplexions supérieur et inférieur, essentiellement par son in- fluence sur la circulation de l'eau. C'est ce que symbolisent les flèches en traits discontinus.

Page 148: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

r SUPRAPLEXION I

METAPLEXION SUPERIEUR

1 METAPLEXION STRICT 1

$1 Améroide

DEFRICHEMENT

\ METAPLEXION

Y-< o* : ,o ’ :. . . . . . ” ‘-. . . . . . .

.1$1;4? "Y', :,' ..;... .,. i’.‘,,.. .‘,:.‘- .: . . J Ii1 Ii 1 111 1 .I aPr l̂ ,, .:. .: wwuverrsage p

Homogène mauvais HomogènelHomogène

J STYLOSANTHES

...Vk;

Homogàne / Homogène périodique

IdOlS - ints) Ii r.r. “pst”< ..Y

périodique a/b/C/b/a

1

(Q aléatoire d

Homogène/HètÉrogéne auuriodioue

m Arumite stigme rhizagé .Améroide -1 Atumito rbizage,Grumo-anguclode @: Stigmes bpilitique et dermilique 8: Phases épilitique et dermilique

-1 Arumite phase rhizagde,Pauci-anguclode -1 Rhiza-srumita , Grumo - angucloda

Figure 45

Q : Epilite et Dormilits

Page 149: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

141

- Toutes ces interactions mettent en évidence l'impor- tance que revêt le degré de déueloppement de ces structures. Il existe des seuils à partir desquels une structure pourra en déterminer une autre. Par exemple dans le schéma 3 la présence d'un arumite à différenciation latérale induit une structure iso- phique de la végétation. Celle-ci est le seuil à partir duquel peut se former un dermilite continu.

- Supposons maintenant que du StyZosanthes ait été semé dans le riz. Qu'observe-t-on après deux ou trois ans de prairie ? Il apparaît une certaine homogénéisa- tion du métaplexion supérieur. Le caractère cléisto- phique de sa structure contribue au maintien de la plupart des caractères du métaplexion strict. D'au- tre part, au niveau du métaplexion inférieur, une nouvelte différenciation verticate s'ébauche qui mo- difie partiellement les organisations initiales.,11 y a donc ici une action prépondérante du métaple- xion supérieur. C'est ce que symbolisent les flè- ches en pointillés.

Voilà donc, brièvement expos&e, une des possibilités immé- diates d'utilisation de cette méthodologie.

Je ne voudrais pas conclure sans insister sur un point qui me paraît particulièrement important à plus long terme. Ces études s’insèrent parfaitement dans le cadre du schéma intégrateur transdisciplinaire. Il est donc possible dès à présent d'envisager des restitutions cartographiques de l'ensemble du milieu quelle que soit l'importance des in- terventions humaines. Ces cartes devraient permettre d'éta- blir des prévisions de comportément et des modèles de déve- loppement.

Page 150: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Avant-Propos. Page 1

143

TABLE DES MATIERES

PREMIERE PARTIE

Les moyens de l'expression transdisciplinaire et leur application aux sols.

La diagnose des sols et la quantification.

La diagnose de la surface du sol, sa signifi- cation dynamique.

Les diagnoses de la végétation.

La constitution d'un schéma intégrateur transdisciplinaire.

21

31

43

55

DEUXIEME PARTIE

Identification et cartographie de certains volumes pédologiques dans le domaine ferral- litique africain. 75

Deux exemples de cartographie intégrée du milieu naturel. 89

Eléments pour une diagnose des formes de relief. 103

Etude dynamique des végétations forestières tro- picales. Application aux friches du sud-ouest ivoirien. 117

Etude morphologique de quelques complexes sol- plante en zone de culture semi-mécanisée dans le centre de la Côte d'ivoire. 127

Page 151: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Impriwzt; en France Imprimerie JOUVE, 17, rue du Louvre, 75001 PARIS

Dépôt légal : 3e trimestre 1978

Page 152: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

Les Editions de I’Qffice de /a Recherche S&niifiqoe et Technique Outre-Mer terident U constituer une documentaiian scientifique de hse sur les zones intertropicales et mtiditerranéennes, les pays qui WI font partie et sur ies prohl&mes po& pur leur d&e@pement.

