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DOSSIER - mk0aideetactionmclhd.kinstacdn.com · Je n’ai pas sollicité de l’assemblée...

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DOSSIER DOSSIER : : L’éducation, un enjeu primordial L’éducation, un enjeu primordial pour les minorités culturelles pour les minorités culturelles DOSSIER : L’éducation, un enjeu primordial pour les minorités culturelles Campagne mondiale Campagne mondiale pour l’éducation : pour l’éducation : en images ! en images ! Campagne mondiale pour l’éducation : en images ! Ha Haïti - République dominicaine : ti - République dominicaine : des accords pour la paix et le développement des accords pour la paix et le développement Haïti - République dominicaine : des accords pour la paix et le développement Le Magazine N° 103 Juillet 2007 ———————— www.aide-et-action.org En encart, le bilan financier R e t o u r s u r l e s a c t i o n s 2 0 0 6
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Page 1: DOSSIER - mk0aideetactionmclhd.kinstacdn.com · Je n’ai pas sollicité de l’assemblée générale de l’association un quatrième mandat d’administrateur, le 30 juin dernier.

Haïti - République dominicaine :des accords pour la paix et le développement

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DOSSIER : L’éducation, un enjeu primordial pour les minorités culturelles

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Campagne mondiale pour l’éducation : en images !

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DOSSIER : L’éducation, un enjeu primordial pour les minorités culturelles

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Le Magazine N°103Juillet 2007————————

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Lettre ouverte

La Campagne mondiale pour l’éducation 4-5

Mobilisez-vous ! « L’éducation, c’est quoi ?» 6

>> DOSSIER : L’éducation, un enjeu primordial pour les minorités culturelles

L’éducation face à la diversité des cultures 8-10

Et si l’éducation se choisissait ? 11-13

L’œil d’un Dogon sur l’avenir de sa culture 14-15

Les États face à leurs minorités 16-17

BILAN 2006 I-VIII

ACTUALITÉS Haïti-République Dominicaine : des accords pour la paix et le développement 18-19

EN BREF 20-22

BOÎTE AUX LETTRES 23

Photo de couverture : C. BarrasCe numéro contient un supplément bilan financier Aide et Action 2006

Merci à vous !

En mai dernier, nous avons mené une étude de lectorat, portant sur le numéro d’avril et plus largement sur

l’ensemble des magazines. Certains d’entre vous s’en sont aperçus car ils ont été sollicités lors d’entretiens téléphoniques.

Nous remercions chaleureusement tous ceux (314 personnes au total) qui ont bien voulu se prêter à l’exercice.

Vous tenir informés fait partie de notre mission et le magazine y contribue. Il s’agissait donc pour nous d’évaluer

votre appréciation et d’envisager les pistes d’amélioration. Thèmes abordés, maquette, format, compréhension, clarté…

l’étude portait sur différents sujets, pour évaluer au mieux les pistes à retenir et à exploiter à l’avenir.

Premier enseignement : vous êtes nombreux à lire nos articles ! 85% d’entre vous ont déclaré le lire régulièrement

(47%) ou de temps en temps (39%). Et dans cet échantillon, vous êtes 90% à être satisfaits des contenus.

Mais vous avez été nombreux aussi à nous faire part de vos remarques, notamment concernant la maquette : elle est

à améliorer. Message reçu, dès cet été, forts des indications que vous nous avez données, nous entamerons les réflexions

pour rendre votre magazine encore plus agréable. Ce travail devrait porter ses fruits en juillet 2008. Un délai nécessaire

pour mener ce projet correctement tout en continuant à vous offrir le meilleur dans les magazines à venir !

Coordonnée par deux personnes en France, la rédaction du magazine implique l’ensemble des équipes d’Aide et Action

dans le monde : articles, témoignages, photos sont recueillis partout pour votre information

par nos collègues et nos partenaires. Merci à eux, et en leur nom,

merci à vous tous, nos fidèles lecteurs !

L’équipe magazine

Sommaire

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Je n’ai pas sollicité de l’assemblée généralede l’association un quatrième mandatd’administrateur, le 30 juin dernier. J’ai donné ma démission des fonctionsde président d’Aide et Action France aprèshuit années entières d’engagement à ce poste.Jacques Lemaréchal vient d’être élu en meslieu et place et je lui souhaite bonne chancedans l’exercice de ses fonctions au service de cette formidable association.

J’ai dit à l’occasion de notre dernier conseil d’administration que l’on ne sort pasindemne d’une telle aventure. J’ai côtoyépendant ces longues années, bien sûr, des femmes et des hommes formidables de talent, de volonté et de détermination.Mais j’ai partagé, surtout, une aventurehumaine exceptionnelle pour une cause qui fait de celles et ceux qui l’épousent des acteurs hors du commun de leur temps.

J’ai pris la mesure de la générosité de tous, traduite, selon les uns ou les autres,à différents niveaux, mais toujours sincère et humaine. J’ai aussi vu à travers le mondela réalité et la nécessité de notre action.

L’éducation reste et demeure un vecteur, sice n’est LE vecteur essentiel du développementdes peuples. Elle permet de trouver le chemin de la liberté, de la démocratie et de l’autonomie.

Il n’existe pas, dans le monde, de civilisations qui aient pu mener leur développement en faisant abstraction du droit à l’éducation, quelle qu’en soit la forme.

Notre champ d’action reste immense, les besoins se comptent en millions d’enfantssi ce n’est en millions d’euros, voire enmilliards. J’espère avoir pu contribuer un peu à la réalisation de cet objectif.

Je garderai en mémoire quelques momentsde communion exceptionnels, comme le furent les États Généraux de 2004 en Sologne, la rencontre en Inde avec le père Ceyrac, les sourires empreints dedétresse des enfants des rues à Phnom Penh,ou encore ces écoles de fortune pour les enfants gagés dans le sud de l’Inde.

Je resterai fier de notre reconnaissanced’utilité publique par l’État français, de notre gestion couronnée de succès par le Comité de la charte ou par le Conseild’État. Je serai toujours présent dans les couloirs pacifiés de notre siège social,dans les travées apaisées de nos assembléesgénérales et, bien sûr, fidèle à nos échangesvifs mais toujours respectueux et amicauxde nos conseils d’administration. Je garderai aussi le goût amer de quelques déceptions…

Mais grâce à vous tous, l’association aurafêté en 2001 ses vingt ans, en 2006 son jubilé, et bientôt ses trente ans…

Alors que vient le moment de terminer ce propos, je mesure combien j’aime Aide et Action, combien cette association est ambitieuse dans son projet, immensedans ses réalisations et certaine dans ses orientations politiques, humanitaires et sociales. Alors je vous quitte mais ne vous abandonne pas.

Aide et Action International a vu le jour le 12 mai dernier et je vais meneravec d’autres ce chantier dans le cadre du Comité international de transition…Pour d’autres aventures, pour d’autresactions, mais toujours pour la réalisation du même objectif : porter haut les couleursde l’éducation dans le monde pour ces millions et millions d’êtres humains qui n’y ont pas accès.

Je ne pourrais clore cet édito sans boucler la boucle de ces huit années d’engagementen remerciant celui qui m’a fait ce cadeaumerveilleux de m’inviter un jour à l’assembléegénérale : Pierre Amado. Il comprendra en lisant ces quelques lignes toute l’affectionque je lui porte.

Merci.

Frédéric Naquet

Éditorial

Frédéric Naquet,présidentd’Aide et Action

Agréé par :

Mes chers amis,

Aide et Action, magazine trimestriel (juillet à octobre 2007) publié par l’association Aide et Action - 53, boulevard de Charonne - 75545 Paris Cedex 11 - Tél. : 0155257000Internet: www.aide-et-action.org - E-mail : [email protected] - Représentant de l’association Aide et Action: Frédéric Naquet, président - Directeur de la publication:Florent Marcoux, directeur France - Co-rédaction en chef :Nancy Barrett-Saint-Laurent et Antoine Bordallo Labal - Ont participé à la rédaction: N. Barrett Saint-Laurent- A. Bordallo Labal - M. Brémond - C. Calosci - A. Cassiot - C. Lefèvre - F. Naquet - P. Nguyen - G. Oddos - M. Pericard - O. Sabhakdy - S. Tembely - V. Vijayalakshmi- R. Abdou Salama - Commission paritaire : 0708G 83 404 - Prix au numéro par abonnement : 1 € - Abonnement de soutien : à partir de 16 € - Tirage : 80 000 ex. -ISSN : 1761-1024 - Dépôt légal : deuxième trimestre 2007- Conception-réalisation : . Tél. : 01 77 75 65 45 - Imprimeur : Imaye, boulevard Henri-Becquerel, 53000 Laval. Aide et Action, première association française de parrainage pour le développement de l’éducation, est une association libre de toutes attaches religieuses et politiques. Aide et Action est une association reconnue d’utilité publique. Elle est, ainsi, habilitée à recevoir des legs et des donations exempts de tous droits de mutation. Aide et Action est agréée par le ministère de l’Éducation nationale.Pour toute information complémentaire, n’hésitez pas à contacter Aide et Action France (voir adresse ci-dessus) - Tél. : 0155257000 et Aide et Action Suisse - rue des Pâquis, 11 - 1201 Genève, Suisse - Tél. : +41 22 716 52 10 - Fax : +41 22 716 52 11.Les coûts de réalisation, d’impression et de diffusion du magazine, sans cesse optimisés, sont intégralement pris en charge dans l’abonnement des parrains et donateurs d’Aide et Action. En application de la loi du 06/01/1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification ou de suppression pour les informations vous concernant en vous adressant à notre association.

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Mobilisation mondiale pour

4 AIDE ET ACTION - NUMÉRO 103

La Campagne mondiale pour l’éducation a lancé sa mobilisation sur le thème : « l’éducation, un droit humain ».Du 23 au 29 avril, la Semaine mondiale d’action a réuni des milliers de personnes fermement engagées à rappelerà leurs dirigeants de placer la cause de l’éducation au premier plan des politiques. Éventail de mobilisations…

Une grande chaîne humaine réalisée par le collègeGambetta de Carentan (50).

À l’occasion du lancement de la Semaine mondialed’action, des centaines d’élèves et de membresde la société civile ont défilé pour la défense dudroit à une éducation de qualité, à Hyderabad(Andhra Pradesh).

Remise du «grand dossier» écrit par la Coalition de lasociété civile pour l’Éducation pour tous auprès d’unconseiller du ministère de l’Éducation. Ce «grand dossier»fait la revue des problèmes liés au droit à l’éducation auMali et interpelle directement les décideurs.

En Allemagne…

AU Mali…

Au Vietnam…

En France…

En Inde…

La Semaine mondiale d’action s’est clôturée auVietnam par un grand meeting. 400 enfants défavorisés(enfants handicapés, enfants des rues, enfantstravailleurs, atteints du virus du SIDA) étaientprésents, donnant une acuité particulière au discoursdu ministre quand, avec les organisationsinternationales, il a réaffirmé l’engagement duVietnam pour l’Éducation pour tous.

Retrouvez toutes les dernières informations sur www.aide-et-action.org/ensemble

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 103 5

un droit humain : l’éducation

Au Cambodge…

Des étudiants de Dajabon à la frontière dominico-haïtienne mobilisés pourdéfendre le droit à l’éducation.

Tous mobilisés, les enfants de l’école de Bat Deung (province de Kampong Speu) forment une chaîne humaine.

Bouquet final à Berlin, quelques jours avant le G8, pour la remise de centaines de milliers de figurines.

En République dominicaine…

Devant des milliers d’élèves et à l’attention du ministre del’Éducation nationale Ousmane Samba Mamadou présent lors del’événement, des étudiants se passent de main en main leursrevendications pour améliorer l’éducation au Niger.

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Au Niger…

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Mobilisez-vous !

6 AIDE ET ACTION - NUMÉRO 103

Il est aujourd’hui terminé:retrouvez les gagnants surwww.aide-et-action.org et leurs productions dans le prochainmagazine junior en septembre.

«L’éducation, c’est quoi?» est une opération globale qui a débuté au mois d’avril 2007pour une durée d’un an. Organisée en partenariat avec Les Petits Citoyens, elle estoriginale de par la diversité de ses déclinaisons: forum participatif, concours enfants,concert, clips, BD. Un seul but: construire une définition de l’éducation. Rendez-vous sur www.lespetitsblogs.com/education

« L’éducation, c’est quoi? », une mobilisation en quelques dates

C’est une association qui proposeaux enfants de 7 à 11 ans et aux écoles un concept innovantet ludique d’apprentissage de la citoyenneté et des droits des enfants.Pour en savoir plus :www.lespetitscitoyens.com

Qui sont Les Petits Citoyens?

Le concours enfants

« L’éducation, c’est quoi?»

Forum: donnez votre définition!

Pour Aide et Action et Les Petits Citoyensl’idée est de lancer une réflexion commune:quelle éducation voulons-nous ? De quoiparle-t-on quand on parle d’éducation?

Artiste engagé pour la jeunesse commeHenri Dès ou spécialiste des questionséducatives comme Philippe Merieu, plu-sieurs personnalités ont exprimé leurvision, leurs attentes et leurs craintes.

La définition proposée par Aide et ActionCertains sont plus sensibles à l’aspect civi-que, d’autres plutôt attachés à la transmissiondes valeurs, attentifs au rôle de la famille.Il n’y a pas de « bonne » réponse, et c’estbien l’idée qui fonde ce forum. En précisantce que vous attendez d’un apprentissagescolaire ou les idées que vous êtes prêt(e) àdéfendre et à relayer pour vos enfants etpetits-enfants, vous contribuerez à alimen-ter le débat et enrichir la définition dumot « éducation ».Bien sûr, Aide et Action a participé audémarrage du forum en donnant sa propre

Un forum a été ouvert le 23 avril, jour de lancement de la Semaine mondiale d’actionpour l’éducation. Il permet à tous de s’exprimer et s’interroger sur sa conceptionde l’éducation et les enjeux que soulève cette définition.

Henry Dès fait partiedes personnalités qui ont déjà donnéleur définition de l’éducation.

• Juillet : résultats du concours enfants,disponibles sur le site d’Aide et Actionet sur celui des Petits Citoyens

• Septembre : sortie du magazine junior spécial «L’éducation pour toi,c’est quoi ?»

• Vacances de la Toussaint :mission terrain pour les 6 gagnants du concours

• 18 novembre: concert pour les enfants au Bataclan

• 20 novembre : Journée mondiale des droits de l’enfant

• Fin novembre : sortie de la bandedessinée Les Petits Citoyens en Moutonnie

• Avril 2008 : diffusion publique de clips humoristiques «L’éducation, c’est quoi ?»

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définition: «L’éducation, c’est à la fois undroit fondamental et la première des riches-ses, pour l’individu comme pour la société.L’éducation est aussi une responsabilitéque nous partageons tous. Familles etécoles, institutions et citoyens, enseignantset élèves… l’éducation est l’affaire de tous.À nous d’agir, ensemble et partout, pourque l’éducation change le monde!».À vous de jouer !

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Les minorités culturelles représentent plus de 300 mil-lions de personnes et 6 000 langues et culturesdans le monde. Pourtant, la plupart des modèlesde développement oublient de prendre en comptecette diversité. L’éducation, dans ce contexte, aun rôle primordial : elle peut autant conserver lesspécificités de chacun comme participer à leurdestruction. Quels sont les modèles qui pourrontpermettre d’atteindre l’équilibre entre repli identitaireet assimilation forcée ? Présentation de quelquesréalités et avancées « terrain » autour de cettequestion…

L’éducation, un enjeu primordial pour les minorités culturellesL’éducation, un enjeu primordial pour les minorités culturelles

L’éducation face à la diversité des cultures p. 8-10

Et si l’éducation se choisissait ? p. 11-13

L’œil d’un Dogon sur l’avenir de sa culture p. 14-15

Les États face à leurs minorités p. 16-17

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«Nous enseignons à nos enfantsce que nous connaissons etqui nous fait vivre ici ». Cette

phrase, prononcée par un Dogon du Mali,résume assez bien la problématique : sadéfinition de l’éducation ne prend encompte que son milieu et exclut de faitle reste du monde. Le sujet n’est pasanodin. Avec 300 millions de personnesconcernées, 6 000 langues et cultures,l’enjeu éducatif est de taille pour certainesminorités et pour tous ceux qui militenten faveur de l’Éducation pour tous.La vulnérabilité des sociétés dont lesmembres n’ont pas accès à l’éducationn’est plus à démontrer. En général, lesdéfis auxquels elles doivent faire facesont les mêmes : des conditions sani-taires difficiles, un environnement souventingrat et une extrême pauvreté. Cons-cients de ces réalités, les États adoptent

diverses attitudes vis-à-vis de ces popu-lations. Il peut s’agir d’une volontéclairement revendiquée d’assimilation,prônant le développement nationalface à la mondialisation. C’est le cas duVietnam, prioritairement préoccupé parl’urgence de scolariser ces minorités surle même modèle. D’autres ont unevolonté affichée d’intégration et ont

davantage développé l’accès à une écoleplus adaptée aux cultures des enfants.L’Inde, par exemple, est déjà bien avancéedans l’adaptation des enseignements enlangue locale. Les États adoptent alorsdes politiques spécifiques ou appellentdes ONG à travailler en ce sens avec eux.

Des textes internationauxdifficiles à adopter

Vouloir protéger une culture vient de lapeur de sa disparition, par des chan-gements dans les coutumes, la société,les langues, les arts, la pensée, l’éco-nomie, résultant du contact avec uneculture différente et dominatrice. Ce sonten partie ces risques qui ont poussé à larédaction d’une Déclaration des Nationsunies sur les droits des populationsautochtones. Les difficultés liées au

L’éducation faceà la diversité des cultures

Pour des raisons historiques, des peuples sont minoritaires sur les territoires d’États auxquels ils ne se sententpas forcément liés. Ces «minorités culturelles», sédentaires pour la plupart, encore nomades pour d’autres,sont souvent exclues de l’éducation ou condamnées à une éducation pensée sans eux.