CAHIERS ORSTQM (s&ies p&iodique$J

- biolagie : etudes consacrees b diverses branches de la biologie vegétale et animale: agronomie, biologie et amélioratron des plantes utiles. entomologie agricole. nematologie.

- anlomologie m&ditMe et pmaaitolagia: systematique et biologie des arthropodes d’inter& medical et voterinaira, parasitologie, epidomiologie des grandes endémies tropicales, methodes de lutte contre les vecteurs et les nuisances.

- g&ologie: petrologie et cycles des éléments (geochimie) - hydrogéologie - alteration et erosion - sedimentologie - stratigraphie - orogenose continentale - metallogeneae _ paleogeographie _ structure et evolution des fonds océanrques.

- hydmlogio: études, methodea d’observation et d’exploitation des donnéas conckrnant les cours d’eau intertropicaux et leurs regimes.

- oc&ww~rûpble: hydrologie, physico-chimie. hydrodynamique, ecologie. caractérisation des chaînes alimentaires, niveaux de production, dynamique des stocks, prospection faunistique (Sud-ouest Paci- fique. Canal de Mozambique et environs, Atlantique Tropical Est),

- hydrabiologie: physico-chimie, ecologie, caractérisation des chaines alimentaires, dynamique des stocks, action des insecticides sur la faune (Bassin Tchadien. Cota d’lvoire).

- pklalogie: problemes soulaves par I’etude des sols: morphologie, caractérisation physico-chimiqua at mineralogique, classification, relations entre 6013 et géomorphologie, problemes liés aux sels. a I’eau, à I’erosion, a la fertilité.

- sdmcsr

logiques. etudes sociologiques, démographiques et ethno-

MÉMOIRES 8R+ST6M : cotnsacres auy Etudes approfondies (çyntheses regionales, theses...) dans tas diverses disciplines scientifiquas ( 87 titres parus).

ANNALES ~~~~UL~~lQU~~: depuis 1959. deux series sont consacrées: l’une. aux Etats africains d’expression française et a Madagascac l’autre aux Territoires et Départements français d’Outre-Mer”

FAUNE TROPICALE: collection d’ouvrsgeç principalement de systematique, pouvant couvrir tous les domaines géographiques ou I’CJRSTOM exerce! ses activités (35 titres parus).

INITIATIOAI~/Y/DOCUIVIEMPAflONç TECCINIQUES : mises au point et syntheses au niveau, soit de I’ensei- gnement supérieur, soit d’une vulgarisation scientifiquement sûre (87. titres parus).

ENTS BE L’OW$3TO : cette collection, diverse dans ses aspects et ses possibiliteç de diffusion, a ete conçue pour s’adapter a des textes sciantifiques ou techniques tres varies quant A leur origine, leur nature, leur portee dans le temps ou l’espace, ou par leur degre de apecialisr+ion (613 titres parus).

Les Ptudes en matiere de géophysique (gravimétrie, sismologre, magnétisme...) sont publiees, ainsi qua certaines donnees (magnétisma) dans des series spéciales: GkWHYSIQUE et O& ~~~~Tl~U~~.

L’HOMME ~‘~UT~~=~~~: cette collection, exclusivement consacree aux sciences de I’hornma, est resarvec à das textes d’auteurs n’appartenent pas à I’ORSTBM. mais dont celui-ci assure la valeur scientifique (co-edition Berger-Levrault) (1 Cl ouvragea parus).

Du nombreuses CARTES TH~~~Tl~U~~, accornpagnees de MOTItZES, sont editees chaque annee, mteressent des domaines scientifiques ou des ragions geographiques trés variées.

ULLETIN ~~~L~Tl~U~ D’ENTO 6L0GlE ~~~I~~L~ ET w&TÉ INAIRE (periodicite mensuelle; ancienne denamination jusqu’en 1970 : Bulletin signaletique d’entomologie médicale et vetérinaire) (XXVaannee).

Page 153: LANGAGE ( Tropiques H uttlih )horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · Jean-François RICHARD+ + Office de la Recherche Scientifique et Technique

OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIWUE OUTRE-MER


Recommended