DOSSIER L’éducation, un enjeu primordial

pour les minorités culturellesP

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Autochtones, indigènes, minorités… des noms contestésLa question de l’éducation des « communautés socioculturelles spécifiques » reste aujourd’hui très politique. Jusquedans sa définition, impossible de dégager une dénomination commune. Les différents États et les peuples eux-mêmes adoptent leurs définitions en fonction de contextes particuliers. On parle de «communautés socioculturelles»,

« minorités ethniques », « peuples tribaux », « aborigènes » ou « indigènes »…C’est la notion de « peuples autochtones » qui a été retenue par les grandstextes internationaux (l’ONU et l’Organisation internationale du travail), sanspour autant faire l’unanimité. Celle de « peuples indigènes » est victime, enfrançais (et contrairement à l’anglais « indigenous»), de sa connotation péjorative.En Afrique, le terme de « minorité » renvoie à des images de violence et deconflit : on lui préférera celui de « communauté socioculturelle »…

Quel que soit le mot choisi, sa définition reste floue. On peut considérer qu’elledépend de plusieurs critères : l’antériorité s’agissant de l’occupation et del’utilisation d’un territoire donné ; le maintien volontaire d’un particularismeculturel ; le sentiment d’appartenance à un groupe et la reconnaissance en tantque collectivité distincte ; le fait d’avoir été soumis, marginalisé, dépossédé,exclu ou victime de discrimination, que cela soit ou non encore le cas.

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Des enfants issus de minorités culturelles au Vietnam.

L’école peut-elle et doit-elle prendre en compte les spécificités culturelles de chacun ?

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vocabulaire sont nombreuses (voir encadrép.8) et se traduisent par une lenteur desdébats pour l’adoptionde cette déclaration.Le projet a été lancéil y a plus de vingt ans(voir encadré p.10).Si ce texte constitueraprobablement unebelle avancée, d’autres instruments existentdéjà. Certains sont d’ailleurs plus con-traignants pour les États que cette futuredéclaration, comme la Convention n°169de l’Organisation internationale du travail.Proclamée en 1989, elle n’a recueilli qu’unevingtaine de signatures pour l’instant.

Face aux grands principes qu’affirmentces textes internationaux, l’accès à

l’éducation se révèle être unpuissant outil pour romprel’isolement, extrêmement difficileà assumer au XXIe siècle, de cespopulations et pour défendreleurs droits, leurs savoirs et

leur culture.

Entre l’impasse culturelle et le spectre de l’assimilation

L’éducation n’est pas seulement l’affairede l’école. Chaque peuple possède uneculture qui se transmet, faite de traditions,de pratiques, de croyances et de méthodes

d’enseignement qui passent souvent parl’oralité. « Vers 10-15 ans les jeunesadolescents savent “tout faire”. Ils saventse tirer d’affaire, moralement et physi-quement, et sauront survivre dans leurmilieu. Ils ont les bases pour sauver leuridentité », explique Jean-Patrick Razon,directeur de Survival, au sujet d’habitantsde l’Amazonie. Surgit une questionessentielle : leur « milieu » peut-il de nosjours rester réellement isolé du reste dumonde ? À l’heure de la mondialisation,comment préserver la richesse de cescultures quand il est inévitable que cespeuples rencontrent et côtoient lasociété dominante des États dans

PequotTartares

Inuit

Bishnoi

Karenni

Amungme

Dayak Penan

Tolo

Aborigènes (290 000)

Maoris (290 000)

Samis (80 000)

U’wa

Yanomami

Dogon

Massaï

San

nomades (8 millions)

Quechua

Nahua

Iroquois

Groupe de Knife River

Amérique du Nord 1,5 million

Mexique et Amérique centrale 13 millions

Amérique latine 18,5 millions

Asie de l’Est 67 millions

Asie du Sud 51 millions

Asie du Sud-Est 30 millions

Afrique de l’Ouest

Russie (1 million)

Pacifique 1,5 million

San et Basarwa (100 000)Afrique du Sud

nomades (6 millions)Afrique de l’Est

Pygmée (250 000)Afrique centrale

Oglala Lakota

Anasazi

Inuit (150 000)

Les peuples minoritaires dans le monde«Nombre de pays en développement sont de véritablesmosaïques culturelles. Or, la plupart des systèmes éducatifsprônent l’intégration au modèle national, niant l’identitéculturelle des groupes autochtones. Le rôle d’Aide etAction consiste à faciliter l’intégration de ces populationspar la valorisation et la reconnaissance de leur culturecomme socle de développement.» Extrait du Grand Livredes deuxièmes États Généraux, Aide et Action.

32 %

30 %19 %

15 %

2

Asie

Europe

Amérique

Pacifique

Afrique

%

Répartition géographique des langues parlées à travers le monde

d’entre elles pourraientdisparaître au cours du prochain siècle.

90%des langues sont considérées commeautochtones (UNESCO).

85%

On estime entre 6000 et 8000 le nombre des langues parléesdans le monde.

Peuples autochtones du monde 300000000 (2)

Populations tribales du monde 150463000 (3)

Groupes autochtones distincts 5000 (2)

Estimation du nombre degroupes tribaux n’ayant aucuncontact avec le reste du monde 70 (2)

(1) Chiffre ONU pour 2003. (2) Fonds international pourle développement agricole. (3) Survival International.

6301463000(1)population mondiale

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 103 9

« La vulnérabilité dessociétés dont les membres

n’ont pas accès à l’éducation n’est plus

à démontrer »

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10 AIDE ET ACTION - NUMÉRO 103

DOSSIER L’éducation, un enjeu primordial

pour les minorités culturelles

lesquels ils vivent. En faisant le pari que l’éducation pourraitcontribuer à la survie de ces peuples, une deuxièmeinterrogation doit être envisagée : comment mettre en placel’accès à l’éducation et les enseignements pertinents pources enfants, afin qu’ils puissent s’intégrer sans perdre leurculture d’origine ? Les principaux obstacles restent de l’ordrede l’histoire et d’une certaine méfiance des parents vis-à-visd’un peuple qui les a colonisés, qui a tenté de réduire leurculture. Quel que soit le degré de méfiance, il peut néanmoinsêtre diminué si l’école proposée se montre compatible avecles spécificités culturelles.Certains peuples se plient parfois à une scolarité inadaptée,la culture restant du domaine de la sphère privée. Il s’agitdonc pour Aide et Action de mettre en place les conditionsd’un dialogue nécessaire, en répondant à la demande éducativedans le respect des cultures de chacun. C’est le principe mêmeexprimé dans la charte de l’association (voir ci-dessous). Caril est clair que la supériorité d’une éducation en lien avec laculture locale et dans la langue maternelle n’est plus à prouver.Reste à chercher, dans chaque contexte, les meilleurscompromis possibles. ■

25 ans de débats, peut-êtrela fin d’une polémique

Il existe plusieurs textes concernant les droits des minorités.Le plus abouti sera très certainement la Déclaration desNations unies sur les droits des populations autochtones,quand elle sera adoptée. Et cette précision prend toutson sens quand on pense aux 25 années de discussions,de pourparlers et d’épiques négociations qui ont éténécessaires à son écriture. Aujourd’hui, en 2007, letexte n’est toujours pas adopté et reste le sujet demultiples polémiques.En 1985 un groupe de travail, nommé Sous-commissionde la lutte contre les mesures discriminatoires et laprotection des minorités (devenue par la suite la Sous-commission de la promotion et de la protection des droitsde l’homme), était chargé de l’élaboration d’un projet dedéclaration. Depuis, la déclaration se rédige et s’adopteau gré de groupes de travail réunis régulièrement au siègedes Nations unies.L’objectif à atteindre était l’adoption du texte pour la finde la Décennie internationale des populations autochtones,en 2004. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Ennovembre 2004, la tension était telle que six déléguésdes peuples autochtones ont entamé une grève de la faimà l’intérieur du Palais des Nations, à Genève.Aujourd’hui, en 2007, la deuxième Décennie vient d’êtreproclamée et reste le sujet de multiples polémiques.Prochaine date « charnière » : septembre 2007, quidevrait voir le texte adopté par l’Assemblée généraledes Nations unies…

Ouverture de la sixième session de l’Instance permanente sur les questionsautochtones au siège de l’ONU, à New York.

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AIDE ET ACTION - NUMÉRO 103 11

Loin des textes internationaux, les peuples minoritaires vivent la réalité éducative au quotidien. Chacun est confronté à des problématiques différentes et chacun y répond à sa manière. Au Mali ou en Inde, les solutions sont à portée de main.

Comme chaque enfant malien, lesDogons sont incités à suivre l’écoleclassique qui correspond au modèle

national. Pourtant, les communes du paysdogon ont les taux de scolarisation lesplus bas du pays. Si l’accès à l’école n’estpas un problème (les bâtiments existentet les enseignants sont là), commentexpliquer alors sa faible fréquentation ?Certes, elle est devenue l’espace essentielde transmission de savoir, mais la naturede ce savoir est différente pour chaquepeuple. Les Dogons n’y font pas exception.

Loin de se reconnaître dans cette «écolefrançaise » qui ignore leurs valeurs etleurs connaissances, ils ont tendance às’en désintéresser. Pourtant, les loisgouvernementales prévoient que 30 %des programmes scolaires doiventconcerner les spécificités locales danschaque communauté. Aide et Action Mali a donc décidé detravailler avec ces communautés à traversla valorisation de leurs savoirs locaux. Lebut ultime : rapprocher l’école de sonmilieu. Depuis 5 mois, l’association

travaille avec une communauté dogonpour définir les caractéristiques d’uneécole adaptée à leurs attentes. Au commencement de la démarche,chacun a pris conscience de la situationinsatisfaisante que les enfants vivaientà l’école, pour en faire un diagnostic.Des questionnements fondamentauxont alors émergé entre les villageois :si mon enfant ne va pas à l’école,pourquoi ? Si tel autre l’a quittée,pourquoi ? Et si la fille de mon voisin yva toujours, pourquoi ? Toutes lesréponses rassemblées ont permisd’identifier les impressions et les conclu-sions communes de la société dogonvis-à-vis de cette école classique.

Pas de place pour les savoirslocaux à l’école

Ce bilan a fait apparaître des facteurs nonnégligeables de la non-scolarisation : lessécheresses récurrentes, l’insécuritéalimentaire, le mariage précoce des filles.Pour autant, il est maintenant admis par laplupart que ce faible taux s’expliqueégalement par l’inadaptation de l’écoleaux référentiels culturels et aux besoinsdes communautés dogons. La langue elle-même est déjà un sujet de débat: le paysdogon, connu pour sa diversité linguis-tique, possède de nombreux dialectes,très différents puisque certains Dogonsne se comprennent pas entre eux.

Mali : un village dogon à la recherche d’une école

Depuis quelques mois, Aide et Action travaille en pays dogon, au Mali. Un constat : la plupart desenfants dogons sont déscolarisés parce qu’ils ne partagent aucune valeur de l’école nationale. Que faire? Transformer l’école en «école de la communauté» est le moyen le plus sûr d’y faire revenirles enfants. Tel est le défi qu’Aide et Action et les villageois dogons veulent relever.

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Et si l’éducationse choisissait ?

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En pays dogon, on l’appelle « l’école française » : des tables-bancs et un tableau noir dans une salle de classe…À quoi pourrait ressembler « l’école dogon » ?

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DOSSIER L’éducation, un enjeu primordial

pour les minorités culturelles

Pourtant, une seule langue a été retenuepour enseigner à ces enfants ! Mais lediagnostic des villageois porte surtoutsur un problème de contenu des en-seignements. Les « éducateurs auto-chtones » ne sont pas impliqués dansl’école formelle. De facto, les spécificitésculturelles et les savoirs de la communauténe sont pas pris en considération par lemodèle «occidental» de l’école. L’une desconséquences les plus insidieuses etpréjudiciables, pour ces enfants qui suiventune scolarité inadaptée aux attentes deleur communauté, est qu’ils ne trouventplus leur place au sein de cette dernière.« Nous constatons que les enfants quin’ont jamais été à l’école valent mieux

que ceux qui l’ont quittée en cours deroute, sur tous les plans. Parce que cesderniers n’ont pas eu lachance d’apprendre auxcôtés de leurs parentset maintenant qu’ils ontéchoué à l’école, ils nesavent rien faire, ne con-naissent rien d’utile. Ce sontces déscolarisés qui partent en exode»,nous explique un villageois.

Quelles valeurs voulons-noustransmettre à nos enfants?

À partir du diagnostic des villageois dogonssur l’école nationale, Aide et Action a lancél’étape 2 : confronter leur perception de

l’école actuelle avec les fondements dela culture dogon. Quelles valeurs et

connaissances voulons-noustransmettre à nos enfants?Comment gérer cette trans-mission? Toujours sur le mode dudialogue, les villageois ont

expliqué que l’éducationtraditionnelle chez les Dogons est baséesur l’initiation. Au travers d’expériences,les enfants assimilent les valeurs et lesconnaissances de leur société pour vivresans difficulté dans leur environnement.Respect et savoirs sont inhérents à laculture dogon. Ils peuvent être apprisauprès d’un sage ou d’une personne

Les Jenu Kuruba, tribu marginalisée du sud de l’Inde, rejettent lesécoles gouvernementales qui ignorent leur langue et leur culture.L’ONG DEED, partenaire d’Aide et Action, tente de rescolariser lesenfants de cette tribu. Explications de Sharada, coordinatricespécialisée sur les questions éducatives de DEED. DEED travailleavec la tribu des Jenu Kuruba dans l’État du Karnataka (Inde).

Aide et Action : Quelle est aujourd’hui la situation éducative de cette tribu ?Sharada : Environ 100000 Jenu Kuruba vivent à la lisière des forêts de trois États du sudde l’Inde (Karnataka, Kerala et Tamil Nadu). La politique d’expansion des parcs nationauxdans les années 70 les a dépossédés de leur environnement naturel : la forêt. Aujourd’hui,leur taux de scolarisation est extrêmement faible. Ceci s’explique par un désintérêt totalde l’instruction dispensée dans les écoles gouvernementales. Leurs codes sociauxreflètent une vie proche de la nature et ils sont de fait peu réceptifs à une éducationdéconnectée du milieu naturel. Les professeurs qui les accueillent dans les écolesn’ont aucune connaissance de leur culture et de leur expérience tribale. Ils ne parlentd’ailleurs même pas leur langue !

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AEA: Que faites-vous pour donner envie aux parents Jenu Kuruba d’envoyer leurs enfantsà l’école et aux enfants d’y rester ?Sharada : Notre objectif fondamental est de rapprocher l’école du contexte dans lequelvivent les « apprenants ». L’éducation doit être la propriété de la communauté. Nous avonscréé il y a quelques années un livre d’apprentissage le Jenunudi Kaliyaku, écrit dans leur propredialecte. Les enfants n’ont donc plus de soucis de compréhension, ils peuvent facilementle lire. Mais au-delà des questions de langues, nous avons voulu construire un livre basésur la culture tribale des Jenu Kuruba. Les leçons incluent les légendes, les festivals,l’environnement et la vie quotidienne jenu. Ce livre a sans conteste un impact positif surles enfants. Ils apprennent plus vite et nous nous réjouissons de les voir de plus en plusnombreux intégrer ou réintégrer l’école.

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Inde : la tribu de la forêt

«C’est une obligation pourles enfants d’apprendreleurs valeurs culturelles,sinon ils seront perdus

à jamais »

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(suite de l’article après le cahier bilan)

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instruite sous le « togouna» (1). «Autrefois,les enfants se réunissaient chez un vieuxou une vieille pour apprendre leurs savoirs»,se rappelle un homme. Les détenteurs

de savoirs locaux ont aussi parlé desconnaissances qu’ils détiennent et qu’ilssont prêts à mettre au service des enfants.Un griot (2), par exemple, s’est proposépour transmettre l’art de la négociation etde la médiation et un guérisseur a souhaitépartager sa connaissance des plantes.

Un pont entre culture et éducation

Au terme de ce travail, la communautécherche à rapprocher l’école de la culturedogon. Elle veut désormais imaginer uneécole qui doit à la fois s’ouvrir sur l’extérieuret être fortement ancrée dans son milieu.Car les villageois ont réalisé que lesdeux formes d’éducation ne peuvents’exclure. Et il serait irréaliste de croirequ’un retour à des pratiques ancestralespuisse aider ces enfants, ce n’est toutsimplement pas possible dans le contexteactuel de mondialisation des échanges.L’objectif est donc bien de construire uneéducation qui concilie deux approchesforcément complémentaires : la mise envaleur de la culture locale et l’ouverturevers les autres cultures.Les villageois sont prêts à aborder latroisième étape et imaginer des alter-natives pour construire une école qui leurappartienne. Jusque-là, ils ne voyaient pasce qu’ils pouvaient apporter à l’institution« école ». Aujourd’hui, grâce aux savoirslocaux, ils deviennent légitimes dans ladéfinition de l’école et fiers de l’être. Cetteultime phase concrétise l’ensemble dela démarche d’Aide et Action : permettreaux villageois de redéfinir leur école. Unimpératif pour les Dogons, comme lesouligne l’un d’entre eux : « C’est uneobligation pour les enfants d’apprendreleurs valeurs culturelles, sinon ils serontperdus à jamais ». Le message est clair,la transmission des savoirs locaux ne doitpas se perdre. L’école doit en être garanteet c’est à cette seule condition que lesDogons y enverront leurs enfants. ■

(1) Le «togouna» est une «maison à paroles» où le savoirest échangé chez les Dogons.(2) Le griot est un dépositaire de la tradition orale enAfrique de l’Ouest.

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Les femmes ont été sensibilisées pour tenter de rapprocher l’école de leur culture dogon.

Tanzanie : «Un enfant qui va à l’école ne peut pas être un bon berger»L’école est quelquefois perçue par lesparents comme une contrainte, car ellese substitue à une éducation propre,indispensable. Les bergers massaï sefont l’écho de cette crainte :« Un enfant qui va à l’école ne peut pasêtre un bon berger. S’il aime les bêtes, ils’occupera bien du troupeau, mais celan’empêche pas qu’il n’aura jamais toutesles connaissances que peut avoir unenfant qui s’en occupe quotidiennement.Celui qui va à l’école ne peut pas acquérirtout le savoir pastoral pour deux raisons.Premièrement parce qu’il n’a pas assezd’expérience même s’il s’occupe du bétailquand il n’est pas à l’école, et deuxiè-mement, parce que sa tête est occupéepar deux choses à la fois : le savoir del’école et celui du pastoralisme. »

«Repenser l’école - Témoignages et expé-riences éducatives en milieu autochtone»,collection Ethnies, n°22-23, 1997-1998.

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Chez les Massaï, l’apprentissage est fondé sur des savoir-faire, le plus souvent liés au pastoralisme.

▲ Attention: nous vous rappelons qu’aucun parrainage n’est disponible pour le Mali.

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Parce qu’il sait jongler entre les cultures, M. Denis Dougnon est devenu un acteur moteurdans la préservation de sa culture dogon. Il cherche à promouvoir une éducation à la foisrespectueuse des cultures et orientée vers l’extérieur. Entretien avec un passionné.

DOSSIER L’éducation, un enjeu primordial

pour les minorités culturelles

Aide et Action : Pouvez-vous expliquervotre parcours?Denis Dougnon : J’ai commencé l’écoleen pays dogon, pendant la colonisation.Le Mali n’avait pas encore pris sonindépendance et l’école primaire étaitadministrée par la mission catholique.Nos instituteurs étaient français. Après lasixième année, je suis venu à Bamakopasser un bac en lettres classiques puisune maîtrise de psychologie et pédagogie.Depuis, j’enseigne. Parallèlement, j’ai reçude ma famille une éducation dogon, jesuis totalement dogon ! Et si je vis àBamako, à 1000 km d’eux, j’y retournetous les trimestres. C’est un très grandprestige pour moi : être avec son ethnie,être dans sa culture, même à distance.

J’ai longtemps été directeur de l’alpha-bétisation au Mali, je m’occupais desquestions de stra-tég ie éducat iverégionale. Notreidée était que l’édu-cation ne pouvaitpas être donnée àtous les enfants dupays de la même manière.

AEA: En matière d’éducation, commentles spécificités de la culture dogonpourraient-elles s’intégrer dans uneéducation ouverte sur le monde?D.D. : Pour les Dogons, l’objectif ultimed’une éducation est d’assurer la repro-duction sociale et morale. Un enfant

dogon est l’enfant de sa famille, maisaussi de la collectivité. L’éducation se

transmet donc de père en fils, demère en fille, mais aussi de lacommunauté envers l’enfant.Chacun connaît son rôle d’édu-cateur. Et pour se faire, la paroleest considérée comme la seule

voie d’accès au savoir. Tout Dogondoit la maîtriser. Il existe des lieux d’apprentissage decette parole, comme le « togouna » (voirphoto p. 15). C’est un hangar où chacunpeut venir s’asseoir et discuter. C’est unlieu de délibération, de jugement, on ytraite de la culture, de nos origines, denotre histoire… C’est un lieu permanentd’échanges.

Denis Dougnon est professeur à l’université de Bamako, au Mali, et chercheuren sciences sociales. Ses travaux portent notamment sur les questions éducatives.

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« La parole est considéréecomme la seule voied’accès au savoir »

Au-delà du cercle familial, l’éducation, chez les Dogons, se transmet de l’ensemble de la communauté vers l’enfant.

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L’œil d’un Dogonsur l’avenir de sa culture

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L’exemple a également chez nous unegrande valeur. À l’âge de 5 ou 6 ans, unenfant doit savoir labourer un champ,faucher l’herbe, garder les animaux; il fautqu’il apprenne à construire une maison,fabriquer des ustensiles, etc. Il apprendpar l’action, l’exemple concret. On pourraitdire qu’il s’agit de travail des enfants, maischez nous, c’est de la socialisation.Tout cela est différent de l’instruction. Demon point de vue, l’instruction, commeelle se conçoit dans la culture occidentale,c’est presque un apprentissage deconnaissances instrumentales. Mais cheznous l’action et la parole apprennent à« savoir être ».

AEA: Entre les deux extrêmes que sontl’isolement et la destruction d’une cul-ture, doit-on choisir ?D.D. : Nous craignonsl’intrusion de la cultureoccidentale. L’apprentis-sage chez les Dogons neconnaît pas la notiond’échec. Quand les en-fants apprennent le savoir,personne ne souffre. Il n’y a ni premier, nidernier. Chacun apprend à son rythme.Dans la culture occidentale il y a desconsidérations normatives par rapport auxéchecs ou aux réussites particulières. Bien sûr il existe des invariants péda-gogiques indispensables pour dialogueravec les autres comme la lecture, lesrègles de calculs… Les jeunes Dogonsdoivent maîtriser ces savoirs, mais lescontenus de la formation peuvent être

adaptés à leur culture, pour qu’eux aussis’y retrouvent. Nous parlions des curri-culums: chaque enseignant doit adapterleur contenu. En histoire, il doit parler des

grands hommes qui ont vécudans le terroir. Moi j’ai dûapprendre l’histoire de France!En géographie, les enfantsdoivent apprendre les coursd’eau, les puits, la végétation

autochtone. Il ne s’agit pasd’apprendre qui était Napoléon Bonaparte,mais de créer un enseignement qui nousconcerne, un apprentissage qui aille dansle sens du savoir que nous souhaitonsdonner à nos enfants.

AEA : Votre éducation et votre doubleculture vous permettent aujourd’hui d’agirpour préserver votre culture. Quel avenirvoyez-vous pour la culture dogon?D.D.: Notre association «Pour la protection

et la promotion de la culture dogon» veilleaux intrusions inacceptables. Depuis quela société dogon a été ouverte à l’exté-rieur, nous tentons de préserver nosvaleurs morales et l’identité dogon desméfaits du tourisme. Il y a deux ans, j’ai rencontré les Saamis,un peuple autochtone de Norvège. Cesgens ressemblent bien aux Dogons. Ilsont réussi grâce au lobbying à conserverleur identité. Ils ont un Parlement, desécoles, leur langue… Nous avons donccréé un lobby dogon, pour que notreculture ne soit pas réduite au folkloreet pour qu’on ne vole pas notre culture.Et avant tout, nous voulons protégernos biens. Nous allons donc créer desmusées autochtones, pour que desgens puissent venir voir nos objets,puissent admirer nos masques, ouétudier notre art, mais qu’ils ne puissentjamais les emporter. ■

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BD: Corto Maltese. Les Éthiopiques, Hugo Pratt, éd. Casterman. Zoulouland, G. Ramaïoli, éd. Soleil.Le Lama blanc, Jodorowsky-Bess, Les Humanoïdes Associés.

Légendes: La Mythologie dogon, C. Helft et F. Rébéna, coll. Les Naissances du monde, éd. Actes Sud Junior 2006.

Films: Mission, Roland Joffé, 1986.Les dieux sont tombés sur la tête, Jamie Uys, 1981.

Littérature scientifique: Repenser l’école - Témoignages et expériences éducatives en milieu autochtone,collection Ethnies, n°22-23, 1997-1998.Premières nations - Un avenir pour les peuples autochtones, J. Burger et D. Mitterrand, éd. Anako, 2000.

Pour une bibliographie plus complète et des résumés des documents, rendez-vous sur le site :http://danslapeaudunpapou.survivalfrance.org

Petite médiathèque autochtone

« Il ne s’agit pasd’apprendre qui était

Napoléon Bonaparte, maisde créer un enseignement

qui nous concerne»

Sous le « togouna », les Dogons se réunissent pour débattre des affaires du village.

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Pour écrire des lettres et signer des pétitions, visitez le site Survival : www.survivalfrance.org ou le site d’AmnestyInternational : http://efai.amnesty.org

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Les Étatsface à leurs minorités

Chaque État choisit sa politique éducative par rapport aux populations vivant sur son territoire. Dans le casde pays homogènes, unifiés depuis de longues années, la question ne provoque pas souvent de polémique.À l’inverse, certains États dont l’unité est récente sont quotidiennement confrontés à l’adaptation pour tousd’une politique globale. Exemples au Vietnam et en Inde.

DOSSIER L’éducation, un enjeu primordial

pour les minorités culturelles

Aide et Action : Qu’observez-vous en cequi concerne l’éducation à destinationdes enfants des minorités ?Tran Kim Thuan : Depuis plusieursannées, l’État apporte son soutien auxenfants des zones démunies. Lesinfrastructures pour leur éducation sesont nettement améliorées. Le réseaudes écoles couvre la majorité des zonesenclavées. Plus de 90% des enfantsdes minorités sont scolarisés à l’âgelégal. La longévité scolaire est plusimportante. Pourtant, comparée au niveaunational, la qualité de l’éducation pourles enfants des minorités reste faible.

AEA: Le Vietnam a demandé l’appui desorganisations internationales et des ONGen complémentarité des programmesinstitutionnels. Comment s’articulent cespartenariats?T.K.T. : Le plaidoyer est un des objectifsdes ONG. Quelques-unes ont réussi dansce domaine et sur différentes échelles. Ily a dix ans, l’ONG Radda Barnen (Save thechildren Suède) a initié l’éducation inclusive (1).Il s’agissait d’une thématique nouvelle quia provoqué des controverses. Mais, avecpatience, ce projet a été mis en place dansplusieurs provinces. À force d’organiserdes colloques, des ateliers, l’éducationinclusive est reconnue et devenue unepolitique de l’État. Les propositions deprojets de la part des ONG font désor-mais partie de la politique éducative :

transfert des enseignants, évaluation desenseignants basée sur la qualité du travaildes élèves, etc.

AEA : À quels freins se heurte l’actionde l’État ?T.K.T. : La difficulté ne vient pas du man-que de politique mais de son application.Les enfants, souvent originaires defamilles pauvres, doivent travailler pouraider leur famille. En plus, les débouchésde l’éducation dans ces zones sontencore limités. Le climat est difficile, lecontenu du curriculum n’est pas encoreadapté. Il n’y a pas assez d’écoles pourle secondaire et des élèves sont obli-gés d’entrer dans des internats, dont laqualité de prise en charge n’est pasencore assurée.

La politique de recrutement d’enseignantsautochtones a été mise en place.Pourtant, elle se heurte à la faiblesse dunombre de jeunes issus des minoritésayant fait des études supérieures.

AEA: Quelles sont aujourd’hui les prioritésde l’État vietnamien?T.K.T. : D’après moi, le taux de fréquen-tation n’est pas actuellement un problème,ni le manque d’enseignants, mais c’estla qualité de l’éducation qui doit êtreaméliorée.

Mme Tran Kim Thuan Mme Tran Kim Thuan fait partie du Niesac, l’Institut national de la stratégieet du curriculum. Cet institut est en charge des recherches liées àl’Éducation nationale.

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(1) L’éducation inclusive (parfois appelée éducationintégratrice) est une approche visant à développerdes actions spécifiques répondant aux besoinsspéciaux des personnes/enfants marginalisés et en situation de grande vulnérabilité, par exemple :les enfants handicapés, les enfants des rues mais aussi les populations tribales ou les enfantsdéscolarisés (dont les enfants soldats).

Vietnam : une volonté d’unification

Mme Thuan en visite à l’école primaire de Dien Son.

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«On le voit clairement dans l’interview de notre partenaire,l’État vietnamien a une volonté indéniable d’appuyerla scolarisation des enfants des minorités.Pour autant, un certain nombre de questions restent posées,dont celle de l’apprentissage en langue vietnamienne. Onavance souvent, et de nombreuses études le démontrent, quel’apprentissage de la lecture et de l’écriture dans une languequi n’est pas celle parlée dans sa famille est un frein à unapprentissage de qualité. Mais de nombreuses familles favoriséesdans le monde choisissent de scolariser leurs enfants dansdes écoles anglophones dès le plus jeune âge, tout en parlantune langue différente à la maison. Dans ce cas, l’apprentissageest valorisé par l’ouverture au bilinguisme.Alors pourquoi, dès qu’il s’agit de minorités ou d’enfantspauvres, le débat de la qualité est posé ? Je crois que souscouvert de qualité, il est aussi question de culture. On peuten effet s’interroger sur les phénomènes d’acculturationliés à l’enseignement de la langue dominante. Cettedomination peut être culturelle, économique, sociale,ethnique. Dans tous les cas, la question de la pérennitédes cultures et de leur diversité est posée. Pour nous, àAide et Action, le travail réalisé avec les autoritésvietnamiennes s’inscrit dans leur souhait d’une scolarisationpour tous. Un effort est réalisé, que l’on retrouve dans lesprogrammes, sur la prise en compte des spécificitésculturelles. Parions que cette volonté sera maintenue ettraduite en actes plus concrets. Et plus avant, la possibilité pources enfants de maîtriser la langue nationale permet d’espérerqu’en tant que citoyens vietnamiens à part entière, ils pourrontmaintenir et valoriser leur propre culture. »

Martin Péricard,responsable du développementde la région Asie du Sud-Est. P

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Réaction de

Le 15 août 1947, l’Inde sedéclare république souveraine,laïque et démocratique. SaConstitution, promulguée en1950, a pour objectif justicesociale et égalité des chances.Des mesures concrètes suiventpour tenter d’améliorer lesconditions sociales des couchesles plus défavorisées de lasociété. La loi des quotas de1950, par exemple, prévoitde réserver des sièges auParlement, dans les écoles, les universités, et des emploisdans la fonction publique pour les «castes répertoriées»(scheduled castes) comme les Dalits (1) et de « tribusrépertoriées» (scheduled tribes) comme les Adivasis (2).Que dire aujourd’hui des effets de cette politique globalede « justice sociale» ? Les personnes issues des castes etdes tribus répertoriées bénéficient-elles de meilleuresconditions de vie?

La volonté de justice freinée par les réalités terrains

Plus de 50 ans après, l’inégalité des chances persiste enInde. Pourquoi? Au fil des années, l’expérience « terrain »révèle certains dysfonctionnements et incohérences.Comment un membre d’une caste ou d’une tribu « répertoriée» peut-il siéger au Parlement, y endosser lesresponsabilités du statut, sans avoir eu accès à uneéducation de qualité au préalable? Quand de faibles moyensde communication existent, comment une tribu d’unezone reculée peut-elle s’approprier ces mesures oumême en être informée ?Les ONG, la société civile et les administrations localesrelèvent ces questions. Ils tentent d’unir leurs effortspour faire le pont avec les communautés afin qu’ellesbénéficient enfin de l’esprit qui avait animé la Constitution:égalité des chances et justice sociale.

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(1) « Dalits » signifie « opprimés » en sanscrit. Terme désignant les individusconsidérés comme hors caste, communément appelés « Intouchables ».(2) Les « Adivasis » représentent les aborigènes de l’Inde. Ils forment une minorité de la population du pays et vivent principalement dansles États de l’Orissa, du Bihar, du Jharkhand et dans les États du Nord-Esttels que le Mizoram. Ils sont officiellement reconnus suivant la Constitutionindienne comme « scheduled tribes » (« tribus répertoriées »),

Bien souvent, l’apprentissage au Vietnam se fait en langue vietnamienne,y compris pour les minorités culturelles.

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Inde : justice sociale, retrouver l’esprit de la Constitution

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ACTUALITÉS

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Haïti - République dominicaine :des accords pour la paix et le développement

Aide et Action: Le 15 mars 2007, quatreaccords de coopération bilatérale entreHaïti et la République dominicaine ontété signés en présence des chefs d’Étatdes deux pays. Pouvez-vous nousexpliquer la portée de ces accords ?Nesmy Manigat : Les deux pays sont soustension depuis des décennies. Ces accordsmarquent un pas supplémentaire dans leurdémarche de partenariat pour un déve-loppement commun. La portée de cettesignature n’a pas échappé aux deux chefsd’État, tous deux présents. René Préval(le président d’Haïti, ndlr) a d’ailleurs parléde « nouvelle opportunité » pour refonderles relations entre les deux pays. Et c’est làtoute l’ambition de ces accords : créer unclimat favorable et des outils de décision

pour favoriser la paix et le développementdes deux peuples.

AEA : Quels sont les domaines con-cernés par ces accords?N. M. : Ils traitent tous des questionsd’éducation et de citoyenneté, mais per-mettront de toucher d’autres questionsfondamentales telles l’environnement, leVIH/SIDA, la mortalité infan-tile (dont une des raisons estla mauvaise gestion des eauxde l’île), etc. Il faut savoirque les deux pays possèdent390 kilomètres de frontière et quatregrands cours d’eau en commun. Il y a aujourd’hui près de 500 000 Haï-tiens qui vivent en situation irrégulière

en République dominicaine, ce qui posela question cruciale de la scolarisationde leurs enfants. Le revenu annuel parhabitant d’Haïti est de 480 dollars US,tandis que celui de la République domi-nicaine est de 2 500 dollars US. Cedéséquilibre a toujours créé des tensionset le dialogue est évidemment essentiel.L’éducation à l’environnement, la gestion

des flux migratoires,sont des thèmes clésqui ne peuvent serésoudre que dans laconcertation et sur la

base d’une connaissance objective des réalités. D’où l’importance du rôle des chercheurs universitaires desdeux pays.

Des représentants politiques et les universités d’Haïti et de République dominicaine se sont réunis avec Aide et Action pour signer quatre accords de coopération en matièred’éducation et de jeunesse, le 15 mars dernier. Les deux pays veulent, via l’événement,

refonder leur relation. L’association, à l’initiative de ce rapprochement, soutient leur action commune pour favoriser la paix et le développement.

Éclairage de Nesmy Manigat,directeur d’Aide et Action Amérique latine et Caraïbes.

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«Deux pays sous tensiondepuis des décennies»

Discours de Frédéric Naquet, président d’Aide et Action, en présence de René Préval, président d’Haïti, et Leonel Fernandez, président de la République dominicaine(2e et 3e personne en partant de la gauche).

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AEA: Un premier accord a été signé pardes universités haïtiennes, dominicaineset une canadienne. Comment leur colla-boration va-t-elle s’organiser? N. M. : Ce premier accord consiste enune coopération entre trois universitéshaïtiennes, quatre dominicaines et l’uni-versité Laval du Canada. La premièrerencontre a été initiée et organisée par Aide et Action en vue d’établir unrapprochement entre les deux pays. Unsuccès, puisque l’événement a abouti à lacréation d’un Observatoire scientifiquedes relations haïtiano-dominicaines. Cetobservatoire est chargé de produire et detransmettre des recherches dont les thèmesimpacteront fortement leur développementconjoint. Je pense notamment à des projetssur la gestion de l’espace transfrontalier,la migration et bien sûr l’éducation. Lesdeux présidents, René Préval et Leonel Fer-nandez, ont salué l’aménagement de cetespace universitaire, dans lequel ils voientla possibilité d’obtenir des outils de déci-sion fondés sur des données scientifiqueset fiables pour guider leurs actions.

AEA : Que pouvez-vous nous dire destrois autres accords?N. M. : Aide et Action et ses partenairesuniversitaires ont facilité le rapprochementdes secteurs éducatifs gouvernementauxd’Haïti et de la République dominicaine.Ainsi, trois autres accords de coopéra-tion en matière d’éducation supérieure,

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d’éducation de base et de jeunesse ont étésignés par les ministres concernés. Ilsvisent à appuyer les initiatives et leséchanges d’expériences qui favorisent uneculture de la paix et un développementharmonieux.

AEA : Y a-t-il une nouvelle rencontreprévue? Quel sera le rôle d’Aide et Action?N. M. : Aide et Action est membre ducomité de suivi de l’accord avec les uni-versités et des rencontres mensuelles decoordination sont prévues. L’associationcontinuera, avec ses partenaires uni-versitaires, à faciliter le rapprochementavec les ministres en appuyant lescommissions chargées des différentsprojets de recherches bi-nationaux. L’undes premiers à être mis en œuvre concernela gestion transfrontalière de l’envi-ronnement dans lequel Aide et Actionpilotera la partie sur l’éducation envi-ronnementale. ■

AIDE ET ACTION - NUMÉRO 103 19

Haïti et la République dominicaine se partagent l’île d’Hispaniola,dans les Caraïbes. Cette coexistence a toujours été marquée pardes moments de tensions et de violences ou d’indifférence. Depuisles 22 ans d’occupation par l’armée haïtienne du territoiredominicain (1821-1844) et le gouvernement de Rafael Trujillo(1930-1961) qui a conduit au massacre de plusieurs milliersd’Haïtiens (10000 à 15000 selon les historiens), des stéréotypeset préjugés subsistent des deux côtés de l’île. Le développement économique inégal des deux pays au cours duXXe siècle a accentué ces tensions en créant un flux migratoired’Haïtiens vers la République dominicaine (environ 500000 selonla Faculté latino-américaine des sciences sociales - FLACSO).Les enfants de ces migrants haïtiens, nés sur le sol dominicain etne pouvant disposer d’un acte de naissance, attendent dessolutions afin de pouvoir prendre le chemin de l’école ou passerleurs examens. Des tensions et conflits nourris par des préjugéscontinuent aujourd’hui encore d’être enregistrés, occasionnantpériodiquement des morts et blessés.

En quelques chiffres

Capitale : Port-au-PrincePopulation: 8,2 millionsEspérance de vie à la naissance: 50 ansTaux de mortalité infantile : 63,2 Taux d’alphabétisme des adultes : 51,9%Taux d’alphabétisme des jeunes (15-24 ans) : 66,2%

Capitale : Saint-DominguePopulation: 8,6 millionsEspérance de vie à la naissance: 68 ansTaux de mortalité infantile : 35,7 Taux d’alphabétisme des adultes : 87,7%Taux d’alphabétisme des jeunes (15-24 ans) : 94%

Chiffres Unesco in Rapport mondial de suivi

de l’Éducation pour tous, 2006.

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EAHaïti - République dominicaine : une histoire de conflits

De jeunes Haïtiens sur le chemin de l’école.

Deux jours par semaine, la frontière est ouverte. Les Haïtiens la traversent pour aller vendre leurs produits.

Haïti

Républiquedominicaine

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EN BREF

Naissance d’Aide et Action en Isère

20 AIDE ET ACTION - NUMÉRO 103

3 questions à Madeleine Reynaud,

présidente d’Aide et Action en Isère.

Aide et Action : 2007 a vu la créationd’Aide et Action en Isère : de quois’agit-il ?Madeleine Reynaud : C’est une asso-ciation locale d’Aide et Action. L’antennebénévole de l’Isère existait depuis 1984.Elle a toujours été très dynamique. Nousmenions énormément d’animations, trèsdiverses (pucier, foire aux livres, festivals,Semaine de la solidarité internationale,etc.). Notre dernière Journée des parrainsa réuni 180 personnes ! L’idée était doncde profiter de cet élan pour permettred’autres débouchés dans la région : entant qu’association locale, aujourd’hui,nous avons un bien meilleur accès auxcollectivités locales par exemple. Nousentamons une phase d’expérimentationqui durera trois ans.

AEA : Quel est son fonctionnement ?M.R.: L’assemblée constituante a eu lieule 6 décembre 2006. Sur le plan juridique,il s’agit d’une association de loi 1901,très liée à Aide et Action : les statuts ensont directement adaptés et tous les donsrécoltés lors de nos diverses mani-festations lui sont versés en intégralité.C’est aussi le conseil d’administration

d’Aide et Action qui évaluera fin 2009l’impact de notre association locale.Les parrainages sont toujours gérés parAide et Action France. Nous avons unconseil d’administration, qui comprend8 personnes, et nous nous appuyons surle réseau bénévole qui est toujours aussiactif. Un plan d’action triennal nouspermet de cibler nos objectifs, de prévoirnos actions et de chiffrer le tout. Celanous donne une bonne visibilité surl’avenir. Et le plan reste révisable en casde nouveaux projets.

AEA : Dorénavant, quels sont vosobjectifs ?M.R. : Nous comptons mobiliser davan-tage grâce à notre nouveau statut.D’ailleurs plusieurs communes ont déjàrépondu à nos courriers. La mairied’Échirolles, par exemple, qui fait de lacoopération décentralisée avec le Bénin,est très intéressée par nos projets. Leconseil général est aussi devenu uninterlocuteur : d’autant plus qu’il inter-vient à Vélingara, au Sénégal, zoned’intervention d’Aide et Action Afrique.D’un point de vue informatif, nouspensons augmenter la fréquence et laqualité de nos échanges avec les parrains.D’ici septembre prochain nous orga-niserons un atelier d’écriture pour lacorrespondance des parrains. Nousparticipons également à l’élaboration duprojet « Rhône, fleuve régional », quiproposera en 2008 des manifestationstout au long du fleuve. Nous avons déjàprévu de faire de la sensibilisation auxthématiques d’Aide et Action, notammenten milieu scolaire.

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Deux bénévoles de l’équipe d’Isère lors du pucier de Voreppe (38).

Votre bibliothèque change d’adresse

Votre centre de documentationchange d’adresse internet. Vousle retrouverez directement sur :http://doc-aea-aide-et-action.org.Il reste accessible de la page d’accueilde notre site (www.aide-et-action.org).Un ensemble de textes, catalogues,journaux de nos pays d’intervention,qui s’étoffe de jour en jour et quenous vous invitons à consulter.Organisée en rubriques théma-tiques, notre base documentairecontient plus de 1500 documents enligne et libres d’accès.

La newsletterAide et ActionEntre chaque magazine vous trou-vez le temps long… N’attendez pluspour vous inscrire à la newsletterd’Aide et Action. La quatrième estdéjà en ligne.Cette lettre d’information mensuellevous est envoyée gratuitement etvous tient informé(e) de l’actualitéde l’association. Des nouvelles quevous retrouverez traitées de manièreplus approfondie dans votre maga-zine. Et d’autres plus ponctuellescomme l’agenda et des idées demobilisations auxquelles vous pour-rez participer.

Inscrivez-vous dèsmaintenant à partir de lapage d’accueil de notre sitewww.aide-et-action.org

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Calendrier des mobilisations

internationales :

- 16 septembre: Journée internationale de la protectionde la couche d’ozone

- 21 septembre : Journée internationale de la paix- 27 septembre : Journée mondiale de la mer.

AOÛT

- 9 août: Journée internationale des populations autochtones- 12 août : Journée internationale de la jeunesse- 23 août : Journée internationale du souvenir de la traite

négrière et de son abolition- 31 août : Journée internationale de la solidarité

SEPTEMBRE

- 8 septembre : Journée internationale de l’alphabétisation

À l’origine du « Women for Women’sEducation» (1), quatre partenaires (le maga-zine et la Fondation Elle, le «Women’sForum for the Economy and Society»(2) etAide et Action) qui s’associent pourconcrétiser leur volonté commune : pro-mouvoir l’éducation des filles et desfemmes. 100 000 € seront reversés àl’ONG qui présentera le meilleur projetd’intervention économique en matièred’éducation des filles. L’idée de ceconcours est née du succès du «Women’sForum for the Economy and Society» (2).Rendez-vous annuel, il donne la paroleaux femmes sur les enjeux de société.Il a acquis en deux ans une véritablereconnaissance dans le monde. Notoriétéqui lui permet d’organiser cet événementsans précédent.

Parler d’émancipationaujourd’hui, c’est parlerd’éducationDepuis soixante ans le magazine «Elle»accompagne et suit les femmes dans leursévolutions. Magazine emblématique, ilrelaie l’appel à projets via sept de seséditions internationales. La FondationElle est le prolongement de l’idée

fondatrice du magazine : accompagnerl’évolution, l’émancipation et la place desfemmes dans la société. Créée en 2004,elle soutient et encourage des projets àtravers le monde pour l’éducation, laformation et l’information des enfants, desétudiantes, des enseignantes, des mères…

Forte de plus de vingt-cinq ans d’actionsur le terrain, Aide et Action s’est forgéeune réelle expertise et notoriété dansles domaines de l’éducation et de la miseen œuvre de projet. C’est donc toutnaturellement que le magazine et laFondation Elle se sont tournés versl’association pour qu’elle soit membredu jury. Les trois ONG finalistes irontdéfendre leurs propositions devant le« Women’s Forum for the Economy andSociety » (2) qui se tiendra à Deauvilledu 11 au 13 octobre 2007.

(1) «Des femmes pour l’éducation des femmes»(traduction libre).

(2) «Le forum social et économique des femmes»(traduction libre).

Depuis le 14 mai, des ONG concourent pour le «Women for Women’sEducation» (1). Un prix récompensera le meilleur projet en faveur del’éducation des femmes dans le monde. Aide et Action, en tantqu’ONG experte des questions éducatives, a été sollicitée pourparticiper au jury de cet appel à projets, organisé par le Women’sForum, le magazine « Elle » et la Fondation Elle.

Aide et Action avec «Elle» pour l’éducation des filles

Aude de Thuin, fondatrice et présidente du « Women’s Forum for the Economy and Society ».

Deux participantes à la Journée internationale des populationsautochtones, ONU, New York.

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EN BREF

22 AIDE ET ACTION - NUMÉRO 103

Agenda des actions locales

Nous engageons nos lecteurs à visiter la rubrique exhaustive

et régulièrement mise à jour «Agenda des actions bénévoles»

sur le site www.aide-et-action.org

• Équipe des Hauts-de-Seine (92):

Forum des associations le samedi 8 septembre:

Atrium de Chaville de 10 h à 18 h. Contact: Michel Schoemacker, [email protected]

• Équipe Mayenne (53):

Rencontre des parrains et marraines

de la Mayenne le dimanche 9 septembre:

maison de quartier des Touches (place Pasteur) à Laval.

Contact: Martine Wiart, [email protected]

• Équipe de Gironde (33):

Festival du Sahel les 4 et 5 août: Saint-Médard-en-Jalles.

Contact: Maryvonne Drexel, [email protected]

• Équipe de l’Isère (38):

Aide et Action en Isère sera présente au festival

de l’environnement de L’Albenc les 1er et 2 septembre.

Contact: Madeleine Reynaud,

[email protected]

Étudiants et lycéens pour

une éducation de qualité pour tous

De nombreux titres de la presse dominicaine ont repris la rencontredes étudiants des écoles et lycées publics des provinces de Dajabón,Elias Piña, Jimaní et de Pedernales (zone frontalière avec Haïti),le 20 mai dernier à Santo Domingo (capitale de la Républiquedominicaine). Les étudiants dénonçaient le manque de mobilier,livres, matériaux pour les activités sportives et les bibliothèques. Ils se basaient notamment sur une étude d’Aide et Action faisantétat de conditions difficiles dans les établissements scolaires, oùmanquent souvent l’électricité et l’eau potable. La rencontre étaitorganisée par Aide et Action, programme République dominicaine,dans le cadre de la Campagne mondiale pour l’éducation 2007.

Reportage dans

les camps de réfugiés au Bénin

Le reportage au Bénin, dans le camp de réfugiés togolaisd’Agamé, réalisé pour l’émission hebdomadaire L’École des savoirs, a été diffusé le 19 mai dernier sur RFI. Aide et Action, qui a équipé l’école maternelle et formé les enseignants, intervenait sur le thème : « Quelle scolarisationpour les enfants de réfugiés ? ». Les deux écoles primaires et maternelles, financées par l’Unicef, devraient toutefoisfermer leurs portes durant l’été 2007, afin d’inciter les réfugiésau retour. Les parents d’élèves sont inquiets dans ce camp qui comptait, encore en avril, plus de 4 700 réfugiés togolais.

La presse en parle

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Miss France 2007 marraine

d’une petite fille au Sénégal

Rachel Legrain-Trapani, Miss France 2007, devient marrained’une petite fille au Sénégal et ça ne passe pas inaperçu dansles médias! Les journaux français Télé 7 jours (presse TV) et Closer (presse people) ont suivi Miss France lors de sa rencontre avec Astou, sa filleule de 8 ans, et lui ont accordé leur couverture le 30 avril 2007. Pour Télé 7 jours,Miss France vient «au secours des enfants du Sénégal» et parce parrainage permet d’aider l’ensemble de la communauté,tandis que Closer revient sur l’engagement plus personnel de Rachel: «Pourquoi j’ai voulu parrainer une enfant au Sénégal» et en quoi le parrainage est pour la jeune miss «Une démarche citoyenne qui coûte peu». Lors de son séjour,de nombreux médias sénégalais sont venus à la rencontre de Miss France pour l’interroger sur son engagement en faveur de l’éducation des filles dans leur pays.

Miss France souhaitait s’engager dans une action humanitaire si elle était élue. Elle a choisi Aide et Action.

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Une marraine au Cambodge:

«De passage à Phnom Penh, nous avons été reçus au siège de la fondation Krousar

Thmey (…) nous avons visité un centre d’enfants sourds et un centre d’enfants

aveugles (…). J’étais sensibilisée aux difficultés rencontrées par les enfants sourds

en tant qu’orthophoniste (…), mais je n’avais jamais réalisé la somme de travail (…)

pour adapter la langue des signes américaine à la langue khmère (…). Maintenant

certains sourds deviennent à leur tour formateurs dans le centre spécialisé et

travaillent en binôme avec l’enseignant entendant (…). Jusqu’à ce jour, l’État ne s’est

pas engagé pour la prise en charge et l’éducation des enfants sourds et aveugles.

Krousar Thmey se préoccupe d’informer la société et les responsables politiques (…).

Dans les écoles, nous

avons vu des enfants

épanouis qui, outre les

apprentissages scolaires

classiques, étudient

la musique et la danse

traditionnelles. Nous

avons senti des équipes

dynamiques ayant foi

en leur mission.

Nous remercions très

sincèrement l’équipe

de Krousar Thmey (…).»

Georgette B., Marseille.

BOÎTE AUX LETTRES

Nous recevons de nombreuses lettres, dans l’ensemble des régions d’intervention de l’association. Si le sujet est généralou concerne le magazine, vous pouvez écrire à l’équipe de Paris. S’il concerne plus particulièrement les pays avec

lesquels vous êtes en relation, n’hésitez pas à leur écrire directement, ils sont les mieux placés pour répondre !

Madagascar, par mail:

---- Original Message ----- Sent: Thursday, March 29, 2007

Subject: Madagascar

Bonjour

Je suis marraine d’une petite Rasoanirina,

à Antsiranana, pourriez-vous me donner

des nouvelles suite aux graves intempéries

ayant ravagé le nord de Madagascar? L’école

et le village ont-ils été touchés? Merci de me rassurer.

Bien cordialement. Marie-Claude C.

Réponse d’Aide et Action Madagascar du 6 avril :

(…) Effectivement le cyclone Indlala n’a pas

ménagé la région nord de Madagascar.

Dans le district d’Ambanja, où se trouve l’école

de Rasoanirina, les dégâts matériels sont énormes.

Suite aux inondations, beaucoup de familles

ont tout perdu (…). Les autorités parlent de 32 morts

dans le district. Concernant le village de Rasoanirina,

il y a eu des inondations mais ce n’est pas trop

grave comparé à d’autres villages. Les enfants

ont pu reprendre l’école avant les vacances

de Pâques. À ce jour, il y a encore des écoles

fermées dans cette région.

Situation au 7 juin :

Toutes les écoles touchées par le cyclone Indlala

ont réouvert. Il est pourtant encore difficile de dire

que tout est revenu à la normale. Les enfants

ont repris les cours, malgré un taux d’absence

toujours préoccupant mais compréhensible

compte tenu de la situation.

Au téléphone, une remarquesur la discrimination:

Une marraine : «Pourquoi continuer à différencier les adhérentes par leur statut

marital dans les bulletins d’abonnement notamment?»

Aide et Action : «Sur nos coupons, chacun a la possibilité de cocher M., Mme ou Mlle

pour spécifier son état civil. La distinction marié(e)/célibataire est donc automatiquement

faite pour les femmes (et non pour les hommes!). La question est intéressante,

et l’une des raisons est toute simple: dans les courriers que nous vous adressons, nous

commençons par “Monsieur”, “Madame” ou “Mademoiselle”. Nous pourrions faire

une seule case pour les femmes, mais toutes se retrouveraient logées à la même enseigne

et considérées comme mariées (Mme), ce qui nous vaudrait certainement quelques

réclamations! C’est également le cas pour les personnes qui ne cochent aucune case.

Nous espérons que cette réponse, si elle ne donne pas de solution à la question posée,

sera l’occasion pour les lecteurs et lectrices de s’interroger sur toutes les formes

de discrimination… et sur la manière de les éliminer.»

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Boîte aux lettresN’hésitez pas à nous écrire en nous adressant vos courriers à :

Aide et Action - « Boîte aux lettres » - 53, bd de Charonne, 75011 Paris ou par internet à : [email protected]

Un des villages de la zone Ambanja après le passage du cyclone Indlala.

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L’équipe de la fondation Krousar Thmey s’occupe de l’éducation des enfants sourds et aveugles.

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